Tonio a écrit: A Séville, c'est seule l'action extraordinaire d'un général ( lequel? il me semble que c'est Yagüe mais je suis pas sûr) qui permit aux nationalistes d'être en possession d'une grande ville Espagnole. ________________________________________________________________________________________________________________
Queipo de Llano est l'un des plus pittoresques, parmi les généraux espagnols, il est fougueux et bon vivant.Politiquement, il est difficile à cerner , on lui donne des sentiments républicains, et franc-maçon, mais il a plus ou moins comploté. Il accepterait probablement un gouvernement socialiste, mais les communistes jamais ! Le gouvernement n'avait aucun motif de l'envoyer en disgrâce, aucun motif non plus de lui donner un poste-clé, on l'a donc nommé commandant des carabiniers, poste en principe de tout repos, aussi bien pour celui qui le détient que pour les autorités. De part de ses fonctions, Queipo de Llano sillonne l' Espagne comme il l'entend, et c'est ainsi qu'il va être un agent de liaison pour la rébellion à laquelle il s'est rallié. Et comme il le dira plus tard; '' Avec mon Hispano-Suiza, j'ai parcouru 30 000 kilomètres de conspiration".
On lui a confié le soulèvement de Séville, une ville qu'il ne connaît pas bien, et où les syndicats sont particulièrement actifs et qui en février 1936, a voté à gauche. c'est donc "au culot" que le général sera obligé d'agir. Il arrive le 17 juillet, accompagné seulement de son aide de camp et de trois officiers. Imperturbable, le 18 à mi-journée, le rebelle se présente au quartier général,d'autorité , il s'installe dans un bureau que son occupant habituel a déserté à cause de la chaleur.Reste à neutraliser le commandant de la garnison le général Villa-Abrille. Celui-ci entouré de son état-major, est en train de discuter dans la cour de la caserne. Queipo de Llano l'aborde et lui dit de sa voix éraillée: " Je t'offre une dernière chance, ou tu es avec nous ou tu restes solidaire d'un gouvernement qui mène l' Espagne à sa ruine". Villa-Abrille, qui connaît la réputation de son interlocuteurtente de plaisanter: "Allons, Gonzalo, reste tranquile je suis du côté de la légalité". Le ton monte,car Queipo de llano s'écrie:
" Ecoute, j'ai ordre de te faire sauter la cervelle si tu refuses, mais je n'aime pas la violence". -"Gonzalo, je n'ai pas peur, je te répète que je suis fidèle au gouvernement". - bien, dit le rebelle, puisque c'est comme ça je t'arrête."
Villa-Abrille s'effondre soudain. " tu m' arrêtes, mais tout le monde est témoin que je ne cède qu'à la force".
Evidemment, réplique Queipo de Llano en riant, bon, va dans ton bureau.
Quelques officiers manifestent le désir de partager le sort de leur chef; qu'à cela ne tienne. En un tournemain, le général révolté a maitrisé la situation, mais s'il tient l' état-major, il ne tient pas Séville. Puisque le culot à payer, pourquoi ne pas continuer ?
Voici maintenant Queipo de Llano aux prises avec l'un des espoirs de l'armée espagnole,un jeune colonel, Manuel Allanegui,qui commande le régiment en charge de la ville.
"Colonel, je vous félicite, dit Queipo de Llano, de manifester votre solidarité avec l'armée d'Afrique". Le colonel proteste; " Je suis fidèle au gouvernement". 'Formez votre régiment, je vais proclamer l' état de guerre. -Seul le général commandant ladivision peut me donner des ordres. - C'est moi, qui commande la division. -Non, c'est le général Villa-Abrille -Je vous retire le commandement.
Les choses pouvaient mal tourner pour Queipo de Llano qui se trouve maintenant entourés d'officiers qui se soladirisent avec leur colonel. Toutefois les loyalistes ont un tort, c'est d'accepter la discussion avec ce beau parleur infatiguable. On se met à discuter de la situation de l' Espagne, on convient que, dans le pays, c'est l'anarchie, que l'armée est mal traitée par le pouvoir.Mais le colonel Allenegui demeure intraitable, oui il partage beaucoup de points de vue de Queipo de Llano, mais il reste fidèle au gouvernement. Il faut en finir, Queipo de Llano a senti que dans l'entourage du colonel on est ébranlé, il avise un simple capitaine, et lui demande: "Vous sentez-vous capable de commander le régiment"? Oui,mon général. Le colonel tente d'intervenir. "Je veux parler aux hommes". Pas question! Allenegui porte la main à son revolver... Queipo de Llano aussi. Les deux hommes se dévisagent longuement... une petite flamme amusée brille dans les yeux , du rebelle. C'est Allenegui qui baisse les yeux le premier. Et l'on assiste alors à ce spectacle extravagant ; un général, Queipo de Llano et trois officiers , conduisant en prison un colonel , cinq commandants et quatorce capitaines ou lieutenants. Ils sont tous armés, Queipo de Llano, lui a remis tranquilement son pistolet dans son etui. Une fois de plus, le bluff a réussi. Toutefois les forces ralliées au putsch n' excèdent pas 200 hommes. Tout autre conjuré se serait senti porté au comble de l'inquiétude, pas lui. On lui annonce , par exemple , que le colonel Mateo, qui commande la cavalerie basée à Séville, ne se ralliera pas forcémén et à la révolte. "S'il ne marche pas, je le casse, répond le général, pour le moment il faut s'emparer de la préfecture." Face à ce général qui joue à coups de dés, les républicains de Séville ne réagissent pas sur-le-champ.Comment le feraient-ils d'ailleurs, puisque la radio de Madrid, donc le gouvernement affirme qu'il s'agit d'une sédition sans ampleur et que colportées par la préfecture , des rumeurs affirment que les rebelles du Maroc ont été pris à partie par l' aviation et la marine. Si bien que c'est dans une totale incertitude des esprits que tombe la première proclamation de Queipo de Llano: " En vertu des pouvoirs que me confère le commandement de la division, je commande et ordonne ce qui suit; L' état de guerre est déclaré sur tout le territoire de cette division; Le droit de grève est aboli. Seront sommairement jugés et passsés par les armes les dirigeants des syndicats dont les organisations se mettront en grève ou ne reprendront pas le travail demain, à l'heure de la reprise. Sont incorporés de toute urgence à toutes les formations de cette division les soldats de classe 1931 à 1935 inclus et tous les volontaires desdites classes qui veulent servir la patrie." Cette proclamation conduit à un résultat que le général n'avait pas prévu, car comme républicain , il a rajouté ! "Vive l' Espagne, Vive la République " . Si bien que les Asaltos, fidèles à la République et dépêchés à la garde des batiments publics ne savent pas comment acceuillir des soldats qui se disent à la fois fidèles à la république et à Queipo de Llano ! Des coups de feu éclatent, ils ne proviennent pas d'éléments militaires,à la fois hostiles et fraternels, mais bien de petits groupes d'ouvriers qui, eux ne connaissent pas les états d'âme des militaires. C'est au chant de l' Internationale que les travailleurs de Séville défient les rebelles. Cependant l' enthousiasme ne prévaut pas contre le sang-froid des soldats aguerris.Démentant l' adage de Napoléon : " Dieu est avec les gros bataillons",ce sont les petits bataillons de Queipo dde Llano qui vont l' emporter.
_________________ CuLtUrA , TrAbAjO y LiBeRtAd
|