Phocas a écrit :
Je reviens sur le Japon. Bernard Bruneteau n'en parle pas car d'une part il ne rentre pas dans la définition, d'autre part il ne fait qu'une introduction de 90 pages et laisse ensuite la parole à une cinquantaine d'auteurs des années 30. Regardez notamment le passage de Carlton Hayes qui montre en quoi le totalitarisme est une nouveauté, il retient sept éléments:
- le système s'empare de tous les pouvoirs et dirige l'ensemble des activités des citoyens,
- le régime s'appuie sur le soutien des masses pour justifier ses décisions,
- la dictature se maintient en utilisant agences de propagande et d'éducation,
- le dictateur propose un nouveau modèle eschatologique,
- un seul parti dispose des moyens nécessaires pour influencer l'opinion publique,
- exaltation de la force devenant un moyen d'atteindre ses objectifs,
- le totalitarisme se retourne contre l'ensemble de la civilisation occidentale. A mon avis, c'est en ce sens qu'on ne peut parler de totalitarisme au Japon. Il a été engendré qu'on le veuille ou non par l'Europe et son histoire.
Je trouve ce dernier critère parfaitement superflu. On s'interdit par avance de chercher des précurseurs au totalitarisme.
Quant aux autres critères, ils supposent que le projet ait abouti, que le pouvoir soit pris. C'est avant qu'il faut commencer à se demander ce qui est ou non totalitaire (même si ce n'est pas exactement le sujet ici). Et il n'y a pas forcément "un dictateur" à la tête. Ce peut être collégial. Ca l'est d'ailleurs toujours plus ou moins.
Après, le débat est empoisonné parce qu'on diabolise automatiquement. La diabolisation est pourtant un truc totalitaire. On doit pouvoir parler du totalitarisme de Robespierre sans s'interdire de parler aussi de ses mérites, et vice-versa.
Au passage, je suis un peu chagriné de ce que si peu de gens aillent voir la page que j'ai donnée en lien au début, mais on ne peut forcer personne (ce serait aussi totalitaire quelque part).