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 Sujet du message : L'octroi à Paris en 1921
Message Publié : 01 Juil 2013 12:47 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Dans "Aurélien", le roman de Louis Aragon dont l'action se passe en Novembre 1921, le héros, rentrant à Paris après une balade en voiture, "s'arrêta pour remettre le bon d'essence à l'octroi de Paris" (p 77, de l'édition en Livre de Poche, citation faite de mémoire). Quelqu'un comprend-il de quoi il est question ?


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 Sujet du message : Re: L'octroi à Paris en 1921
Message Publié : 01 Juil 2013 13:26 
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L'octroi était une barrière où divers produits étaient taxés avant d'entrer dans Paris. Je ne sais pas si l'essence l'était, mais le vin, oui, d'où les sorties des Parisiens vers les guinguettes qui, étant en dehors de Paris, vendaient le vin moins cher, car ne supportant pas la taxe.

L'octroi fut supprimé par Laval en 1943, et il existait depuis le Mopyen-Age. Le mur des Fermiers Généraux, construit sous Louis XVI, avait été édifié pour renforcer l'octroi.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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 Sujet du message : Re: L'octroi à Paris en 1921
Message Publié : 01 Juil 2013 16:24 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Localisation : Lorrain en exil à Paris
On peut encore voir de nombreux éléments de la fameuse Barrière des Fermiers généraux, souvent de beaux morceaux d'architecture du XVIIIe s.

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 Sujet du message : Re: L'octroi à Paris en 1921
Message Publié : 01 Juil 2013 18:33 
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Tite-Live
Tite-Live

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Dans tous les romans fin XIXé début XXé l’octroi est un passage obligé et essentiel :
Ex. Arsène Lupin le Gentlemen cambrioleur :

« … On approchait de la barrière. Il se pencha :
– Vingt francs de plus, chauffeur, si tu ne t'arrêtes pas.
Et il cria devant l'octroi :
– Service de la Sûreté !
On passa.
- Mais ne ralentis pas, crebleu ! hurla Lupin…
Plus vite !Encore plus vite ! Tu as peur d'écharper les vieilles femmes ? écrase-les donc. Je paie les frais.
En quelques minutes, ils arrivaient au ministère de la place Beauvau… »

Mais qu'allait donc faire Lupin place Beauvau ?
Vous le saurez en lisant 1813


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 Sujet du message : Re: L'octroi à Paris en 1921
Message Publié : 01 Juil 2013 18:41 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 17 Juin 2013 18:20
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Je comprends qu'un commerçant paie l'impôt à l'octroi. Ce qui m'étonne c'est qu'une voiture individuelle s'arrête, et encore plus qu'elle paie le plein.
A vous lire, je me dis qu'Aurélien peut-être, en plus d'avoir fait le plein, avait acheté des bidons d'essence, pour lesquels il présentait un bon, sur lequel il acquittait une taxe.
Soit B le prix de l'essence en banlieue, T la taxe à l'octroi, et P le prix de l'essence à Paris.
Si B + T < P, on peut imaginer que les Parisiens faisant un tour en banlieue remplissaient leurs bidons au retour.

De toute manière, c'est dingue de penser que, jusqu'à la dernière guerre, toutes les voitures entrant dans Paris devaient s'arrêter.
A vrai dire, c'est tellement dingue que je ne parviens pas tout à fait à le croire. Peut-être que l'arrêt des voitures particulières a été aboli après 1921 mais avant la Deuxième Guerre, et que seuls les camions s'arrêtaient encore à l'octroi en 1939 ?


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 Sujet du message : Re: L'octroi à Paris en 1921
Message Publié : 02 Juil 2013 7:01 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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L'octroi a été abandonné de fait en 1935, miné par la fraude et par l'envahissement de l'automobile. C'est effectivement une des politiques financières les plus dingues jamais conduites qui a amené une grande partie de la classe populaire à fuir la ville (naissance des banlieues) ou à pratiquer une contrebande digne de l'actuelle bande Gaza (franchissements nocturnes chargés de sacs et de bonbonnes, maisons à double entrée etc.) Ceux qui, parfois, parlent de le rétablir, sont des irresponsables : la TVA - qui théoriquement devait remplacer, à sa création, toutes les taxes locales - est quand même plus égalitaire.
Le malheur est que cette pratique fiscale de l'octroi remonte très loin. Elle a d'ailleurs été l'une des causes de la révolution de 1789, en raison du différentiel des salaires et des coûts des matériaux entre le commerce et l'industrie réellement parisiens, chasse gardée des guildes et corporations, et ceux qui s'exerçaient au-delà des portes de la ville, le quartier Saint-Antoine en étant l'illustration typique. On ne soulignera jamais assez en l'espèce l'importance de la loi Le Chapelier.

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Léon Tolstoï.


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 Sujet du message : Re: L'octroi à Paris en 1921
Message Publié : 02 Juil 2013 9:18 
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Grégoire de Tours
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On trouve trace de ces "barrières d'octroi" assez souvent dans la littérature du début 20ème entre les deux guerre (comme dans Aragon, l'octroi faisait parti du paysage de l'époque). Par exemple cette description de Céline extraite du "voyage au bout de la nuit" et qu'on peut grosso-modo situer vers la fin des années '20 :

"C'est sur l'autre bord Rancy. Faut faire tout le tour pour y arriver. C'est si loin! Alors on dirait qu'on fait le tour de la nuit même, tellement il faut marcher de temps et des pas autour du cimetière pour arriver aux fortifications.

Et puis ayant atteint la porte, à l'octroi, on passe encore devant le bureau moisi où végète le petit employé vert. C'est tout près alors. Les chiens de la zone sont à leur poste d'aboi. Sous un bec de gaz, il y a des fleurs quand même, celles de la marchande qui attend toujours là les morts qui passent d'un jour à l'autre, d'une heure à l'autre."


Il doit sans doute y avoir aussi des descriptions de l'octroi dans le cinéma français de la même époque (de tête j'en vois pas, faudrait que je cherche).


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 Sujet du message : Re: L'octroi à Paris en 1921
Message Publié : 02 Juil 2013 10:39 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges
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Je ne vois pas ce qu'il y a de surprenant en fait, après tout il y a bien des péages pour entrer sur une autoroute ou des billetteries dans les salles de spectacles et les musées et personne ne s'en étonne. Tout cela est question d'usage. Ce n'est que parce qu'il a disparu que l'octroi nous semble terriblement anachronique.

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 Sujet du message : Re: L'octroi à Paris en 1921
Message Publié : 02 Juil 2013 10:59 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Le problème de l'octroi est que ce n'était pas un péage, mais surtout une taxe sur les marchandises transportées, avec des taux différenciés suivant leur nature (et l'influence de la profession concernée). Cela revenait à instituer en France, un mini-état parisien où tout était plus cher que dans le voisinage immédiat. D' où la fraude, la contrebande et l'extension d'un "crime organisé" en banlieue proche.

L'imitation dans les régions, au 19ème siècle, de cette "recette" fiscale a conduit par exemple, des manufactures à s'exiler au fond de vallées lozériennes ou ardéchoises plutôt que s'implanter dans les villes mieux desservies par les transports, avec de terribles conséquences à long terme.

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 Sujet du message : Re: L'octroi à Paris en 1921
Message Publié : 02 Juil 2013 11:04 
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Grégoire de Tours
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Je ne dirais pas vraiment "anachronique" mais plutôt désuet... c'est un peu à mes yeux comme des vêtements ou des coutumes du temps passé. Quand je lis le mot "pavillon d'octroi" ça me fait rêver (je me sens ramené aux derniers temps où existait l'octroi, à la haute époque des fortifs, des apaches et de "casque d'or" !).

Peut-être que dans 100 ans nos péages d'autoroute et nos voitures feront rêver nos descendants :wink:.

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 Sujet du message : Re: L'octroi à Paris en 1921
Message Publié : 02 Juil 2013 11:35 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Dès 1924, la file d'attente à l'octroi (ici porte Maillot) était un problème :


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 Sujet du message : Re: L'octroi à Paris en 1921
Message Publié : 02 Juil 2013 12:05 
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Pierre de L'Estoile
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Pour être plus précis, en 1926 une commission se réunit pour commencer à envisager une réforme de l'octroi parisien. En 1930, les automobilistes adhérèrent massivement à une campagne contre le "bulletin vert" (la déclaration d'essence à l'octroi), qui aboutit à sa suppression. Dans la foulée, on put lancer un grand concours architectural pour aménager la place Maillot.

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 Sujet du message : Re: L'octroi à Paris en 1921
Message Publié : 02 Juil 2013 13:31 
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Voilà le tarif de l'octroi de Paris publié en 1921:

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6150427v/f3.image

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 Sujet du message : Re: L'octroi à Paris en 1921
Message Publié : 02 Juil 2013 13:44 
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Il y a des pratiques qui peuvent nous paraitre très désuètes. L'un de mes souvenirs d'enfant est notre première ballade en Suisse. Nous venions à peine d'avoir notre première voiture et nous sommes allés rendre visite à un cousin de mon père qui vit du coté de Zurich. A la frontière, je me souviens que l'un des douaniers avait jaugé notre réservoir d'essence. Si je me souviens bien, l'importation d'essence était surveillée. Je présume que c'était le douanier français, il a tendu un billet à mon père avec la quantité d'essence qu'il devait y avoir dans le réservoir et je présume qu'au retour mon père a du rendre ce même billet. La queue devant le poste frontière était assez longue et c'était en 1966-67.

Le bon dont il est question dans le livre peut être, soit un bon délivré par le garagiste prouvant que les taxes ont été payées directement lors de la prise d'essence, soit un bon indiquant que l'essence du réservoir avait été achetée sur le territoire parisien et qu'il n'y avait pas besoin de payer l'octroi.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie


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 Sujet du message : Re: L'octroi à Paris en 1921
Message Publié : 02 Juil 2013 13:54 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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Dans le livre d'Aragon, il ne s'agit pas de limitations douanières (toujours en vigueur actuellement) mais bel et bien du fameux bulletin vert exigé à l'octroi pour entrer dans Paris.
Pour alimenter la réflexion, lu au "Bulletin des Lois (ordonnances de 1832)" cet inventaire à la Prévert du temps de Louis-Philippe : "Approbation d'un tarif supplémentaire pour la perception de l'octroi de Paris sur les vins, vinaigres, alcool, huiles, vaches, porcs, sangliers, viandes à la main, saucissons, jambons et toute charcuterie, bois, fagots, charbon, poussier, foin, sainfoin, luzerne, paille, avoine, pâtés, terrines, écrevisses, homards, langoustes, poissons marinés et à l'huile, truffes, essence de térébenthine, verre à vitre en table"...etc.

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