Jerôme a écrit :
Si je suis cne Emb et Aigle, le problème aurait peut être une base corporatiste : la cavalerie aurait cru aux grandes masses de manœuvre blindées tandis que l'infanterie aurait préféré le saupoudrage des chars et l'infanterie aurait alors imposé son point de vue ?
Ce n'est pas exactement ce que j'ai dit. J'ai dit que seule la cavalerie avait poussé le raisonnement, dès 1933 et avec appui du général Weygand, jusqu'à mettre sur pied des grandes unités mécanisées interarmes (effectivement à partir de 1935). L'infanterie a accusé un lourd retard qu'elle n'a commencé à combler qu'en septembre 1939, en accélérant à partir de janvier 1940. Trop peu, trop tard.
Cela s'explique par l'expérience de la Grande Guerre : l'infanterie a montré toute l'étendue de ses capacités et a réaffirmé son rôle majeur de "reine des batailles", tandis que la cavalerie a peiné à prouver son importance. Il n'est donc pas étonnant que l'une ait cherché à perpétuer un système dans lequel sa prééminence était avérée, alors que l'autre ait cherché des nouvelles manières de "reprendre la main".
Jerôme a écrit :
De Gaulle appartenait aux chars de combat : s'agissait il d'une arme autonome ou d'une subdivision de l'infanterie ?
Non, de Gaulle appartenait à l'arme de l'infanterie (il avait été chef de section et commandant d'unité dans un régiment d'infanterie, et avait commandé un bataillon de chasseurs à pied en 1927-1929). Il ne rejoint la subdivision d'arme des chars de combat qu'en 1937, lorsqu'il prend le commandement du 507e RCC. Il est d'ailleurs particulièrement éclairant que ce ne soit pas un spécialiste de l'instrument blindé qui écrive
Vers l'armée de métier en 1934.
Jerôme a écrit :
Le rejet de ses thèses pourrait elle s'expliquer ( outre la question de la professionnalisation) par le fait qu'il prenait l'infanterie ( à laquelle les chars étaient plus ou moins liés) à contre pied pour défendre la thèse de la cavalerie ( qui au sein de l'armée de terre était l'ennemie à combattre) ?
Non, plutôt par le manque de soutien interne apporté à de Gaulle, qui a quitté la "maison Pétain" avec pertes et fracas et ne bénéficie plus de l'appui d'un quelconque "ponte". De plus, on estime dans les milieux militaires que de Gaulle a choisi une voie peu compatible avec l'appartenance à la "Grande Muette" : celle de la politisation, de la médiatisation (déjà !). Qu'il préfère bénéficier d'appuis politiques extérieurs (avec Reynaud) qui ne sont que des marchepieds à son ambition dévorante que d'oeuvrer pour le grand profit de l'Institution, de l'intérieur, en mettant ses idées au service d'un chef de file reconnu.
CNE EMB