Je n'ai pas de biographie de Reinhard Heydrich sous la main, et sur la question du motif de son renvoi de la Marine, survenu avant son mariage avec Lina von Osten, je n'ai que ce que l'on trouve sur le net (wiki anglais): que l'amiral Raeder a renvoyé Heydrich en avril 31, pour "conduite indigne d'un officier et un gentleman", en fait pour avoir rompu des fiançailles avec une jeune fille qu'il fréquentait avant de se fiancer à von Osten.
Sait on qui était cette jeune fille, quel était son milieu (j'ai lu quelque part qu'elle était fille d'un haut gradé de la Marine).
Quelles ont été les modalités de ce renvoi? Cour martiale, etc?
Cette question est-elle abordée plus en détail dans une des biographies de Heydrich?

Des sites allemands disent que le nom de la fille est demeuré inconnu, mais qu'elle était enceinte des oeuvres de Heydrich. Le père devait connaître Raeder.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

La jeune fille se nommait Lina von Osten et avait 19 ans.

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"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.

Au temps pour moi : j'ai répercuté ce que disait un historien (?) anglais mais, en fait, Lina von Osten était l'épouse de Heydrich (depuis 1930) et la mère de leurs 4 enfants.

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"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.

Je cite wikipedia.fr :
"D'après Knopp, il s'agirait de la fille d'un influent inspecteur principal des constructions de la Marine (Guido Knopp, Les SS, un avertissement de l'histoire, Paris, Presses de la Cité, 2006, p. 152). Pour Höhne, il s'agit de la fille d'un des directeurs d'IG Farben, qui de surcroît était enceinte (Heinz Höhne, L'ordre noir, Tournai, Casterman, 1972, p. 105)"

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La poésie peut être plus vrai que l'histoire. Aristote

Jacques Delarue, pour sa part, a évoqué une demi-douzaine d'hypothèses. La piste IG Farben est la plus souvent avancée.

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"L'histoire serait une chose merveilleuse si seulement elle était vraie."
Léon Tolstoï.

Heydrich semble avoir eu une vie privée animée; ne serait ce qu'à cause du pittoresque "salon Kitty". J'ai aussi lu quelque part que sa femme Lina, avait été sur le point de demander le divorce, mais qu'elle y a renoncé, suite à certaines pressions.

A l'époque où Heydrich est "placé", l'idée d'un divorce est impensable dans le cercle d'Hitler. Cependant tous avaient des maîtresses, y compris Goebbels qui avait dû se résoudre à épouser Johanna Behrend éprise du Führer (et qui le restera jusqu'à la fin...) avec un rôle ambigü de "première dame montrable".
Himmler ne sera pas en reste sans parler de Borman ou Goëring. Tous ou presque étaient affublés de maîtresses.
Autres temps, autres moeurs : il faut voir la trajectoire amoureuses de Mussolini, le ménage à trois de Lénine et la "douceur" de Staline avec ses deux épouses. Incroyable... Je passe Mao ou Salazar (le plus agréable et étrange). Les lettres envoyées à Hitler et Mussolini sont démentes...

- Femmes de dictateur - Diane Ducret - Perrin / 2011

Heydrich ne digèrera jamais ce renvoi ( ). Canaris ayant été son supérieur à l'époque, il restera toujours un malaise entre les deux hommes.
Pour l'étonnement, lettres adressées à Hitler :

"Mon Führer chéri, Chaque jour je suis obligée de penser à vous, chaque heure et chaque minute. J'irais volontiers à Berlin et viendrais à vous ! Ai-je le droit de faire ça ? Quoiqu'il advienne, ma vie vous appartient... Je ne peux plus travailler car je pense toujours à vous. Je ne peux plus aimer d'autres personnes plus que vous. Espérons que mon souhait se réalise. Ecrivez-moi s'il vous plaît, si j'ai le droit de venir."

De janvier à Avril 33 : 3 000 lettres de ce style et la fin de l'année voit le nombre à 5 000. 1934 : 12 000...

"Mon Führer, J'ai été comblée de savoir que vous avez reçu mon miel... Et je voudrais encore vous envoyer de temps en temps afin de partager vos déjeuners... Quel plaisir que ce produit naturel de notre terre de Poméranie contribue à entretenir votre énorme dépense d'énergie physique et mentale... Mme von Heyden-Plötz"

En 1935 : "Cher Führer Aldolf Hitler, Une femme de Saxe aimerait beaucoup avoir un enfant de vous. C'est pour sûr un fort désir très particulier et la seule pensée que vous ne devez pas avoir d'enfant m'obsède ; voilà donc le souhait que je voulais exprimer dans cette lettre... Ceci est mon plus grand souhait... Friedel S."
"...Considère ce qu'un sagittaire peut faire d'un bélier. L'éternelle femelle vous a attiré !! Alors exulte, ô mon coeur et laisse-toi enlacer par les étoiles... Tu es les fleurs des champs. Oh, les marguerites !"
Deux dernières de 1941 :
"Mon Füher, Aujourd'hui je peux affirmer mon voeu de loyauté et d'amour absolu, mes idées et mes sentiments n'appartiennent qu'à vous, mon Führer, mon homme tant aimé, le plus noble, le plus grandiose, le plus merveilleux, unique et génial, envoyé de Dieu, seulement à vous mon Führer, seulement à votre mission et rédemption pacifiques, seulement à vous, fils élu, oint, couronné et aimé de Dieu, céleste messager de paix, exécuteur de la volonté divine sur terre, votre peuple et votre Reich pangermanique et votre magnifique armée de héros..., premier soldat et chef suprême de cette armée, le général et stratège le plus génial et le plus grandiose de tous les temps... J'oeuvre de tout mon coeur pour votre amour joyeux... Mon âme se réjouit pour toujours... Frau Dagmar Dassel"
"Cher Adi, Tu vas sûrement te languir quelque peu de moi. Je veux encore t'envoyer une photographie comme symbole de mon amour... Ici je ressemble à une madone dans le ciel... De fervents baisers à toi, ma sale bête. Ritschi"

Espérons que ce HS vous aura fait sourire : l'uniforme et la moustache font fureur dans ces années là ! Il y a aussi le nombre de celles "... dont le mari est devenu étranger, simplement au fait que je porte en mon coeur le meilleur... Plus le temps passe moins mon mari et moi sommes en harmonie... C'est la puissance de mon amour pour vous... Frau Rosa M."

Bénito mise sur ses abdos et sa stature, c'est pas mal non plus dans le style...

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)

Cette fureur de soumission de presque tout un peuple est le moteur du nazisme, et une des interrogations centrales de la politique.
Comme le disait un des commentateurs allemands de "The End" (de Kershaw): "l'énigme, ce n'est pas Adolf Hitler, c'est nous".
Heydrich est tout de même un cas à part dans le rayon "vie privée des leaders nazis": il a créé un bordel, le fameux salon Kitty, dont les pensionnaires triées sur le volet étaient censées recueillir des informations de leurs clients, diplomates étrangers, personnalités nazies, etc.
Bordel qu'il fréquentait aussi en tant que client VIP bénéficiant d'un accès gratuit et illimité.

Un culte exacerbé de la personnalité dans un contexte patriarcal et machiste devrait expliquer pour partie, une forme de conditionnement non ? Regardez le Triomphe de la Volonté !

Une autre catégorie fort prisée : les artistes. Comment ne pas se souvenir de Rudolf Valentino dont la mort provoqua des suicides, de l'hystérie provoquée par Claude François et j'en passe ? Tous ces gens savaient, savent se mettre en scène. Les hommes politiques ne sont pas en reste : on connait JFK mais il n'est pas le seul, loin de là.

On peut rajouter qu'il ne devait pas être facile de résister à un horrible nabot comme Goebbels ou Himmler voire Béria.

La citation rapportée à propos de "The End" dit au contraire que ce n'est pas du côté du dictateur et de son système de pouvoir que réside la clé du problème mais au contraire dans la soumission VOLONTAIRE des masses qui l'idolatrent.
Certains tirent un bénéfice de cette soumission, mais la majorité des dominés payent au contraire un lourd tribut, en morts et vies ruinées, aux dictateurs (et aux gourous) auxquels ils se soumettent, ce qui rend cette soumission incompréhensible.
Je cite le "De la servitude volontaire" de La Boétie: "je voudrais seulement comprendre comment tant d'hommes ,tant de villes, tant de nations supportent quelquefois un tyran seul qui n'a de puissance que celle qu'il lui donnent, qui n'a de pouvoir de leur nuire qu'autant qu'il veuillent bien l'endurer et qui ne pourrait leur faire aucun mal s'ils n'aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire".
Ceci datant du XVIème siècle, avant le culte de la personnalité ...
Ca décrit un phénomène d'emprise, qui ne peut s'installer que s'il rencontre un désir de soumission dans la psyche des personnes qui le subissent.

Pour revenir à Heydrich, voici ce que dit le wiki anglais sur le "salon Kitty":

http://en.wikipedia.org/wiki/Salon_Kitty
(il n'existe pas de notice wiki en français sur cet aspect spécifique de la vie de RH)

Et des précisions supplémentaires extraites d'un ouvrage sur "RH, The Face of Evil" :
http://books.google.fr/books?id=XM0Qu8- ... h+brothel+"+"&source=bl&ots=LSfV9rJY5y&sig=HE7j-18MkUJg6N6eaEOac8CS-8s&hl=fr#v=onepage&q=heydrich%20brothel%20%22

Si l'on en croit ce texte, RH aurait songé à ouvrir un tel établissement pour homosexuels, truffé de micros, avec un staff de prostitués masculins triés sur le volet et polyglottes.

Entièrement d'accord

En France on a connu le même problème avec la soumission-adoration vis à vis de Napoléon, qui dure encore dans beaucoup d'esprit.

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La meilleure partie de l'humanité ne périra pas; elle migrera d'étoile en étoile au fur et à mesure que celles ci s'éteignent. Ainsi, la vie ne connaitra pas de fin. Le perfectionnement de l'humanité sera permanent.

Konstantin TSIOLKOVSKI
Rêves de la Terre et du Ciel

Merci pour vos précisions Tonnerre :-)

Bonjour,


Edouard Husson, Heydrich et la solution finale, Perrin, 2008, p. 30

Merci, l'insolence de Heydrich vis à vis du jury correspond à ce que l'on rapporte par ailleurs sur sa morgue et son comportement volontiers méprisant.
Je n'ai pas vérifié ce que vaut la source en anglais rapportée plus haut, mais l'auteur dit, à propos du salon Kitty, que Heydrich n'aurait pas été apprécié des prostituées qui y exerçaient, non parce qu'il aurait été brutal, mais à cause de son comportement méprisant envers elles.
Cet ouvrage mentionne aussi ce détail que j'ai lu ailleurs à propos de RH: que sa recherche de renseignements obtenus par cette méthode sexuelle ne se limitait pas à la (re)création d'une maison close de luxe, mais qu'il avait aussi utilisé pour ces activités des bourgeoises un peu aventurières voire des femmes de la haute société disposées à faire ce genre de sacrifices pour leur pays.