Bon... j'ai comme la désagréable impression que tout cela vous fascine gogol (votre style affirmatif n'ouvre sur aucun questionnement comme d'ordinaire d'ailleurs), mais comme on dit, je ne vais pas vous faire un procès d'intentions...
Il n'y a jamais eu de forme fixe, de dogme clairement posé et éprouvé dans ce que l'on nomme la "mystique nazie", "l'idéal aryen" ou le "néo-paganisme" (j'utilise ces termes à dessein, on se rendra bien compte que justement les multiples appellations imprécises, prouvent, si cela est nécessaire qu'il n'y a jamais eu de religion fixe) n'ont pas trouver une forme finie, étendue et partagée par la société.
Pour que l'on nomme ce "fatra" idéologique et passionnel une "religion" monothéiste" comme vous dites, il faudrait une base fixe et solide de figures, de valeurs, de héros (des saints), une logique qui relierait les éléments constitutifs d'un culte et l'existence de rituels partagés par un nombre notable de personnes...
Himmler est bien connu et passe pour le théologien nazi: il se fonde, il me semble, sur une relecture des mythes germaniques, sur la mystique qui entoure le saint empire romain germanique, sur les fadaises pan-germanistes en général, sur la"société de Thulée" dont on peut voir une ébauche de l'aryen mythique, sur un néo-classicisme (voyez les sculpture qui devaient orner Germania), sur des théories ésotérique dignes de sectes (il possédait une collection immense de ces ouvrages)...
Goering a lui aussi participé à ce "fatra obscur", en tant que grand veneur du Reich il tenta de reconstituer un culte de la chasse et de la nature, ainsi, il espère réintroduire l'auroch dans les forêts allemandes (disparu depuis le 17ème) afin de reconstituer "la Chasse" germanique et son univers sauvage et puissant, ce qui ne fut pas sans dommages collatéraux (il obtint des hybrides, lâchés dans la nature qui ruèrent sur des promeneurs)...
Hitler, de ce que je sais en tout cas, n'a pas particulièrement souhaité développer une religion ou encore un culte mais lors de l'Anschluss il posta un SS au palais Hofburg à Vienne afin que ce-dernier veille sur la sainte lance, pour que le führer soit le premier à la toucher, dès son entrée dans sous la capitale. On fit également défiler la couronne de Charlemagne et son sceptre lors de parade chevaleresques. Sinon, on peut remarquer que contrairement à Mussolini qui était admirateur de l'empire romain et qui revendiquait son statu d'empereur, qui ambitionnait également un projet millénariste fondée sur la vénération de la virtu et de la grandeur de Rome de même qu'un véritable culte autour de sa personne et de son empire, Hitler, s'est plutôt posé en figure charismatique et grand militaire mais pas particulièrement en nouvel empereur du saint empire romain ni en nouveau Siegfried de nature sacrée. De ses représentations picturales on peut retenir celle très constructiviste dans laquelle il porte la bannière nazie, à cheval et dans une armure, sans casque comme pour marquer l'héroïsme guerrier. Et ce n'est pas vraiment une peinture qui véhicule l'image d'un héros germain, c'est plutôt celle de la force brute et de la Volonté que porte le nouveau peuple allemand, "kampfbereit", prêt au combat. Car c'est seulement cela qui importe aux yeux d'Hitler, l'affirmation de la force et de la Volonté d'un peuple profondément guerrier, pur fils de la nature et qui se soumet justement aux lois naturelles: pas de faibles donc, consciences forte des "races". Mais ce que fait Himmler, en effet, ne semble pas vraiment être porté dans d'autre cercle que celui de la nouvelle "élite" en gestation, la SS ( et surtout la waffen-ss, les nouveaux chevaliers, comme ils aimaient à se représenter; les témoignages après guerre des waffen-ss démontrent une conscience de supériorité par rapport aux autres entités nazies), là, il faut le reconnaitre le culte nazi prenait une première forme.
Himmler avait choisit comme "temple" le château de Wewelsburg dont la sale capitulaire témoigne aujourd'hui encore de la présence d'une sorte de "SS-Schulle" (croix gammée en clef de voute et symbole solaire aryen au sol). Des cérémonies y prenaient place, réservée à cette élite, pour les solstices par exemple ou pour le serment de la ss. Ce devait être l'école idéologique des cadres du Reich.
Le fut-elle vraiment dans les faits ?
Je pense qu'il faut voir dans cette prétendue religion nazie pas autre chose que le regroupement sous cette période des "marottes" propre à de nombreux membres et collaborateurs du régime. L'Ahnenerbe cherchait des objet mystique de fascination et de puissance pour augmenter le prestige d'un empire symboliquement doté de pouvoir, légitimé par la quête même de ces objets de fascination (la quête permet de se former de manière mystique, c'est en tout cas ce qu'espéraient les ss ou les pseudos-spécialistes se comparant aux héros de la table ronde) ou tentait de trouver des preuves de supériorité aryenne. En réalité chacun à la manière d'un très très mauvais découvreur du dimanche donnait libre cours à sa passion, tout d'un coup encouragée par un régime en manque de légitimité. L'un le Graal, l'autre des traces de l'Hyperborée, un chercheur raté, des traces des premiers aryens chez les tibétains ou les "mongoloïdes" et puis les chevaliers teutoniques comme modèle d'ordre...
Enfin, on se rend bien compte de ce bouillonnement fut sans but au final autre que d'apporter une preuve ou de trouver telle ou telle chose qui fonderait le Reich scientifiquement. La mystique ou le culte nazi se rapproche donc d'un agrégat poreux de fantasmes divers qui ont à voir avec le magique, "l’Allemagne primitive" ou encore la théorie raciale.
Déifier le führer ne faisait pas de manière religieuse comme vous l'affirmez gogol, on sait le peu d'estime d'Hitler pour la religion, cela passait plutôt par la construction d'un mythe autour de sa personne, mythe militariste, et d'une identification à ce modèle. L'aliénation se devait d'être totale, on sort donc de la religion pour de l'aliénation volontaire et le sens du sacrifice inconditionnel de son existence mais aussi de sa conscience, libérée de toute forme d'impératif moral puisque suspendue aux ordres du "guide", cela dans le but de fonder,
ici-bas (! ps de monde transcendant tel qu'un paradis), le "Reich millénaire". La seule sujétion prévaut, qu'importe de comprendre ou d'interpréter, le nazisme balaie les élites intellectuelle, il veut du simple; obéir c'est vaincre, il n'y a rien du lien religieux (au sens étymologique et théorique) et de l’espérance ainsi que de la foi comme acte qui nous fait aller, librement vers le divin.
On peut voir dans ce mysticisme aux frontières floues des "restes" dénaturés et vides du romantisme à travers les références aux œuvres d'un Wagner par exemple pour fonder cet "univers". La sainte lance importe parce qu’untel se rappelle de
Parcifal et pense reproduire le spectacle total dans la réalité pour mieux encore souder la "masse" et lui offrir du grand, exit la portée sacrée de l'opéra Wagner et le mythe rédempteur, seul le spectacle compte et la possession d'un objet de puissance.
Qu'y a-t-il d'autre à dire...