jovien a écrit :
Il est cité là en tant que général allemand particulièrement brillant qui, encore dans ses Mémoires, a soutenu qu'une invasion de l'Angleterre aurait été possible.
Autant citer Napoléon ou Guillaume le conquérant, en ce cas. De toute manière, Manstein est un militaire qui réfléchit en militaire et, il me semble ici, un peu trop en terrien même si "Seelöwe" ne paraissait pas irrémédiablement promise à l'échec à mon sens. Et il n'est pas responsable des destinées du Reich, ni censé prendre en compte tous les facteurs dans leur globalité. Or, je ne pense pas qu'il rentrait dans les projets d'Hitler de mener cette opération. Non pas parce qu'elle lui paraissait condamnée, mais bien parce que cela ne cadrait pas avec son agenda idéologique (rabaisser la France au point de la rendre inoffensive, forcer le Royaume-Uni à sortir de la guerre à moindre coût et surtout à moindre temps, et se retourner contre l'URSS).
jovien a écrit :
J'ignorais cet usage consistant à appeler "force noire" l'ensemble des forces indigènes, usage - vous en conviendrez peut-être ? - assez trompeur de nos jours.
Il me semble par ailleurs assez rare : wikipedia : " "La Force Noire" est un livre du colonel Charles Mangin publié en 1910. Dans ce livre, Mangin préconise l'utilisation rapide et massive des troupes coloniales issues de l'Afrique noire, dites « Force noire » (principalement des tirailleurs sénégalais), en cas de guerre en Europe".
Je vous ai donc mal compris.
Je conviens que cela peut prêter à confusion. Mais il m'était évident que je parlais de l'ensemble des forces coloniales, et non pas de leur seule composante "noire". Vous m'avez donc mal compris mais maintenant que le malentendu est dissipé, on peut passer à autre chose.
Pour votre décompte :
- la période de chiffrage que j'ai - arbitrairement - retenue est celle du 23 août 1939 au 10 mai 1940 ;
- je n'ai pas décompté en métropole ou outre-mer, puisque cela n'a aucun sens : si des troupes indigènes n'avaient pas assuré la protection des colonies, des troupes métropolitaines auraient dû s'en charger - ce fut d'ailleurs le cas au Maroc. C'est donc une globalité qui est intéressante pour savoir le poids relatif ;
- il y a sept DINA (quatre d'active, une de première réserve et deux de formation), huit DIC (quatre d'active, trois de première réserve et une de formation) et quinze DIA (de formation, comprenant une forte proportion d'éléments d'active), plus les trois divisions marocaines (même si deux seront rapidement dissoutes, leurs éléments resteront actifs au titre de la protection du royaume) et les éléments de souveraineté et de protection des colonies éloignées (ainsi les deux divisions et la brigade territoriales indochinoises, les régiments et bataillons de tirailleurs d'AOF et d'AEF, etc).
- cela représente trente divisions (33 avec les divisions marocaines, soit l'exact volume de l'armée du temps de paix) sur 125 créées en tout avant le 10 mai 1940 - mais incluant la 6e DLC qui comprend de nombreux éléments de la cavalerie d'Afrique, ainsi que les 8e et 17e DI (essentiellement formées de troupes indigènes et de Légion étrangère) et les 191e et 192e DI (qui servent au Levant et comprennent une forte proportion de troupes indigènes).
Sur l'ensemble des forces armées terrestres françaises (hors les colonies les plus éloignées), les troupes issues des colonies représentent un gros quart (ou plutôt un petit tiers) du total.
Il est vrai que sur le champ de bataille, ce poids était moins important relativement, mais il demeure toutefois conséquent. Au 10 mai 1940 :
- quatre de ces divisions sont en réserve du GQG, et seront injectées rapidement dans la bataille (1re et 7e DINA, 5e et 7e DIC) ;
- trois sont avec la Ire Armée, qui reçoit la mission principale en Belgique (2e et 5e DINA, 1re DM) ;
- une est dans les Ardennes avec la IXe Armée (4e DINA) ;
- trois sont dans le secteur à l'est de Sedan, avec la IIe Armée (3e DINA, 1re et 3e DIC) ;
- cinq sont derrière la ligne fortifiée frontalière, en Lorraine (deux en réserve du GA n°2 - 4e DIC, 87e DIA - les trois autres servent de troupes d'intervalle - 6e DINA, 6e DIC, 82e DIA) ;
- deux sont avec l'Armée des Alpes (2e et 8e DIC).
--> 18 divisions issues des colonies sont donc présentes en métropole le 10 mai 1940, sur 87 décomptées (hors divisions de forteresse et britanniques) = 20,6%
CNE503