1°)
La nécessité d'une nouvelle internationale.
Tout au long de l'année 1917,
Lénine avait réclamé la formation d'une nouvelle Internationale. La révolution d'Octobre et l'espoir dans une révolution mondiale, notamment en
Allemagne, alimenta ce besoin de créer un nouvel outil au service de la révolution mondiale. La guerre mondiale et civile en
Russie vont retarder ce projet. Mais en janvier 1919, alors que la première est finie et qu'en
Russie, la guerre civile fait rage, avec des nations occidentales qui aident, financièrement parlant, les forces blanches, la nécessité d'une nouvelle internationale, pour provoquer la révolution mondiale ou fédérer les énergies révolutionnaires pour faire pression sur les états bourgeois se fait sentir.
Su 2 au 6 mars 1919, un maigre aéropage de révolutionnaires (
la distance et la faiblesse des mouvements n'a pas permis une présence importante) se retrouve à
Moscou, pour fonder cette IIIeme Internationale.
A l'origine, la nouvelle organisation est faiblarde, et il faudra attendre le IIeme Congrès, en juillet 1920, pour que soit définies quelques structures organisationnelles de cette Internationale, notamment son Comité Exécutif, dont les 17 membres, élus par le Congrès, 5 bolcheviks soviétiques + 12 autres membres, à raison d'un pour les principaux partis européens.
2°)
Les 21 conditions d'adhésion à la IIIeme Internationale.
Ce IIeme Congrès, présidé par
Zinoviev, va établir 21 conditions pour adhérer à cette IIIeme Internationale :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Conditions_d%27admission_%C3%A0_la_IIIe_InternationaleCes conditions sont une machine de guerre contre les gouvernements des états bourgeois et les socialistes réformistes:
- le point 1 qui insiste sur la propagande, proclame qu'il faudra impitoyablement et systématiquement dénoncer la bourgeoisie et ses complices réformistes.
- le point 2 insiste pour que les réformistes soient écartés des postes à responsabilité.
- le point 3 implique la création d'organisation clandestine.
- le point 7 préconise une rupture irrémédiable avec les organisations réformistes et centristes:
"
L'Internationale Communiste ne peut admettre que des réformistes avérés, tels que Turati, Kautsky, Hilferding, Longuet, Mac Donald, Modigliani et autres, aient le droit de se considérer comme des membres de la IIIe Internationale".
- le point 9 précise que des noyaux communistes, soumis au Parti, devront rallier les syndicats en dénonçant les réformistes. Le point 10 complètera le message, en demandant une rupture avec l'Internationale des syndicats jaunes fondée à Amsterdam.
https://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9d%C3%A9ration_syndicale_internationale-Le point 12 est relatif à l'organisation des partis adhérents qui s'inspirent de la conception léniniste du parti:
"
Les Partis appartenant à l'Internationale Communiste doivent être édifiés sur le principe de la centralisation démocratique. À l'époque actuelle de guerre civile acharnée, le Parti Communiste ne pourra remplir son rôle que s'il est organisé de la façon la plus centralisée, si une discipline de fer confinant à la discipline militaire y est admise et si son organisme central est muni de larges pouvoirs, exerce une autorité incontestée, bénéficie de la confiance unanime des militants."
- le point 13 demande aux partis d'épurer régulièrement leur organisation. L'épuration, une obsession bolchevik, voir l'exergue de
Lénine dans la préface de son "
Que faire ?": "
...le parti se renforce en s'épurant".
http://www.marxists.org/francais/lenin/works/1902/02/19020200a.htm- le point 14 demande aux militants des partis communistes de soutenir les républiques soviétiques.
- le point 16 consacre la suprématie de l'internationale sur les partis communistes nationaux, les seconds doivent appliqués les directives de l'IC.
- le point 17, sémantique, insiste pour que les partis adhérents changent leur appellation en "
Parti communiste de ...", changement important pour distinguer les partis bolcheviks et les réformistes qui ont "
vendu le drapeau de la classe ouvrière".
Ces 21 points désignent clairement les réformistes comme des traîtres, plus que la bourgeoisie. Cette féroce aversion contre les réformistes peut s'expliquer par le rôle des socialistes allemands, qui par le biais d'
Ebert, membre du SPD et chancelier de l'
Allemagne vaincue en 1918, a fait écraser la révolution spartakiste par l'armée, ce qui sera perçu, par la gauche bolchevik comme une trahison de la classe ouvrière. N'oublions pas que pour les leaders bolcheviks, notamment
Lénine,
Trotsky et
Boukharine, le sort de la révolution russe se joue à l'étranger, conditionné par l'hypothétique révolution mondiale, ce qui ne fait qu'alimenter la haine contre les réformistes allemands.