Duc de Raguse a écrit :
C'est justement cela qui me surprend. Laval bénéficie d'un capital confiance énorme à ce moment au niveau économique et financier. Pourquoi donc va-t-il être en permanence traîné dans la boue par la suite ? A cause des résultats de sa politique déflationniste ?
Ah cher duc, cela va nous éloigner de l'homme de l'année 1931...
Mais je pense qu'il y a de cela, en effet, car jusqu'en 1935, Laval continue à capitaliser les succès, notamment en politique extérieure.
Mais c’est sûr que quand il revient aux affaires en 1935, les conditions ont changé : le briandisme est mort, l’année dorée 1931 est loin, la crise financière de mai 35 a fait baisser l’encaisse métallique de 3 milliards en 15 jours et les capitaux fuit vers la Suisse ; Laval est donc le pompier de service et prend un gros risque en choisissant de gouverner par décret-loi, se mettant ainsi en première ligne : moins de contrôle de la Chambre pour plus d’efficacité.
Compression des prix, baisse des salaires des fonctionnaires (ce qu’ils n’oublieront pas), le tout récent FP tonne contre les « décrets-lois de famine ». Lors du fameux 14 juillet 35, Laval est pendu en effigie. Assez injuste en fait, car les allocations chômage n’ont pas été touchées, et les petits salaires moins réduits que les gros et de plus les impôts, qui pèsent en priorité sur les plus riches, ont été relevés de 50%. Le blocage des loyers n’est même pas mis à son bénéfice par la gauche, tandis qu’elle mécontente les propriétaires, bref, tout le monde lui tombe dessus, sauf Herriot qui le soutient. Fait capital : le groupe de presse Patenôtre (Le Petit Journal) qui l’a lancé et soutenu jusque là commence à l’attaquer aussi.
Emeutes en Juillet, alors que Laval pensait que l’été calmerait la contestation, les fonctionnaires puis les ouvriers manifestent : on tire : « Décrets-lois de sang », titre l’Humanité ; l’ « effet Roosevelt » ne marche pas (ses interventions à la radio tombent à plat) et cerise empoisonnée sur le gâteau, la politique italienne qu’il avait mis en place quand il était aux Affaires Etrangères s’effondre avec la crise éthiopienne ; voilà maintenant qu’on lui reproche d’avoir pactisé avec les fascistes...
Et même si finalement, la France s’en sort plutôt mieux que les autres pays avec sa politique déflationniste (budget en équilibre, dette publique stabilisé pour la première fois depuis 1926, 7% de chômeurs, bien moins que l’Angleterre ou les Etats-Unis au plus fort de leur crise), personne ne lui en sait gré, OUF, n’en jetez plus...