Bonjour à tous,

Pourriez vous me dire quelles étaient les plus importantes tendances idéologiques qui traversaient le parti communiste français avant que ne commence la bolchévisation en 1923 ?

J'ai trouvé ceci mais je ne sais pas quel crédit on peut accorder à cette "estimation" ...

Citer :

A la fin 1924, le PCF (selon Zinoviev) c'est " 20% de jauressisme, 10% de marxisme, 20% de léninisme, 20% de trotskysme, 30% de confusionnisme ".

Ce qui m'intéresserait tout particulièrement c'est de savoir quelle était la part d'éléments s'inscrivant dans une tradition idéologique social-démocrate/réformiste (qu'illustre très bien la déclaration de principes de 1905 de la SFIO mais je précise que je ne parle pas seulement des individus sortant de la SFIO mais de tous ceux qui par leur sensibilité idéologique se rattachaient à cette tradition) et quelle était la part de celle qui provenait de noyaux révolutionnaires à proprement parler (je pense notamment au syndicalisme révolutionnaire).
Je trouverais également intéressant de savoir quel a pu être avant 1923 l'impact respectif des courants marxistes en général, du léninisme et du pro-soviétisme.

Je vous remercie beaucoup d'avances pour les réponses que vous pourrez m'apporter.

Ou pour reposer ma dernière question à l'envers : y avait-il avant la bolchévisation, l'existence de sensibilités communistes "autres", devant par exemple plus à la tradition syndicalisme révolutionnaire (et à l'anarcho-communiste qui y était associé) qu'au léninisme ou du moins formant un mélange un peu hybride et non dépourvu de contradictions entre les deux ? Je pense aux cas de syndicalistes révolutionnaires passés au PCF tels Marcel Martinet ou Pierre Monatte mais ce ne sont que des exemples individuels et je ne sais pas s'ils sont représentatifs même si je suppose qu'en raison notamment du prestige de la révolution russe, le PC a dû constituer un pôle d'attraction bien au-delà des milieux militants gagnés de longue date au socialisme étatique, au marxisme et au léninisme.

Il me semble que c'est d'une manière toute naturelle que le socialisme a évolué en europe, de nouvelles idées, mouvements et personnalités apparaissant et retenant l'attention sans qu'on puisse parler systématiquement de conversions ou de rattachements.
Au début on a donc en France différentes formes de socialisme puis l'apparition assez tardive en politique du communisme institutionnel politique français lors du congrès de Tours en 1920, la majorité des socialistes adhérant à la section française du communisme international à la demande de Lénine et la minorité avec Blum formant la SFIO (de mémoire).
Ce mouvement communiste va attirer de plus en plus par adhésions de syndicalistes et d'électeurs venant d'autres horizons de l'extrême gauche, la gauche des radicaux en 1900, par choix d'un socialisme plus contestataire, prenant la suite des mouvements de grève violents du début du siècle.
C'est ainsi que que le nouveau parti communiste s'est constitué et non par fusions de mouvements, le nouveau remplaçant l'ancien après l'avoir cotoyé, en dehors des fusions et des scissions. Je le vois ainsi, connaissant peu le sujet il est vrai. Il faut raisonner en flux, par montée en puissance selon les comptages de députés et de militants. Les structures ne créent pas toujours des structures, elles s'imposent ou disparaissent le plus souvent et sauf exceptions.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Annie Kriegel, dans Le Parti communiste français et la question du pouvoir (1920-1939) (in Annales, Economies, Sociétés, Civilisations, Vol. XXI, Numéro 6, 1966, pp. 1245-1258), évoque une "élimination progressive [...] des adhérents d'avant-guerre formés sur d'autres modèles [que celui du bolchévisme]" (Kriegel, op. cit., p. 1251). Sur internet, et cela suppose de reprendre ces éléments à l'éclairage de correspondances ou de documents historiques, il est fait mention de trois tendances communistes (issues d'autres modèles que le bolchévisme) : un courant individualiste philo-trotskiste (Souvarine, Renoult), peut-être formé autour des dernières figures du CRRI, un courant social-démocrate (Dunois, Loriot) et un courant anarcho-syndicaliste (Monatte, Rosmer). Il est possible de faire une lecture du Congrès de Strasbourg (1920) et des interventions selon le schéma des quatre courants présentés ci-dessus ; celle-ci demande, cependant, de fermer les yeux sur certaines "incohérences" (oscillation politique des personnalités, mélange des courants, etc).
Les recherches sont, en conséquence, à approfondir.

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« But thought's the slave of life, and life's time fool. » (William Shakespeare)

J'y ajoute Victor Delagarde, co-auteur avec les deux autres communistes cités, d'une lettre ouverte aux adhérents du PCF en date du 22 novembre 1924, accusant les défenseurs d'un "prétendu bolchévisme français" (3ème paragraphe de la lettre ouverte). Dans le texte, les auteurs accusent Treint, Sellier et Doriot, soutenus par Humbert-Droz, d'être à l'origine de la crise permanente du Parti communiste.


Dunois, dans un article intitulé "Syndicalisme et communisme", paru dans le 25ème numéro du Bulletin communiste (16 juin 1921), évoque les différentes factions du Parti communiste : d'un côté, les guesdistes, secondés par Hubert Lagardelle, partisans d'un rattachement des syndicats au PCF, et en cela proche d'un modèle bolchévique, de l'autre, les jaurrèsistes, secondés par Edouard Vaillant, partisans de l'autonomie syndicale.

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