Forum Histoire - Passion Histoire
http://www.passion-histoire.net/

L'arrivée d'Hitler au pouvoir était-elle légale?
http://www.passion-histoire.net/viewtopic.php?f=48&t=4456
Page 5 sur 13

Auteur :  Jean-Marc Labat [ 30 Déc 2009 18:30 ]
Sujet du message :  Re: La prise de pouvoir d'Hitler.

Le KPD refuse de combattre les nazis. C'est conforme avec la directive de Staline qui considère que l'ennemi principal est la social-démocratie. Ils refusent d'ailleurs de participer au Front de Fer organisé sous l'égide du SPD en décembre 1931 pour lutter contre Hitler. Ils pensent au contraire que la prise de pouvoir par les nazis entraînera une guerre civile qui les amènera au pouvoir.

Et puis les socio-démocrates se sont toujours fait bouffer par les non-démocrates, que ce soit par les nazis en 33, ou par les communistes dans les pays de l'est après 45.

Auteur :  PaulRyckier [ 30 Déc 2009 18:32 ]
Sujet du message :  Re: La prise de pouvoir d'Hitler.

Re: Message du 29 Décembre 18h00

Jean-Marc Labat a écrit :
APPRENTI a écrit :
Connait-on les taux de participation aux élections de la République de Weimar ?


Voir ici:


http://www.gonschior.de/weimar/Deutschl ... t_RTW.html


Jean-Marc,

c'était juste ça que j'avais trouvé dans le temps, mais pas retrouvé de nouveau...

Dans une même discussion sur un forum anglais, j'avais avec un copain anglais proposé la théorie que, aprés le Wall street crash, l'Allemagne par sa plus grande liaison avec les investissements américaines, était plus vulnérable aux pertes d'emplois, que par exemple la France, l'Angleterre et la Belgique et par ça une aggrandissement relative plus grande des parties ultra-droite. (j'ai besoin des chiffres de la France, Angleterre, Belgique pour voir si ma théorie a une chance).

Dans le documentaire que j'ai mentioné dans mon premier message on parle de 30% de taux de chomâge pour l'Allemagne. Mais les forces démocratiques pouvaient tourner les votes en rendant comme en Belgique l'ultra-droite perdant. Mais alors les paralleles se perdent, peut-être parce que la Belgique n'avait pas le même rapport des forces comme l'Allemagne des années trente? Enfin dans le documentaire on suit le même raisonnement que c'est le taux de chomage à partir de trente qui était la cause des partis extrémistes, mais on ne parle pas de la liaison plus étroite avec le capital américain. En effet j'ai lu cette théorie de la liaison américaine dans un ouvrage honnête néerlandais des années cinquante et si je me souviens bien je l'ai vu mentionée aussi dans un autre ouvrage.
Qu'est-ce que les participants estimés de ce forum pensent de la théorie?

Je trouve la question de Cuchlainn du 30 Décembre 0h45 aussi très pertinente, concernant le poids "démocratique" dans toutes ces perturbations et la suite dans les urnes. Mais pour ça il faut une nouvelle étude.

En tous cas je ne suit pas l'itinéraire d'"Apprenti" dans le message du 30 Décembre 18h30. Elle est contraire à toutes les sources honnêtes que j'ai rencontrées jusqu'à maintenant.

Cordialement,

Paul.

Auteur :  Mistigri 1er [ 30 Déc 2009 18:47 ]
Sujet du message :  Re: La prise de pouvoir d'Hitler.

bonjour, pouvez-vous traduire, svp, et expliciter la théorie du "dolchstosse". Je ne suis pas du tout germanophone. Merci

Auteur :  Narduccio [ 30 Déc 2009 19:01 ]
Sujet du message :  Re: La prise de pouvoir d'Hitler.

Mistigri 1er a écrit :
bonjour, pouvez-vous traduire, svp, et expliciter la théorie du "dolchstosse". Je ne suis pas du tout germanophone. Merci


Le coup de poignard dans le dos. On en parle de manière plus détaillée ailleurs sur le forum.

Auteur :  APPRENTI [ 30 Déc 2009 19:04 ]
Sujet du message :  Re: La prise de pouvoir d'Hitler.

Jean-Marc Labat a écrit :
Le KPD refuse de combattre les nazis. C'est conforme avec la directive de Staline qui considère que l'ennemi principal est la social-démocratie. Ils refusent d'ailleurs de participer au Front de Fer organisé sous l'égide du SPD en décembre 1931 pour lutter contre Hitler. Ils pensent au contraire que la prise de pouvoir par les nazis entraînera une guerre civile qui les amènera au pouvoir.

Et puis les socio-démocrates se sont toujours fait bouffer par les non-démocrates, que ce soit par les nazis en 33, ou par les communistes dans les pays de l'est après 45.

A-t-on une liste des propositions de loi mis au vote devant le Reichstag durant la république de Weimar ? Est-il possible de savoir ce que le KPD a voté ?

NB : à toutes fins utiles, j'ai trouvé un livre dont le titre est le même que celui de ce sujet, La prise du pouvoir par Hitler 1928-1933, écrit par Paul Marie de La Gorce (Paris, 1983) ; et un article écrit par Serge Berstein, « La prise du pouvoir par Adolf Hitler », in L'Histoire. L'Allemagne de Hitler, Points-Seuil, 1991, p. 26.

@mistigri : dolchstosse = coup de poignard dans le dos. voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Dolchsto%C3%9Flegende

Auteur :  Duc de Raguse [ 30 Déc 2009 19:25 ]
Sujet du message :  Re: La prise de pouvoir d'Hitler.

Citer :
Mais, la bourgeoisie allemande a vu une menace dans son dos, à l'est de l'Allemagne. Et les bourgeoisies occidentales elles aussi ont vu cette nouvelle donne géopolitique qui menaçait directement leurs intérêts. La paix a été trouvé d'ores-et-déjà en 1918 pour pouvoir tourner l'Allemagne et son formidable arsenal offensif contre une Russie rouge. La passivité des démocraties occidentales à Münich est bien plus logique vu sous cette angle.
Il semble que les bourgeoisies aient trouvé ce fou Hitler pour faire le boulot. Mais ce n'était pas un type comme eux, il n'a pas rempli tout à fait le contrat ; il n'a pas réussi à vaincre l'URSS d'où le ralliement massif derrière les USA nouveau champion de la lutte contre le bolchévisme. Hitler était le Frankenstein de la bourgeoisie... seule la mort pouvait arrêter ce robot trop bien programmé.

Ouah... 8-| Non, seulement on s'éloigne du sujet, mais ces raccourcis sentent franchement mauvais. Surtout qu'il ne s'agit que d'affirmations gratuites ne reposant sur rien du tout. Je ne parle pas non plus de la paix de 1918... :rool:

Citer :
bien au contraire, c'est la droite qui s'est rallié derrière Hitler pour pouvoir barrer la voie du pouvoir à la gauche

C'est largement faux. La droite ne représente plus grand chose et le DNVP s'est fait phagocité par le NSDAP entre 1928 et 1932. La cinquantaine de sièges qu'il occupe en 1933 est ridicule lorsqu'on connaît ses scores de 1924. Le parti est mort. Son alliance avec Hitler ne change plus rien, c'est un chant du cygne vide de conséquences réelles, tout comme le vote des pleins pouvoirs d'ailleurs.
La messe est déjà dite depuis le 28 février 1933, tout ce qui se passe après n'est qu'anecdote logique.
Juste une précision tout de même : entre 1924 et 1928, le DNVP pratiquait une politique de tolérance à l'égard de la coalition de Weimar et a même soutenu certaines lois.
Il n'est pas hostile en permanence au régime, cela dépend du contexte et des hommes qui le dirigent.

Citer :
Est-il possible de savoir ce que le KPD a voté ?

Lui, par contre n'a jamais quitté son hostilité. De toute manière avant 1928, il ne représente pas grand chose au Reichstag. C'est un parti qui fait beaucoup de bruit, mais qui a une représentativité fort limitée.

Citer :
1928 est en effet un tournant avant 1929, parce qu'un socialiste arrive au pouvoir. Chose insupportable pour la droite-extrême et l'extrême-droite allemande. D'où l'accélération des alliances : c'est à partir de là que Hindenburg va soutenir Hitler etc.

A nouveau, c'est faux. Encore au mois de janvier 1933 Hindenburg refuse toujours d'appeler le "caporal de Bohême" au pouvoir. Il faudra toutes les intrigues de Papen et d'Oskar Hindenburg pour qu'Hitler arrive enfin au pouvoir.

Auteur :  Mistigri 1er [ 30 Déc 2009 20:27 ]
Sujet du message :  Re: La prise de pouvoir d'Hitler.

APPRENTI a écrit :
@mistigri : dolchstosse = coup de poignard dans le dos. voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Dolchsto%C3%9Flegende
Merci, je ne trouvais rien via google ou wikipedia car je l'avais mal orthographié ; Dolchstoss au lieu de Dolchstoß. Encore faut-il savoir quelles touches taper sur le clavier :oops: ... quant à savoir, Narduccio, pourquoi ma recherche tout à l'heure sur le forum n'a pas abouti avant que je pose la question, alors que ça marche maintenant :oops: :oops:

Auteur :  APPRENTI [ 30 Déc 2009 20:42 ]
Sujet du message :  Re: La prise de pouvoir d'Hitler.

Duc de Raguse a écrit :
La droite ne représente plus grand chose et le DNVP s'est fait phagocité par le NSDAP entre 1928 et 1932. La cinquantaine de sièges qu'il occupe en 1933 est ridicule lorsqu'on connaît ses scores de 1924.
Vous avez raison, mais 50 sièges ce n'est pas rien, même si ça fait peu par rapport à leurs anciens score. 50 sièges ce n'est pas négligeable dans le vote des pleins pouvoirs, par exemple. Il manquait dans les 70 sièges aux nazis pour avoir la majorité au reichstag ; ça veut dire qu'avec le zentrum ils gagnent, mais sans (l'air de rien) ils perdent...

Citer :
Le parti est mort. Son alliance avec Hitler ne change plus rien, c'est un chant du cygne vide de conséquences réelles,
Le parti est peut-être mourant mais il n'est pas encore mort (il est dissous le 5 juillet), et le soutien pour le vote des pleins-pouvoirs est capital, même si on peut imaginer que les nazis se seraient débrouillé autrement.

Citer :
tout comme le vote des pleins pouvoirs d'ailleurs.
Il est un fait qu'on ne peut pas nier : la droite a voté les pleins pouvoirs à Hitler en toute conscience... Je ne pense pas qu'ils étaient "obligés" de le faire ; leur vote a été mûri et décidé ; le SPD a montré qu'on pouvait voté contre (malgré la présence des SA dans la salle).

Citer :
La messe est déjà dite depuis le 28 février 1933, tout ce qui se passe après n'est qu'anecdote logique.
Si on regarde à la loupe, Hitler chancelier n'avait pas les pleins pouvoirs, tout n'était donc pas joué. C'est bien pour cela que Papen croyait pouvoir "le tenir" d'ailleurs.

Citer :
Juste une précision tout de même : entre 1924 et 1928, le DNVP pratiquait une politique de tolérance à l'égard de la coalition de Weimar et a même soutenu certaines lois.
Il n'est pas hostile en permanence au régime, cela dépend du contexte et des hommes qui le dirigent.
Je ne dis pas le contraire. Par contre, une chose est sûre : le DNVP ne tolérait pas les communistes, et c'est peut-être bien pour cela que finalement ils s'est rallié aux nazis.

Citer :
Lui, par contre n'a jamais quitté son hostilité. De toute manière avant 1928, il ne représente pas grand chose au Reichstag. C'est un parti qui fait beaucoup de bruit, mais qui a une représentativité fort limitée.
La république de Weimar était une république imposée de l'étranger. Les Allemands, au moins pour une part d'entre eux, avaient choisi le socialisme (ex.: République des conseils de Munich). Seul le retour des forces armées, des forces d'extrême-droite avec les "corps-francs" ont étouffé dans le sang cette révolution avec le couvert de l'armée, des tribunaux (et avec le laisser-faire des Alliés). On retrouve dans les assassins de la révolution spartakiste (1918), les assassins de la République de Weimar (1933) : l'extrême-droite. C'est d'ailleurs en souvenir de ces répressions sanglantes que le KPD ne s'alliera jamais à un gouvernement ; les sociaux-démocrates sont ceux qui ont fait assassiner R. Luxembourg et K. Liebknecht.

Citer :
A nouveau, c'est faux. Encore au mois de janvier 1933 Hindenburg refuse toujours d'appeler le "caporal de Bohême" au pouvoir. Il faudra toutes les intrigues de Papen et d'Oskar Hindenburg pour qu'Hitler arrive enfin au pouvoir.

Personne n'aimait Hitler, mais tous voulait son soutien et qu'il détruise le communisme.
C'est pour ça que tout en l'insultant (dans son dos), ils l'ont quand même aidé dans son ascension : je vous ai retrouvé la source pour le soutien d'Hindenburg à Hitler avant 1930
Citer :
En novembre-décembre 1929, Hindenburg va même jusqu'à financer des meetings d'Hitler contre le plan qui prévoit le rééchelonnement du paiement des réparations28
cf. http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_nati ... ite_ref-27 qui cite S. Berstein (que j'ai cité plus haut).

@ mistigri : l'espèce de grand B est une lettre spécifiquement allemande, que tu ne peux trouver que sur les claviers allemands.

Auteur :  Cuchlainn [ 30 Déc 2009 21:19 ]
Sujet du message :  Re: La prise de pouvoir d'Hitler.

Citer :
Les Allemands, au moins pour une part d'entre eux, avaient choisi le socialisme (ex.: République des conseils de Munich). Seul le retour des forces armées, des forces d'extrême-droite avec les "corps-francs" ont étouffé dans le sang cette révolution avec le couvert de l'armée, des tribunaux (et avec le laisser-faire des Alliés).


Il y a beaucoup trop de déformations de l'histoire là-dedans pour qu'une discussion honnête soit possible. Joli raccourci, le discret petit "au moins une partie"... L'armée qui revient, ce n'est pas un corps d'officiers prussiens, ce sont les troufions mobilisés, autrement dit, en très grande partie des gens du peuple. En aucun cas vous ne pouvez prétendre que l'Allemagne aurait, même à une faible majorité, choisi le socialisme en 1918 (je passe sur vos insinuations concernant la paix). Un nombre bien trop important d'Allemands avaient, dans leur jeunesse, été imbibés d'idées "deutschnational" pour qu'un régime de gauche, qu'il fût communiste ou social-démocrate, pût avoir une chance d'emporter les suffrages. La vitesse, la facilité avec laquelle les Allemands gobent la légende du coup de poignard est édifiante. Avant la capitulation, l'unité allemande est en danger : la défaite est tellement patente, saute tellement aux yeux des soldats du front, qui le font savoir, que la Bavière rêve d'une paix séparée. Moins d'un an plus tard, tout le monde s'est mis d'accord : l'Allemagne n'a jamais été vaincue et paraderait dans Paris si des Juifs et des Messieurs en redingote n'en avaient pas décidé autrement ! C'est dire à quel point elle était attendue, cette couleuvre à avaler. La droite a choisi Hitler, mais de toute façon, elle avait la main. Les forces traditionnelles, à commencer par l'armée, avaient encore assez de prestige pour danser sur le ventre de la Constitution. Peut-être cela aurait-il changé sans la crise, si la République avait bénéficié d'une longue période de paix économique pour "faire ses preuves". Et encore. Le ressentiment était tel qu'il n'aurait pas été oublié si facilement.

Auteur :  Duc de Raguse [ 30 Déc 2009 23:11 ]
Sujet du message :  Re: La prise de pouvoir d'Hitler.

Citer :
La république de Weimar était une république imposée de l'étranger.

Franchement, cela dépasse l'entendement, on dirait le "coup de poignard dans le dos" version extrême-gauche... :rool:
Ebert, Scheidemann, Erzberger et consorts n'étaient pas des Allemands ?
Ce sont eux qui proclament les premiers la République et ce sont eux qui sont aussi des représentants élus, représentant la société civile allemande.
Le reste de votre propos n'est que propagande politique et non pas de l'Histoire.

Auteur :  Narduccio [ 30 Déc 2009 23:33 ]
Sujet du message :  Re: La prise de pouvoir d'Hitler.

En fait, la situation en novembre-décembre 1918 en Allemagne est tellement catastrophique qu'il n'y a pas grand monde pour se précipiter pour gouverner. Il y a des soviets dans de nombreuses villes, soviets formés par des déserteurs de l'armée allemande et par des ouvriers. Dans les campagnes, il y a des milices d'auto-défense prêtes à tout pour empêcher que les "voleurs communistes" ne viennent réquisitionner les vivres et les terres. Bref, le pays est au bord de la guerre civile. Les hommes politiques du SPD seront les seuls à accepter de s'allier à l'armée pour ramener la paix sociale. Et l'armée pour les remercier va inventer le mensonge du coup de poignard dans le dos. Or, s'ils n'avaient pas accepté de prendre les responsabilités du gouvernement, s'ils n'avaient pas accepté de demander un armistice, il n'y avait comme alternative que plusieurs mois de guerre, avec une guerre civile à la clef et la capitulation de l'armée allemande.

Si on est cynique, on constate que cela nous aurait peut-être permit de nous passer de la SGM.

Auteur :  APPRENTI [ 31 Déc 2009 16:50 ]
Sujet du message :  Re: La prise de pouvoir d'Hitler.

Cuchlainn : les Allemands n'étaient pas tous des nationalistes convaincus : par ex., le SPD détient 110 sièges en 1910 (sur 397, soit 27%). Les Allemands n'ont pas "bu" la thèse du "dolchstosse"... c'est la multiplication de la propagande nationaliste qui le fait croire. Vous extrapolez à toute la population allemande des ressentiments qui se limitaient aux nationalistes et militaires, or la majorité de la population allemande n'avait que faire de ces considérations politico-militaires, pour eux l'important c'était d'avoir la paix et à manger avant tout. C'est pourquoi une bonne part d'entre eux s'est révolté dès avant l'armistice (mais aussi après) et rejoint la gauche et l'extrême-gauche. La bourgeoisie comprend vite la nécessité de mettre fin à la guerre et de ramener la troupe au sein des frontières pour réprimer dans le sang toute volonté sécessionniste de l'empire et toute revendication communiste.

Duc de Raguse : Ebert, Schneidemann, etc. étaient allemands, élus et représentants de la société civile allemande, mais ils n'étaient pas les seuls et en quoi Ebert était-il habilité à représenter l'Allemagne ??? Si l'armée choisit Ebert pour signer l'armistice, ce n'est pas pour rien. C'est pour faire croire à la gauche qu'elle a le soutien de l'armée, et qu'elle peut donc leur faire confiance. Mais, c'est aussi parce que l'armée sait que Ebert et le SPD n'est pas d'extrême-gauche. Elle sait que le SPD votait les crédits de guerre dès 1914. Enfin l'armée voit en Ebert un homme de confiance dont elle fera ce qu'elle en veut : qu'il endosse la responsabilité de la défaite. Notez que ce n'est ni Hindenburg ni l'empereur qui signe la défaite... mais un SPD... joli coup monté vous ne trouvez pas ? Ebert s'est bien fait avoir là-dessus. Et en plus il a jeté le discrédit sur la gauche... l'armée et les nostalgiques du II° Reich vont pouvoir s'en donner à coeur joie dans leurs journaux.

La république de Weimar a été faite par, et pour, quelques partis : le SPD le Zentrum et les autres partis de droite ; et grâce au soutien des Alliés.
Le KPD s'est formé sur les ruines de l'USPD et des spartakistes qui avaient été massacré avec l'accord du SPD. Il était impensable de s'allier avec celui qui vous avait lâché et lynché quelques années auparavant.

Narduccio a écrit :
Les hommes politiques du SPD seront les seuls à accepter de s'allier à l'armée pour ramener la paix sociale.
Je ne le dirais pas comme ça, mais plutôt qu'ils acceptent d'écraser dans le sang les révoltes...
Il ne faut pas s'étonner que le KPD rafle tant de voies dès le début : les SPD s'est rendu ignoble en votant la politique de guerre du pays dès 1914 puis en s'alliant avec les massacreurs de 1918...
Si le SPD n'avait pas rallié l'armée, si Ebert n'avait pas signé ? On peut penser comme vous le dîtes que la guerre civile aurait été plus sauvage et qu'elle aurait duré plus longtemps, mais on peut aussi penser qu'un éclatement de l'Allemagne n'était pas impossible... ah, mais j'oubliais le rôle décisif des Alliés : ils ne voulaient pas d'une Allemagne éclatée, de même ils ne voulaient d'un "péril rouge" à leur porte... on peut donc légitimement penser qu'il serait advenu la même chose : l'écrasement des révoltes.
Mais un semblant de démocratie aurait eu du mal à pousser là-dessus... la vie politique de la république de Weimar se serait certainement limité au Zentrum et aux partis d'extrême-droite. On aurait certainement exécuté les leaders du SPD en plus de ceux du KPD. Bref l'extrême-droite aurait massacré l'extrême-gauche avant l'heure (1933), mais elle n'aurait pas pour autant abandonner l'idée de laver le déshonneur de Versailles (1919), et récupéré les terres perdues. Et la SGM se serait donc quand même déclenché.

Auteur :  Jean-Marc Labat [ 31 Déc 2009 17:30 ]
Sujet du message :  Re: La prise de pouvoir d'Hitler.

Mmoui, si les Spartakistes n'avaient pas été exécutés, ils auraient exécuté leurs opposants. Ce sont les risques du métier de révolutionnaire. Il n'y a pas de quoi pleurer sur leur sort, ils savaient à qoi ils s'exposaient.

Le KPD a culminé à 16,86% des voix en 1932. C'est un peu difficile de conquérir le pouvoir en refusant les alliances avec un tel score.

Pour le reste, c'est la vulgate habituelle, rien de neuf sous le soleil.

Auteur :  A 25 [ 31 Déc 2009 17:55 ]
Sujet du message :  Re: La prise de pouvoir d'Hitler.

Au risque de sortir une grosse sottise, ne peut on pas accuser Guillaume II ? je veux dire qu'en 1918, la monarchie et la caste militaire n'ont ils pas commis une grave lâcheté en abandonnant le pouvoir au lieu d'assumer la défaite ? ouvrant la porte à la légende de l'armée invaincue mais trahie, du diktat de Versailles accepté par le SPD, de cette République mal aimée et ingouvernable (avec son Reichspräsident noble et monarchiste à partir de 1925 !)

Uchronie : l'armistice est signé en septembre 1918 au nom du Kaiser Guillaume - puis le traité de Versailles est signé au nom du Kaiser (le même ou son fils si Guillaume veut absolument abdiquer). Dès lors, plus de "Dolchstosselegende", plus d'arrivée au pouvoir du SPD comme syndic de faillite du IIè Reich, plus de risque révolutionnaire - mais le maintien des responsables aux commandes (pas nécessairement les mêmes hommes mais au moins les mêmes structures : Etat major, noblesse, industrie...) qui ont l'expérience du pouvoir mais sont obligés d'accepter la parlementarisation du régime (en marche depuis 1890).

On évite aussi la création d'une République mal aimée (par le peuple comme par les élites) et on voit naître une monarchie parlementaire certes issue de la défaite (ce qui lui impose l'humilité) mais qui s'inscrit dans la continuité barrant la route aux extrêmistes de droite et de gauche.

Corrolaire : à mon avis le SPD est tombé dans un piège en accédant au pouvoir en novembre 1918 : il aurait du refuser la république et obliger la monarchie et l'armée à négocier avec les alliés et assumer la défaite pour ensuite imposer une réforme constitutionnelle limitée (suffrage universel égal en Prusse, responsabilité du chancelier devant la diète d'Empire). Je crois que certains députés SPD en étaient conscients mais voulaient éviter l'arriver au pouvoir des spartakistes.

Auteur :  Jean-Marc Labat [ 31 Déc 2009 18:07 ]
Sujet du message :  Re: La prise de pouvoir d'Hitler.

Bof, les Alliés voulaient traîner le Kaiser devant un tribunal. Je ne pense pas qu'ils souhaitaient traiter avec un ce qu'ils considéraient comme un criminel de guerre. Le départ de Guillaume était un préalable à la signature de l'armistice.

Page 5 sur 13 Le fuseau horaire est UTC+1 heure
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
https://www.phpbb.com/