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 Sujet du message : Re: L'affaire Blomberg-Fritsch
Message Publié : 11 Oct 2011 21:56 
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Philippe de Commines
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Tonnerre a écrit :
Donc sur le fond, vous confirmez que la majorité des historiens penchent pour l'hypothèse que Hitler savait que Blomberg épousait une prostituée, l'a encouragé dans ce projet d'union, a assisté au mariage, tout ça pour pouvoir le piéger?

Tout à fait et ce bien avant le mariage. Le dossier de la dame a même été "plombé", elle avait du avoir un passage "music-hall" mais jamais elle ne fut connue comme "prostituée". La Kripo se chargera du dossier. Hitler, témoin du mariage, jouera les pudiques éberlués, exit Blomberg.
J'ai toujours entendu cette version. La visée : les commandes de l'OKW puis l'annexion officieuse de l'OKH.

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


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 Sujet du message : Re: L'affaire Blomberg-Fritsch
Message Publié : 15 Oct 2011 12:53 
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Tonnerre, vous faites bien allusion au prince Philippe de Hesse, qui fut ambassadeur d'Allemagne en Italie, au moment de l'Anschluss, et qui finit la guerre dans un camp de concentration ?

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Il faut toujours éviter de combattre des désespérés.

Extrait du Taktika de Léon VI (empereur byzantin de 886 à 911)


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 Sujet du message : Re: L'affaire Blomberg-Fritsch
Message Publié : 15 Oct 2011 15:25 
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Pour revenir à Fritsch, il est "démissionné" et placé en retraite le 4 février 1938, mais on lui assure le 15 juin 1938 le commandement honoraire de l'Artillerie Regiment 12 (au sein duquel il n'a jamais servi mais qui doit avoir repris les traditions du 25. Feldartillerie Regiment d'avant 1918) - notez bien qu'il est "Chef" et pas "Kommandeur". Il est ensuite "volontaire" pour servir avec ce régiment à compter du 1er septembre 1939.

Carlo68 a bien introduit l'importante nuance qu'il y a entre un "Chef" et un "Kommandeur", qui provient de l'héritage militaire prussien du XVIIIe (à l'époque, les chefs de corps étaient les piliers de l'armée de Frédéric II, d'où un très grand prestige encore attaché à la fonction, fut-elle honorifique, 200 ans plus tard). Fritsch ne commandait en rien le régiment, il y avait un chef de corps pour cela, il en était juste le membre le plus éminent et reconnu comme tel à travers un titre honorifique.

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 Sujet du message : Re: L'affaire Blomberg-Fritsch
Message Publié : 18 Oct 2011 16:32 
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Jean Mabillon
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Tonnerre, vous faites bien allusion au prince Philippe de Hesse, qui fut ambassadeur d'Allemagne en Italie, au moment de l'Anschluss, et qui finit la guerre dans un camp de concentration ?


Oui, et voici quelques détails sur ce membre du Gotha et personnage mineur du nazisme (1896-1980).
Chef de la maison de Hesse de 1940 à sa mort. Né au château de Rumpenheim, à Offenbach. 3ème fils du prince Frédéric Charles de Hesse et de sa femme Marguerite de Prusse, soeur de Guillaume II.
Philippe de Hesse avait un frère jumeau (né après lui) nommé Wolfgang, deux frères plus âgés que lui, et deux autres frères jumeaux plus jeunes.
Il a fait ses études en Grande-Bretagne, à Bexhill on Sea, puis dans une Musterschule de Francfort, et ensuite au lycée (gymnasium) de Potsdam. Il a été le seul de sa fratrie à ne pas aller dans une école militaire.
Au début de la PGM, il s'engage dans le 24ème Régiment de Dragons de Hesse, avec son frère ainé,Max mais ce dernier est tué en Belgique. Puis Philippe est envoyé sur le front Est, en Ukraine. Il n'est que lieutenant, ce qui est un grade plutôt modeste pour quelqu'un d’une aussi haute extraction. En 17, il est sur la ligne Siegfried, puis est de nouveau envoyé en Ukraine, où il est blessé.
En 1916, son autre frère plus âgé, Friedrich Wilhelm, meurt à son tour, ce qui fait de Philippe le deuxième en ligne (après son oncle) au titre de chef de la maison de Hesse. En 1918, le père de Philippe est choisi comme roi de Finlande. Il est alors décidé que Philippe deviendra chef de la maison de Hesse et que son jumeau héritera du titre de roi de Finlande. Suite à la défaite allemande, les plans pour la royauté finlandaise tombent à l'eau, ce pays devenant définitivement une République.

Après la guerre, Philippe de Hesse s'enrôle dans la Ubergansheer (armée de transition) qui combat contre les communistes et les socialistes. En 20/22, il est étudiant à l'université de Darmstadt, où il étudie l'architecture, l'art et l'histoire de l'art. En 22, il quitte l’université sans diplôme, et commence à travailler au Kaiser Friedrich Museum de Berlin. Il est décorateur et a de nombreuses relations, familiales, sociales et professionnelles en Italie, Grèce, et dans toute l’Europe. Il épouse la princesse Mafalda de Savoie, fille de Victor Emmanuel III au château de Racconiggi, près deTurin, en 1925 ; ils auront 4 enfants.
Le couple vit en Italie, à la villa Polissana, près de Rome mais Philippe se rend fréquemment en Allemagne ; il est impressionné par le fascisme italien. En 1930, il rentre en Allemagne et adhère au NSDAP. En 32, il entre dans les SA, alors que son jeune frère Christophe a rejoint les SS en 31, de même que ses deux autres frères. Philippe est un proche de Goering.
Lorsque Hitler devient chancelier en 33, il est nommé gouverneur de Hesse-Nassau, membre du Reichstag et du conseil d’Etat de Prusse. Il amènera d’autres aristocrates au nazisme, et comme beau-frère du roi d’Italie, sert fréquemment d’intermédiaire entre Mussolini et Hitler ; il est aussi agent des nazis en Italie.
Comme gouverneur de Hesse-Cassel, il sera complice du programme d’euthanasie T4 : en février 41, il signe le contrat qui mettra à disposition du ministre de l’Intérieur le sanatorium d’Hadaner, où plus de 10 000 malades mentaux furent tués. Après la guerre, il sera accusé de meurtre pour cela mais les charges furent abandonnées.
Avec la guerre, l’attitude des nazis envers les aristocrates ralliés change : ils prennent leurs distances voire leur témoignent une hostilité ouverte. Un décret d’Hitler de 43 stipule que les princes ne peuvent pas occuper des positions dans le parti, l’Etat ou les forces armées. Le beau-père de Philippe, le roi Victor Emmanuel est arrêté par Mussolini en juillet 43, ce qui rend la position de Philippe plus délicate : Hitler croit que lui ets afamille ont conspiré contre le duce. Le 8 septembre, Philippe est arrêté, exclu du parti et de la Luftwaffe. Le 24 janvier 45, il est limogé de son poste de gouverneur de Hesse-Nassau, et en septembre, il est envoyé au camp de Flossenburg. Il y est gardé en isolation totale, aucun contact ne lui est permis. Sa femme, Mafalda, est arrêtée et placée sous surveillance militaire à Rome. Elle est ensuite envoyée en Allemagne, soumise à interrogatoire, et envoyée à Büchenwald.
Lors du bombardement d’une usine d’armement voisine du camp, elle est blessée et meurt des suites de l’opération exécutée par les médecins du camp pour soigner ses blessures.
Suite à l’avance des alliés, Philippe est envoyé à Dachau, puis au Tyrol, où il sera libéré par les troupes US en 45, à Niederdorf, dans les Dolomites italiennes. Les alliés le garderont prisonnier à Capri et divers lieux ; il sera rapidement libéré en et est mort à Rome en 1980.

Pour revenir à l’affaire Blomberg/Fritsch, il était d’autant plus important pour Himmler, Heydrich & co de compromettre von Fritsch qu’Hitler avait pensé à lui initialement pour remplacer von Blomberg.
Le Fritsch réellement homosexuel avec lequel la confusion avait été volontairement organisée par les nazis, malade, fut enlevé par la Gestapo durant l’affaire et mourut.
Le maître chanteur Schmidt reconnut qu’il s’était trompé durant le conseil de guerre qui fut organisé pour « rendre son honneur » à von Fritsch. Bien qu’on lui ait promis la vie sauve pour cet « aveu » , il fut aussi exécuté par la Gestapo. Comme van der Lubbe, il avait joué son rôle et devait disparaître: la vie des idiots utiles du nazisme était brève.


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 Sujet du message : Re: L'affaire Blomberg-Fritsch
Message Publié : 18 Oct 2011 17:37 
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Deux remarques sur le début du message :
- lieutenant n'est pas un grade "modeste", même pour quelqu'un de haute extraction. Chronologiquement, c'est le deuxième du corps des officiers, et les princes allemands les plus titrés le portent dans leur jeunesse militaire (ainsi par exemple du prince Frédéric-Léopold de Prusse 1865-1931, petit-neveu de Guillaume Ier, qui passe de cadet en 1875 à lieutenant en 1885, puis à capitaine en 1888, commandant en 1890 et finalement colonel en 1893 - ce qui est très rapide à partir de capitaine, alors qu'être lieutenant à 23 ans est habituel voire tardif ; mieux encore, le Kronprinz Wilhelm, né en 1882, est Leutnant le 1er mai 1900 et Oberleutnant le 1er septembre 1900 au sein du 1. Garde Regiment zu Fuss, dont tous les princes royaux de Prusse sont membres de droit). De plus, si vous comparez aujourd'hui avec les princes de la maison d'Angleterre, ils ont tous deux été lieutenants (le prince Harry venant juste de passer capitaine).
- L'Übergangsheer, l'armée qui assure la transition entre les restes de l'armée impériale, organisés en une Reichswehr provisoire, et la Reichswehr de la république de Weimar (septembre 1919 à janvier 1921) ne combat pas particulièrement les communistes (ceux-ci ont été matés par les Freikorps et la Reichswehr provisoire entre janvier et mai 1919), encore moins les socialistes. Elle est l'instrument militaire d'un gouvernement majoritairement socialiste, celui de Bauer, dont Noske, membre du SPD également, est ministre de la guerre ! Si elle ne le soutient pas franchement lors du putsch Kapp-Luttwitz en mars 1920, elle ne marche pas contre lui non plus...

Ces petites corrections pour éviter des mauvaises interprétations...

Cordialement,

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 Sujet du message : Re: L'affaire Blomberg-Fritsch
Message Publié : 19 Oct 2011 9:38 
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Jean Mabillon
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Vous avez possiblement raison sur les deux points, mais c'est ce que mentionnaient les bios de Philippe de Hesse consultées.
Un ouvrage a été écrit sur lui par un historien américain, qui tente de démontrer que cet aristocrate rallié à Hitler n'a pas été aussi secondaire qu'on le croit, et qu'il a trempé dans différentes entreprises criminelles nazies, bien que n'ayant pas été sérieusement inquiété après la guerre.
Votre remarque sur le grande de lieutenant normal pour de jeunes princes est d'autant plus plausible que Philippe de Hesse n'avait que 20 ans en 1916.


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 Sujet du message : Re: L'affaire Blomberg-Fritsch
Message Publié : 19 Oct 2011 11:47 
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Tonnerre,

Pour le grade d'Oberleutnant, je suis affirmatif. Si même le Kronprinz de Prusse l'a porté, je ne vois pas pourquoi ce serait un grade "modeste". C'est un passage obligé, quand bien même il est subalterne, car il met l'officier à la tête d'une section ou d'un peloton, ce qui est une école de vie à part entière (et croyez moi, je sais de quoi je parle). Le principe sous-jacent est qu'on ne pourra bien commander une armée plus tard si on n'a pas connu le commandement en corps de troupe (même si être prince chef de section dans un régiment de la garde prussienne devait malgré tout être particulier). N'oubliez pas non plus qu'au début du XXe siècle, les Allemands révèrent encore l'héritage du siècle de Frédéric II, qui lui-même avait été très durement traité par son père afin d'apprendre le métier des armes. C'est une sorte de paradigme prussien : la Prusse est un Etat construit autour d'une armée, un monarque prussien ne saurait donc être qu'un soldat ; pour être un soldat, il vaut vivre comme un soldat, donc faire ses classes ; étant le primus inter pares, le futur monarque ne peut toutefois passer par tous les échelons, il commence donc par être officier subalterne, dans un régiment de la garde qui est tout dévoué à la monarchie. Par extension, ce modèle prussien s'est imposé après 1871 aux autres maisons régnantes d'Allemagne, dont celle de Hesse.

Pour l'Übergangsheer, il faut revenir au processus de destruction/renaissance de l'armée de terre allemande :
1) en novembre-décembre 1918, elle s'effondre d'elle-même, sous l'effet conjugué de la défaite et de la révolution. Parallèlement, un gouvernement socialiste, sous Ebert, est mis en place, qui scelle un accord dit "Groener-Ebert" entre l'armée et le nouveau cabinet afin que la première assure le second de son soutien armé, tandis que le second maintiendrait au mieux la place privilégiée de la première dans la société.
2) après la "crise de Noël" 1918, où les dernières troupes régulières allemandes, en particulier celles de la garde prussienne, sont éjectées de Berlin par les Spartakistes, l'armée achève de se dissoudre dans les soubresauts de la guerre civile. Elle est remplacée par des Freikorps, unités de circonstance montées avec l'accord et l'encouragement du gouvernement Ebert - le chancelier socialiste passant lui-même en revue le Freiwilligen-Landesjägerkorps le 4 janvier 1919 - par des officiers refusant la bolchevisation de l'Allemagne.
3) entre janvier et mai 1919, avec une efficacité qui n'a d'égale que sa brutalité, les Freikorps, qui sont donc des forces autonomes "sponsorisées" par le gouvernement socialiste, écrasent les rébellions spartakistes (à Berlin en janvier et mai 1919, à Munich en avril-mai 1919, etc, etc). A partir de mars 1919 (loi du 6 mars 1919 sur la formation d'une Reichswehr provisoire), ces Freikorps et les restes de l'armée impériale commencent à être fondus en une force armée légalement organisée, la Reichswehr provisoire (provisoire car exemptée des conditions de paix qui ne seront connues qu'en juin 1919). Ebert étant devenu président du Reich après les élections de janvier 1919, c'est Scheidemann, socialiste "majoritaire" comme Ebert, qui est chancelier à partir de février 1919.
4) les conditions de paix de Versailles, acceptées par l'Allemagne le 28 juin 1919, l'obligent à réduire sa Reichswehr provisoire, qui comprend environ 300 000 hommes, à une armée de terre de 100 000 hommes sans matériel lourd. Cette adaptation aux conditions du "Diktat" est planifiée entre septembre 1919 et octobre 1920, puis finalement janvier 1921. Durant ce laps de temps, l'armée de terre allemande prend le nom d'Übergangsheer, ou armée de terre de transition. A noter que devant la dureté des conditions de paix, Scheidemann se retire, et qu'un nouveau chancelier est désigné, Bauer, membre également du SPD.
Si le prince de Hesse rejoint l'Übergangsheer, c'est donc entre septembre 1919 et janvier 1921.
5) le gros de la lutte contre les Spartakistes et les socialistes "indépendants" est achevé en mai 1919. S'il y a encore des oppositions localisées, il ne s'agit en rien de combats à grande échelle ou de batailles rangées comme Berlin ou Munich ont pu en être témoins. Le seul évènement significatif qui implique les Freikorps ou l'Übergangsheer, c'est le putsch Luttwitz-Kapp en mars 1920, mené avec l'appui de certains Freikorps. L'armée régulière, c'est-à-dire l'Übergangsheer, laisse faire (au nom du principe, énoncé par Seeckt, du "un soldat allemand ne tire pas sur un autre soldat allemand"), mais ne prend pas part à cette tentative, d'autant plus qu'au bout de seulement quelques jours, elle est condamnée par l'effet paralysant des grèves générales.
Bref, difficile de distinguer en quoi un membre de l'Übergangsheer aurait été impliqué dans une lutte avec les Spartakistes du KPD, encore moins avec les socialistes du SPD qui sont ses donneurs d'ordres !
6) le 1er janvier 1921, officiellement, l'Übergangsheer laisse place au Reichsheer de 100 000 hommes.

Désolé pour la digression, mais la génèse de l'armée nationale-socialiste de 1935-1945 est déterminante pour expliquer énormément sur la période ultérieure.

Cordialement,

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 Sujet du message : Re: L'affaire Blomberg-Fritsch
Message Publié : 19 Oct 2011 12:38 
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merci pour ces précisions;
sur l'affaire Blomberg-Fritsch, il y avait parmi ceux qui ont manigancé ces affaires , des individus dont la vie privée était aussi peu conventionnellement "orthodoxe" que celle faussement attribuée à von Fritsch. Mais ils étaient nazis, et placés stratégiquement dans le système, donc ils ne furent jamais inquiétés.
Je fais allusion à Funk, remplaçant du Dr Schacht en 37 comme ministre de l'Economie; c'était de notoriété publique à l'intérieur du parti qu'il était homosexuel.
La vie privée d'Heydrich, quoique essentiellement hétérosexuelle, était aussi loin d'être exemplaire que les photos de sa parfaite famille nazie avec femme et enfants blonds le laisserait supposer . Du moins avait t'il réussi à concilier son goût pour les maisons closes avec ses activités de super-policier, par la création du fameux "salon Kitty", dont il était -en quelque sorte--à la fois client et patron.


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 Sujet du message : Re: L'affaire Blomberg-Fritsch
Message Publié : 19 Oct 2011 12:54 
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Les nazis semblent avoir un rapport complexe à l'homosexualité :
- le développement de l'esprit "Freikorpskämpfer" dans les années 1920 répand l'homosexualité parmi ceux qui seront les hérauts du nazisme ("Vanguard of Nazism"), et notamment parmi de jeunes Allemands qui s'enrôlent dans des camps de travail et des organisations de jeunesse. L'homme idéal, l'homme futur, étant nécessairement un homme, l'homosexualité est un corollaire de cette idéalisation. Aussi, de nombreux leaders charismatiques de Freikorps seront-ils des homosexuels notoires, alors même que leur idéologie nationaliste, pangermaniste et raciste les place à l'extrême-droite d'un spectre politique qui, à l'époque, était pourtant bien plus large que celui qu'on connaît aujourd'hui.
- dès qu'il a fallu se séparer d'un auxiliaire encombrant, l'homosexualité a été un recours très usité. On se rappellera qu'E. Röhm a eu droit à sa part de diffamation immédiatement avant et après la nuit des longs couteaux, et que de très nombreux leaders SA éliminés seront d'ailleurs accusés d'homosexualité (pour une bonne partie, celle-ci semblait avérée ; pour une bonne partie, il s'agissait d'ailleurs des anciens leaders de Freikorps des années 1920).

Je pense donc qu'il y eut un développement accepté voire encouragé de l'homosexualité parmi ces proto-nazis, pour des raisons essentiellement idéologiques tenant à l'homme futur et à la régénération de l'Allemagne ; mais que celle-ci, après l'accession au pouvoir, a été vue comme un moyen commode de se débarrasser des gêneurs et des encombrants, sans qu'elle soit de fait particulièrement combattue ou rejetée, ni même découragée.

Je recommande la lecture de "Vanguard of Nazism", de Waite, qui malgré son âge (1969) donne de très bonnes pistes de réflexion sur le sujet (parmi les Freikorpskämpfer, pas particulièrement chez les nazis, mais les deux catégories se recoupent partiellement).

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 Sujet du message : Re: L'affaire Blomberg-Fritsch
Message Publié : 19 Oct 2011 14:42 
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carlo68 a écrit :
Si mes souvenirs sont bons, il n'y a pas plus de 6 officiers généraux qui sont aussi Chef pendant toute la période nazie.


C'est tout à fait exact :
- Generaloberst von Seeckt (automne 1935 ; meurt en 1936) : Chef de l'Infanterie Regiment 67.
- Generalfeldmarschall von Mackensen (août 1936 ; meurt quasi centenaire en 1945) : Chef du Kavallerie Regiment 5.
- Generaloberst von Fritsch (15 juin 1938 ; meurt au combat en 1939) : Chef de l'Artillerie Regiment.
- General der Infanterie Ritter von Epp (16 octobre 1938 ; meurt en 1946) : Chef de l'Infanterie Regiment 61.
- Generaloberst von Rundstedt (1er novembre 1938 ; meurt en 1953) : Chef de l'Infanterie Regiment 18.
- Generalfeldmarschall von Böhm-Ermolli (31 octobre 1940 ; meurt en 1941) : Chef de l'Infanterie Regiment 28.

C'est effectivement un grand honneur qui est accordé à Fritsch vu l'immense respect porté à des icônes comme Epp, Böhm-Ermolli, Seeckt et surtout Mackensen.

Cordialement,

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 Sujet du message : Re: L'affaire Blomberg-Fritsch
Message Publié : 19 Oct 2011 15:14 
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Citer :
Je pense donc qu'il y eut un développement accepté voire encouragé de l'homosexualité parmi ces proto-nazis, pour des raisons essentiellement idéologiques tenant à l'homme futur et à la régénération de l'Allemagne ; mais que celle-ci, après l'accession au pouvoir, a été vue comme un moyen commode de se débarrasser des gêneurs et des encombrants, sans qu'elle soit de fait particulièrement combattue ou rejetée, ni même découragée.


D'accord sur les deux points, en particulier sur l'usage hautement sélectif que les nazis ont fait de la dénonciation de l'homosexualité, réelle ou supposée, de leurs adversaires pour s'en débarrasser.
Sur l'autre point, un bémol: l'acceptation voire l'encouragement de l'homosexualité et du transvestisme dans les élites militaires allemandes date d'avant les nazis; il est déjà présent à la cour impériale où, au début du XXème siècle, ces préférences privées sont très bien portées, si l'on peut dire.
L'empereur aime s'entourer d'homosexuels, qu'il appelle les "byzantins", alors que le cercle homosexuel qui gravite autour de lui est surnommé "la table ronde de Liebenberg".
Son chef de cabinet militaire, le comte Dietrich von Hülsen-Häseler, fut victime d'une crise cardiaque (certains disent attaque) alors qu'il était en tutu, costumé en ballerine, et dansait devant l'empereur (1908).
Hülsen-Häseler était justement celui qui avait essayé de couvrir le fameux scandale (1907) de la liaison peu discrète du prince Philippe d'Eulenburg et du colonel de cuirassiers Kuno, comte de Moltke, qui aboutit à la condamnation et à l'exil d'Eulenburg.
Dans les années 1906/1907 eurent lieu plusieurs dizaines de comparutions d'officiers en cour martiale, et une demi-douzaine de suicides, pour homosexualité. La liste complète d'homosexuels dans l'armée et les élites établie par la police des moeurs impériale aurait compté plusieurs centaines de noms, certains de la plus haute aristocratie, comme Friedrich-Heinrich, prince de Prusse, Benhard von Bülow, etc.


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 Sujet du message : Re: L'affaire Blomberg-Fritsch
Message Publié : 19 Oct 2011 15:21 
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Merci Tonnerre, je ne le savais pas. Il y a peut-être des connexions, cependant, les leaders Freikorpskämpfer des années 1920 n'appartiennent en rien à la haute aristocratie militaire, ce sont plutôt des "aristocrates du feu", ceux qui ont gagné leur promotion en prouvant leur valeur face à l'ennemi et pas en raison de leur naissance (Erhardt, Pabst, Jünger, etc). Ce sont souvent des officiers subalternes, du grade de capitaine, ou des commandants, généralement issus des Stosstruppen.

Il serait d'ailleurs intéressant de voir dans quelle mesure l'armée - implicitement sur ordre de ses chefs - est restée l'arme au pied, indifférente à leur sort, en 1920-1921, et en quoi cela aurait pu être différent si les leaders du mouvement avaient été des Junkers de haute extraction (mais bien sûr est-ce que de tels aristocrates auraient pu s'imposer durablement dans le mouvement des Freikorpskämpfer ?).

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 Sujet du message : Re: L'affaire Blomberg-Fritsch
Message Publié : 19 Oct 2011 15:48 
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on peut dire qu'il y a une tradition d'homosexualité militaire, aristocratique ou roturière, en Allemagne à cette époque.
L'affaire Eulenburg a été un scandale (avec procès) majeur qui a secoué l'armée et les élites allemandes au début du siècle, c' est un peu l'équivalent du procès d'Oscar Wilde pour l'Allemagne.


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 Sujet du message : Re: L'affaire Blomberg-Fritsch
Message Publié : 19 Oct 2011 20:47 
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Tonnerre a écrit :
on peut dire qu'il y a une tradition d'homosexualité militaire, aristocratique ou roturière, en Allemagne à cette époque.


Cela me paraît très fort comme formulation. Je ne sais pas s'il y a une "tradition". Il semble y avoir une pratique plus ou moins répandue, y compris dans les cercles les plus élevés du pouvoir wilhelmien, mais est-ce à dire qu'elle était majoritaire ou même significative ? J'en doute.

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 Sujet du message : Re: L'affaire Blomberg-Fritsch
Message Publié : 19 Oct 2011 21:41 
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Cela me paraît très fort comme formulation. Je ne sais pas s'il y a une "tradition". Il semble y avoir une pratique plus ou moins répandue, y compris dans les cercles les plus élevés du pouvoir wilhelmien, mais est-ce à dire qu'elle était majoritaire ou même significative ?


Une tradition ne signifie pas nécessairement une pratique majoritaire.
Simplement une pratique qui continue de génération en génération à l'intérieur de certains groupes.
Significative, sans aucun doute, vu ce que l'on sait de l'affaire Eulenburg.
De la même façon que la présence d'homosexuels dans les SA, sans être du tout majoritaire, était néanmoins significative.
D'ailleurs, plus généralement , l'histoire de la présence visible, tolérée voire encouragée, de relations homosexuelles à l'intérieur de certaines forces armées est ancienne et fait partie de l'histoire militaire--depuis les bataillons thébains.


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