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 Sujet du message : Les corps francs de la Baltique
Message Publié : 11 Mars 2015 12:33 
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Marc Bloch
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Localisation : Versailles
Je ne comprends pas les motivations des soldats allemands qui sont aller combattre dans les corps francs de la Baltique. Après quatre ans de tranches et une défaite sanglante, n'aspiraient ils pas à la paix ? Pourquoi avoir prolonger la guerre à l'est ?


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Message Publié : 11 Mars 2015 15:15 
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Marc Bloch
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Localisation : Allemagne
Avez vous consulté la fonction "recherche" avant de poster :?: Je crois qu'on a déjà beaucoup discuté sur cette question des Corps francs et notamment le livre de Dominique Venner

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Message Publié : 11 Mars 2015 18:31 
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Polybe
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Inscription : 30 Jan 2015 16:08
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Il y avait beaucoup de raisons :

a) les frontières n'étaient pas fixées à l'Est .
b) il y avait des terres allemandes à protéger à l'Est et aussi des terres moins allemandes à prendre.
c) il n'y avait pas une masse d'emplois suffisantes en Allemagne pour tout le monde .
d) il y avait la continuité de la guerre pour les "chiens de guerre" .

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Faire son Devoir.


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Message Publié : 11 Mars 2015 20:51 
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Marc Bloch
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Inscription : 09 Août 2006 6:30
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Localisation : Allemagne
De Villaret a raison. L'Allemagne est dans la misère, le chaos et la famine. En outre, quatre ans de front fait un homme nouveau qui ne voit sa vie que sous l'uniforme. Il y a les camarades de combat, une société où tout est réglé, sans aléas, sans surprise, l'assurance d'avoir la gamelle remplie chaque jour. Toutes ces données que, nous hommes de notre époque et enfants de la société de l'hédonisme et du consumérisme nous avons bien du mal à comprendre. En outre, compte tenu de l'orgueil national de l'époque, du patriotisme, il pouvait y avoir le refus de voir la perte de provinces de l'ex Empire allemand.
En plus du livre de Venner que j'ai évoqué, il y a "Les réprouvés "de von Salomon, sur la question.

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Message Publié : 12 Mars 2015 15:13 
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Inscription : 20 Déc 2008 14:01
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Localisation : Bourgogne
Effectivement on en a déjà longuement parlé sur le forum.
Les raisons sont nombreuses, mais peuvent être résumées essentiellement comme suit :
- si à l'ouest les nouvelles frontières du Reich ne font pas vraiment débat, à l'est la création d'Etats nouveaux sous la pression des Alliés occidentaux en dépit du traité de Brest-Litovsk et alors que les Bolcheviks et les Blancs sont en pleine guerre civile est mal vécue par les vétérans allemands, qui refusent de voir leurs victoires à l'est enterrées d'un trait de plume, surtout qu'il y a l'occasion de tailler dans ces vastes territoires un proconsulat allemand ;
- par ailleurs, combattre dans la Baltique, c'est poursuivre la guerre qui a été dans la tête de nombreux vétérans, déjà en 1919, perdue à cause d'un "coup de poignard dans le dos" donné par les civils, c'est donc perpétuer la flamme patriotique nourrie de sacrifices que certains se refusent à considérer comme vains ;
- la "régénération" de l'Allemagne est un leitmotiv après la défaite et la révolution parmi ces vétérans ultranationalistes, et il est même envisagé avec la collusion de quelques élites politiques d'abandonner l'ouest et le sud du Reich, accusés de faiblesse et d'avoir été le terreau de la révolution, pour se recentrer sur un Etat germanique oriental centré sur la Prusse-orientale et étendue à sa périphérie, notamment balte ("Oststaat-Plan"). Si ce plan échoue in fine, il a animé en partie certains leaders des "Baltikumer" (notamment le général von der Goltz) ;
- le nihilisme qui anime une partie non négligeable de ces "Freikorpskämpfer" extrémistes (les plus extrémistes sont ceux qui combattent dans la Baltique, la majorité des Freikorps, d'obédience monarchiste, se contente d'étouffer les poussées révolutionnaires et séparatistes en Allemagne même et incorpore sans difficulté la Reichswehr à compter de l'été 1919) dont le nazisme fera son terreau les années suivantes, les amène à chercher une cause romantique à défendre, et se créer une nouvelle patrie régénérée sur les terres mêmes du "Drang nach Osten", au secours des "Baltenritter" (l'aristocratie balte d'origine germanique) contre le péril bolchevique, est l'une d'elle. Sur ce chapitre en particulier, Les Réprouvés d'Ernst von Salomon (le petit frère du futur Oberster-SA de la fin des années 1920, Pfeffer von Salomon) qui vous a déjà été conseillé est particulièrement instructif.

Vous noterez que si grâce à Benoist-Méchin, Mabire et Venner (qui ne font finalement que reprendre Salomon en tant qu'archétype du proto-nazi) on connaît bien "l'épopée"* des "Baltikumer", ce sont les mêmes Freikorpskämpfer qui mèneront le putsch de Kapp-Lüttwitz en mars 1920, et qui défendront la Haute-Silésie des visées polonaises en 1921 au sein du Grenzschutz "Ost". Les raisons n'en sont donc pas limitées à la seule aire géographique balte.

* Qui n'est au final, quand on la considère objectivement, qu'une impasse politique s'achevant en défaite militaire sans appel, ultérieurement instrumentalisée - comme la "résistance" en Ruhr en 1923-1924 - pour servir la mythologie du parti nazi... Il est d'ailleurs notable que la croix gammée, signe de ralliement attesté par photographies dès la fin 1918 - alors que ni le NSDAP, ni même le DAP originel n'existent encore ! - chez certains de ces Freikorps les plus véhéments (la 2. Marine-Brigade "Erhardt" au premier chef), soit devenue l'insigne officiel du parti nazi.

CNE EMB

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Message Publié : 12 Mars 2015 21:26 
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Marc Bloch
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Inscription : 10 Fév 2014 7:38
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Localisation : Versailles
Je remercie les auteurs des riches contributions qui précèdent mais un point m'échappe : la France sort épuisée de la guerre, avide de paix et refusant toute aventure lointaine ( cf mutineries de la mer noire). Et pourtant l'armée française est victorieuse ! Comment se fait il que l'Allemagne vaincue, épuisée par quatre années de blocus et au bord de la guerre civile ait pu produire des volontaires pour se battre pour des causes perdues d'avance ?


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Message Publié : 12 Mars 2015 21:34 
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Localisation : Bourgogne
Tout simplement parce que l'Allemagne n'est pas la France, que sa société militaire, habituée à être le pivot sociétal du Reich, nourrie d'honneurs et endurcie par quatre années d'épreuves extraordinaires dont elle n'a pas à rougir, bien au contraire, ne peut accepter la défaite qui signifie aussi la révolution politique et la fin de son monde - à tout le moins de sa place privilégiée dans le monde germanique.

En France, la république bourgeoise et la victoire apaisent les consciences et calment les aventuriers ; en Allemagne, un régime politique perçu comme illégitime et faible, né d'une défaite infamante et inacceptable (lisez la déclaration du général von dem Borne lorsque l'establishment militaire allemand accepte les conditions de Versailles...), ne font qu'aviver la douleur et susciter les aventures.
Je rajouterais qu'il y a une spécificité militaire propre à l'Allemagne : l'"esprit de Riga", qui a fait de simples capitaines parfois issus du rang des véritables héros de guerre adulés de leurs hommes, a fourni à l'armée allemande une génération de soldats exceptionnels, mais il était illusoire d'espérer qu'après s'être assuré les compétences de tels hommes, ils allaient bien gentiment retourner à la vie civile...

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Message Publié : 12 Mars 2015 21:56 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

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Il faut relativiser, l'engagement dans les corps francs ne concerne qu'une (petite) partie des militaires de même que les mutineries de la mer noire ne sont qu'un épiphénomène qui n'empêche d'ailleurs pas la France de s'engager contre les "Rouges" de manière directe ou indirecte.
De plus, la situation des deux pays est tellement différente que comparer les comportements des individus me semble assez aléatoire. Les corps francs se battent pour sauver ce qui peut encore l'être (tout du moins le croient-ils) alors que les Français pensent être en droit de recueillir les fruits de la victoire.


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Message Publié : 12 Mars 2015 22:10 
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Localisation : Bourgogne
L'engagement dans les Freikorps concerne une partie conséquente de l'armée allemande (hors les effectifs fournis par la conscription qui s'évaporent plus vite que l'eau sous le soleil du désert, bien entendu, mais vu la désagrégation de l'armée impériale, début 1919 seuls les Freikorps fournissent des unités cohérentes, et forment l'essentiel des forces armées qui constituent "l'armée de terre de transition" - Übergangsheer ; soit sensiblement proche de 400 000 hommes à l'été 1919), ce sont les "Baltikumer" qui ne sont qu'une infime minorité des "Freikorpskämpfer", de mémoire entre dix et vingt mille Allemands au plus en juin 1919.

En fait, l'aventure balte, tout comme le putsch manqué de mars 1920, la "bataille" de l'Annaberg en 1921 ou les "martyrs" de la résistance dans la Ruhr en 1923-1924, sont surtout connus parce qu'ils font partie de la mythologie nazie, de la genèse du mouvement, par la place occupée par les "Freikorpskämpfer" (ou plutôt les "Alte Kämpfer" dans le jargon nazi) en tant que proto-nazis modèles.
Si on replace ces évènements à leur juste valeur en les débarrassant de la charge émotionnelle quasi-liturgique que le nazisme leur a octroyé, je pense qu'on en relativiserait beaucoup la portée réelle.

CNE EMB

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Message Publié : 12 Mars 2015 23:35 
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Philippe de Commines
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Inscription : 11 Oct 2012 21:58
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D'accord avec votre remarque, mais 400.000 hommes à rapporter aux quelques 250 divisions alignées l'année précédente. Même si c'est loin d'être négligeable et si ceux qui s'engagent dans les corps francs sont les plus "convaincus", il n'en reste pas moins qu'ils ne forment pas une majorité. Quand à la France, son armée subit le même contrecoup et voit ses appelés demander à rentrer au plus vite (et ce d'autant plus vite que les poilus sont les vainqueurs de cette guerre, ils n'ont donc plus rien à prouver ou à défendre). Néanmoins, la France intervient à l'est et dans le Rif entre autres dès le début des années 20. Dire qu'il n'y a plus de Français pour aller se battre dès novembre 1918 me semble excessif. C'était uniquement le sens de ma remarque.
Une question: a t-on une idée des effectifs "révolutionnaires" en Allemagne même?


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Message Publié : 12 Mars 2015 23:49 
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Marc Bloch
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Je ne pourrais donner de réponse chiffrée, mais ce que je propose c'est de considérer la psychologie allemande. Ce peuple a une capacité de volonté et d'abnégation que nous ne comprenons pas. Je ne saurais en trouver les explications historiques , mais c'est un fait que l'on voit quand on s'intéresse à leur histoire.

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Message Publié : 13 Mars 2015 7:13 
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Jean Mabillon
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Inscription : 07 Sep 2008 15:55
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Faget a écrit :
Je ne pourrais donner de réponse chiffrée, mais ce que je propose c'est de considérer la psychologie allemande. Ce peuple a une capacité de volonté et d'abnégation que nous ne comprenons pas. Je ne saurais en trouver les explications historiques , mais c'est un fait que l'on voit quand on s'intéresse à leur histoire.


Je suis assez en phase avec vous.

Surtout en 1914 où comme le note le capitaine EMB l'Allemagne impériale n'était ( mais alors pas du tout) pas la France de la IIIe République. L'Allemagne de 1914 était une société très hiérarchisée où dominaient sociologiquement la noblesse et la grande bourgeoisie , où le pouvoir concret etait partagé entre l'armée et l'administration ( avec priorité à l'armée) et où les psychologies sont très marquées par les valeurs d'ordre (avec l'idée très nette de la supériorité du bien commun qu il soit impérial ou familial sur le bien individuel). Cela n'exclut pas l'existence d'une gauche , active et bien organisée, mais celle ci est minoritaire et le sait. Et en outre elle est imprégnée sans le savoir par les valeurs d'ordre : culte de l'organisation ( dans le parti et dans la société ) , de la discipline, du collectif ...

Rien à voir avec la France - un seul exemple : chez nous le corps enseignant est de gauche sauf exceptions ( les facultés de droit et quelques grandes écoles ) alors que outre Rhin il était de droite (voire d'extreme droite).

Je crois que nous avons oublié ce qu'était le traditionalisme foncier de la société allemande de 1914 et que nous sous estimons la profondeur des mutations qu elle a connue entre 1945 et 1968.

Une question intéressante est de savoir de quand date la dichotomie franco allemande :1813? 1789? Louis XIV ?


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Message Publié : 13 Mars 2015 8:19 
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Salluste
Salluste

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Mouais, pas convaincu des "jugements" quant à la volonté et l'abnegation supérieure de nos amis germaniques : il me semble justement que leurs commentaires sur la Marne ou sur la resistances hallucinante à verdun montre que ce genre de chose n'est pas l'apanage d'une culture. Selon les conditions du moment, tous les peuples ont fait la même chose à un moment de leur histoire, tout comme à contrario tout peuple a connu des périodes de fléchissement. Par exemple la resistance terrible de 44/45 a autant à voir avec leur connaissance des atrocités commises à l'est ou dans les pays occupés (les soldats et la population savent que les soviétiques vont se venger par exemple, dans ce cas, n'importe qui se bat à outrance dans la crainte de l'apocalypse à sens unique) qu'avec une volonté germanique de resister. A noter qu'au cours de son histoire aussi les Allemagnes (en y inculant son pendant autrichien) ont toujours eu l'impression d'être une citadelle assiégée. Au contraire la France, même pendant la lutte séculaire contre les Hasbourg, a plutôt eu tendance à être l'agresseur ou l'assiégeant de ses voisins, puis à tenter l'aventure outre mer.

L'Allemagne wilhelmienne est fortement militarisée, mais sa caste militaire est aussi fortement "prussienne". Les hommes des FreiKorps sont animés par un fort anti-revolutionarisme pour ceux qui vont agir au coeur du Vaterland (mais on aurit pu observer je pense ce genre de situation ailleurs, sauf qu'ailleurs le spartakisme n'a pas tenté de prendre le pouvoir), et pour ceux agissant sur l'ancien front est, ce sont souvent des militaires de carrière qui comme dit fort justement ressente une certaine injustice par rapport à leurs victoires et voit une opportunité. Et leur nombre n'est pas non plus faramineux.


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Message Publié : 13 Mars 2015 9:37 
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Oui, je ne suis pas assez calé en psychologie des sociétés (en psychohistoire seldonienne ? :P ) pour confirmer ou infirmer les points de vue ci-dessus. Néanmoins, que la société allemande de 1918-1919 soit complètement différente de la française me paraît difficilement pouvoir être remis en cause.
Cela tient à la manière dont se sont constituées la Prusse d'abord ("Ce n'est pas un Etat qui possède une armée, c'est une armée qui a conquis la nation" selon le mot célèbre de Mirabeau), le Reich ensuite ("par le fer et le sang" selon la formule de Bismarck), à un "Aufklärung" germanique très différent des Lumières françaises (d'inspiration bien plus romantique), à "l'esprit du protestantisme" cher à Max Weber, à la certitude que l'Allemagne, loin d'être un pays barbare comme on le présente habituellement dans la propagande française d'alors, constituait le pays le plus avancé (notamment en matière scientifique et industrielle).

Dans le cas qui nous intéresse, cela a donné une société très hiérarchisée au sommet de laquelle trône l'empereur-roi (empereur allemand, roi de Prusse), appuyé sur son aristocratie militaire choyée par les honneurs et honorée par les responsabilités. La remise en question très brutale de cet ordre et son remplacement par une république bourgeoise d'inspiration social-démocrate où la place de l'armée est nettement dévaluée, dans un contexte de défaite militaire sans appel, d'humiliation nationale et de tensions politiques très vives ne pouvait qu'entraîner les tenants de l'"ancien régime" à se mobiliser pour, à défaut de pouvoir rétablir immédiatement l'ordre ancien, du moins en sauver le maximum - et notamment leur place privilégiée dans la société.

Je distinguerais cependant ces officiers pro-monarchistes qui initient le mouvement des Freikorps et les "Baltikumer" : les premiers ont beau souhaiter un retour à l'ancien régime, ils se rallient rationnellement à la république d'Ebert (poussé en cela par Hindenburg et surtout Groener) et espèrent que le changement interviendra lorsque les temps y seront plus favorables ; les seconds ne sont pas monarchistes, ils sont nihilistes, se battent parce que c'est ce qu'ils savent faire de mieux, au nom de l'Allemagne mais ça pourrait être pour une autre cause (d'ailleurs, on retrouve des "Baltikumer" chez les Bolcheviks !), surtout une fois qu'ils ont été abandonnés à leur sort par la république de Weimar à compter de juin 1919.
D'un côté on a ceux qui par inertie favoriseront un nazisme auquel ils ne sauraient adhérer tant leurs valeurs en sont différentes mais qu'ils peuvent accepter parce que cela leur semble une étape vers le rétablissement d'une société proche de l'ancien régime ; de l'autre on aura ceux qui en seront les premiers combattants, les hommes-liges, les porteurs de la révolution nationale-socialiste qui remet en cause les fondements d'un monde.
Véritablement, le nazisme s'est au moins autant fait dans ces quelques Freikorps (mis en avant pour des raisons idéologiques douteuses par Mabire et Venner : la "Eiserne Brigade", plus tard transformée en division, la 2. Marine Brigade "Erhardt", le Freikorps "Oberland", le "eiserne Schar Berthold", etc.) que dans les brasseries munichoises (ce n'est pas pour rien qu'on s'y réfère comme à "l'avant-garde du nazisme" ou aux "hérauts de Hitler").

CNE EMB

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Message Publié : 13 Mars 2015 10:08 
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Salluste
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Inscription : 22 Avr 2009 8:49
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Une petite question en passant : les Baltikumer , du moins certains d'entre eux, sont ils devenus des personalités "éminentes" et théoriciennes du régime nazi ou sont-ils rester des symboles et des figures de référence sans s'impliquer plus avant?


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