Bonjour,
Je viens de terminer un petit bouquin passionnant, trouvé par hasard dans une bibliothèque: "Les torpilleurs du Soleil Levant", du capitaine de vaisseau Tameichi HARA.
Celui-ci a fait une grande partie de la guerre à titre de capitaine de destroyers (campagne de Java, batailles de Guadalcanal, campagne des Salomons). Il fut ensuite formateur des nouvelles vedettes japonaises (en réaction aux vedettes américaines et à leurs attaques éclairs si efficaces - exemple, celui du future président JFK) et finalement, il fut commandant du Yahagi, le croiseur qui accompagnait le Yamato, lors de sa dernière sortie en avril 1945.
Ce petit bouquin se lit comme un roman, surtout les batailles entourant Guadalcanal et la campagne des Salomons. On y apprend beaucoup sur la doctrine opérationnelle de la marine japonaise, de la stratégie "par petit paquet" de Yamamoto et de ses successeurs et de la tendance très japonaises de peu innover sur le plan doctrinal et, lorsqu'un changement dans la doctrine opérationnelle s'imposait, leur tendance à la reprendre sans innover encore une fois et la facilité avec laquelle les Américains leur tendait des pièges.
On sent dans cette lecture l'angoisse des batailles de nuit, la multiplication des erreurs (toujours à postério) des deux camps, dû à l'incertitude et à la nécessité de présumer ou est l'ennemi, ses intentions, la réalité de ses forces, etc.
Ce qui ressort également de cette lecture, c'est la relative faiblesse initiale de la marine impériale japonaise. Dès les premières campagnes, celle de Java par exemple, les navires japonais avaient reçu l'ordre de ne pas gaspiller leurs munitions. Beaucoup d'erreurs furent commises par les Japonais, mais les alliés en commirent encore davantage.
On sent la campagne d'usure lors des batailles navales de Guadalcanal, les nombreuses victoires tactiques japonaises mais défaites stratégique. On ressent le moment où tout bascule, vers la mi-1943, où l'usure des navires et des hommes, fait subitement basculer la victoire.
Dès avant la suprématie américaine, tant matérielle que technologique, c'est d'abord la stratégie japonaise d'intervenir par "petits paquets", qui est à l'origine de leur défaite. Jusqu'au printemps 1943, la marine impériale japonaise avait la supériorité numérique sur la flotte américaine et elle n'en a pas profité pour se concentrer et écraser l'adversaire. Lorsque la marine américaine, à la fin de 1943 se renforcira considérablement d'un seul coup par l'arrivée des nouveaux porte-avions et navires de batailles, elle aura devant elle une marine japonaise déjà très affaiblit, tant matériellement qu'humainement, par plus d'un an de guerre d'usure dans les Salomons.
Une lecture très intéressante qui permet de bien saisir au quotidien la montée en puissance de la marine japonaise, son zénith, son lent déclin (fin 1942 à fin 1943) et ensuite sa chute rapide à partir de 1944.
Marc
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