J’ai fini par tomber, sur le site « the avalon project », sur les documents du procès de Nuremberg… J’ai trouvé un seul passage sur ce sujet, lors de l’interrogatoire de Göring ; l’accusateur américain mentionne :
- l’existence d’un souterrain entre le domicile de Göring (palais du président du Reichstag) et le Reichstag (d’après Göring, pour le transport du charbon de chauffage)
- les affirmations du chef SA Ernst qui indique avoir préparé les matériaux inflammables avec l’aide de 2 autres SA et sur indications de Göbbels et Göring ; on ne précise pas par quelles voies ont été faites ces affirmations, mais elles datent d’entre février 33 et juin 34 (donc avant le procès de Nüremberg), Ernst étant tué lors de la nuit des longs couteaux.
- un témoignage (Halder) selon lequel Göring aurait affirmé avoir mis le feu au Reichstag, sous forme de blague (sacré Hermann, toujours le mot pour rire).
Par contre dans les conclusions du tribunal, je n’ai pas retrouvé mention de culpabilité dans l’incendie du Reichstag, notamment dans le chapitre « moyens utilisés par les conspirateurs nazis pour prendre le contrôle de l’Etat allemand » (où sont seulement citées les lois du 28 février 33) ni dans le jugement concernant Göring. Mais bon, ce n’est pas en tant que pyromanes que les accusés étaient jugés …
Il est bien possible que j’aie raté quelque chose dans la forêt touffue des documents, mais sinon, il me semble quand même hâtif de conclure que la manipulation ait été « prouvée » lors du procès de Nüremberg. Il n’y a finalement que des témoignages, dont un seul auprès du tribunal ; c’est la parole de SA ou de dignitaires du régime nazi contre celle de Göring… Bof.
Malgré tout, les nazis avaient le mobile (fournir un prétexte aux lois d’exception), les moyens (toute l’organisation du parti) et l’occasion (la tentative de Van der Lubbe) … difficile de ne pas y voir une machination, mais j’ai bien peur que les « preuves » soient difficiles à apporter.
C’est pourquoi, si vous avez d’autres sources, je suis toujours preneur…
Jean-Claude a écrit :
Et puis, pour revenir sur la remarque de Dupleix, ce n'est pas parce qu'une thèse est défendue par le PC qu'elle est forcément fausse!
Certes non ! Mais :
-ça se passe dans les années 30, âge d’or de Staline : le doute s’installe ;
-la thèse en question a fait l’objet d’un véritable battage médiatique : le « livre brun » est publié en 15 langues, des contre-procès sont organisés ; ça commence à fleurer bon l’opération de propagande ;
-et enfin, Van der Lubbe y serait présenté comme un semi-débile homosexuel, ce qui a l’intérêt rend beaucoup plus vraisemblable une manipulation par les nazis, mais l’inconvénient d’être complètement faux, si j’en juge par divers compte-rendus de la publication de sa correspondance et de ses carnets. Et là on se demande quelle part de vérité, au juste, contient cette théorie.