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Vous avez parfaitement raison, même si ces partis ont rapidement pris leurs distances avec le gouvernement du Maréchal, après avoir salué néanmoins la "divine surprise".
On peut dire que les partis collaborationnsistes de Doriot et Déat ont pris leurs distances par rapport au gouvernement de Vichy. On peut dire la même chose des Croix de Feu du colonel de La Rocque, devenues Parti Social Français après les dissolutions des ligues de 36 (à noter que vers le début de la guerre, ce parti était un véritable parti de masse, puisqu'il comptait environ 800 000/1 million d'adhérents selon les différentes sources, du jamais vu en France).
Mais les raisons pour lesquelles le PPF de Doriot et le RNP de Déat ont pris leurs distances par rapport au gouvernement de Vichy ne sont pas les mêmes que celles du PSF.
En fait, elles sont diamétralement opposées: les partis collaborationnistes reprochaient essentiellement à Vichy de ne pas aller assez loin dans la collaboration, d'être trop "droite classique" et nationalistes et de ne pas avancer assez vite dans la voie de l'Europe nouvelle tracée par l'Allemagne.
Le colonel de la Rocque, lui, venait du catholicisme social. Officier et rejeton d'une famille militaire, il était tout naturellement pétainiste convaincu (et bien sûr absolument pas pacifiste
, peu de militaires le sont) .
Par contre, le gouvernement de Vichy lui inspirait de sérieuses réserves, portant en particulier sur la politique de collaboration elle même ("pas de collaboration sous l'occupation") , sur la dictature, sur diverses manifestations de la fascisation progressive du régime,telles que la milice et la LVF.
Loyal à Pétain par principe, quelque peu naif et manquant de sens politique--pour arriver à concilier son pétainisme avec son anti-vychisme, La Rocque adhérait au cliché selon lequel Pétain n'était pas responsable des errements de Vichy, victime qu'il était d'un entourage peu scrupuleux qui l'entrainait de plus en plus sur des chemins douteux.
Vu ces positions de La Rocque, le PSF, d'abord interdit en zone occupée, a été finalement dissous par les Allemands fin 41.
C'est à peu près le moment où son chef contacta la Résistance et y participa. Son aveuglement politique l'amena à la conviction que c'était sa mission d'ouvrir les yeux de Pétain sur les manoeuvres antipatriotiques de son entourage. Il fit des pieds et des mains pour ler encontrer, et finalement obtint trois entrevues avec lui début mars 43.
Selon certains historiens, il aurait alors essayé de convaincre Pétain de rejoindre l'Afrique du Nord. Quoiqu'il en soit, il fut arrêté 48 heures après leur dernière rencontre par la Gestapo, et on peut supposer que ce n'est pas par hasard: déjà soupçonné de faits de résistance, les critiques qu'il a du diriger contre le gouvernement de Vichy durant ces entrevues n'ont pas du tomber dans l'oreille d'un sourd.