Que les Visigoths fussent une minorité n’est un secret pour personne. Pas si infime quand même : des historiens avancent aujourd’hui des chiffres allant jusqu'à quatre cent mille, ce à quoi il faudrait ajouter d’autres composants comme les Suèves qui finirent par être assimilé dans le royaume de Tolède. De toute façon ce qui est irréfutable ce qu’ils formèrent dès le début la minorité dirigeante de la Monarchie espagnole des origines. Comme quelqu’un a dit, les Visigoths (los Godos) sont pour l’Espagne « del Siglo de Oro » ce que la Rome d’Auguste avait été pour la Renaissance italienne, et j’ajouterai volontiers ce que Jeanne d’Arc fut pour le royaume de France. L’intervenant ci-dessus soutient que l’élément visigot finit par être absorbé ou fusionné. Jose Antonio prétend le contraire, même au sens biologique ou sanguin du terme. Se trompa-t-il ? La chose est certainement discutable et les historiens en décans et en dehors ne se sont mis jusqu’ici entièrement d’accord. (Maurras, nationaliste français et antiallemand n’avait-il défini l’Espagne « cul de sac germanique en Europe» après sa visite en zone franquiste pendant la guerre civile ?…)
Que les lignes centrales de l’essai « Espagne : Germains contre berbères » (España : germanos contra bereberes ) de Jose Antonio Primo de Rivera ne manquaient pas d’éléments de crédibilité ou dans d’autres termes que la thèse germaniste décèle un fond de vérité par rapport à l’histoire de l’Espagne tel qu’il la défend je n’oserais pas le nier de toute façon ni m’inscrire en faux en quoi que ce soit contre lui et il me semble que sa mort tragique ne l’aura rendu que davantage crédible quel que soit le jugement ou l’analyse que chacun puisse faire de la guerre civile espagnole. Elle en aura fournis un puissant argument « a contrario » a mon avis face aux thèses « fusionnistes » telles que celle qui est ci-dessus défendue. Car la cible de la gauche belligérante telle qu’exprimée dans ses formulations historiques et idéologiques les plus emblématiques et représentatifs, a travers surtout de la propagande de guerre de la faction rouge/républicain pendant la guerre civile, était somme toute une caste (sic) dirigeante -ou si l’on préfère sa caricature- incarnée dans les vieilles institutions abhorrées, la Monarchie, l’Eglise, l’aristocratie (et l’Armée) dont les racines ne s’engouffraient pas moins dans la nuit des temps.
Un autre argument puissant dans ce sens le fournit sans aucun doute le polémique qui enflamme a l’heure actuelle la société espagnole se positionnant à toute hâte dans son entier autour du grand débat sur la guerre civile qui aura éclaté enfin au grand jour après des décennies de amnésie collective (de part et d’autre), comme quoi la guerre civile espagnole n’aura été une guerre civile comme toutes les autres, ou du moins pas seulement une guerre de fond ou nature idéologique –de la droite contre la gauche- comme on se plait encore la présenter, notamment en pays de francophonie.
Jose Antonio se laisse aller jusqu’a dire « qu‘en Espagne il y a deux peuples » et l’affirmation me le niera-t-il mon interlocuteur, est on ne peut plus lourde de sens…Préfiguration la guerre civile espagnole de « la guerre ethnique » tel qu’elle aura fait éclosion dans les Balkans cela fait une décennie? Les actuelles exacerbations séparatiste linguistique notamment en Catalogne et l’spectre (de balkanisation) qu’inévitablement l’accompagnent semblent donner raison hélas aux prophètes de calamités (comme le brave/papa/Jean –celui du concile Vatican deux- les appelait, dans un sens on ne pet plus belligérant et péjoratif) Cassandra par la voix d’un héro (assassiné) de la guerre civile espagnole? La chose hélas est tout sauf impensable aujourd’hui. Vents de guerre –de guerre civile, d’affrontement fratricide- dans l’Espagne de Jose Luis Zapatero, qui veut venger (à tout prix) son grand père militaire républicain exécuté au début de la guerre civile…
.Les Visigoths font partie certes de la Légende doré des espagnols mais comme quelqu’un aura dit aussi la légende n’est qu’une des formes (les plus hautes) de légitimité historique : Don Pelayo –premier monarque chrétien de la Reconquista- comme le rappelle Jose Antonio dans son essai- fut « hisse sur le pavois » (« alzado en triunfo sobre el paves ») dans la plus pure tradition des « Mannerbunde » des vieux Germains, et la chose sera restée ancrée -même en langue française- dans la Mémoire collective….
Amitiés sincères
ADDENDA. Si des noms germaniques figurent parmi ceux des membres de la Noblesse espagnole, n’en faisant partie je ne saurais pas le dire. Par la filière Habsbourg certainement. Mais la nomenclature germanique ou allemande n’aura pas manqué –de plus ou moins vieille souche- au sein de la société espagnole dans son entier. Mon nom de Krohn pour être franc –plusieurs générations déjà en Espagne depuis le dix neuvième siècle- ne commença me peser un peu lourd si l’on peut parler ainsi qu’à peine dans mes années d’univ, au tour de mai 68, et dans certains milieux politisés seulement…Auparavant, jamais de la vie, c’est vrai…
_________________ Compagne fidèle que la Mémoire!
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