Alain.g a écrit :
L'article de Winock résume bien ce qu'a été le Front Populaire, cet immense espoir, à gauche, mais aussi cette crainte à droite.
Il y a toujours un volet manquant dans les analyses, qui est le manque de réaction des socialistes au péril hitlérien et l'acceptation par Blum des gouvernements qui aboutiront au vote des pleins pouvoirs, comme s'il était sonné par le sabotage de son grand mouvement.
Blum et la SFIO participent en effet au gouvernement Pétain du 17 juin 1940, ils y ont des ministres officiellement. C'est dire si Pétain rassurait et l'effondrement du pays. Les pleins pouvoirs seront la suite logique de cette participation à tous les gouvernements de la fin de la 3è République. Blum a l'air paralysé. On ne le reconnait pas.
J'ai récemment acheté la biographie écrite par Lacouture sur Léon Blum. J'espère y trouver des éléments de compréhension concernant son changement d'attitude politique. C'est peut-être sur le plan de la politique extérieure que le bilan du FP est sans doute le plus négatif. La non-intervention du premier gouvernement Blum dans la guerre d'Espagne en août 1936 est peut-être la grande marque de faiblesse de Blum qui augura la suite...
J'insiste par ailleurs sur le rôle du Parti Communiste et tout particulièrement sur celui joué par Thorez. L'objectif "lointain" de la dictature du prolétariat implique la nécessité du "front unique", la participation des communistes aux organes d'un pouvoir qui ne serait pas la dictature du prolétariat, mais qui lutterait contre le fascisme et la réaction. Cette participation est perçue comme une voie de transition, une étape de la transformation socialiste. Il y a deux tendances: un mouvement ouvrier, de la" base", qui cherche à satisfaire ses revendications matérielles et sociales immédiates, à travers la lutte contre les "deux cents familles"; mais aussi la "gauche politique", dont les conditions de l'union sont majoritairement le fruit de l'antifascisme.