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 Sujet du message : Re: 93, Rue Lauriston
Message Publié : 23 Août 2008 17:11 
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Plutarque
Plutarque
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Narduccio a écrit :
Fab a écrit :
Bonjour à tous.

Il me semble que des musulmans étaient même employés par Bonny et Lafont pour exécuter les basses-oeuvres de la Gestapo.


Des soldats indigènes français de religion musulmane furent effectivement employés dans une opération par Bonny et Lafont. Mais, ces soldats ignoraient qui ils servaient exactement, ils pensaient servir les autorités françaises.

Il y eut effectivement l'épisode de la Brigade Nord Africaine créée par Lafont en 1944 qui avait pour mission de lutter contre les maquis de la Résistance mais je ne pense pas que ces légionnaires ignoraient qui ils servaient. Là encore, l'argent était le principal moteur de leur engagement avec des salaires nettement plus élevés que la moyenne (5000 francs pour les hommes de troupe, 5500 pour un caporal selon Grégory Auda) et des aptitudes plus propres au pillage qu'au combat. Je dois nuancer mes propos antérieurs en souligant le rôle de Mohamed El-Maadi, collaborateur et antisémite notoire et directeur du Comité Nord Africain du RNP, qui aida grandement Lafont à la constitution de la BNA. De 500 hommes recrutés au départ, le chiffre fut rapidement ramené à 200 tant la valeur des postulants (soit de pauvres hères trainant dans les casbah, soit des repris de justice) était médiocre. L'idée initiale de Lafont était de constituer une véritable armée de 50.000 prisonniers nord-africains retenus par les Allemands. Les sections de la BNA se rendirent tristement célèbres par des expéditions à Sochaux Montbéliard (où ils occupèrent les usines Peugeot) et tout autour de Tulle où ils semèrent la terreur bien plus qu'ils ne se révélèrent efficaces.

Les sections de la BNA étaient dirigées par des membres de la "Carlingue" qui recevaient le grade de sous lieutenant SS. L'un d'eux fut Alexandre Villaplane, ancien milieu de terrain et capitaine de l'Equipe de France de football (durant la Coupe du Monde 1930 en Uruguay) et premier joueur d'origine nord-africaine à être sélectionné sous le maillot bleu. Pied noir né à Constantine en 1905, il fut fusillé le 26 décembre 1944 au Fort de Montrouge, le même jour que Lafont.

Nicolas-Clouet a écrit :
Bonjour,
Dans le film de Denys Granier-Deferre, au risque de vous choquer, le personnage joué par Daniel Russo (le truand Henri Lafont) m'est apparu comme un personnage sans scrupules, certes, mais avec un petit côté "attachant", dans sa manière de parler ou de se comporter avec ses hommes par exemple. Surtout vers la fin, lorsque Daniel Russo exprime sa "vision" personnelle de faire la guerre et la compare avec celle d'Hitler... :oops: (Lafont aurait au passage rendu pas mal de services à des personnalités françaises importantes [politiques, journalistes, industriels, commerçants, banquiers, artistes, etc...] sans rien demandé en échange... Quand le vent a tourné, tout ce beau monde s'est "débiné" et l'aurait alors lâché). Enfin bon, je tenais à être quelque peu sincère à ce point de vue (celui du personnage de Lafont en l'occurence). 8-|
L'homme était-il réellement comme cela en réalité, ou le réalisateur s'est-il donné quelques libertés pour l'interprétation ?

Henri Chamberlin alias Henri Lafont était un personnage sans doute aussi sympathique que généreux quand il vous avait à la bonne. Bien sûr qu'il a rendu service à nombre de célébrités de l'époque comme il rendait service aux Allemands: il y trouvait son compte, de minable truand, il était devenu l'un des "rois" de Paris. Il se confiait ainsi à son avocat en 1944, Maître Floriot: « Au début cette histoire des Allemands ne m'emballait guère. Tenez si les gars d'en face, ceux de la Résistance m'avaient proposé quelque chose, je l'aurais fait, il n'y a pas de doute. Et qu'est ce que je serais devenu maintenant ? Et bien tout simplement un héros ! Et j'aurais pas fait de cadeau aux Fritz. J'aurais foncé comme un dingue, comme un forcené, à fond. Seulement voilà, en juillet et en août 40, des résistants, j'en ai pas connu, pas vu la couleur. Je ne savais même pas ce que c'était. Ca tient à rien, la vie et le destin d'un homme: un truc comme rien, un petit hasard, une histoire d'aiguillage. Ou alors c'est la fatalité et là je n'y peux rien. Mais à l'époque, j'avais simplement envie de ne pas crever, de vivre.»
Lafont ayant de lui même proposé ses services aux occupants nazis, on peut lire en filigranne dans ce témoignage tout l'opportunisme du truand et le peu de cas de sentiments patriotiques, humanitaires ou idéologiques. L'occasion était belle, elle a fait le larron.
Lors du procès, Lafont a adopté une attitude beaucoup plus digne que Bonny. Se sachant perdu, il a voulu endosser toutes les responsabilités et n'a voulu trahir aucun de ses anciens agents (dont un certain nombre s'étaient opportunément reconvertis dans la Résistance) alors que Bonny se lamentait pitoyablement sur son sort. Les derniers mots de Lafont, qui refusa de se faire bander les yeux, à une autre de ses avocates, Maître Drieu, montrent qu'il assumait son destin: « Vous savez madame, je ne regrette rien. Quatre années au milieu des orchidées, des dahlias et des Bentley, ça se paie non ? Je ne regrette rien. J'ai vécu dix fois plus vite, c'est tout. Dites à mon fils qu'il ne faut jamais fréquenter les "caves", qu'il soit un homme comme son père. Je voudrais que ma fille Henriette reçoive une éducation religieuse et qu'elle soit élevée chez les "frangines" (les religieuses). Mais mon fils, je veux qu'il soit un homme.»

Citer :
En tout cas, je trouve curieux tout de même qu'un inspecteur de police (Pierre Bony) ait pu côtoyer de sinistres truands.

Pierre Bonny en avait l'habitude, non seulement fréquenter des truands (ce qui est normal pour un flic) mais aussi de fricoter avec eux (ce qui est déjà moins légal). Il a été mêlé à quelques scandales politico judiciaires retentissants de l'entre deux guerres dont l'affaire Seznec. Proclamé meilleur flic de France par le ministre de la justice Henry Chéron au lendemain de la mort de Stavisky (« Jeune homme vous avez sauvé la République ! Vous êtes le premier policier de France !»), il avait été révoqué de la police pour concussion une année plus tard, en 1935, puis par deux fois condamné à des peines de prison (sursis puis trois mois ferme). Quand il est recruté par les Allemands protecteurs de Lafont, le capitaine de la Wehrmacht Redecke et l'agent de l'Abwehr Otto Brandl, il moisissait en tant que détective privé. Pour Bonny comme pour Lafont, l'occupation allemande fut une chance de se refaire.

Citer :
En revisionnant le film hier soir, j'ai remarqué également que le nom d'un certain docteur "Petiot" était cité (ce brave docteur avait la tâche de faire disparaître les victimes du 93, rue Lauriston...).

Parmi les victimes de Petiot se trouvaient un ancien auxiliaire de la "Carlingue", Adrien Estebeteguy surnommé "Le Basque" ainsi que sa maîtresse. En mars 1943, Estebeteguy, qui pour d'obscures raisons n'était plus en odeur de sainteté au 93 rue Lauriston, avait décidé de fuir pour l'Amérique du Sud avec un joli magot: plusieurs valises bourrées d'argent et de bijoux qu'on a retrouvé, parmi d'autres, au domicile de Petiot alias le docteur Eugène.
La Gestapo française connaissait peut être mieux que l'allemande le réseau Petiot mais ignorait sans doute comment le docteur Eugène faisait disparaître ses victimes. Pour lui aussi, c'est l'appât du gain qui fut son véritable moteur.

Citer :
Ce que je retiens de cet excellent film (interprètes et dialogues), c'est qu'il retrace parfaitement cette atmosphère de "basses combines" et de trafics organisés entre la "gestapo française" du 93 et les autorités allemandes.
Laffont aurait notamment servi d'intermédiaire entre industriels français et autorités allemandes pour des signatures de contrats de toutes sortes.
Ce que l'on peut aussi apprendre d'intéressant dans ce film, c'est la manière dont les Allemands "commerçaient" en France avec les vaincus (et sûrement dans le reste de l'Europe occupée...) : Ils achètaient tout ce qui les intéressait en franc français (monnaie faible) et vendaient en se faisant payer en "Reichmarks" (monnaie forte). Du "racket" en somme ("je t'achète tes "pompes" avec un sac de billes, mais je te vends les miennes contre 3 billets de 100 euros...C'est ce que j'ai compris en gros... :-| ).
En gros, le "pacte" conclu entre Nazis et truands français aurait été : "Aidez-nous à écraser la résistance française, et on vous laisse rançonner et dépouiller tranquillement qui vous voudrez" J'en conclue alors que le grand banditisme français a connu là sa "période de gloire" (1940-1944).

L'accord présentait de nombreux avantages pour toutes les parties. C'est une évidence pour les truands investis de pouvoirs policiers mais aussi pour les occupants allemands qui avaient besoin d'autochtones pour infiltrer la population. Filiale de l'Abwehr, le bureau d'achat d'Otto Brandl était une formidable machine à corrompre au centre de tous les trafics. De considérables sommes d'argent y circulaient et les profits pouvaient être employés en toute discrétion et à toutes fins utiles par le service de renseignement allemand.

Citer :
En "fouinant" par çi-par là, j'ai appris que les Allemands avaient également fait appel aux services d'un certain "Dirlewanger" en Pologne (un repris de justice ukrainien qui aurait aidé à piller Varsovie lors de l'insurrection polonaise de 1944...L'homme aurait fait appel également à des truands et à des assassins de la pire espèce pour traquer les maquisards polonais de Varsovie).
J'en conclue à nouveau que le régime nazi n'a pas hésiter à écumer les pénitenciers d'Europe occupée pour recruter des "supplétifs" de la pire espèce. A croire qu'il ne savait plus où donner de la tête...Maquisards, Juifs, communistes, cela en fait du monde à tuer et à extorquer !...

Les bureaux de la Gestapo de l'avenue Foch sont connus pour avoir aussi employé des truands notoires (dont Pierre Loutrel surnommé plus tard Pierrot le Fou) et il serait intéressant de savoir en effet si le régime nazi a systématiquement recruté des malfrats dans les villes qu'il occupait. A titre individuel sans doute mais il n'est pas facile de fédérer le milieu si celui-ci n'est pas déjà préalablement organisé.
On peut cependant noter que l'utilisation d'une faune interlope par les services secrets n'est pas l'apanage des services nazis. Même dans les démocraties, ces pratiques sont plus ou moins répandues comme en témoignera plus tard l'affaire Ben Barka. D'ailleurs sans l'aide de la mafia, le débarquement en Sicile aurait été rendu plus difficile pour les forces américaines.

Badd a écrit :
Je peux me tromper, mais il me semble que le docteur Petiot agissait pour son propre compte et n'était en rien mandaté par la Gestapo. Il me semble même qu'il avait tout d'abord été arrêté par les Allemands et que le commencement de l'enquête le concernant est antérieur à la Libération. C'est peut-être un signe que le réalisateur aurait effectivement pris quelques libertés.

Il fut même arrêté et torturé par la Gestapo qui le soupçonnait d'exfiltrer des juifs à l'étranger. Il a profité de cet épisode pour arguer de son appartenance à la Résistance, ce qui fut son principal argument de défense lors de son procès. Accusé de 26 crimes, il en a revendiqué 63, tous des collaborateurs selon lui !

Nicolas-Clouet a écrit :
Avez-vous d'autres noms de personnalités françaises qui "auraient" bénéficié des services du "93"

Maurice Chevalier, Ginette Leclerc, Martine Carol...

Citer :
Au passage, et là je m'adresse à "Badd", pour quel motif les Allemands ont au début souhaité arrêter le docteur Petiot ? Sa chaudière faisait trop de fumée et importunait le voisinage du quartier ?

La Gestapo le soupçonnait d'être à la base d'un réseau de résistance qui exfiltrait les juifs. Il a été enfermé à Fresnes du 24 mai 1943 au 17 janvier 1944. Torturé à plusieurs reprises, il ne parla pas et ses compagnons de cellule, d'authentiques résistants, firent l'éloge de son courage physique. Le plus incroyable est que malgré les perquisitions de ses diverses demeures, la Gestapo n'ait jamais découvert son hôtel particulier rue Le Sueur. Les raisons de sa libération restent obscures mais il semble que sur l'intervention d'un de ses clients (il était vraiment médecin), il ait pu conclure un marché de 100.000 francs avec la Gestapo.


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 Sujet du message : Re: 93, Rue Lauriston
Message Publié : 23 Août 2008 17:36 
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Grégoire de Tours
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)Je vous remercie pour vos réponses cher "So What"...Vous maîtrisez bien le sujet à ce que je vois. Je suis complètement satisfait et j'y vois plus clair à présent dans cette sombre et mystérieuse "Carlingue".
"Maurice Chevalier" a eu des contacts avec le service du "93" ? Ha quand même !!! Il avait besoin de "fric" pour produire un nouvel album... :?: :?: :?:
Mais "Wikipédia" dit de lui qu'il a été sévèrement critiqué depuis Londres par Pierre Dac, qui lui reprochait son peu d'enthousiasme à s'engager dans le Résistance française et le traitait même de "lâche".
Mais bon, il aurait sauvé sa compagne juive, Nita Raya, ainsi que la famille de celle-ci...Et ce sont les communistes qui lui onbt permis d'échapper à une peine de justice en 45 ( Y a d'la joie!...).

Cordialement.

_________________
"Vous êtes de la merde dans un bas de soie" (Napoléon à Talleyrand).


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 Sujet du message : Re: 93, Rue Lauriston
Message Publié : 23 Août 2008 18:22 
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Polybe
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Inscription : 24 Juin 2005 19:01
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Cher So what,
Merci infiniment pour ces éclaircissements.
Beaucoup de personnalités du spectacle ont été accusées de collaboration de façon plus ou moins justifiée et avec des conséquences plus ou moins lourdes (Maurice Chevalier, Ginette Leclerc et Martine Carol que vous évoquez ainsi que Sacha Guitry, Arletty, Pierre Fresnay, Clouzot et bien d'autres).
Ceux que vous citez ont-ils vraiment bénéficié des services de la Carlingue ? Et si oui, quel genre de services ?
Cordialement


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 Sujet du message : Re: 93, Rue Lauriston
Message Publié : 23 Août 2008 20:40 
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Plutarque
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Badd a écrit :
Cher So what,
Merci infiniment pour ces éclaircissements.
Beaucoup de personnalités du spectacle ont été accusées de collaboration de façon plus ou moins justifiée et avec des conséquences plus ou moins lourdes (Maurice Chevalier, Ginette Leclerc et Martine Carol que vous évoquez ainsi que Sacha Guitry, Arletty, Pierre Fresnay, Clouzot et bien d'autres).
Ceux que vous citez ont-ils vraiment bénéficié des services de la Carlingue ? Et si oui, quel genre de services ?
Cordialement

D'abord il faut rappeler que Lafont savait cultiver ses "relations mondaines" et qu'il était devenu lui aussi une célébrité dans le "Tout Paris". C'était un habitué du One Two-Two et d'autres cabarets et établissements de charme plus ou moins luxueux qui pour la plupart étaient tenus par des connaissances à lui. Selon Grégory Auda, Maurice Chevalier aurait sollicité ses services pour se rendre dans une de ses propriétés en zone sud. N'ayant pu obtenir l'autorisation écrite des autorités allemandes, Lafont lui procura sans aucune difficulté. Le chansonnier vint en personne remercier Lafont rue Lauriston d'un diner organisé pour l'occasion. Plus tard, Lafont se fit remarquer lors d'une fête de charité animée par le chanteur au profit des prisonniers français en montant les enchêres jusqu'à la somme d'un million de francs. Difficile d'en savoir plus car Bonny ne laissait aucune trace administrative écrite des services rendus aux nombreuses personnalités qui gravitaient autour de la rue Lauriston.
Ginette Leclerc a été vue en état d'ébriété dans le cabaret Loulou Presle portant la mitraillette de Pierre Loutrel. Martine Carol fut un temps la maîtresse de ce même Pierre Loutrel, lequel s'il travailla surtout pour les officines de l'avenue Foch fréquentait aussi les membres de la Carlingue dont certains (Boucheseiche dit "Bonne Bouche", Danos dit "Le Mammouth", Le Ny) formèrent par la suite avec lui le "gang des Tractions avant". Loutrel fut d'ailleurs un temps le chauffeur de Joseph Joanovici, ce fameux ferrailleur juif né en Bessarabie dont on prétend qu'il ne savait ni lire ni écrire mais très bien compter et qui fit de fructueuses affaires avec le bureau d'Otto Brandl avant d'opportunément financer des mouvements de la Résistance tel "Honneur de la police". Joanovici et Lafont étaient d'autant plus proches que leurs intérêts étaient communs et le second aurait aidé à plusieurs reprises le premier à cacher ses origines juives.

Du temps de sa splendeur, Lafont aurait eu le bras très long qui lui faisait obtenir à peu près tout ce qu'il désirait. Il est intervenu pour sauver de la déportation l'un des frères du cirque Amar ainsi que quelques amis de ses amis. Il a raconté avoir plusieurs fois rencontré Laval au cours de diners mondains et même celui-ci lui aurait demandé d'intervenir en faveur de trois personnes détenues par les Allemands. Ce que Lafont aurait réussi à faire deux jours plus tard.

N'oublions cependant pas que ce "délicat" passionné d'art floral (offrir des fleurs à Lafont était une façon de se faire bien voir au 93 rue Lauriston), flambeur enjoué capable de générosité envers ses amis était le chef d'une bande de tortionnaires responsables de l'arrestation d'un grand nombre de juifs et de résistants dont celle de Geneviève de Gaulle, la nièce du Général et l'auteur du très beau livre sur sa déportation à Ravensbrück, La traversée de la nuit.


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 Sujet du message : Re: 93, Rue Lauriston
Message Publié : 25 Août 2008 16:10 
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Polybe
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Cher So what,
J’abuse mais je reviens vers vous au sujet de Martine Carol et de Pierrot le fou. En fourrageant de ci de là, j’ai cru comprendre que Pierre Loutrel aurait surtout tenté de lui forcer la main, voire même un peu violemment (elle aurait été tirée de ce guêpier par Jo Attia…), cet épisode est généralement présenté comme postérieur à 1944. Je me demande finalement si Martine Carol peut être mise dans le lot des personnalités ayant eu des contacts étroits avec la Carlingue (je ne suis même pas sûr finalement qu’elle ait eu des ennuis à la Libération, contrairement à Ginette Leclerc), à moins que vos sources ne soient plus précises.
Sur ce sujet, j’ai compris que vos interventions se basaient notamment sur Grégory Auda (les belles années du Milieu 1940-1944). Quels autres auteurs pourriez-vous nous conseiller sur ce thème ?
Merci


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 Sujet du message : Re: 93, Rue Lauriston
Message Publié : 25 Août 2008 18:44 
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Plutarque
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Badd a écrit :
Cher So what,
J’abuse mais je reviens vers vous au sujet de Martine Carol et de Pierrot le fou. En fourrageant de ci de là, j’ai cru comprendre que Pierre Loutrel aurait surtout tenté de lui forcer la main, voire même un peu violemment (elle aurait été tirée de ce guêpier par Jo Attia…), cet épisode est généralement présenté comme postérieur à 1944. Je me demande finalement si Martine Carol peut être mise dans le lot des personnalités ayant eu des contacts étroits avec la Carlingue (je ne suis même pas sûr finalement qu’elle ait eu des ennuis à la Libération, contrairement à Ginette Leclerc), à moins que vos sources ne soient plus précises.
Sur ce sujet, j’ai compris que vos interventions se basaient notamment sur Grégory Auda (les belles années du Milieu 1940-1944). Quels autres auteurs pourriez-vous nous conseiller sur ce thème ?
Merci

C'est exact, je me base essentiellement sur l'ouvrage de Grégory Auda et sur celui plus romancé de Philippe Aziz Tu trahiras sans vergogne que j'ai aussi cité précédemment. Auda fournit une biographie assez complète et cite plusieurs fois deux ouvrages de Jacques Delarue que je n'ai pas lu: Histoire de la Gestapo et surtout Trafics et crimes sous l'occupation. Pour ma part, je peux aussi conseiller les récits sur Pierrot le Fou et le "gang des Tractions avant" ainsi que les bouquins sur Joanovici (Joinovici d'Henry Sergg, L'étrange monsieur Joseph d'Alphonse Boudard) où ce sujet est abordé plus ou moins succintement. Pour Petiot, il existe bien sûr pas mal de livres qui résument l'affaire.

En ce qui concerne Martine Carol, il est possible en effet que son aventure avec Loutrel se situe juste après la libération. Je ne peux l'affirmer mais j'ai plutôt souvenir avoir lu qu'elle avait succombé à ses avances. Un soir, ils se seraient disputé et Loutrel l'aurait emmené en voiture, l'aurait roué de coups puis l'aurait jeté dans le bois de Boulogne ou de Vincennes. Je ne pense pas qu'Attia lui soit venu en aide, je ne me rappelle pas l'avoir lu dans la biographie très avantageuse que sa fille lui a consacré mais il faudrait que je vérifie.


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 Sujet du message : Re: 93, Rue Lauriston
Message Publié : 01 Sep 2008 16:14 
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Plutarque
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Vous oubliez Tino Rossi , un autre familier de Lafond
Il avait chanté l' Ave Maria , en 1943 , aux obséques de Paul Carbone , membre de la Gestapo marseillaise ( avec Spirito et Sabiani )


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 Sujet du message : Re: 93, Rue Lauriston
Message Publié : 30 Avr 2014 10:39 
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Hérodote
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Inscription : 30 Avr 2014 10:26
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Bonjour,
A propos de la Carlingue et de la bande Bonny Lafont, je me permets de vous indiquer que je suis l'auteur d'un livre sur la Brigade nord-africaine, plus connue en Dordogne sous le nom de Phalange nord-africaine (Rien à voir avec la Phalange de Tunisie)
Il s’agit de : La Phalange nord-africaine en Dordogne : Histoire d'une alliance entre la pègre et la « Gestapo » (15 mars - 19 août 1944). Il s'agit d'un épisode très douloureux et qui n’a jamais, à ce jour, fait l’objet d’un livre à part entière. J’aborde la militarisation de la bande Bonny Lafont et ses horribles exactions, en particulier en Dordogne, département le plus touché par les crimes de la BNA. Ses membres ont massacré 52 habitants de mon village, Mussidan, le 11 juin 1944.
En Dordogne la BNA était commandée par l'ancien capitaine de l'équipe de France Alexandre Villaplane.
Voir le lien qui présente l'ouvrage (avec de nombreuses photos inédites à ce jour que j'ai retrouvées) pour ceux que le sujet intéresse :
http://www.histoire-en-partage.com/#!la ... caine/c43g
Cordialement


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 Sujet du message : Re: 93, Rue Lauriston
Message Publié : 30 Avr 2014 17:04 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 04 Mai 2010 14:51
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Bony "premier flic de france" a été responsable de l’enquête sur la mort du conseiller Prince (1934). Des documents ont disparu (l'affaire n'est toujours pas élucidée). Bony s'est alors distingué par un sens particulier de recherche et d'implication dans ce crime politique. Disons qu'il a rendu service. L'année suivante, il est limogé. Bcp de zones d'ombre chez ce personnage qui n' a rien avoué .


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 Sujet du message : 93 rue Lauriston
Message Publié : 11 Déc 2018 17:03 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 25 Juil 2009 21:18
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Bonjour,

Mes questions portent sur le 93 rue Lauriston également appelé la carlingue ainsi que sur l'organisation exacte de la Gestapo au sein du Paris occupé.

J'aurai voulu savoir si l'on peut à proprement parler de Gestapo Française, ce qui peut signifier qu'il s'agit d'un organe relativement indépendant dans ses actions de police et de renseignement, ou si il ne s'agit pas davantage d'une ''annexe'' de la Gestapo dite Allemande, dont le siège est situé au 84 Avenue Foch, et dépendant, par conséquent, étroitement d'elle.

A la lecture du décret signé par Hitler le 9 mars 1942, et instituant le poste de chef supérieur de la SS et de la Police » (HSSPf ) chargé d'organiser les rapports avec la Police française, on peut le penser.

Pour faire simple à partir de 1942 Carl Oberg coordonnait, dans Paris, la copie conforme du RSHA et l'ensemble de ses Amt.
Au rang desquels se trouvait la Sipo et le SD (11 rue des Saussaies), en revanche je ne sais pas si la Kripo se trouvait en ces lieux.
La section IV B4 : le Juden-Referat (affaires Juives), service de la Gestapo préposé aux Juifs dirigé par Dannecker qui reçoit ses ordres directement d’Eichmann se trouvait au 31 de l'Avenue Foch, la Gestapo au 80.

Les Français travaillant pour la Gestapo font partie de cette section IV. Ils siègent au 48, rue de Villejust, service de tueurs recrutés en général pour les enlèvements et les assassinats.
J'ai par ailleurs relevé que la Gestapo, à coté de ses propres services, crée une police spéciale franco-allemande qui ouvre ses bureaux dans les locaux au 19 rue de Téhéran dans le 8e arrondissement. En revanche je n'arrive pas à bien comprendre le positionnement de la pègre rassemblait rue Lauriston, transitant également par la rue Saussaie, et faisant office de rabatteurs ou ''de travailleurs détachés'' officiant pour le compte des Allemands. Si tentez qu'ils n'étaient officiellement pas mis dans l'organigramme. Gestapo Française me semble alors être un abus de langage.

Merci de me rectifier sur la description de ce mode de fonctionnement et de m'apporter votre éclairage sur les mécanismes Franco Allemands au sein de la Gestapo pour la zone Parisienne.

_________________
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( Jean Jaurès )


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 Sujet du message : Re: 93, Rue Lauriston
Message Publié : 11 Déc 2018 18:04 
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 Sujet du message : Re: 93, Rue Lauriston
Message Publié : 11 Déc 2018 18:08 
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Philippe de Commines
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merci Leonard !

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