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Message Publié : 29 Avr 2023 5:24 
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Loïc a écrit :
le président s'était prononcé non seulement pour un gouvernement militaire de la France mais également pour la supervision des élections qui rétabliraient la «légitimité»
le Secrétaire d'Etat à la Guerre trouvait ce projet déroutant : « l'Amérique ne peut pas superviser les élections d'un grand pays comme la France (...) où nous assumerons plus ou moins la responsabilité de nous comporter suivant des principes anglo-saxons cela entraînerait de terribles dangers et pourrait nous aliéner à tout jamais l'amitié entre la France et les Etats-Unis»

Les autorités militaires Américaines et la France Libre de 1942 à 1944
Mario Rossi [/color][/i]


en quelque sorte les Français peuvent dire doublement merci aux militaires Yankees : d'avoir libéré la France des allemands...et de Roosevelt!

Roosevelt a été, après évidement Hitler et Mussolimi, le pire adversaire de De Gaulle.

Gilles Perrault raconte sa surprise, lors de la publication des Mémoires de Guerre, de constater que ce n'était pas le 18 juin 1940 qui avait ouvert les plus grandes difficultés à De Gaulle,mais bien le 8 novembre 42, date du débarquement allié en AFN.

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Message Publié : 29 Avr 2023 6:11 
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Marc Bloch
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Cet acharnement de Roosevelt reste étonnant.

Questions : si la France avait été placé sous un statut comparable à l'Italie, que serait devenu son empire colonial ?

Dans une perspective plus générale Roosevelt n'aurait il pas été plus libre pour traiter avec Staline en marginalisant Churchill ??


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Message Publié : 30 Avr 2023 10:48 
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Polybe
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Tout cela prouve que Roosevelt (comme trop d’Américains) était un ignare dans sa connaissance de l’histoire et de la politique européenne.
Je pense que les Anglais ne l’auraient pas suivi dans ses divagations. Ils ont une connaissance trop pointue du continent européen.
Depuis des siècles (en fait, depuis la fin de la guerre de cent ans), leur politique européenne est basée sur deux axiomes :
1. Pas de rapprochement trop étroit entre nations européennes.
2. Pas de puissance dominante sur le continent.
Il faut donc rabaisser la France quand elle est trop forte, mais aider à son redressement quand elle est affaiblie. Il en a été de même avec l’Espagne, l’Allemagne ou la Russie.
Cela nous a profité à la fin de la guerre de succession d’Espagne, les Anglais étaient absents à la bataille de Denain (1709), après Waterloo quand les autres alliés voulaient démembrer la France, en 1914 quand la France seule n’aurait pu résister à l’empire allemand ou en 1945 quand la puissance soviétique était à son zénith et qu’ils ont aidé à l’obtention d’un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU naissante.
Mais, ils combattent la France quand Louis XIV ou Napoléon sont sur le point d’en faire la seule grande puissance continentale, s’en désolidarisent en 1918 ou en 1921 quand avec l’occupation de la Rhénanie, la France risquait de s’installer durablement sur la rive orientale du Rhin.
Ils n’auraient pas suivi Roosevelt dans son plan fumeux de création d’une nouvelle Lotharingie constituée de l’Alsace-Lorraine, du Luxembourg, de la Wallonie et du nord de la France. Je pense en effet qu’un tel ensemble, essentiellement francophone, se serait rapidement rapproché de la France qui y aurait gagné la Wallonie voire le Luxembourg.
La grande duchesse luxembourgeoise a sans doute perçu ce danger. Ce qui explique sans doute sa méfiance vis à vis d’un projet qui aurait pourtant multiplié par vingt son domaine.


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Message Publié : 30 Avr 2023 13:31 
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Jean Froissart
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Que Roosevelt soit ignorant des affaires Européennes bien qu'il connaisse la France et l'Allemagne par des fonctions et séjours précédents, c'est souligné pour divers auteurs et à l'évidence ses interlocuteurs de l'époque américains ou étrangers s'en sont rendus compte

pour rebondir sur les questions de Jerôme
difficile d'appliquer le cas de l'Italie à la France car cette dernière été attaquée par les trois pays de l'Axe, dont l'Italie, et non membre de celui-ci ayant déclaré la guerre aux puissances alliées
le statut de cobelligérance est vraiment taillé sur mesure pour l'Italie à la grande fureur et exaspération de la France et sans doute de la Grèce Yougoslavie qui voient à raison une tentative Italienne d'amender son passé de puissance occupante et répressive dans ces pays
la situation de l'Empire Colonial n'a pas non plus de comparaison par la taille et le statut, l'Italie accuse assez vite la perte de l'Ethiopie Erythrée Somalie, la Libye étant déjà partiellement sous conquête Française par le Fezzan dés 1942 tandis que l'Empire Français n'a cessé de baigner sous le drapeau Français (moins 6 mois d'occupation germano-italienne en Tunisie et le cas particulier de l'Indochine sous modus vivendi japonais)

Citer :
Dans une perspective plus générale Roosevelt n'aurait il pas été plus libre pour traiter avec Staline en marginalisant Churchill ??

je crois que même si la Grande Bretagne apparaît sur les photos de famille des trois grands pour faire bonne figure, sa position est très affaiblie et les deux autres ne vont guère être gênés pour envisager la dépossession des Empires Coloniaux sans le moindre égard pour la Grande Bretagne, on m'a reporté que au lieu de parler de l'Allemagne nazie qu'on pourrait croire monopoliser les conversations, ils le firent sans le moindre embarras à Téhéran dans le dos du troisième larron, tout en conservant le "secret" reconnu Roosevelt car si Churchill l'apprenait il viendrait à les "tuer" reconnu à son tour Staline!

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Message Publié : 30 Avr 2023 16:57 
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Marc Bloch
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Merci

Je pense intuitivement qu un gouvernement Pétain à Paris en 1944 sous protection US aurait facilement débouché dans l'esprit de Roosevelt sur une réorganisation de l Europe et du monde à la main des États-Unis...


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Message Publié : 30 Avr 2023 19:08 
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Jerôme a écrit :
Merci

Je pense intuitivement qu un gouvernement Pétain à Paris en 1944 sous protection US aurait facilement débouché dans l'esprit de Roosevelt sur une réorganisation de l Europe et du monde à la main des États-Unis...


Cela aurait surtout débouché sur une guerre civile en France.

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Message Publié : 30 Avr 2023 19:09 
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Marc Bloch
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Narduccio a écrit :
Jerôme a écrit :
Merci

Je pense intuitivement qu un gouvernement Pétain à Paris en 1944 sous protection US aurait facilement débouché dans l'esprit de Roosevelt sur une réorganisation de l Europe et du monde à la main des États-Unis...


Cela aurait surtout débouché sur une guerre civile en France.


Bien sûr. Mais je ne crois pas que cela ait été le but de Roosevelt
...c'est ce but que je cherche à élucider...


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Message Publié : 30 Avr 2023 19:37 
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Cela n'aurait pas été le but, mais cela aurait été le résultat. Et c'est parce qu'il avait compris cela qu'Eisenhower a laissé faire la solution "de Gaule" dès qu'il a vu que celui-ci arrivait à mettre en place ses préfets...

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Message Publié : 30 Avr 2023 22:31 
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Pierre de L'Estoile
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Jerôme a écrit :
Je pense intuitivement qu un gouvernement Pétain à Paris en 1944 sous protection US aurait facilement débouché dans l'esprit de Roosevelt sur une réorganisation de l Europe et du monde à la main des États-Unis...
Quelle idée ! Pétain à Paris sous protection US !
Déjà ni Roosevelt ni Pétain n’y ont jamais pensé. Les Etats-Unis avaient rompu avec Vichy en novembre 1942 et il était formellement interdit à Dwight Eisenhower de faire appel à aucune personnalité compromise avec ce régime. Quant à Pétain, il s’était résolu à une passation officielle de pouvoirs avec de Gaulle ce pour quoi il avait délégué l’amiral Auphan le 11 août 1944, ce qui n’eut d’autre suite que l’arrestation de l’amiral.
Une réorganisation du monde, Roosevelt y avait pensé. Cela s’est réalisé sous la forme des Nations-Unies. Il aurait souhaité la fin des colonies mais comme Churchill n’aimait pas cette idée, il n’est pas allé plus loin. Il a été question toutefois de l’avenir de l’Indochine pour la placer sous administration des Nations-Unies, idée abandonnée ce qui valut à la France de s’embourber dans la guerre d’Indochine.

Roosevelt n’était pas un ignare. Il avait appris le français et l’allemand et avait voyagé en Europe au cours de la première guerre mondiale en tant que secrétaire adjoint à la marine. Pendant la seconde guerre mondiale, il était président des Etat-Unis et s’est comporté comme tel. Il ne faut pas chercher plus loin. Pour le président des Etats-Unis, de Gaulle ne représentait pas grand-chose. Il ne l’aimait pas, c’est certain, mais il ne faut pas fantasmer outre mesure. D’un côté, la France Libre et le CFLN ont été tenus à l’écart des grandes décisions : conférences du Caire, de Téhéran et de Yalta, débarquements en Afrique du nord et en Normandie. En Afrique du Nord, Roosevelt et Churchill ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour installer Giraud au lieu de de Gaulle. Mais, de l’autre côté, les ennemis étaient Hitler et Mussolini tandis que de Gaulle, lui, était un allié, difficile peut-être, mais un allié avec qui Roosevelt et Churchill n’ont cessé de coopérer dans le but commun de vaincre l’Allemagne nazie. Ainsi, par exemple, avant même la fin des relations avec Vichy, un bureau de représentation de la France Libre avait été installé à Washington et des navires de la France Libre venaient se faire caréner aux Etats-Unis.

Le projet d’AMGOT s’explique facilement. A la base, le premier centre de formation avait été ouvert en Angleterre, à Cambrigde, dès 1941 pour les besoins de l’administration des territoires africains conquis sur l’Italie. Ensuite, en 1943, l’état de l’Italie était tel qu’une administration militaire s’était imposée. Ce que serait la situation en France était encore une inconnue à la veille du débarquement de juin 1944. Churchill et Eisenhower, ne pensaient pas que la France connaîtrait un désordre semblable à celui de l’Italie. Roosevelt avait plus de doutes, il ne considérait le FNLN que comme une organisation comme une autre et qu’il faudrait dans un premier temps confier l’administration du pays au commandement mais, quoi qu’il en fût, Eisenhower avait carte blanche comme l’aurait plus tard Mac Arthur en extrême-orient. Le GRPF ayant pris en main l’administration du pays, Roosevelt laissa faire. Il avait des préventions contre de Gaulle, certes, mais il n’avait pas particulièrement de noirs desseins.


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Message Publié : 01 Mai 2023 19:36 
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La France doit une fière chandelle à Churchill, et d'abord un siège parmi les cinq grands à l'ONU.

Il faut dire que Roosevelt lui écrivait des choses du genre "Je pense qu'à l'avenir, seules deux nations européennes devraient être autorisées à posséder une armée : Le Royaume-Uni et l'URSS, les autres ne possédant rien de plus dangereux que des fusils." 8-|

C'est parce qu'il mesurait le danger de telles absurdités que Churchill, qui se souciait de la situation européenne à plus long terme, et tenait à équilibrer la puissance russe - voire même la future puissance allemande, son avenir n'étant pas déterminé - se décida à oublier toutes ses dissensions avec De Gaulle et appuya systématiquement la France.

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Message Publié : 01 Mai 2023 19:47 
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Marc Bloch
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Oui Pierma

Un détail quand le préfet gaulliste est installé en Normandie ce me semble avoir ete avec l'accord de Montgomery et donc de Churchill. Pas grâce à Eisenhower.


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Message Publié : 01 Mai 2023 22:55 
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Philippe de Commines
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Pierma a écrit :
Il faut dire que Roosevelt lui écrivait des choses du genre "Je pense qu'à l'avenir, seules deux nations européennes devraient être autorisées à posséder une armée : Le Royaume-Uni et l'URSS, les autres ne possédant rien de plus dangereux que des fusils." 8-|

A la décharge de Roosevelt, il faut rappeler que l'homme était déjà assez âgé, usé et très malade depuis pas mal d'années...
Logiquement, il n'aurait même pas pu se représenter en 1944 pour sa troisième réélection. Sauf que la guerre n'était pas encore gagnée et " On ne change de pilote au milieu du gué."

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“La barbarie est l'état naturel de l'humanité, [...]. La civilisation n'est pas naturelle. Elle résulte simplement d'un concours de circonstances. Et la barbarie finira toujours par triompher.” ― Robert E. Howard


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Message Publié : 02 Mai 2023 13:33 
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Pierre de L'Estoile
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Pierma a écrit :
Lorsque De Gaulle, à Bayeux, met en place son premier préfet, François Coulet, les officiers de l'Amgot présents en Normandie font le projet de l'arrêter pour prendre sa place. C'est Eisenhower qui a empêché cette folie
François Coulet en parle dans ses mémoires. La chose lui a été racontée lors d’un dîner après la libération de Paris par le général Bell Smith, chef d’état-major d’Eisenhower. Entre le 16 et le 19 juin, un petit détachement s’était tenu prêt à se saisir de lui pour le renvoyer en Angleterre sur un ordre qui n’est jamais arrivé, probablement grâce à Eisenhower. Bedell Smith n’a pas précisé qui avait pris cette initiative qui, de toute façon, devait recevoir un aval qui n’est jamais arrivé.

Jerôme a écrit :
Je connaissais cette histoire mais je n'ai jamais compris comment Eisenhower avait pris le risque de contredire FDR. comment le président des États-Unis avait il pris la chose ?
Eisenhower, en tant que commandant en chef des forces alliées, n’était pas placé directement sous les ordres du président américain. Il exécutait le plan préparé par le SHAEF, approuvé par les deux gouvernements britannique et américain, pour quoi il avait reçu tous pouvoirs. Il avait notamment tous pouvoirs en ce qui concerne l’administration des territoires libérés. Il n’a pas contredit Roosevelt, il a usé de l’autorité dont il avait été investi.

Le CFLN ne s’était jamais revendiqué comme un gouvernement ayant le 3 juin. En conséquence, les territoires français libérés auraient le statut de territoires occupés et les Alliés, puissance occupante, devaient se conformer à la Convention de La Haye de 1907. La puissance occupante, qui avait investi le commandant suprême Eisenhower de ses pouvoirs administratifs se devait donc de pourvoir à l’administration et aux services publics essentiels dans le respect des lois du pays occupé, d’où les dispositions prises pour un futur AMGOT dont la mission pouvait inclure l’organisation d’élections. Roosevelt l’entendait strictement ainsi. Churchill ainsi qu’Eisenhower, prenant acte du fait que le CFLN gouvernait déjà l’Afrique du nord à la suite des accords passés avec Darlan puis Giraud et de Gaulle ainsi que la Corse, pensaient qu’il était tout naturel que le CFLN administrât les territoires libérés après le débarquement en Normandie. Néanmoins les dispositifs d’une administration dirigée par des militaires placés sous l’autorité d’Eisenhower étaient prêts et pouvaient être mis en place si les circonstances l’exigeaient.

Rien n’avait été formalisé. Les intentions de de Gaulle étaient claires puisqu’il avait fait savoir le 3 juin que le CFLN devenait GRPF mais les gouvernements américains et britannique n’avaient pas reconnu ce dernier à la différences des gouvernements européens réfugiés à Londres. La situation était donc ambiguë. L’installation à Bayeux de François Coulet le 14 juin mettait les Alliés devant le fait accompli. De Gaulle le présenta à Montgomery qui s’était aussi installé à Bayeux et qui ne fit pas d’objection. Il n’y eut pas de conflit ultérieurement. Montgomery au début très réservé, changea d’attitude envers Coulet quand il apprit que celui-ci était de religion protestante. François Coulet tint une conférence de presse le 16 devant une cinquantaine de journalistes. L’un d’eux, venant de Washington, lui demanda s’il n’était pas là sans l’autorisation des gouvernements alliés. Coulet répondit que sa présence avait été notifiée par de Gaulle à Montgomery et que le gouvernement provisoire n’avait besoin d’aucune autorisation pour gouverner.

Je crois avoir lu qu’un officier des Civil Affairs s’était installé dans une mairie ou une sous-préfecture mais qu’il n'y resta pas longtemps.

Le seul différend notable porta sur la « fausse monnaie ». De Gaulle avait fait savoir à Montgomery ce qu’il en pensait. Coulet avait averti la population qu’elle ne serait pas acceptée pour payer les impôts et taxes. La mini-crise fut réglée par le général Koenig. Le montant de la « fausse monnaie » mise en circulation était modique, la question de cette fausse monnaie était en cours de discussion à Washington et Koenig parvint à un arrangement avec les Alliés. La « fausse monnaie » serait acceptée mais non remise en circulation et désormais les forces alliées seraient approvisionnées en espèces émises par la Banque de France que Coulet avait apportées en suffisance et que les banques locales pouvaient elles aussi fournir en suffisance.


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Message Publié : 02 Mai 2023 22:06 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

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Localisation : Toulouse
Je conseille sur le sujet la lecture du livre "When Roosevelt planned to govern France" dont j'ai parlé ici :

viewtopic.php?f=69&t=42756&start=30

Le cabinet britannique, Eisenhower, Hull, Churchill, et enfin Roosevelt après tous les autres, tous se rendent compte que De Gaulle est la seule solution.
A partir d'au moins octobre 1943, il n'est plus question d'AMGOT en France (selon les mots des envoyés de la France Libre auprès du SHAEF).

Les administrateurs, commandos, agents des Civil Affairs prétendument sur le pied de guerre voire déjà installés le 6 juin 1944 ne semblent pas avoir laissé de traces ailleurs que dans les mémoires rédigés par les principaux gaullistes 10 ou 20 ans plus tard (à commencer par le grand Charles lui-même, d'ailleurs, dans ses Mémoires de guerre).


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Message Publié : 04 Mai 2023 14:13 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

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C’est loin d’être aussi simple.
Tous s’étaient rendu compte que De Gaulle était la seule solution, certes, mais la question était ailleurs.
Bien avant le débarquement, aussi bien Churchill que Roosevelt avaient pris acte de l’existence du CFLN. Mais quelles seraient les rapports entre les forces alliées et les autorités civiles françaises ? Ce n’était pas clair du tout. Régnait un flou qui ne fut définitivement dissipé qu’en octobre 1944 par la reconnaissance du GRPF par les gouvernements américain et britannique.

Les Alliés n’avaient pas l’intention de désigner des militaires pour occuper des postes d’administration civile comme ils avaient dû le faire en Italie où le chaos était total. Ainsi il n’était pas dans l’intention d’Eisenhower de désigner un militaire américain à la place de François Coulet dont le poste de commissaire de la République venait d’être créé et ce dont Eisenhower, dont l’intention était de s’immiscer le moins possible dans des affaires politiques, ne voulait pas se mêler. Mais Coulet serait-il le représentant du gouvernement d’un pays souverain ou une autorité locale dans un pays placé sous la tutelle du commandement des forces alliées ? En d’autres termes, Coulet était-il à la botte d’Eisenhower ? La réponse est plutôt oui.

D’abord, le GRPF n’était reconnu comme tel ni par les Américains ni par les Britanniques. Donc, logiquement, si de Gaulle nommait à un poste d’autorité sur le territoire français, son titulaire restait soumis au pouvoir discrétionnaire du commandement des forces alliées.

Le jour du débarquement, Eisenhower, adressait un message radiodiffusé à la population française : «Comme Commandant Suprême des Forces Expéditionnaires Alliées, j'ai le devoir et la responsabilité de prendre toutes les mesures nécessaire à la conduite de la guerre. Je sais que je puis compter sur vous pour obéir aux ordres que je serai appelé à promulguer. »

Le même jour, de Gaulle en adressait un autre : « Le bon ordre dans la bataille exige plusieurs conditions. La première est que les consignes données par le gouvernement français et par les chefs français qui l'a qualifiés pour le faire à l'échelon national et à l'échelon local soient exactement suivies. »

Qui était le chef ? De Gaulle ou Eisenhower ?

Quand les GI’s débarquèrent, ils avaient en poche des billets de banques libellés en francs mais imprimés aux Etat-Unis. Pour de Gaulle, c’était inacceptable. Pourtant, il aurait été simple de convenir avec le CFLN d’une fourniture de numéraire. Mais voilà, on ne traitait pas avec le CFLN. Tout le problème était là.

Les gouvernements américains et britanniques avaient conclu des accords avec les gouvernements en exil norvégien, néerlandais belge et luxembourgeois mais rien avec le CFLN. Le principe de ces accords était que, dans les zones de combat, les officiers des affaires civiles, attachés directement à des unités militaires, auraient tous pouvoirs, agissant toutefois par l’intermédiaire de fonctionnaires locaux, tandis qu’à l’arrière les gouvernements actuellement en exil regagneraient leur souveraineté étant bien entendu qu’ils accorderaient toutes facilités que les forces alliées pourraient requérir pour les besoins de la guerre.

Le gouvernement britannique ainsi que le secrétariat d’État américain était disposé à conclure un tel accord avec le CFLN mais Roosevelt s’y opposait s’en tenant à un mémorandum dit Dunn-Wright qui n’était que l’application de la convention de La Haye visant les agissements de la puissance occupante sur les territoires occupés.
Les choses en étaient là lorsque de Gaulle fit une visite à Bayeux où il intronisa Coulet et il appartint ensuite à Coulet de se faire admettre ce qui ne fut pas très facile.

Les agents des « civil affairs » ont fait ce pourquoi ils étaient venus, : régler toutes affaires qui avaient des implications non strictement militaires comme l’utilisation de voies ferrées, l’installation d’hôpitaux d’aérodromes, d’entrepôts etc. Ces affaires étaient nombreuses. Exemple concret : le réseau routier dans la région de Bayeux était très insuffisant. Dans les jours suivant le débarquement le génie britannique perça les routes nécessaires en démolissant au passage quelques habitations. C’était donner du travail aux civil affairs,


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