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Message Publié : 11 Mars 2012 10:59 
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Eginhard
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Le communisme restait un horizon utopique, une fin dernière, la paradis terrestre alter ego du céleste, dans l'autre monde. Donc l'URSS n'est jamais arrivé au stade communiste, ni n'a jamais commencé le stade du dépérissement de l'Etat annoncé par Marx, et qui correspondrait à une phase où le "nouvel homme", l'homo sovieticus, responsable et altruiste, respecterait son prochain et travaillerait pour la collectivité sans rechigner.
La prémisse implicite du "communisme", c'est que l'homme est naturellement bon et que c'est la société capitaliste qui l'a rendu mauvais. Forgeons une société plus juste, plus équitable, généreuse et altruiste, et l'homme redeviendra bon, travaillant pour la collectivité et aimant son prochain. Ce fut le "mythe" de la délinquance zéro, en URSS, puisque l'homo sovieticus, heureux dans cette société égalitaire, ne pouvait que respecter les biens d'autrui.
Donc c'était le capitalisme d'Etat qui régnait en Russie, censé être transitoire et provisoire, entériné, dès le début, par le choix de Lénine de faire contrôler la production non pas par les "comités d'ouvriers", à la base, qui fut une revendication de l'Opposition Ouvrière, battu au IXeme Congrès du PCUS,

http://fr.wikipedia.org/wiki/Opposition_ouvri%C3%A8re

mais par des organes centraux étatisés, pour plus d'efficacité.

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Message Publié : 11 Mars 2012 13:19 
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Georges Duby
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Je ne crois pas qu'on puisse occulter que le parti communiste au nom de la lutte des classes exerçait sur la Russie un pouvoir absolu et qu'à ce seul titre c'est bien un régime de dictature communiste du prolétariat qui était au pouvoir.
La Chine actuelle qui a maintenu un régime politique de dictature du parti communiste avec conversion de l'économie au capitalisme et au libéralisme nous confirme que le communisme est bien toujours présent puisqu'elle continue à s'intituler pays communiste, avec drapeau rouge.
Pour caractériser l' URSS avant la chûte, peut-être pourrait-on parler d'une dictature communiste par un parti avec une économie étatisée excluant les éléments définissant le capitalisme (liberté de l'initiative, marché, propriété privée des moyens de production).

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Message Publié : 11 Mars 2012 18:23 
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Eginhard
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Alain.g a écrit :
Je ne crois pas qu'on puisse occulter que le parti communiste au nom de la lutte des classes exerçait sur la Russie un pouvoir absolu et qu'à ce seul titre c'est bien un régime de dictature communiste du prolétariat qui était au pouvoir.
La Chine actuelle qui a maintenu un régime politique de dictature du parti communiste avec conversion de l'économie au capitalisme et au libéralisme nous confirme que le communisme est bien toujours présent puisqu'elle continue à s'intituler pays communiste, avec drapeau rouge.
Pour caractériser l' URSS avant la chûte, peut-être pourrait-on parler d'une dictature communiste par un parti avec une économie étatisée excluant les éléments définissant le capitalisme (liberté de l'initiative, marché, propriété privée des moyens de production).


Stricto sensu, pour un marxiste, la communisme, est la phase finale qui suit la phase socialiste. D'ailleurs, avant la création du parti bolchevik, en 1903, on parlait de mouvements sociaux-démocrates. Donc le terme "communiste" qui fut associé au parti soviétique et chinois, ne correspond par à une réalité concrète.
Je parlerai donc plutôt de dictature léniniste, puisqu'il y avait d'autres courants socialistes qui n'étaient pas d'accord avec la vision d'Illitch, notamment en ce qui concerne la "dictature du prolétariat", je pense à Rosa Luxembourg ou au rôle messianique du Parti, je pense aux menchenviks.
Cette précision sémantique me paraît importante, car elle permet de stigmatiser le léninisme, en tant qu'idéologie autoritaire puis totalitaire.

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Message Publié : 11 Mars 2012 20:01 
Tietie006 a écrit :
Stricto sensu, pour un marxiste, la communisme, est la phase finale qui suit la phase socialiste. D'ailleurs, avant la création du parti bolchevik, en 1903, on parlait de mouvements sociaux-démocrates. Donc le terme "communiste" qui fut associé au parti soviétique et chinois, ne correspond par à une réalité concrète.
Je parlerai donc plutôt de dictature léniniste, puisqu'il y avait d'autres courants socialistes qui n'étaient pas d'accord avec la vision d'Illitch, notamment en ce qui concerne la "dictature du prolétariat", je pense à Rosa Luxembourg ou au rôle messianique du Parti, je pense aux menchenviks.
Cette précision sémantique me paraît importante, car elle permet de stigmatiser le léninisme, en tant qu'idéologie autoritaire puis totalitaire.
"(...) On arrive au même résultat exécrable : le gouvernement de l'immense majorité des masses populaires par une minorité privilégiée. Mais cette minorité, disent les marxistes, se composera d'ouvriers. Oui, certes, d'anciens ouvriers, mais qui, dès qu'ils seront devenus des gouvernants ou des représentants du peulpe, cesseront d'être des ouvriers et se mettront à regarder le monde prolétaire du haut de l'Etat ; ne représenteront plus le peuple, mais eux-mêmes et leurs prétentions à le gouverner. Qui en doute ne connaît pas la nature humaine. (...)
"Les marxistes prétendent que seule la dictature, bien entendu la leur, peut créer la liberté du peuple ; à cela nous répondrons qu'aucune dictature ne peut avoir d'autre fin que de durer le plus longtemps possible et qu'elle est seulement capable d'engendrer l'esclavage dans le peuple qui la subit et d'éduquer ce dernier dans cet esclavage ; la liberté ne peut être créée que par la liberté..."
Mikhail Alexandrovitch Bakounine (dont je ne défends pas autrement le système...)


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Message Publié : 11 Mars 2012 20:27 
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Bonjour,

Alain.g a écrit :
Je ne crois pas qu'on puisse occulter que le parti communiste au nom de la lutte des classes exerçait sur la Russie un pouvoir absolu et qu'à ce seul titre c'est bien un régime de dictature communiste du prolétariat qui était au pouvoir.
.


N'est-ce pas ce dont on parle avec le communisme, ,pourquoi s'en etonner alors ?

Citer :
La Chine actuelle qui a maintenu un régime politique de dictature du parti communiste avec conversion de l'économie au capitalisme et au libéralisme nous confirme que le communisme est bien toujours présent puisqu'elle continue à s'intituler pays communiste, avec drapeau rouge.


Outre le discutable raccourci, est-ce bien le sujet ?

bien à vous

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et tout le reste n'est que littérature


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Message Publié : 11 Mars 2012 20:49 
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Eginhard
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Jean R a écrit :
Tietie006 a écrit :
Stricto sensu, pour un marxiste, la communisme, est la phase finale qui suit la phase socialiste. D'ailleurs, avant la création du parti bolchevik, en 1903, on parlait de mouvements sociaux-démocrates. Donc le terme "communiste" qui fut associé au parti soviétique et chinois, ne correspond par à une réalité concrète.
Je parlerai donc plutôt de dictature léniniste, puisqu'il y avait d'autres courants socialistes qui n'étaient pas d'accord avec la vision d'Illitch, notamment en ce qui concerne la "dictature du prolétariat", je pense à Rosa Luxembourg ou au rôle messianique du Parti, je pense aux menchenviks.
Cette précision sémantique me paraît importante, car elle permet de stigmatiser le léninisme, en tant qu'idéologie autoritaire puis totalitaire.
"(...) On arrive au même résultat exécrable : le gouvernement de l'immense majorité des masses populaires par une minorité privilégiée. Mais cette minorité, disent les marxistes, se composera d'ouvriers. Oui, certes, d'anciens ouvriers, mais qui, dès qu'ils seront devenus des gouvernants ou des représentants du peulpe, cesseront d'être des ouvriers et se mettront à regarder le monde prolétaire du haut de l'Etat ; ne représenteront plus le peuple, mais eux-mêmes et leurs prétentions à le gouverner. Qui en doute ne connaît pas la nature humaine. (...)
"Les marxistes prétendent que seule la dictature, bien entendu la leur, peut créer la liberté du peuple ; à cela nous répondrons qu'aucune dictature ne peut avoir d'autre fin que de durer le plus longtemps possible et qu'elle est seulement capable d'engendrer l'esclavage dans le peuple qui la subit et d'éduquer ce dernier dans cet esclavage ; la liberté ne peut être créée que par la liberté..."
Mikhail Alexandrovitch Bakounine (dont je ne défends pas autrement le système...)


Le Marxisme politique est très imprécis, et le Manifeste du Parti Communiste était un écrit de circonstance et Marx a très peu précisé ce que devait être la "dictature du prolétariat".
Le problème du "marxisme politique", c'est qu'il a été annexé par une variante très autoritaire, le léninisme, qui ne pouvait qu'aboutir au stalinisme.
Mais il y avait d'autres courants, à l'époque, comme le luxembourgisme ou le menchevisme, beaucoup moins coercitifs et qui, en fait, se sont réalisés en partie avec l'intervention massive des Etats, après la seconde guerre mondiale, dans l'économie et la société.

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Message Publié : 12 Mars 2012 10:29 
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Georges Duby
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Contrairement à ce qui est souvent écrit, Marx a bel et bien prévu qu'avant le communisme final, son utopie, serait mise en place une dictature du prolétariat et ce dans plusieurs ouvrages.
Reporter sur Lénine le caratère dictatorial du nouvel ordre contitue donc un truquage. L'URSS a bel et bien appliqué le marxisme et s'en est tenu à la première phase de sa révolution.
Dans les Luttes de classes en France, Marx défend la « dictature de la classe ouvrière » et définit la « dictature de classe du prolétariat » et « la révolution en permanence » comme les deux mots d'ordre qui distinguent le communisme du socialisme petit-bourgeois. La même année, la « dictature du prolétariat » est inscrite comme objectif de la société universelle des communistes révolutionnaires dans ses statuts0. En 1852, Marx considère que ses réflexions sur la dictature du prolétariat font partie des trois contributions originales qu'il a apportées sur les historiens bourgeois :
« Maintenant, en ce qui me concerne, ce n'est pas à moi que revient le mérite d'avoir découvert l'existence des classes dans la société moderne, pas plus que la lutte qu'elles s'y livrent. Des historiens bourgeois avaient exposé bien avant moi l'évolution historique de cette lutte des classes et des économistes bourgeois en avaient décrit l'anatomie économique. Ce que j'ai apporté de nouveau, c'est :
1.de démontrer que l'existence des classes n'est liée qu'à des phases historiques déterminées du développement de la production ;
2.que la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du prolétariat ;
3.que cette dictature elle- même ne représente qu'une transition vers l'abolition de toutes les classes et vers une société sans classes. » K. Marx, Lettre à J. Weydemeyer, 5 mars 1852.
Autre citation:
« Entre la société capitaliste et la société communiste, se place la période de transformation révolutionnaire de celle-là en celle-ci. À quoi correspond une période de transition politique où l'État ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat. » K. Marx, Critique du programme de Ghota, IVe partie, 1875.

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Message Publié : 12 Mars 2012 11:18 
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Eginhard
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Alain.g a écrit :
Contrairement à ce qui est souvent écrit, Marx a bel et bien prévu qu'avant le communisme final, son utopie, serait mise en place une dictature du prolétariat et ce dans plusieurs ouvrages.
Reporter sur Lénine le caratère dictatorial du nouvel ordre contitue donc un truquage. L'URSS a bel et bien appliqué le marxisme et s'en est tenu à la première phase de sa révolution.
Dans les Luttes de classes en France, Marx défend la « dictature de la classe ouvrière » et définit la « dictature de classe du prolétariat » et « la révolution en permanence » comme les deux mots d'ordre qui distinguent le communisme du socialisme petit-bourgeois. La même année, la « dictature du prolétariat » est inscrite comme objectif de la société universelle des communistes révolutionnaires dans ses statuts0. En 1852, Marx considère que ses réflexions sur la dictature du prolétariat font partie des trois contributions originales qu'il a apportées sur les historiens bourgeois :
« Maintenant, en ce qui me concerne, ce n'est pas à moi que revient le mérite d'avoir découvert l'existence des classes dans la société moderne, pas plus que la lutte qu'elles s'y livrent. Des historiens bourgeois avaient exposé bien avant moi l'évolution historique de cette lutte des classes et des économistes bourgeois en avaient décrit l'anatomie économique. Ce que j'ai apporté de nouveau, c'est :
1.de démontrer que l'existence des classes n'est liée qu'à des phases historiques déterminées du développement de la production ;
2.que la lutte des classes mène nécessairement à la dictature du prolétariat ;
3.que cette dictature elle- même ne représente qu'une transition vers l'abolition de toutes les classes et vers une société sans classes. » K. Marx, Lettre à J. Weydemeyer, 5 mars 1852.
Autre citation:
« Entre la société capitaliste et la société communiste, se place la période de transformation révolutionnaire de celle-là en celle-ci. À quoi correspond une période de transition politique où l'État ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat. » K. Marx, Critique du programme de Ghota, IVe partie, 1875.


Marx n'a quasiment jamais vraiment précisé la notion de "dictature du prolétariat", et en a rarement parlé, à part dans sa Critique du Programme de Gotha et dans quelques lettres, sans jamais approfondir ce que serait cette dictature. Cette notion est donc à inventer. Et d'ailleurs, les sociaux-démocrates de l'époque ne sont pas d'accord sur ce concept. Lénine est pour une dictature du Parti, sur le prolétariat, celui-ci étant incapable d'arriver à une "conscience de classe", sans la médiation du Parti, vision élitiste de cette dictature, alors que Rosa Luxemburg, et plus tard Léon Blum, dans son magnifique discours au Congrès de Tours, en 1920, auront une vision plus "démocratique", de cette dictature, qui signifiait une adhésion large du peuple, au-délà des limites du Parti. La dictature du Parti léniniste a d'ailleurs été dénoncée par beaucoup de socialistes, de Plekhanov à Kautsky. Pour ces derniers, Lénine s'écarte de la pensée de Marx, puisque Illitch, passe outre la transition bourgeoise, nécessaire à la réussite d'une révolution socialiste, d'après Marx, à la constitution d'un Etat dit prolétarien, dans une société massivement paysanne !

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Message Publié : 12 Mars 2012 11:21 
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Philippe de Commines
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Alain.g a écrit :
Contrairement à ce qui est souvent écrit, Marx a bel et bien prévu qu'avant le communisme final, son utopie, serait mise en place une dictature du prolétariat et ce dans plusieurs ouvrages.
Reporter sur Lénine le caratère dictatorial du nouvel ordre contitue donc un truquage. L'URSS a bel et bien appliqué le marxisme et s'en est tenu à la première phase de sa révolution.


Le détournement léniniste du marxisme est pourtant réel: Marx prévoit effectivement une période de "socialisme" ou de "dictature du prolétariat" avant l'extinction de l'État et la disparition des classes sociales. Mais Lénine a dévoyé le marxisme en considérant que le prolétariat en masse, celui qui devait faire la révolution et exercer ensuite sa dictature chez Marx, pouvait être représenté par une "avant-garde", le Parti communiste, à la fois pour faire la révolution et établir ensuite sa dictature.
C'est en cela que le léninisme, bien plus que le prolongement "naturel" du marxisme tel que nous le présentent les anticommunistes épidermiques, en est en fait un détournement. Le prolétariat s'y voit voler son rôle dirigeant au profit d'un parti au sein duquel la démocratie est étouffée.

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«L'humanité est comme un paysan ivre à cheval: quand on la relève d'un côté, elle tombe de l'autre.»
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Message Publié : 12 Mars 2012 11:23 
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Philippe de Commines
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@Titie: pardon, j'ai posté mon message en même temps que le vôtre, vous dites mieux que moi ce que j'ai écrit.

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Message Publié : 12 Mars 2012 12:24 
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Georges Duby
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Tietie006 a écrit :
Marx n'a quasiment jamais vraiment précisé la notion de "dictature du prolétariat", et en a rarement parlé, à part dans sa Critique du Programme de Gotha et dans quelques lettres, sans jamais approfondir ce que serait cette dictature.
Marx a quand même beaucoup évoqué ce concept de la dictature du prolétariat dont il parlera de plus en plus et qui conclut son thème de la lutte des classes.
Quelques citations de Marx sur la dictature du prolétariat:
" Mais, avant de réaliser un changement socialiste, il faut une dictature du prolétariat, dont une condition première est l'armée prolétarienne. Les classes ouvrières devront conquérir sur le champ de bataille le droit à leur propre émancipation. La tâche de l'Internationale est d'organiser et de coordonner les forces ouvrières dans le combat qui les attend.« Discours de commémoration du septième anniversaire de l'Association internationale des travailleurs, le 25 septembre 1871 à Londres », Karl Marx, dans La commune de 1871 (1871), Marx, Engels, éd. 10/18, 1971, partie Prolongements historiques et théoriques de la Commune, chap. Enseignement de la commune, p. 207.

" Entre la société capitaliste et la société communiste, se place la période de transformation révolutionnaire de l'une en l'autre. A cette période correspond également une phase de transition politique où l'Etat ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat.« Critique du programme ouvrier Allemand (Programme de Gotha) », dans Oeuvres (1875), Karl Marx (trad. Maximilien Rubel, avec la collaboration de Louis Janover), éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1963, t. I - Economie I, partie IV, p. 1429.

"Toute situation politique provisoire qui succède à une révolution réclame une dictature, voir une dictature énergique. Nous avons, dès l'abord, reproché à Camphausen de n'avoir pas adopté une attitude dictatoriale, de n'avoir pas détruit et aboli immédiatement les résidus des anciennes institutions. « Neue Rheinische Zeitung, n° 102 », dans Oeuvres (14 septembre 1848), Marx (trad. Maximilien Rubel, avec la collaboration de Louis Janover), éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1994, t. IV - Politique I, p. 51

On ne peut donc pas gommer les nombreuses évocations par Marx de la nécessité d'une phase de dictature du prolétariat même si Lénine transforme et sublime le concept marxiste, qui aboutira dans le communisme russe réel de 1917-1989 à la dictature du parti communiste.
Toute pratique adapte la théorie à la réalité, ici comme ailleurs, sans qu'on puisse nier leur continuité. C'est en effet le propre des belles philosophies qu'elles aboutissent souvent aux pires excès dans leur praxis et une facilité que de vouloir préserver la pureté des théories et d'instituer un principe d'irresponsabilité en leur faveur, en niant leurs conséquences pratiques.

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Message Publié : 12 Mars 2012 12:29 
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Eginhard
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Alain.g a écrit :
Tietie006 a écrit :
Marx n'a quasiment jamais vraiment précisé la notion de "dictature du prolétariat", et en a rarement parlé, à part dans sa Critique du Programme de Gotha et dans quelques lettres, sans jamais approfondir ce que serait cette dictature.
Marx a quand même beaucoup évoqué ce concept de la dictature du prolétariat dont il parlera de plus en plus et qui conclut son thème de la lutte des classes.
Quelques citations de Marx sur la dictature du prolétariat:
" Mais, avant de réaliser un changement socialiste, il faut une dictature du prolétariat, dont une condition première est l'armée prolétarienne. Les classes ouvrières devront conquérir sur le champ de bataille le droit à leur propre émancipation. La tâche de l'Internationale est d'organiser et de coordonner les forces ouvrières dans le combat qui les attend.« Discours de commémoration du septième anniversaire de l'Association internationale des travailleurs, le 25 septembre 1871 à Londres », Karl Marx, dans La commune de 1871 (1871), Marx, Engels, éd. 10/18, 1971, partie Prolongements historiques et théoriques de la Commune, chap. Enseignement de la commune, p. 207.

" Entre la société capitaliste et la société communiste, se place la période de transformation révolutionnaire de l'une en l'autre. A cette période correspond également une phase de transition politique où l'Etat ne saurait être autre chose que la dictature révolutionnaire du prolétariat.« Critique du programme ouvrier Allemand (Programme de Gotha) », dans Oeuvres (1875), Karl Marx (trad. Maximilien Rubel, avec la collaboration de Louis Janover), éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1963, t. I - Economie I, partie IV, p. 1429.

"Toute situation politique provisoire qui succède à une révolution réclame une dictature, voir une dictature énergique. Nous avons, dès l'abord, reproché à Camphausen de n'avoir pas adopté une attitude dictatoriale, de n'avoir pas détruit et aboli immédiatement les résidus des anciennes institutions. « Neue Rheinische Zeitung, n° 102 », dans Oeuvres (14 septembre 1848), Marx (trad. Maximilien Rubel, avec la collaboration de Louis Janover), éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1994, t. IV - Politique I, p. 51

On ne peut donc pas gommer les nombreuses évocations par Marx de la nécessité d'une phase de dictature du prolétariat même si Lénine transforme et sublime le concept marxiste, qui aboutira dans le communisme russe réel de 1917-1989 à la dictature du parti communiste.
Toute pratique adapte la théorie à la réalité, ici comme ailleurs, sans qu'on puisse nier leur continuité. C'est en effet le propre des belles philosophies qu'elles aboutissent souvent aux pires excès dans leur praxis et une facilité que de vouloir préserver la pureté des théories et d'instituer un principe d'irresponsabilité en leur faveur, en niant leurs conséquences pratiques.


Mais je ne dis pas le contraire, je mets l'accent, uniquement, sur l'imprécision de ce concept que Marx ne définit pas vraiment ! Quelle forme prendra cette dictature ? Pour combien de temps ? Les épigones de Marx interprèteront les "saintes écritures" à leur façon, Lénine de façon ultra-autoritaire, Rosa et Blum de manière plus "douce" !
De plus, Lénine est considéré, en 1917, par tous les marxistes orthodoxes comme un aventurier qui s'écarte de la voie marxiste.
Illitch est un syncrétisme entre des pans de la pensée marxiste et le socialisme à la russe, incarné par Tchernychevski et Tkatchev.

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Message Publié : 23 Mars 2012 18:35 
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D'ailleurs, Lénine, va se rallier au capitalisme d'Etat juste avant la révolution :

Dans son dernier texte écrit avant Octobre, La catastrophe menaçante et comment la combattre, il part de l'idée que le capitalisme peut être réduit par un simple contrôle ouvrier sur la production, et il propose 5 mesures économiques de « démocratie révolutionnaire » :
-fusion de toutes les banques en une seule dont les opérations seraient contrôlée par l'Etat. Ou encore, à titre de mesure alternative, nationalisation des banques.
-Nationalisation des cartels les plus importants (pétrole, charbon, métallurgie).
-Supression du secret commercial.
-« cartellisation » forcée de l'ensemble des industries, commerces, etc...
-regroupement quasi-obligatoire de toute la société en organisations de consommateurs qui contrôleraient les circuits de production et de consommation.

Ces mesures n'étaient pas socialistes, et Lénine précisait :
«  La nationalisation et la confiscation des biens privés sont des mesures distinctes. La propriété des capitaux concentrés dans les banques est certifiée par des attestations manuscrites. Aucune de ces attestations n'est modifiée ou annulée par la nationalisation des banques ». Et il a joutait : «  Le principal avantage de la nationalisation des banques est de faciliter l'obtention de crédits aux petits patrons et aux paysans. »
Ainsi présente-t-il alors les nationalisations comme des mesures destinées à rationaliser la vie économique, à faciliter la vie des petits entrepreneurs, capables par là, d'accéder aux capitaux qui leur sont nécessaires, et non comme une destruction de la propriété privée.
De même, à propos de la cartellisation, Lénine précise qu'elle « n'enlève pas un kopek à quelque propriétaire que ce soit ».

Lénine envisage, à la veille de la révolution, de créer un « capitalisme d'Etat » qui constituerait une phase de transition vers le socialisme. Il définit ainsi sa perception de l'avenir :
« Le socialisme n'est rien d'autre que le stade qui suit immédiatement le monopole capitaliste. »

(Source: Lénine, d'Hélène Carrère d'Encausse, Fayard, 1998, édition Pluriel, pages 396 à 398).

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