cush a écrit :
Pas mieux! Effectivement, en septembre 39, tout est joué.
Oh, tout n'est pas joué, mais prendre l'offensive n'était absolument pas dans les possibilités intellectuelles de notre armée. Il faut donc arrêter ces "what if" incessants sur le sujet, puisque les esprits étaient opposés fermement à cette idée. Et pour cause, pour quelle raison l'aurait-elle prise, l'offensive, alors que la patience était clairement payante ?
cush a écrit :
Vous conviendrez peut-être que depuis 1935, les signaux n'ont pourtant pas manqué et que si l'impréparation est à ce point patente, l'EM n'y est pas pour rien!
J'en conviens aisément. Il y avait bien mieux à faire avant : ne pas évacuer le gage du Rhin avant la date prévue (cela aurait évité de se retrancher aussi précocement derrière notre ligne fortifiée frontalière), ne pas permettre l'infraction du traité de Versailles concernant les clauses militaires dès mars-mai 1935, ne pas autoriser la remilitarisation de la Rhénanie en avril 1936, ne pas lâcher notre allié tchécoslovaque en octobre 1938, etc, etc.
L'état-major, je pense, est stupéfait par la rapidité et la qualité du réarmement allemand à partir de 1935 (en réalité, celui-ci commence en 1932 voire en 1928). Il est difficile de croire qu'en à peine quatre ans, l'armée allemande sera plus importante que l'armée française (elle qui comptait dix divisions en septembre 1934 en comptera 54 - hors Luftwaffe et Waffen-SS - cinq ans plus tard, et 105 à l'issue de sa mobilisation ! Quand notre armée n'en aura que 33 d'active - plus les troupes de forteresse mais elles sont en nombre limité somme toute - et 81 une fois mobilisée).
cush a écrit :
Quand à l'éclatante démonstration des qualités manœuvrière, elle doit aussi beaucoup à la non moins éclatante médiocrité de notre allié qui sait faire preuve de courage et d'esprit de sacrifice mais certainement pas de qualités tactiques, et encore moins stratégiques (je pourrais d'ailleurs reprendre ma phrase et la transposer à juin 40)...
Ce n'est pas faux, mais il ne faut pas négliger la qualité intrinsèque démontrée par la Wehrmacht en septembre 1939 - ce qui ne signifie pas que sa campagne en Pologne était exempte d'erreurs, attention ! A la mise en pratique de la révolution théorique militaire du couple chars-avions, il faut ajouter une réelle qualité de l'encadrement et une véritable valeur du combattant (dans les unités qui font la décision, en gros les divisions d'active et celles de la première réserve), qui seules permettent un effondrement aussi rapide de la Pologne. En février 1919, l'offensive lancée pour reconquérir la province de Posen face à des forces polonaises semi-irrégulières, arrêtée sur injonction des Alliés, n'était pas aussi prometteuse...
cush a écrit :
En bref, je suis beaucoup plus scandalisé par la médiocrité de pensée de nos chefs militaires de la période que par les quelques mouvements de relâchement d'une troupe à laquelle on ne sait pas faire partager un but.
Sans être scandalisé par un objet d'Histoire, je pense que les carcans intellectuels dans lesquels se sont enferrés nos généraux sont effectivement infiniment plus déterminants dans la débâcle de mai-juin 1940.
cush a écrit :
Pour faire un peu d'histoire fiction, imaginez maintenant une armée française disposant de quelques divisions cuirassées entraînées en août - septembre 39 et une certaine résolution dans l'offensive sur la Sarre (une offensive mieux définie dans ses objectifs bien sûr)... En 1914, et devant le danger à l'est, Moltke a retiré deux corps d'armée à l'ouest...
En répétant qu'il était absolument impossible, par culture, que l'on agisse ainsi, admettons un instant que ce soit le cas : nous ne pouvons aller bien loin tant les capacités de nos divisions mécanisées à mener une offensive dans la profondeur sont faibles, et tant les Allemands réussissent à échanger du terrain contre du temps en s'appuyant sur le "Westwall", le minage et les destructions systématiques. Nous ne progressons que très peu de toute manière, subissons de lourdes pertes, et dès le 10 ou le 15 septembre, nous voyons une collection de divisions fraîchement retirées de Pologne nous tomber sur le râble. Et ce alors même que nous avons volontairement, de nous-mêmes, abandonné l'abri de la ligne fortifiée frontalière. Contre-attaqués sur les flancs, freinés ou même bloqués sur l'avant, nous sommes obligés à une piteuse retraite vers la frontière. Et est-ce que cela a un impact sur les opérations en Pologne ? Que nenni, c'est plié dès la première semaine de combat, et je ne parle même pas de l'entrée dans le conflit des Soviétiques dans le dos des Polonais le 17 septembre 1939...
L'outil militaire de septembre 1939 était absolument inadéquat pour une telle action. A compter d'octobre, avec la mobilisation effectuée, je ne dis pas, mais ça avait perdu tout son intérêt...
CNE503