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Message Publié : 05 Oct 2012 10:38 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

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Puisqu'on cite Wiki, dans sa version française on lit que Raeder n'était pas vraiment Nazi, contrairement à Donitz et qu'il aurait été soupçonné de participer au complot du 20 juillet 1944.


Comme je l'ai dit, la version française de wiki sur Raeder est très courte, la version anglaise est plus longue et plus précise (d'après les recoupements que j'ai pu faire avec les ouvrages sur RH abordant le CV de Raeder dont je dispose maintenant).
La VF est aussi très édulcorée quant à l'association de Raeder avec le nazisme.

Bien évidemment, Raeder n'aurait jamais pu faire la brillante carrière qu'il a faite, jusqu'à sa disgrâce, et devenir le chef suprême de la Kriegsmarine s'il n'avait pas été très bien en cour avec Hitler et le parti.
Dès l'arrivée d'AH au pouvoir, il est promu membre du Conseil secret de la Défense du Reich le 4 avril 33.
En 34, il prête serment de fidélité à AH (et appuie la substitution du serment de fidélité personnelle à AH au serment de fidélité au Reich pour toute la Marine)
En 35, il est promu "Amiral Général'' par Hitler, qui a créé ce nouveau titre spécialement pour lui.
En 36, il devient membre du Cabinet.
En 37, il reçoit la médaille d'or du Parti.
En 39, Hitler le fait Grand Amiral, autre titre spécialement créé par le Fuhrer, et lui présente le bâton de maréchal.

Avant l'arrivée d'AH au pouvoir, il travaille à la reconstruction d'une Marine de guerre forte en construisant secrètement des unités en violation systématique des clauses du Traité de Versailles. Il continue sa tâche de réarmement naval de l'Allemagne sur une grande échelle après 33.
il accueille avec enthousiasme l'arrivée de AH au pouvoir, par détestation envers la République de Weimar et de la démocratie, parce qu'il croit que seul un pouvoir autoritaire pourra rétablir la puissance de l'Allemagne et pourra lui permettre de construire une Marine forte et jouant un rôle stratégique important.
Il a joué un rôle politique essentiel en vue du ralliement de la Marine du Reich au nouveau régime.
Pour le 66ème anniversaire de Raeder, le Volkischer Beobachter publie ce qui suit:
"Comme soldat et comme marin, le Grand Amiral a prouvé qu'il était le premier et le plus important collaborateur naval du Fuhrer".
Comme membre du Cabinet, il participe à presque toutes les réunions où AH expose ses plans d'invasion et contribuera personnellement à certains de ces plans, comme le plan d'invasion de la Pologne.
C'est lui l'auteur du concept du plan d'attaque de la Norvège et du Danemark.
Il est aussi (on s'en serait douté) un partisan enthousiaste de Sea Lion.
Il pousse Hitler à inciter les Japonais à attaquer, et propose que leur premier objectif doit être Singapour.
Sa première divergence avec Hitler est à propos de Barbarossa: il est contre, et propose à la place un plan d'opérations vers le Moyen Orient, pour y contrer l'Angleterre: prendre le contrôle de Suez, puis Palestine, Syrie et Turquie.
Il est mis sur la touche en 43, suite à son différend avec Hitler au sujet du désarmement des navires de surface au bénéfice des sous-marins, et promu à un poste honorifique d'Inspecteur général de la Marine; il est remplacé par Doenitz, plus "vrai nazi" que lui.

Sa contribution au IIIème Reich dépasse donc de loin le simple domaine militaire, son action s'est aussi exercée dans les domaines politique et stratégique.

Voici ce qu'il disait d'Hitler et du nazisme dans un discours prononcé le 12/03/39:
"* National Socialism, which originates from the spirit of the German fighting soldier, has been chosen by the German people as its ideology. The German people follow the symbols of its regeneration with the same great love and fanatical passion. The German people has had practical experience of National Socialism and it has not been imposed, as so many outside critics believe. The Fuehrer has shown his people that in the National Socialist racial community lies the greatest and invincible sources of strength, whose dynamic power ensures not only peace at home, but also enables to make use of all the Nation's creative powers." (D-653).
...

"This is the reason for the clear and unsparing summons to fight Bolshevism and international Jewry, whose race-destroying activities we have sufficiently experienced on our own people. Therefore, the alliance with all similar-minded Nations who, like Germany, are not willing to allow their strength, dedicated to construction and peaceful work at home, to be disrupted by alien ideologies as by parasites of a foreign race. * * * If later on we instruct in the technical handling of weapons, this task demands that the young soldier should also be taught National Socialist ideology and the problems of life. This part of the task, which becomes for us both a duty of honor and a demand which cannot be refused, can and will be carried out if we stand shoulder to shoulder and in sincere comradeship to the Party and its organization. The armed forces and the Party thus became more and more united in attitude and spirit."

Si ce n'est pas le discours d'un nazi, ça y ressemble fortement.
Donc pas nazi fanatique intégral à la Goebbels, mais sympathisant enthousiaste, collaborateur zélé de Hitler et allié précieux du nazisme, sans aucun doute.


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Message Publié : 05 Oct 2012 13:57 
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Jean Mabillon
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Photo des accusés au procès de Nuremberg; Raeder est deuxième à gauche au deuxième rang:

http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/nuremberg.htm

Raeder fut condamné à la prison à perpétuité; il fut libéré en 55 et décéda en 60.


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Message Publié : 09 Oct 2012 13:43 
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Georges Duby
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Alain.g a écrit :
Néanmoins je ne pense pas que le renvoi de Heydrich ait eu une autre cause qu'une application du code d'honneur de la marine à un homme qui lui semblait ne pas avoir les qualités morales nécessaires pour faire un bon officier de marine.
Il y avait en effet probablement plus que cette jeune fille engrossée dans le renvoi, car Heydrich devait déjà montrer des signes de narcissisme et de psychopathie dans son comportement d'officier en hiérarchie et la hiérarchie dans la Navale est stricte à cause de l'arme. Sur un navire, il faut une obéissance absolue.
Dans un site, on trouve l'extrait ci-dessous qui s'inspire d' un ouvrage sur Heydrich:
" En eux-mêmes, les faits sont relativement mineurs et ils ne devaient pas avoir de conséquences majeures. Mais, lors du procès, Heydrich se montre suffisant et méprisant, fait preuve de mauvaise foi et d'arrogance : le verdict débouche sur un renvoi pour indignité, rendu public le 1er mai 1931. "

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 09 Oct 2012 22:20 
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Philippe de Commines
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Tonnerre a écrit :
Photo des accusés au procès de Nuremberg; Raeder est deuxième à gauche au deuxième rang:

Merci d'avoir cité ce lien. Je n'ai osé le faire dans certains échanges de crainte de soulever ou de me présenter comme "orientée". Ce site est très intéressant et j'ignorais (je ne sais toujours pas m'en servir... :oops: ) ce lien concernant Nüremberg.
Un bon rafraichissement au niveau de la mémoire : j'avais en tête la position de certains accusés mais en avais oublié d'autres : je ne voyais pas Hess devant Raeder, j'aurais misé sur Rosenberg... :oops: Merci encore. ;)

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"... Et si je te semble avoir agi follement, peut-être suis-je accusée de folie par un insensé." (Sophocle)


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Message Publié : 10 Oct 2012 1:57 
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Philippe de Commines
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Tonnerre a écrit :
En 34, il prête serment de fidélité à AH (et appuie la substitution du serment de fidélité personnelle à AH au serment de fidélité au Reich pour toute la Marine)

Là est le problème que j'avais soulevé. J'ai lu la bio anglaise tout comme vous et ai donc une idée de l'homme.
Il reste dans la continuité de sa morale rigoriste et "prêter serment" revêt pour lui -j'imagine- pas simplement quelque chose de théâtral et un brin fanatique dans le "jusqu'à la mort". Il est de la vieille école et c'est aussi peut être pour ceci qu'il ne s'engage qu'en 34. J'imagine qu'il a réfléchi, pesé ce qui lui semblait le "pour" et le "contre". Il a dépassé le temps des illusions, a essuyé le revers de la WW1, est très certainement contre le genre d'autorité brutale à l'image des SA.
Son serment est une caution pour AH, une passerelle -qui à ce moment n'est pas à négliger- entre l'ancien ordre et celui qui va l'éclipse alors se fendre d'une médaille : c'est un peu "la légion d'honneur du pauvre" avant de se l'attacher. Je fais court car chacun des personnages mériterait un "lien" ou un "sujet" ne serait-ce que pour la bonne entente de surface avec Dönitz.

Citer :
il accueille avec enthousiasme l'arrivée de AH au pouvoir, par détestation envers la République de Weimar et de la démocratie,

Comme vous l'écrivez, ce n'est pas l'homme qui l'enthousiasme mais la stagne de Weimar qu'il ne supporte plus et pourtant on ne sent aucun désir, aucun discours "d'une aigreur revancharde". On est loin des pensées et des diatribes courantes à ce moment. Il semble un peu "en marge".

Citer :
Comme membre du Cabinet, il participe à presque toutes les réunions où AH expose ses plans d'invasion et contribuera personnellement à certains de ces plans, comme le plan d'invasion de la Pologne.

Il ne semble pas un "nazi" convaincu mais prend le train qui sert ses vues qu'il classe comme "patriotiques". Il n'est pas dans l'analyse et la démocratie n'est pas un vain mot pour lui. L'Allemagne a fait un choix, ce choix l'agrée. Faut-il voir dans l'ambiguité du personnage un rapport avec la récurrence du profil où l'on exprime ses convictions luthériennes rigoristes ? Raeder est un homme de convictions et au final assez monolithique. A-t-il cru un moment que AH pourrait être influençable ? Qu'il pourrait -tout comme au début- "imposer" ses vues ou constater avec une joie certaine que ses vues étaient appréciées, encouragées ? A-t-il péché par excès de vanité et d'arrogance que l'on retrouve à ce moment dans une Allemagne, dans un peuple allemand chamboulé à plus d'un titre et dans ce qui fait sa force depuis déjà un bon bout de temps, l'émergence d'un nationalisme bâti sur un socle biaisé mais accompagné de victoires récurrentes depuis Guillaume Ier.
C'est un peuple qui ne sait plus négocier, qui prend (on le voit avec le Schleswig-Holstein) qui s'allie (à l'Autriche) et rompt aussi vite ses alliances. On entre dans une spirale délirante où l'on oublie que la défaite peut exister. On prend exemple sur Napoléon Ier en "accommodant" la sauce : il a toujours gagné (là on apprécie l'homme "sauveur" et l'autorité inhérente) et lorsqu'arrive la chute, on n'hésite pas à soudain mettre la Prusse en avant. Il faut écouter les discours d'Hitler, les amalgames : Prusse, Allemagne etc. et ça fonctionne ! 8-| Normal, on ressort gagnant.
Il est toujours dans son schéma de l'armée incontournable, vénérable establishment que l'on ne peut shunter d'un revers de main ? N'est-ce pas avec cette même armée, ces mêmes codes et transgressions tellement récurrentes qu'elles sont devenues une sorte de label de victoire que l'on a édifié le Ier Reich ?

Citer :
Sa première divergence avec Hitler est à propos de Barbarossa

Pour lui, c'est la première divergence mais peut-on appeler ceci une divergence ? Pour "diverger", il faut être deux et AH n'a que faire des opinions d'un Raeder dont on ne peut plus rien tirer d'innovant. Il a apporté une sorte de caution et présenté la marine au nouvel ordre sur un plateau d'argent. Il a eu quelques bonnes idées, il fait partie des meubles et puis c'est un bon point en représentation. Il vaut mieux se garder certaines cartes dans la manche. C'est le "laquais tel" de la Marine, il en faut...
Il s'est accommodé des codes nazis car ce chemin était porteur d'un renouveau, Raeder tout de même encore près à s'accommoder d'un choix démocratique qui allait le servir : c'est une seconde jeunesse qui serait auréolée de victoires, "c'est reparti comme au bon vieux temps" et cette fois, il tient à être de ceux qui auront les lauriers. Avec la maturité, la réflexion, il tirait des conclusions et soudain une nouvelle donne est proposée et pas besoin de se salir les mains : ce sont mêmes les leaders qui le font et non des lampistes. La force est dans la foi et la foi est toujours vecteur d'espoir, que reste-t-il à une Allemagne et des cadres militaires désespérés ? L'attente d'un "sauveur" qui dès les premières victoires de tribun confirmées par des victoires sur le terrain, ceci tient du miracle et la foi en est décuplée : on le voit dans les lettres envoyées.
Raeder semble remercié bien avant 43 mais sans que ceci soit officiel. Place est donnée à ceux qui s'encombrent encore moins d'honorabilité (Dönitz), ceci s'appelle à ce moment du courage, de l'audace.

Citer :
Sa contribution au IIIème Reich dépasse donc de loin le simple domaine militaire, son action s'est aussi exercée dans les domaines politique et stratégique.

C'est évident mais quelque part, c'est "son job". En rapport au IIIème Reich, j'ai du mal à voir en lui une personne qui a réellement compris le "kit politique" proposé.
Je dirais plutôt stratégie servant une politique dont il ne mesure pas ou ne veut pas mesurer l'ampleur. A-t-il seulement lu "Mein Kampf" ? Il relativise les dommages et s'aperçoit qu'il est loin d'être le seul dans ce cas. Il se sent moins "mouillé" qu'un Keitel mais là encore, les vieux codes jouent : on le voit à Nüremberg hors le banc des accusés. On suit Göering, la voix de son maître, on peut voir des clans se former, Speer se retrouver isolé et dédaigné : là encore on peut voir les meneurs, ceux qui suivent et ceux qui continuent dans la ligne de transgression et réussiront à enfariner les juges.

Citer :
"* National Socialism, which originates from the spirit of the German fighting soldier, has been chosen by the German people as its ideology. The German people follow the symbols of its regeneration with the same great love and fanatical passion. The German people has had practical experience of National Socialism and it has not been imposed, as so many outside critics believe.

L'analyse de ceci mériterait déjà tout un fil pour la décortication et l'explication. Il semble prendre le NS parce-que c'est cette "autorité" qui a émergé mais est-il vraiment dans la mouvance ?

Citer :
"This is the reason for the clear and unsparing summons to fight Bolshevism

Là je reconnais mieux le discours "vieille Allemagne" face au chaos vécu sous les Spartakistes. Pour lui, c'est binaire : tout sauf le bolchevisme. On retrouve ceci chez le nonce apostolique en Allemagne à l'époque Spartakiste. Ce nonce -totalement traumatisé par cette période- sera pape sous le nom de Pie XII...

Citer :
and international Jewry, whose race-destroying activities we have sufficiently experienced on our own people.

Là c'est typique "régurgité" vieille génération car incapable de souplesse pour surfer sur la vague. Le reste est à l'avenant : régurgitations d'honneur patriotique mis au goût du jour et parsemé des mots du moment. Il revient sur une notion de fraternité d'arme, il existe comme un filet de propagande vraiment basique. Ce genre de discours, on a pu l'entendre en d'autres termes moins virulents, les aboutissants étaient déplacés mais le fond y était et ceci il n'y a guère longtemps encore. Il pointe une communauté au doigt, lui assigne le rôle de bouc émissaire mais n'entre pas dans les délires aryaniques et n'évoque pas les notions de sous-hommes si chères à AH et consorts. C'est l'histoire du vieux complot judéobolchevique dont l'Allemagne n'est pas la seule à se servir. Avec Dreyfus, la France s'est arrêtée au "judéo" mais à ce niveau, c'est repris, amplifié, théorisé, asséné et surtout on ne demande qu'à y croire.

Citer :
Si ce n'est pas le discours d'un nazi, ça y ressemble fortement.

Le mot "ressembler" est parfaitement employé mais ce discours est tellement banal -vu le contexte- que l'on est loin de l'appréhension de la ligne politique d'AH. Ceci a le goût, l'odeur etc d'un nazi mais je doute fort que Raeder ait jamais compris réellement cet ordre nouveau qui tôt ou tard le mettrait inévitablement sur la touche car il représentait face, par exemple, à un Heydrich tout ce qui était détestable : le parcours sans faute, les choix "petits bourgeois" devant des hommes de pouvoir sortis du rang -stricto sensu- comme RH ou un simple instituteur comme Himmler et tant d'autres du même tonneau. Raeder ferme les yeux pour de multiples raisons, déjà parce-qu'il vaut mieux ne pas être "contre" et que cet apport d'autorité nouvelle qui se dédouane de certaines notions morales et des vieux schémas de son éducation l'allège d'un carcan. On ne peut parler de fanatisme. Cet homme ne peut être fanatique : les mots n'y sont pas et l'éducation transpire. Je passe la comparaison avec Goebbels qui -évidemment- est difficilement surpassable dans le genre -quoique là encore tout n'est pas d'une pièce- mais il n'est pas non plus comparable à Heydrich ou autres.
Dans ce discours aucune touche personnelle, aucune tournure bien spécifique, le laïus demandé, les lieux communs d'un homme finalement très basique : on est loin de l'acuité intellectuelle d'un Canaris. Raeder se découvre opportuniste et ce que l'Allemagne veut, il le souhaite aussi donc tout va très bien. Maintenant les "finasseries" de Rosenberg doivent le dépasser et il faut des hommes comme Goebbels pour injecter une touche de fanatisme qu'il est bien incapable de faire passer. Pourquoi ? Parce-que on ne peut convaincre que si l'on est convaincu soi-même : c'est une sorte de communion, d'osmose. Raeder constate simplement l'adhésion de son pays à une ligne politique et s'aligne car ceci va dans son sens.
Je pense que lorsqu'il est limogé, il ne comprend pas même qu'il a "servi" et qu'il peut être remplaçable et si vite remplacé. Ceci n'est pas même une question de : "qui est plus nazi que l'autre ?".
Je serais curieuse de savoir à quel moment il s'est rapproché de Stauffenberg ou autres, si même il partageait les opinions d'un Goerdeler... Non c'était soudain un homme amer, là encore dépassé et -à mon avis- si le moindre doute avait été de son accointance dans l'opération Walkyrie, il serait passé à la trappe. Après cette opération, on a ratissé large et on a même profité pour se débarrasser de personnes sur simple suspicion et opéré un nouveau nettoyage là où une sorte de mollesse ou de doute -quant à la durée du IIIème Reich- pour 1000 ans semblait et semblait seulement apparaitre.
Raeder s'est-il même posé la question de ce qu'était vraiment le national socialisme ? A-t-il compris ? A-t-il adhéré en tout et pour tout : je ne le sens pas dans son discours.

Un Speer savait se montrer autrement plus convaincant et plus enthousiaste car bien convaincu et malgré son mea culpa à Nüremberg, bien "nazi" dans l'âme et toujours fier de l'être entre les murs de Spandau. Voilà, il avait sauvé sa tête : digne continuation par une nouvelle transgression théâtrale à laquelle on a mordu, tellement étonnés qu'il y en ait un qui se démarque dans la démarche de la culpabilité. Ultime pied de nez réussi.

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Message Publié : 23 Oct 2012 21:44 
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Jean Mabillon
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Quelques précisions supplémentaires sur les circonstances du renvoi d'Heydrich de la Kriegsmarine, trouvées dans l'ouvrage de Robert Gerwarth, "Hitler's Hangman, the Life of Heydrich".
Cette version diffère des précédentes sur plusieurs points de détail.

Heydrich avait rencontré une jeune femme un peu plus d'un an avant son renvoi, au bal de l'école Coloniale de Rendsburg. La jeune femme avait fini par lui accorder une relation sexuelle, et en avait déduit qu'ils étaient fiancés.
RH l'avait invitée à Kiel (elle aurait habité Berlin et ils se rendaient visite mutuellement) et lui aurait proposé , au lieu de lui réserver une chambre à l'hôtel comme elle le souhaitait, de passer la nuit chez lui, ce qu'elle fit.
RH était notoirement "près de ses sous", au point d'avoir refusé d'aider son père quand le conservatoire que celui-ci dirigeait à Halle fit faillite.
A ce moment, RH avait déjà rencontré Lina von Osten et avait l'intention de l'épouser, il aurait néanmoins continué ses relations avec la jeune femme.
Quand RH annonça ses fiançailles, celle ci aurait eu une dépression nerveuse, s'estimant trahie dans ses espérances et publiquement compromise par la nuit passée chez lui.
Son père est alors intervenu et a envoyé une plainte écrite au Commandant en chef de la Kriegsmarine, l'amiral Raeder. Le père de cette jeune fille avait évidemment de hautes relations dans les sphères dirigeantes de cette institution. En janvier 31, RH fut convoqué devant une cour d'honneur militaire pour répondre de ses actes. Elle était présidée par le Commandant en chef de la flotte de la Baltique, l'amiral Gottfried Hansen.
L'attitude arrogante, les mensonges et la goujaterie de RH indisposèrent la cour à son égard, en particulier l'amiral Hansen, et les commandants Gustav Kleikamp et Augustus von Wangenheim.
RH affirma que c'était la jeune femme qui l'avait poursuivi et avait initié la relation sexuelle. iL nia lui avoir jamais promis le mariage mais surtout il parla d'elle en termes insultants, la présentant comme une fille facile.
Des témoins connaissant RH à cette époque--son camarade de chambre Heinrich Beucke--, ont dit que ce n'était pas tant l'histoire elle même qui avait indisposé la cour, mais le fait que le jeune officier avait refusé d'assumer aucune responsabilité ou faute et avait sali la réputation de la fille pour se dédouaner.
La cour émit une recommandation défavorable et l 'amiral Raeder la suivit et prit la décision d'exclure RH de la Marine.
Selon d'autres officiers, si RH avait eu le courage de reconnaître sa responsabilité, il s'en serait tiré avec une réprimande.


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Message Publié : 24 Oct 2012 0:15 
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Philippe de Commines
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Tonnerre a écrit :
Heydrich avait rencontré une jeune femme un peu plus d'un an avant son renvoi, au bal de l'école Coloniale de Rendsburg. La jeune femme avait fini par lui accorder une relation sexuelle, et en avait déduit qu'ils étaient fiancés.

J'ai toujours été confrontée à deux explications.
1) Une relation sans engagement mais la jeune fille se retrouve enceinte ;
2) votre version mais avant la rencontre de L. von Osten : une vague demande d'une jeune-fille pour être hébergée, RH accepte -silence ensuite sur ce qui a pu se passer mais on l'imagine- et la jeune fille prenant ceci très au sérieux a un peu "joué" de cette fameuse nuit auprès de sa famille car elle avait des sentiments pour RH. Celui-ci aurait déclaré qu'il ne s'était rien passé durant cette fameuse nuit mais sa réputation de séducteur l'aurait desservi autant que son "aplomb" à continuer à nier toute relation alors que le contraire "collait" au personnage.
Il y a quelques décennies ce fut une polémique car les moeurs évoluant, on pouvait alors sortir du fameux schéma et une autre phrase tout aussi biaisée voyait le jour : "l'homme propose, la femme dispose". RH aurait pu vraiment être de bonne foi et ne pas offrir l'hôtel à cette jeune fille d'autant plus que c'était elle qui avait suggéré la chambre du jeune homme. Là nulle question de grossesse. RH aurait été grillé par son attitude antérieure qui était celle d'un coureur de jupons avéré mais nullement brutal ou autre. Ce qui n'aurait pas plu avait été sa manière de se présenter et son "aplomb à nier", d'autant que pour toute argumentation, il avait mis en avant le fait que la jeune femme ne l'attirait nullement : ce qui n'a rien arrangé.

Je dois avouer que j'ai été plus souvent confrontée à la première version mais dans ce cas, un enfant a dû naitre et très certainement la jeune femme mariée -comme on le faisait à l'époque- avec une personne endossant la paternité. Ceci dit, il est étonnant que personne ne se soit présenté comme étant "l'enfant caché de RH"... :?:
Les deux versions se passaient avant ses fiançailles et même sa connaissance de LVO. A une époque où toute aventure était "bonne à prendre", pour une fois ç'aurait été lui la victime...
Moi, je me base sur les moeurs de l'époque : mettre une jeune femme enceinte et ne pas l'épouser était se mettre au ban de sa famille, de son entourage etc. même s'il n'y avait pas même de "fiançailles" mais ce que l'on appelait simplement "fréquentation'' et même simplement une histoire d'un soir qui tournait mal.
La seconde version peut être crédible et comme "on ne prête qu'aux riches", il a été coincé sur une version qui pouvait être vraie... Son aplomb aurait été pris pour de l'arrogance et sa défense pas remplie de tact pourrait avoir franchement déplu. Peut être aussi que déjà le personnage ne laissait pas indifférent et que l'épisode tombait à point nommé. :?:

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Message Publié : 24 Oct 2012 3:59 
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gaete59 a écrit :
Ceci dit, il est étonnant que personne ne se soit présenté comme étant "l'enfant caché de RH"... :?:

C'est un détail, mais je pense que personne de sensé n'oserait se réclamer de la filiation de Heydrich.
Avant la défaite allemande, Heydrich est un personnage trop dangereux pour que la famille bafouée ose réclamer quoi que ce soit, sans parler du scandale d'avoir conçu un enfant illégitime.
Après la défaite et le procès de Nüremberg, se réclamer de Heydrich.... grand dieux !

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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Message Publié : 24 Oct 2012 8:45 
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Jean Mabillon
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Citer :
Après la défaite et le procès de Nüremberg, se réclamer de Heydrich.... grand dieux !


Heydrich a eu plusieurs enfants légitimes, deux fils Heinz et Heider et deux filles, Silke et Marte, cette dernière née après sa mort.
Les SS étaient requis d'avoir au moins 4 enfants, Lina avait rempli le contrat.
Silke est devenue mannequin, un des fils est mort jeune, Marte a aidé sa mère à gérer l'hôtel dont elle a assuré la direction après la mort de Heydrich, et Heider était directeur de l'entreprise Dornier.
Il a créé un scandale en 2011 en annonçant sa volonté de restaurer le château de Panenske Brezany (voir ci dessous) , pas loin de Prague, où vivait Heydrich au moment de sa mort.
Les Tchèques s'y sont évidemment violemment opposés.

http://www.dailymail.co.uk/news/article ... ruled.html


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Message Publié : 24 Oct 2012 10:51 
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Texte sans aucun contenu historique, effacé; vous avez été avertie d'éviter ce type de considérations psychologiques qui n'ont pas leur place sur PH.
Toutes vos posts sans pertinence historique seront systématiquement effacés, veuillez donc vous en abstenir.

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