Alain.g a écrit :
Dès 1934 Reynaud plaide pour les chars, et de Gaulle est connu comme l'homme des chars et celui qui a convaincu Reynaud.
Par ailleurs, la bataille de Montcornet est du 17 mai 1940. Il y a longtemps que Reynaud connait de Gaulle et approuve sa vision de la guerre. Il lui offrira bien avant d'entrer au gouvernement mais cela ne se fera pas. Aucun rapport avec Montcornet. Lisez les mémoires de guerre, dès la nomination de Reynaud comme président du conseil, de Gaulle lui remet à sa demande un texte que Reynaud lit intégralement à la chambre le 23 mars 1940. Puis Reynaud propose à de Gaulle de le nommer S/Secrétaire d'Etat à la guerre, secrétaire du Comité de guerre qu'il vient d'instituer. Mais Daladier s'y oppose (mémoires de guerre, l'Appel, p. 38). C'est le 15 mai 1940 que la 4è division cuirassée est crée et de Gaulle nomme commandant de la division puis c'est Montcornet.
La volonté de bénéficier de la crédibilité du seul général considéré comme victorieux de la campagne, d'autant plus effectivement qu'il a avant tout le monde en France prôné une mécanisation qui semble être la nouvelle recette miracle, me semble centrale dans sa nomination. Ce que vous dites n'amène rien qui modifie la perception que j'en ai.
De Gaulle n'a pas de vision particulière de la guerre. Ce n'est tout simplement pas un stratège. Ses conceptions sont étroites, limitées à quelques domaines, très théoriques. S'il suffit de dire qu'on croit dans les chars pour être l'homme des chars, en ce cas nous pourrions être d'accord - mais ce serait quand même extrêmement réducteur. De Gaulle n'est pas un théoricien, sa pensée n'a aucune ampleur qui permette de lui décerner les qualificatifs dont vous aimez le fleurir. Sa réflexion, en tout cas celle qui nous a été livrée dans ses écrits, a été très loin de se déployer dans les mêmes proportions que ceux à qui l'on aime le comparer.
De toute façon, ça ne répond pas à ce que j'ai écrit au-dessus : que de Gaulle, en tant que chef de corps d'un régiment de chars de combat à partir de 1937, ait élaboré des conceptions personnelles - bien que celles que l'on connaisse soient très limitées et en rien comparables à celles d'un Guderian, ou même d'un Fuller - je l'admets bien volontiers. Mais c'est bien trop tard pour avoir un impact décisif sur une révolution intellectuelle qui a débuté dès la fin des années 1920 (et aussi sur la mécanisation de l'armée française).
Quant à ses conceptions développées antérieurement, notamment dans ses écrits de 1932 et 1934, elles constituent plus une profession de foi qu'une doctrine exploitable.
Je me replongerai dans
Le fil de l'épée et
Vers l'armée de métier dans les jours prochains, mais je doute que cela altère ce que j'en avais déduit lors de leur lecture il y a quelques années.
CNE EMB