baudolino a écrit :
Voter NSDAP avant que celui-ci ne mette en œuvre sa politique totalitaire ne signifie pas qu’on est pour la réalisation du programme nazi. Combien d’électeurs avaient vraiment lu ce programme ? Qui peut le dire ?
Là, mon cher Baudolino, je ne vous rejoins pas tout à fait: dans une démocratie voter est (un peu) un droit et (beaucoup) un devoir donc une responsabilité. Voter NSDAP sans avoir bien lu, sans avoir tout compris, comme ça, par hasard ou pour protester, n'est certainement pas une "excuse"; c'est au moins aussi grave que de le faire par conviction. C'est un signe de totale inconscience, d'indignité et d'incapacité politique.
En revanche, vous avez bien raison de souligner les 2/3 qui n'ont pas voté NSDAP; mais pourquoi ont-ils fermé les yeux ensuite? Sur la connaissance des camps, on peut ergoter longtemps (encore que je sois persuadé qu'il s'agisse surtout de volonté de ne pas connaitre), mais sur des évènements tels que la nuit des longs couteaux, il n'y a pas trop de doute: on dort plus tranquille les volets fermés.
Primo Levi raconte qu'au début de l'hiver 45 il est assigné à un travail de laborantin dans un labo de chimie attenant à Auschwitz: il se sent lui-même ignoble, repoussant, à peine humain. Ce qui le blesse alors profondément c'est le non-regard des chimistes, ou des aides de laboratoire, jeunes filles blondes et dodues, pleines de vie, sûrement pas nazies, mais indifférentes... Personne qui lui fasse le cadeau de voir en lui un Homme. Lui même dit que, à l'évidence les SS sont des bêtes, mais il ne peut pas ne pas mépriser (le mot est peut-être impropre) très profondément ceux qui ont permis au système d'être, simplement parce qu'ils ont tourné la tête.