Pierma a écrit :
Je ne suis pas certain que l'échéance électorale prochaine ait été obligatoirement un obstacle. On sait que le peuple a tendance à se grouper autour de son chef en cas d'agression nécessitant une réponse militaire. Or il s'agissait bien d'une agression, puisque cette violation du traité de Versailles rapprochait la frontière militaire entre la France et l'Allemagne - donc le secteur éventuel d'affrontements - de Cologne à Strasbourg, pour simplifier.
Plus que l'échéance électorale en elle-même, c'est l'obligation de mobiliser - supposée très impopulaire - qui posait problème.
"Je ne laisserai pas Strasbourg à portée des canons allemands" est une belle phrase, mais elle implique d'agir.
Or Gamelin refuse toute action militaire sans mobilisation préalable. J'ai trouvé sous la plume de Pierre Nord l'affirmation que ce point de vue est celui du Deuxième Bureau, dont le chef, le colonel Gauché, estime que faute de mobilisation l'armée française n'est pas supérieure à une armée allemande improvisée en quelques années. Affirmation qui peut surprendre, dit Pierre Nord, mais il ne déjuge pas son supérieur. Ce sont donc bien les services de renseignement qui posent ce rapport de force. (Et ils sont à priori assez compétents, surtout sur l'Allemagne, leur préoccupation n°1, pour faire la différence entre un SA et un militaire d'active.)
Je n'ai aucune analyse de l'estimation de ce rapport de force. Il y a bien le fait que les 3/4 des divisions françaises sont composées en proportion plus ou moins élevée de réservistes, donc n'existent pas - ou pas totalement - sans mobilisation. (Il faudrait avoir l'opinion de CNE_EMB sur ce point.)
Tout de même, se priver du glacis que représentait la Rhénanie, c'est fou. Les militaires auraient dû plaider l'action à toute force, quitte à démarrer avec les seules divisions de couverture et à attendre 24 heures - pour voir si les Allemands insistaient ou pas - avant de mobiliser.
Il fallait tenter quelque chose. Le même Pierre Nord raconte que l'attaché militaire allemand se précipite auprès du colonel Gauché :" mon colonel, vous n'allez tout de même pas nous faire la guerre parce que quelques bataillons sont entrés en Rhénanie ? " Gauché le met poliment dehors sans répondre à sa question, évidemment - et sans lui serrer la main, pour ne pas imiter le ministre des Affaires Etrangères de 1914, resté célèbre pour avoir serré la main de l'ambassadeur allemand venu lui déclarer la guerre.
Si Hitler bluffe (et calcule bien son moment en fonction des élections prochaines) en revanche ses militaires font dans leurs braies,... et le disent, ce qui est ahurissant.
Ou alors... ou alors Gamelin se satisfait de la situation à venir : les crédits pour la
ligne Maginot ont été votés en 1929, le gros oeuvre terminé en 1933, elle est donc déjà opérationnelle. Pourquoi se fatiguer à replacer l'armée allemande sur sa ligne de départ fixée par traité, donc au delà du Rhin ? (Armée allemande qui ne devrait d'ailleurs pas exister - sauf symboliquement - le réarmement allemand est déjà une violation du Traité de Versailles...)
A-t-on déjà vu un pays annoncer avec autant d'inconscience qu'il ne fera jamais rien d'offensif contre son ennemi déclaré ?
En prime, accepter la remilitarisation de la rive gauche du Rhin c'est accepter d'avance la construction de la ligne Siegfried, et donc la perte d'initiative en cas d'agression allemande contre un de nos alliés. (En 1939 l'offensive de la Sarre, supposée soulager la Pologne, est prévue pour s'arrêter avant d'atteindre cette ligne.)
Je vous remercie pour ce message éclairant, qui donne des renseignements sur la balance entre l'armée française et allemande en 1936.
Et même Shirer a dit dans sa "chute de la troisième république":
J'ai essayé de chercher le citat de Hitler pendant sa reoccupation de la Rhénanie, mais j'ai trouvé que le livre entier de Shirer est traduit en français sur l'internet et c'est difficile de chercher dans le livre entier.
Alors j'ai cherché dans mes propres sources et voilà:
http://www.empereurperdu.com/tribunehis ... 4&start=15C'est sur les accords de Munich, mais on a aussi discuté la réoccupation en 1936.
Et là j'ai mentioné une discussion sur la BBC concernant la réoccupation...
http://www.bbc.co.uk/dna/mbhistory/F223 ... ad=2490067"Rhineland re-occupation by France 1936?
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Posted by PaulRyckier (U1753522) on ,
What if by some kind of wonder instead of General Gamelin you had had for instance a de Gaulle in the function of Gamelin? A de Gaulle available when PM Sarraut asked for a French intervention, perhaps backed by a Paul Reynaud?
On the crucial Sunday 8th March you needed only a French police action to expell again the few companies of Germans, who had entered on 7 March. Germany had not yet an army at that moment.
Hitler said later: "if the French had marched into the Rhineland, we would have had to withdraw with the tails between our legs"
Even the German General Alfred Jodl testified after the war that the Germans had no forces to withstand the French at that time."
Quoi si par un miracle au lieu du Général Gamelin on a eu un de Gaulle dans la fonction de Gamelin? Un de Gaulle présent quand Ministre Président Sarraut demandait une intervention française, peut-être supporté par un Paul Reynaud?
Le dimanche cruciale de 8 Mars on avait besoin seulement d'une action policière française pour chasser les quelques compagnies allemandes, qui ont entré le 7 Mars. L'Allemagne n'avait pas encore une armée à ce moment.
Hitler a dit après: "Si les Français avaient marché dans la Rhénanie, nous aurions dû retirer avec "notre queue entre nos pattes"
Même le général allemand Alfred Jodl a testifié après la guerre que les Allemands n'avaient pas des forces pour résister aux Français à ce temps.
Pierma, quelles phrases en 2006
... Entretemps j'ai beaucoup appris depuis 2008 sur cet forum...
Des messages plus supportés et éducatifs...Enfin j'ai un peu honte quand je relis mes "utterings" sur la BBC d'antan...
Mais à lire les autres n'étaient pas mieux que moi...
Cordialement, Paul.