Narduccio a écrit :
Il semble, d'après certains témoignages que pas mal de militaires allemands se sont sentis liés par le serment d'allégeance qu'ils ont donné au Führer. Certains surmonteront leurs réticences en acceptant par la suite de participer. Mais, d'autres feront "le service minimum" en n'allant pas dénoncer les conspirateurs. Ce qui ne les sauvera pas des griffes nazies. Pour Hitler, le fait d'avoir été au courant et de ne pas avoir dénoncé était déjà une trahison.
Je vois les choses ainsi. Il faut être honnête.
Concernant certain(s) personnage(s) de notre histoire, le débat est toujours : qui a "trahi" ? Qui est "resté droit" à telle période (qui semblerait "clé") ? Alors que le mur était entamé avec klaxon à l'appui.
Ce qui est dégainé comme argument -sensé justifier certains ou séparer le bon grain de l'ivraie- est le fameux "serment" fait à l'homme en question. A noter que ce serment fut fait en toute connaissance de cause et avec entrain.
Arrive le négatif, le bilan pour certains et la reprise des billes (après tout c'est la base du libre arbitre) et bien non : ce sont des "traitres" qui ont été trop gâtés sur les terrains de conflits, qui ont répondu par l'ingratitude à ce qui leur était apporté (bienfait en sonnant et trébuchant, décorations etc.).
Je vois la même chose : des hommes qui se sentent soudain un nouvel espoir, ne sont pas trop regardants, y voient aussi leur bénéfice (quel(s) qu'il(s) soi(en)t), la continuation d'une tradition familiale, la fin d'une sorte de guerre civile : on peut décliner... et pour ficeler le tout un serment. Fait avec les mêmes sentiments : honneur, patrie, grandeur, défense, revanche, traitres à occire (quelle que soit la manière) etc.
Les sentiments seraient-ils différents d'un côté du Rhin et de l'autre ? Preuve est que non puisque la France envahie se montrera au nom de l'honneur, du travail, de la famille et de la patrie très boostée par ses dirigeants du moment et très participative en général par méconnaissance de beaucoup quant à certains traitements bien particuliers.
Tant que ça va, ça va : on ne se pose surtout pas de questions ; quand ça commence à sentir mauvais, on vise à positionner une meute parallèle, de secours, à orientation nouvelle pour nouvelle virginité. Vouloir berner à si peu de frais entraîne forcément des "amis" ou "appuis" à "peu de frais" (le temps presse, ce serait ballot de laisser agir les Soviétiques ou les Alliés
) : des personnes non fiables, incapables d'opter pour une ligne de résistance et si ratage, optimisation de l'arme de service.
J'ai une opinion -qui n'engage que moi- sur l'opération Walkyrie : Stauffenberg est resté endormi bien longtemps pour énoncer soudain des évidences. Ces évidences lui sont apparues après ses mutilations. Avant nulle réaction pendant la balade dans le Caucase et les prisonniers russes. Nous nous sentons impactés dès que nous sommes touchés : plus nous sommes touchés de près plus la réaction semble importante au point de se poser les bonnes questions parfois voire d'anticiper une défense pour la postérité. Je constate ces faits et je ne crois pas à un changement radical de pensée - chez Stauffenberg- mais à un constat évident dû à un moment où il est éloigné de l'action et où aussi, il n'est plus l'homme qu'il était, physiquement parlant ce qui induit une reconversion et donc des questions à tous niveaux. Je pense et ceci n'engage que moi que sans cette blessure, jamais il n'y aurait eu d'opération Walkyrie. Canaris a un parcours bien différent et ses choix ont été bien maturés. Il a su très tôt que tout était -pour lui et son entourage- une question de temps (déjà dans le collimateur d'Heydrich...).
Cette opération totalement bancale et absurde a permis à Hitler de purger tous azimuts autour de lui : Canaris, Oster (enfin, l'Abwehr tombe sous le RSHA sans oublier les conditions des "liquidations" : pendaisons avec corde à piano et filmées pour la postérité), Goerdeler et autres.