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Message Publié : 30 Mars 2008 12:40 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 09 Juin 2007 18:53
Message(s) : 26
Mes grands parents étant juif ont été déporté, ils ne sont jamais revenus des camps, mon pere a été caché et recueilli pas un couple de français il a été caché jusqu'a la fin de la guerre.
Mais ce qui est "marrant" c'est que dans les années 40 il n'était pas vraiment français (suivant le norme de l'époque) mais surtout voire essentiellement juif, mais en 56 il était redevenue suffisament français pour etre envoyé, puis blessé, en Algérie... Faut dire que son pere était français quand il s'est engagé dans l'armée française en 17 ou 18 (je sais plus) mais était surtout juif dans les années 40...
Comme les français peuvent etre versatile...

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Qui sauve une vie, sauve l'Humanité


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Message Publié : 31 Mars 2008 6:05 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 30 Juin 2006 19:28
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Je me permets quant à moi d'intervenir rapidement pour vous livrer en "vrac" quelques petites anecdotes rapportées par mes grands-parents paternels lorsque j'étais plus jeune, lesquelles m'avait quelque peu "marqué" à l'époque:
-D'abord qu'ils ont vécu à Nantes pendant toute la durée de l'occupation;
-Ensuite, que ma grand-mère a vu "agonir" sous ses yeux une amie d'enfance lors d'un sévère bombardement aérien américain en septembre (?) 1943. Cela s'est passé aux "Galeries Lafayette", près du quartier de la "Duchesse Anne"...Ce bombardement de l'aviation américaine a été mal "vécu" par les Nantais d'alors (papy et mamie ont souvent comparé les "cow-boys" américains à de jeunes "branleurs" qui visaient à l'aveuglette, contrairement aux pilotes britanniques et canadiens, qui, selon eux, volaient plus bas et prenaient plus de risques face à la "FLAK" (celle-ci installée près des installations portuaires et des chantiers navals il me semble...) pour toucher avec précision leurs cibles;
-Mon grand-père allait souvent faire du "marché noir", à vélo, avec des amis habitant la campagne, dans la région de la Meilleray-de-Bretagne, qui se situe à une quarantaine de kilomètres de Nantes (là ou la "bouffe" était encore quelque peu abondante d'après ses dires...). Il ramenait de la viande et des légumes pour nourrir sa femme et ses trois enfants restés dans le chef-lieu de la Loire-Inférieure, détachée de la région bretonne en 1941 par le régime de Vichy si je ne me trompe, au passage...[Depuis, les Bretons sont "furax" et le font savoir en pinturlurant du "BZH" (Bretagne Zone Humide... ;) ) sur tous les panneaux indicateurs du département]; malheureusement, il lui est arrivé une fois ou deux de se faire "taxer" sa précieuse marchandise lors d'un contrôle d'identité effectué par la...GENDARMERIE FRANCAISE !!! Le papy en a toujours gardé une certaine rancoeur vis-à-vis de cette "administration militaire" depuis lors...
-Il m'a avoué sincèrement qu'il lui est arrivé également de boire un "p'tit godet" dans l'estaminet du quartier (celui de l'actuel CHU de la ville...) avec deux pauvres "bougres" de la Wermarcht qui avaient fait 14-18, lesquels étaient littéralement "dégoutés" de remettre ça une deuxième fois à cause de l'autre "agité à moustache" et qui ne désiraient qu'une chose: rentrer chez eux vivants (c'est-à-dire sans faire un séjour par le front russe...La simple évocation du mot "russe" les déprimait littéralement, toujours selon le papy...);
-Autre anecdote, livrée par ma grand-mère cette fois: l'attaque, alors qu'il se trouvait en gare, d'un train de munitions allemand par la RAF en 1944, du côté de Nord/Erdre...Mamie se trouvait à quelques kilomètres, en vélo, et a été impressionnée par la précision et l'efficacité du raid anglais (malheureusement, le mari d'une de ses amies a été réquisitionné par les Allemands, avec d'autres habitants du village, pour déblayer la voie a été tué ensuite par l'explosion d'une munition, anglaise ou allemande[?]...);
-Le raid des commandos britanniques sur St-Nazaire en 1942 les a quelque peu marqué également (ont bien cru que la libération était déjà engagée...) et a redonné du moral à la population nantaise si j'en crois leurs propos;
-Enfin, pour finir, le grand-père a bien failli avoir son nom sur la plaque commémorative des résistants du "Maquis de Saffré" abattus par l'occupant en 1944...Dans l'euphorie faisant suite à l'annonce du débarquement allié en Normandie, ses valises étaient prêtes, alors qu'il était toujours à Nantes, pour faire le voyage vers cet endroit ou sévissait un groupe de francs-tireurs nantais qui faisait parler de lui à l'époque et qui a malheureusement fini sa "carrière" cerné dans les bois. Ses membres ont tous été exécutés par les Allemands en 1944...C'est un voisin à lui qui l'a prévenu, quelques jours avant la tragédie, que la région était infestée de troupes allemandes depuis peu et qu'une opération était sûrement prévue pour écraser les maquisards qui opéraient depuis cette fameuse forêt. Dissuadé de partir, le grand-père a défait ses valises et a attendu patiemment l'arrivée à Nantes des Américains du général Patton, en août 44...

Cordialement.

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"Vous êtes de la merde dans un bas de soie" (Napoléon à Talleyrand).


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Message Publié : 11 Avr 2008 13:25 
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Polybe
Polybe

Inscription : 28 Mars 2008 17:41
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Localisation : Maurs-la-Jolie (Sud-Ouest du Cantal)
Déplacé

Bonjour à toutes, et bonjour à tous,

Voici le témoignage que mon épouse, Josette, a communiqué à la mairie de Maurs (Cantal) en novembre 2003, en vue du soixantenaire de la "rafle" de la Division SS "Das Reich" sur Maurs le vendredi 12 mai 1944. Ce témoignage, ainsi qu'une vingtaine d'autres a été reproduit dans un opuscule paru début mai 2004 intitulé "De mémoire de maursois... 12 mai 1994, la rafle ; afin que le souvenir demeure..." publié par la mairie de Maurs, et remis solennellement à Monsieur le préfet du Cantal le 12 mai 2004 dans une cérémonie publique, en présence des enfants des écoles et du collège.

Tout d’abord je dois dire que les événements du 12 mai 1944 sont les seuls dont ma maman, Justine Bos, m’a parlé dans ma jeunesse. Née le 16 janvier 1905 à Maurs (elle avait donc 39 ans à l’époque), elle ne m’a jamais évoqué la Grande Guerre (celle qu’on appellera ensuite la Première Guerre Mondiale), ni la mobilisation de septembre 1939, ni la défaite de mai-juin 1940, ni la libération de Maurs lors de l’été 1944. Seule “l’attaque des Boches sur Maurs” revenait de temps en temps dans les souvenirs qu’elle me racontait, et que j’écoutais religieusement. Pourquoi cet événement l’a-t-elle tant marqué ? sans doute parce qu’elle croyait avoir, elle-même, ainsi que ses deux neveux et ses parents, échappés de peu à la mort !…

Voici ce que ma maman Justine Bos m’a raconté sur cet épisode guerrier :

En mai 1944 elle tenait la maison familiale de la famille Bos, située au lieu-dit le Moulin du Puech, commune de Maurs, sur la rivière Veyre qui sépare le département du Lot du Cantal. Là, elle était surtout chargée de la cuisine et du ménage. Avec elle il y avait ses parents Frédéric Bos, meunier, âgé de 70 ans (né le 7 mars 1874) et son épouse Eugénie Lavergne, meunière, du même âge (née le 21 juillet 1874). Ils avaient eu cinq enfants, tous nés à Maurs : l’aînée Maria Bos (née le 4 mars 1902), Justine Bos (née le 16 janvier 1905), Germain Bos (né le 25 novembre 1905) et la plus jeune, Aurélie Bos, (née le 6 décembre 1908). Maria était bougnate à Paris, elle avait confié son fils Lucien Robert (né le 10 septembre 1926, donc âgé de 17 ans et demi en mai 1944) à ses grands-parents du Moulin du Puech. Justine était la seule célibataire de la fratrie, “ elle était de reste ” comme on disait à l’époque en parlant des demoiselles ayant dépassé la trentaine et non mariées. Germain, déjà marié, était prisonnier en Allemagne. La plus jeune, Aurélie, la gastadou (la gâtée) disait d’elle ma mère, travaillait à Paris avec son mari Baptiste Sainte-Marie (curieusement tout le monde l’appelait Arsène) et elle aussi avait confié son fils unique Edmond Sainte-Marie (né le 21 juillet 1936, donc âgé de 7 ans et demi) à ses grands-parents au Moulin comme les Bos disaient. En fait, vu l’âge des grands-parents, c’est Justine qui veillait sur ses deux neveux, dont l’aîné était assez turbulent, alors que le plus jeune était obéissant et adorable.

Que savait-on de l’évolution de la Guerre au Moulin ? Eh bien, curieusement, dans cet endroit très isolé (même en 2004 c’est assez difficile à le trouver, malgré les panneaux indicateurs), on était très au courant des événements internationaux ! Cela grâce à l’arrivée du courant électrique juste avant la guerre. Les voisins des Bos, du côté du Lot, les deux frères Garceau, André et Gilbert, que j’ai rencontré bien des années après, alors qu’ils venaient de cesser leur activité de restaurateurs dans une petite brasserie de Bourg-la-Reine (au sud de Paris, à 4 kilomètres de la porte d’Orléans), tout à côté d’où vivait Edith Boulogne (née Arnold), la maman de l’acteur Alain Delon, m’ont dit qu’ils avaient été émerveillés par l’arrivée du courant électrique au Moulin du Puech, et avaient tenté, hélas vainement, d’obtenir de la compagnie locale d’électricité (la future EDF) le prolongement des fils électriques par des poteaux enjambant la rivière Veyre et arrivant à leur maison située au Causse, hameau lotois de Cavanié, commune de Saint-Cirgues. L’employé de l’électricité a refusé catégoriquement que le courant électrique du Cantal éclaire une maison d’un autre département !…

Pendant la guerre, ma maman m’a dit que c’était vers 1942 (mais elle n’était pas certaine de la date) qu’un instrument est venu trôner sur le buffet de la pièce principale du Moulin (à la fois cuisine et salle à manger) : un poste de TSF, comme on disait à l’époque pour parler des postes de radiodiffusion. D’après ce que m’a rapporté ma maman c’était le patriarche Frédéric qui avait seul le droit de toucher au poste et de choisir la station écoutée. Je ne suis pas sûre que son neveu le plus âgé ne touchait pas aux boutons du poste lorsqu’il avait le dos tourné. Le midi et le soir les cinq membres de la famille Bos écoutaient, émerveillés, les nouvelles du monde. J’en profite pour donner une précision : beaucoup de gens affirment, sans doute influencés ultérieurement par les films de cinéma sur l’époque de l’occupation, qu’ils écoutaient évidemment … radio Londres. Eh bien, au Moulin, outre bien sûr la radiodiffusion de l’Etat Français depuis Vichy, et radio Paris sous contrôle allemand, on captait (sans les brouillages allemands sur les fréquences de radio Londres) radio Sottens, le programme en français de la radiodiffusion suisse romande. Leurs informations étaient nettement plus objectives que celles diffusées par les stations britanniques ou pro-allemandes !…

Le vendredi 12 mai 1944, donc lendemain du jour de marché à Maurs, un voisin du Moulin arrive de bon matin en courant (ma maman a du me dire de qui il s’agissait, mais j’ai hélas oublié, sans doute quelqu’un de Lacamp, de la Maurelle ou de Haute Vue) pour prévenir que les "Boches" (on ne disait pas alors les Allemands) avaient attaqué Maurs et fouillaient toutes les demeures des environs. Ce voisin était en train de fuir et conseillait vivement aux Bos d’en faire autant très rapidement pendant qu’il était encore temps ! Frédéric et Eugénie Bos ont pris alors très rapidement la décision de sauver leurs deux petits-enfants et de les confier à leur fille Justine : tous les trois devaient immédiatement s’enfuire quelque part dans les barthes (les bois). Eux-mêmes resteraient au Moulin, pensant que leur âge avancé ferait hésiter les "Boches" à les exécuter. Ma maman Justine (Titine pour ses deux neveux) avait, bien des années après, des larmes aux yeux et des sanglots dans la voix en évoquant devant moi la dernière embrassade avec ses parents qu’elle était persuadée de ne jamais revoir. Justine et ses deux neveux sont restés trois jours et trois nuits cachés dans les bois, au milieu des fougères. Ils ont alors décidé de revenir au Moulin, par chance Frédéric et Eugénie étaient vivants, les "Boches" n’étaient même pas venus dans les environs du Moulin !… Quel soulagement !…

Soixante ans ont passé, les Boches sont devenus les Allemands, nos associés dans la construction de l’Europe de demain ; c’est quand même beaucoup mieux ainsi que les trois guerres meurtrières que nos deux pays ont fait l’un contre l’autre, en 1870-1871, 1914-1918 et 1939-1945. De ce pénible épisode du 12 mai 1944 je voudrais que les jeunes Maursois de 2004 ne retiennent qu’une seule chose : quelle stupidité la guerre !…

Josette, la fille de Justine Bos.

Dans cet opuscule, les témoignages sont passionnants. Les Maursois ont lors de cette rafle découverts que certains parmi ces "Boches" étaient en réalité des Alsaciens-Mosellans incorporés de force dans cette Division "Das Reich". Et durant cette pénible journée où tous les hommes valides ont été regroupés dans une prairie, ignorant quel allait être leur sort, ces très jeunes "malgré nous" ont été non seulement des "interprètes", mais même des "avocats" des pauvres regroupés auprès de leurs supérieurs allemands.

Cet opuscule a osé lever un tabou : il a félicité le maire de l'époque, nommé par Vichy, Raymond Puech, ancien combattant de la guerre 1914-1918, qui n'a pas hésité à affronté verbalement les autorités allemandes, en arborant fièrement ses décorations obtenues lors de la "Grande Guerre" (ce qui les a intimidés...), pour obtenir qu'elles relâchent un à un certains otages. Hélas , il n'a rien pu faire pour les otages Juifs, et ceux dénoncés comme Résistants... ils ont été envoyés en camp de concentration en Allemagne, d'où beaucoup ne sont pas revenus...

La bourgade de Maurs, qui avait totalement été épargnée par la guerre jusqu'alors, a eu un réveil très douloureux pour elle ce 12 mai 1944 à cinq heures du matin...

Roger le Cantalien.


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Message Publié : 11 Avr 2008 18:54 
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Polybe
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Inscription : 28 Mars 2008 17:41
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Localisation : Maurs-la-Jolie (Sud-Ouest du Cantal)
Ma famille à Antony (Seine) pendant la guerre.

Bonjour à toutes, et bonjour à tous,

Mon papa et ma maman se sont mariés le mardi 14 octobre 1941 à Antony (Seine). Ils ont quitté alors le domicile de leurs parents respectifs et ont vécu en location deux ans dans la partie d'Antony vers Fresnes.

A l'époque pour les Français de la région parisienne, la France n'était pas en guerre. Ils ne changeront d'avis qu'avec le bombardement dans la nuit du 3 au 4 mars 1942 par la Royal Air Force des usines Renault à Boulogne-Billancourt qui a fait 623 victimes !... C'était le premier bombardement de la région parisienne depuis celui du 3 juin 1940.

La France n'était pas en guerre en octobre 1941, mais les autorités allemandes d'occupation imposaient cependant le "black out" : aucune lumière ne devait être visible de l'extérieur, afin de gêner les aviateurs anglais pour qu'ils ne repèrent pas les cités de la banlieue parisienne. Bien entendu l'éclairage public des rues, avait été carrément supprimé !...

Une petite anecdote à ce sujet : ma mère, en tant qu'agricultrice, connaissait bien le dessin des constellations d'étoiles dans le ciel (d'après les cartes de l'Almanach Hachette de 1938), mais là, à cause du manque de lumière, toutes les étoiles habituellement trop faibles pour être observées en banlieue parisienne à cause de l'éclairage public devenaient visibles comme dans les campagnes les plus reculées, et elle ne reconnaissait plus le dessin des constellations habituelles !... Et même la fameuse Voie lactée devenait visible à Antony, signe de la noirceur des nuits...

Fin octobre 1941 mon père et ma mère sont sortis prendre l'air après le repas du soir et ont entendu le bruit d'un avion invisible (car bien sûr il n'allumait pas ses feux de position...) qui tournait autour d'Antony. Ils en ont déduit que c'était un avion anglais... Et, tout près de leur demeure ils ont vu une chose incroyable : quelqu'un faisait des signaux lumineux à cet avion avec une lampe électrique !...

Mes parents ont très bien vus d'où ces signaux étaient émis. Ils auraient pu dénoncer aux autorités policières françaises ce "mauvais français, évidemment communiste" !... , mais ils ont au contraire admiré son courage, mais blâmé son inconscience !...

Mon papa a fait en sorte de le contacter le lendemain. Cet homme a d'abord nié, mais mon père lui a dit : « j'admire votre courage à continuer la lutte contre les "Boches", mais faites-le plus discrètement, car vous pourriez être vus par d'autres personnes que nous, qui pourraient vous dénoncer à la police ou même aux Allemands !... ». Cet homme a écouté mon père sans rien dire, et à la fin il lui a dit simplement : « je vous remercie !... ».

C'est tout, jamais mes parents n'ont su ce qu'il est devenu ensuite, mais ils ont eu ce soir là le sentiment d'avoir aidé la Résistance aux "Boches", qui n'était pas encore très organisée en octobre 1941...

Une autre anecdote, qui remonte à 1979. Ma mère qui n'habitait plus la ferme familiale de sa famille, entend sonner à la porte d'où elle habitait alors. Elle ouvre et voit une dame très âgée qui lui demande : « Vous êtes bien la fille de la ferme des Boucher du 4 rue de Châtenay ? Vous ne vous rappelez pas de moi ? ».

Ma mère lui répond que non, mais est troublée par le fait que cette dame avait évoquée l'ancienne adresse du 4 rue de Châtenay, alors que juste après la guerre la ferme des Boucher avait été numérotée au 100 rue Auguste Mounié (l'ancien maire d'Antony jusqu'en 1940).

Cette vielle dame lui dit alors : « Eh bien, moi, je vous reconnais malgré les années qui ont passé. J'ai demandé à des gens où vous habitiez maintenant car je tenais absolument avant de mourir à vous remercier, vous et votre famille. En effet, durant l'Occupation je venais deux fois par semaine spécialement de Paris par la ligne de Sceaux jusqu'à votre ferme d'Antony pour y acheter du lait de vos vaches au marché noir. Et je tenais à vous remercier de ne pas avoir profité de la situation et d'avoir vendu votre lait à un prix très abordable, ce qui n'était pas le cas de tout le monde !... ».

Ma mère a été bouleversée d'avoir ce témoignage de reconnaissance trente cinq ans après la Libération !... Ça valait toute les médailles de civisme !...

Roger le Cantalien.


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Message Publié : 13 Avr 2008 18:55 
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Hérodote
Hérodote

Inscription : 12 Avr 2008 20:42
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Bonsoir à toutes et tous

Mon arrière grand père paternel a été déporté en 1942 à Mauthausen, puis Gusen, camp rattaché au premier. Il y est décédé de "faiblesse générale et hypertrophie" d'après ce que j'ai pu lire dans les archives du camp, que j'ai consulté aux archives du Ministère de la Guerre de Caen. Des zones d'ombre persistent dans son histoire, entre le jour et le lieu de son arrestation, tous les témoignages n'étant pas les mêmes. J'essaie tant bien que mal de retracer son parcours.

Mon arrière grand père maternel avait une entreprise de transports, qui lui servait de couverture pour transporter tout ce qui était parachuté pour les maquis. Ma grand mère raconte les soirées à écouter les messages de Radio Londres, elle et ses frères rigolant, car enfants, ils ne comprenaient pas les sens cachés de ces messages, et bien sûr ils se faisaient réprimander par leurs parents.


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Message Publié : 13 Avr 2008 22:28 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 23 Déc 2004 6:42
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Du côté paternel :

Mon grand père sous lieutenant au régiment carabiniers cyclistes Prince Baudouin (commandant la 3ième compagnie-hé oui), il fit la campagne des 18 jours puis se retrouva 5ans dans un oflag.
Ses deux grands frères, tous deux commandant, l'un d'artillerie, l'autre d'infanterie, anciens de 14, ont suivi le même parcours (anecdote, le cdt d'artillerie réussi a se procurer un Mauser 34 lors de sa détention, nous l'avons toujours).
Le dernier, trop jeune pour intégrer l'ERM se fit dénonçer pour acte de résistance et termina la guerre dans un camp de concentration (il en revint et, pour l'anecdote, vêtu d'une capote SS !).
Une de leur soeur (ils étaient onze enfants) eu le malheur d'avoir épousé un officier qui avait démérité au feu : ils ne lui ont plus jamais parlé (sympa 8-| )

Ma grand mère se marria par correspondance pour éviter le STO.

J'ai recement découvert nombres de documents relatant la vie quotidienne de l'époque comme des bons pour les colis de la Croix-Rouge, un vinyl enregistré envoyé à mon grand père, son carnet de campagne, des médailles sportives frappées en Allemagne (cela m'a toujours étonné : ces prisonniers utilisaient des métaux pour des choses si accessoires !), des livres et autres documents estampillé de l'aigle nazi etc.

Côté maternelle :

Grand père sous off de gendarmerie, fit la campagne des 18 jours, fait prisonnier, s'évada avant son transfert en Allemagne, intégra un réseau de résistance, repris ses fonctions dans la gendarmerie après guerre.

Un des frères de ma grand mère connu les affres de Breendonck mais hélas, je connais fort mal ce côté de l'histoire familiale.


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Message Publié : 14 Avr 2008 10:16 
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Polybe
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Inscription : 28 Mars 2008 17:41
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Localisation : Maurs-la-Jolie (Sud-Ouest du Cantal)
Bonjour Savinien, lol

Tout d'abord, je me permets de te poser une question sur les habitudes de ce forum "Passion-Histoire" sur lequel je n'interviens que depuis très peu de temps : l'habitude semble être que les Internautes se vouvoient lors des échanges de messages. Or, jusqu'à présent je ne fréquentais que des forums astronomiques (mon autre grande passion), où la règle est de n'utiliser que le tutoiement (ce que je préfère nettement !…). lol

Aussi, puis-je te tutoyer, Savinien ? :wink: Et puis-je tutoyer les autres Internautes de ce forum historique ? :wink:

Sinon, dans ton précédent message il y a une expression que tu as employé par deux fois, et qui m'interpelle beaucoup : l'expression "campagne des 18 jours"… Qu'entends-tu exactement par "campagne des 18 jours" ? :?:

Si je consulte un calendrier de 1940 (c'est très facile grâce à mes logiciels astronomiques !…) je constate que le premier jour de l'attaque allemande était le vendredi 10 mai 1940 (c'était diabolique, car c'était le vendredi précédent le long congé de la Pentecôte [à l'époque on n'utilisait pas l'expression "week-end"], où les Français non mobilisés pensaient surtout à l'endroit où ils iraient se promener pour profiter du temps superbement ensoleillé…), donc le 18ème jour était le lundi 27 mai 1940… ce qui est très loin de correspondre à la fin des combats : le mardi 4 juin 1940 pour les troupes encerclées dans la poche de Dunkerque et le lundi 24 juin 1940 pour les autres troupes françaises.

Peux-tu m'éclairer un peu ? :?:

Roger le Cantalien. :rool:


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Message Publié : 14 Avr 2008 13:23 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 23 Déc 2004 6:42
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Je ne vois aucuns inconvénients au tutoyement ;)

Et oups, il s'agit du point de vue belge de la campagne de France : notre armée se battit du 10 au 28 mai, on appelle donc l'invasion de la Belgique, la campagne des 18 jours pour démarquer un épisode national de la campagne de France.

A ce sujet, comment les Britanniques nomment'ils la campagne de France ?


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Message Publié : 14 Avr 2008 19:49 
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Philippe de Commines
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Inscription : 30 Juil 2003 21:44
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Localisation : Lorraine
Savinien a écrit :
A ce sujet, comment les Britanniques nomment ils la campagne de France ?

The battle of France, ou parfois the fall of France, je crois.
Les Allemands disent "Die Schlach um Frankreich" : la bataille pour la France.

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Message Publié : 14 Avr 2008 23:42 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 23 Déc 2004 6:42
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Karolvs a écrit :
Savinien a écrit :
A ce sujet, comment les Britanniques nomment ils la campagne de France ?

The battle of France, ou parfois the fall of France, je crois.
Les Allemands disent "Die Schlach um Frankreich" : la bataille pour la France.


Merci


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Message Publié : 21 Mai 2008 5:54 
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Hérodote
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Inscription : 21 Mai 2008 5:38
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Bonjour, mon grand-pere etait dans la cavalerie et blesse par arme (eclats d'obus) je crois lors de la premiere guerre mondiale, puis il a ete mobilise comme bucheron et autres travaux pour l'armee, ma grand mere je ne sais pas mais ils etaient deja ensemble et fermier avant les guerres.
Ils etait a Gosnee en bretagne, decedes depuis 2002.


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 Sujet du message : Vos familles pendant la guerre
Message Publié : 21 Mai 2008 8:14 
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Polybe
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Inscription : 24 Avr 2008 15:59
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Bonjour et bravo pour ces témoignages !

Un frère de mon grand-père commandait le groupe-franc du 2ème RIC en 1940, fait prisonnier le 12 juin près d'Amiens et revient en France 5 ans après, ses 3 tentatives d'évasion ayant échoué... Il a confié avoir hésité à se rendre ou à se faire tuer en 40, et il a pensé à sa mère car il était son seul fils survivant après l'hécatombe de 14/18.

Un de mes oncles se bat dans la cavalerie, je crois avec le 18ème Régiment de Chasseurs à cheval, fait prisonnier à St Valéry en Caux.

Un autre oncle rejoint Alger en passant par les prisons espagnoles et s'engage dans la 2ème DB (au 12ème Cuirassiers je crois)

Mon père se cache pendant l'occupation car requis STO et s'engage avec son frère au 2ème Bataillon de Choc en septembre 44. Ils faisaient partie de ceux qui s'étaient clandestinement échappés de nuit depuis le collège-lycée Janson-de-Sailly pour rejoindre de Lattre.

enfin mon beau-père s'engage dès la libération de Marseille et rejoint la 1ère DB (aussi un régiment cuirs mais je ne sais plus lequel :oops:

cordialement


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Message Publié : 21 Mai 2008 9:06 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Inscription : 27 Avr 2008 14:42
Message(s) : 2320
Ma mère vivait à Paris dans une famille ou la débrouille était presque inconnue. Mon grand père maternel réussissait juste à échanger ses tickets de tabac contre des tickets de pain et continuait à enseigner la philosophie, comme ma grand-mère d'ailleurs (toutes les grands mères n'étaient pas de bonnes ménagères réalisant de délicieuses confitures). Tous les étés il allaient passer leurs vacances en Auvergne. Le voyage en train et le passage de la ligne de démarcation étaient épiques, mais ensuite pendant deux mois ils pouvaient manger et se refaire une santé. Toutefois, avec un à propos certain, ils ont décidé en 1944 d'aller en vacances dans l'Aisne à peine à l'arrière des côtes normandes et non loin d'une gare de triage qui était un objectif stratégique, autant dire que ce furent des vacances mouvementées. Ils étaient en vacances sur le front, ont échappé par miracle à des bombardements très violents, puis ont accueilli en triomphe les américains.

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Alceste

Que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants... ne soient pas des signaux de haine et de persécution...

La prière de Voltaire, Traité sur la tolérance, Chapitre XXIII


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Message Publié : 24 Mai 2008 14:29 
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Polybe
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Inscription : 15 Mars 2007 21:50
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Ma famille est originaire de kalymnos (Grèce). Je me souviens que mon grand père paternel combattait en Albanie .... Malheureusement, pas plus de détails. Son frère à lui est mort au début de la guerre civile contre les communistes. C'était pendant les combats de rues à Athènes.

Par contre, mon grand-père maternel (Sakellarios Vrontos) n'avait que 13 ans lorsqu'il a été enrôlé dans la résistance Grecque en 1940. Je me rappelais que ma grand-mère (maria Liberis)qui est toujours en bonne santé, me disait qu'avec rien d'autre que des couteaux et des bâtons (ou tout ce qu'on trouvait), les habitants de l'île avaient jeté tout les soldats italiens à la mer. Oui à ce moment là, Dodécanèse était sous administration Italienne et le "Duce" commençait des séries de répression intellectuels et physiques afin que les habitants de Kalymnos oublient leur passé et leur identité Grecque.

Malheureusement, les Allemands se sont rappliqués et excercèrent des répressions. Mon grand-père combattait les Allemands jusqu'à la fin de 1944. Il n'avait rien d'autre que vieu pistolet et son couteau fétiche, que mon oncle détient toujours. Un beau couteau, la poignée était sculptée en ivoire.

En 1945, Sakellarios n'avait que 18 ans lorsqu'il épousa ma grand-mère, Maria Liberis (17 ans). un peu comme dans les films koi :wink: Elle qui avait pendant longtemps été couritsée par un Turc qui est plus tard, parti à Bodrum. 8-|

Mais en 1947, les diffucultés n'en finissait pas pour la famille de mon père, car lorsque la guerre civile a éclaté, ils s'étaient tous réfugiés dans des camps en Palestine. Un de ma famille est mort de la gangrène à cause qu'il portait une grande icône qui était rouillé sur les coins.

Bon ben en gros ... voilà


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Message Publié : 01 Juin 2008 9:08 
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Thucydide
Thucydide
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Localisation : Jouy
L'histoire de mes deux familles pendant, maternelle et paternelle, est un peu bizarre !

Du côté maternel :
Mon arrière grand-père était américain (!) : il était venu en 1918 pour participer à la fin de la Première Guerre Mondiale et il s'était marié à une Française et c'était installé dans un petit village dans la vallée de la Moselle au sud de Metz. En 1940 cette région fut annexée par les Allemands et ma famille dut fuir à travers champs, car on les avait dénoncé comme Américains… Certains de mes grands-oncles et grandes-tantes ont fait de la résistance, en passant par exemple des messages sur la frontière entre la Lorraine annexée et la Lorraine occupée ou en faisant passer en France occupée des soldats. Ma grand mère m'a raconté comment ils avaient eu faim et qu'elle n'avait pas pu passer le certificat d'études : elle avait 14 ans en juin 40 mais la région ayant été annexée, l'examen devait être passé en Allemand… elle a échoué :rool:

Du côté paternel
Mon arrière grand-père était un "ami" de Pierre Laval, maire de Puy-Guillaume en Auvergne ; il était lui-même un notable dans un petit village au sud de Clermont-Ferrand. Des anciens du village m'ont d'ailleurs un jour raconté comment Laval venait, dans les années 40, dans la ferme familiale, avec sa belle voiture noire qui entrait dans la cour ! Cette partie de ma famille a plutôt bien vécu la guerre, sans grande privation ! J'ai retrouvé dans le grenier de mon arrière grand-mère une collection impressionnante de tickets de rationnement des années 43-44 à peine entamés.

Deux histoires différentes qui sont des exemples des contradictions de la France de l'époque.

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"L'espoir est une vertu d'esclave." Emil Cioran


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