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Message Publié : 08 Sep 2012 16:23 
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Pas de souci en ce qui me concerne.
Petit mémo pour ne plus se tromper :
- le pion tactique de base est la section (ou le peloton pour les armes montées), qui comprend de 30 à 60 hommes selon les armées et les époques. Pour le Heer, c'était environ soixante. Signe tactique OTAN : ooo
- plusieurs sections (nombre variable en fonction de l'arme) composent une compagnie (ou un escadron pour les armes montées), qui comprend de 150 à 200 hommes. Pour le Heer, compter environ 180. Signe tactique OTAN : I
- plusieurs compagnies (en général quatre dont une d'appui équipée d'armes lourdes) forment un bataillon, qui comprend entre 600 et 1 000 hommes et est doté d'une section de commandement comprenant des appuis au commandement (transmissions, santé) que l'on ne trouve pas dans les niveaux inférieurs. Signe tactique OTAN : II
- trois ou quatre bataillons forment un régiment (environ 3 000 hommes). Signe tactique OTAN : III
- deux régiments forment historiquement une brigade, même si pour l'armée allemande cela n'est valable que jusqu'en 1941 avec de nombreuses exceptions, une brigade étant par la suite le regroupement interarmes de plusieurs bataillons. Elles comprennent donc de 1 000 à 6 000 hommes, pour faire simple. Signe tactique OTAN : X
- l'échelon généralement supérieur au régiment est la division, grande unité interarmes qui comprend schématiquement deux à trois régiments d'infanterie, un régiment d'artillerie, un régiment de chars (si la division est blindée) ou un bataillon de chars (si elle est motorisée), un bataillon de reconnaissance, un bataillon de transmissions, un bataillon du génie, etc, etc. Au total, en fonction des types et de la période de la guerre, une division allemande comprend de 12 à 17 000 hommes. Signe tactique OTAN : XX
- au-dessus viennent les structures de commandement qui n'ont que peu d'éléments organiques subordonnés en permanence : corps d'armée (XXX), armée (XXXX), groupe d'armées (XXXXX).

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Message Publié : 08 Sep 2012 17:15 
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Merci, merci. section>compagnie>bataillon>régiment>division. Une compagnie réduite à 58 hommes est donc écharpée aux 2/3. J'avais retenu un de ces chiffres qui illustraient le massacre de l'armée allemande (je ne sais plus où ni quand [sur le front de l'est]), ça devait être chez ce bon Kageneck encore une fois ;) .

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La poésie peut être plus vrai que l'histoire. Aristote


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Message Publié : 08 Sep 2012 17:32 
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Oui, 58 sur 180, ça fait du bilan. Après, les causes d'absence peuvent être multiples : il y a les tués, bien sûr, ainsi que les blessés, graves ou plus légers, mais également les malades, les déserteurs, les détachés, les disparus (que l'on retrouve parfois plus tard). En général, 120 types au tas, ça veut dire 30 ou 40 tués et le reste de blessés et de malades, ça fait relativiser le carnage.

Par ailleurs, en 1914-1918, les sections/compagnies/bataillons/régiments allemands sont dans un état bien pire : l'Alpenkorps, division bavaroise d'élite employée comme force de rupture, subit des pertes extrêmement lourdes lors de la bataille de Verdun (les 10 et 11 juillet 1916, un régiment qui comprenait "encore" 1 000 hommes la veille n'en comprend plus que 174) ou de la prise du mont Kemmel en avril 1918 (bayerisches Infanterie-Leib Regiment : 50 à 55 officiers et 1 300 à 1 490 soldats tués, blessés ou disparus sur un total de 3 000 ; 1. bayerisches Jäger Regiment : 25 officiers et un millier d'hommes, etc).
Il ne faut pas exagérer les pertes de l'hiver 1941-1942 : 1) les divisions allemandes commencent "Taifun" fin septembre 1941 pour la grande majorité déjà bien usées, ne conservant alors que 50 à 60% de leur potentiel théorique, parfois moins, rarement plus ; 2) la plupart des pertes sont des blessés évacués plus que des tués ou des prisonniers lorsque débute la contre-offensive soviétique.

CNE503

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Message Publié : 08 Sep 2012 19:05 
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Merci à CNE503 pour sa description de la structure de l'armée. N'ayant pas fait mon service militaire, je n'avais pas la notion complète de ce qu"est une brigade. Au passage, je me demande pourquoi l'ordre de bataille de l'armée française aujourd'hui n'inclut que des brigades. Je serais intéressé si vous pouviez me l'indiquer par MP. Merci d'avance.

Mes excuses pour le HS.

Pour revenir à la Wehrmacht, il me semble que Hitler, par la suite, a multiplié les divisions théoriques en diminuant leur effectif nominal.

Pour la bataille de Moscou, je me demande quels renforts ont été mis en ligne par les soviétiques ? On a beaucoup parlé des divisions sibériennes libérées du front japonais dont les russes savaient qu'il resterait calme, mais s'agit-il en réalité d'un effectif déterminant ? En d'autres termes, l'offensive vers Moscou était-elle condamnée d'avance ?

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Message Publié : 09 Sep 2012 12:27 
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1) il n'y a que des brigades parce que l'armée de terre française, organisée en plusieurs divisions comprenant trois brigades à partir de la fin des années 1950 (division type 1959 puis 1967 puis 1977), n'a plus les moyens humains et matériels d'entretenir des divisions en temps de paix - même si elle est capable de générer un état-major de niveau correspondant et d'y agréger les moyens ad hoc si nécessaire sur bref préavis (théoriquement). Seul est resté l'échelon brigade. Au passage, une brigade de l'armée française aujourd'hui correspond (même si c'est variable, la brigade parachutiste en comprenant plus, la brigade des forces spéciales moins) à plus ou moins cinq régiments : deux d'infanterie, un de chars, un de génie, un d'artillerie (plus une compagnie de commandement et de transmissions et un escadron d'éclairage), soit de 5 à 6 000 hommes (les régiments étant en fait des bataillons d'un millier d'hommes).

2) ce n'est pas Hitler le responsable de la multiplication des divisions du Heer, c'est plus l'OKH et ses officines diverses et variées. La raison en est simple : contrairement aux Soviétiques pour lesquels une grande unité est un potentiel humain et matériel qu'il faut utiliser jusqu'à ce qu'il soit réduit à néant ou peu s'en faut, les Allemands privilégiaient une régénération de temps à autre, avant que la division ne soit détruite, permettant aux vétérans de souffler et d'encadrer les plus jeunes recrues nouvellement incorporées. Pour permettre ce turn-over, un plus grand nombre de grandes unités est nécessaire, certaines au repos ou à l'instruction, d'autres au combat. Cette tendance a été renforcée par des besoins sans cesse plus importants avec la multiplication des théâtres d'opérations ou des besoins, puis avec la destruction de grandes unités qui, esquissée dès l'hiver 1941-1942, s'accélère à partir de l'hiver 1942-1943 (avec des pointes en janvier-février 1943, en mai 1943, en novembre 1943, en juillet 1944, etc, etc).

3) pour les divisions "sibériennes", un débat a déjà eu lieu, ici : viewtopic.php?f=49&t=28887&st=0&sk=t&sd=a&hilit=divisions+sib%C3%A9riennes&start=30
Pour résumer : la part des unités "sibériennes" dans la contre-offensive soviétique de décembre 1941 est largement surévaluée. En prenant l'hypothèse la plus favorable pour une participation décisive de leur part, celles-ci ne représentaient que 16% des effectifs soviétiques devant Moscou (en fait, je pense qu'il s'agit de beaucoup moins, plus vers 8 à 10% puisque je ne prends que les forces immédiatement engagées dans la défense de la capitale alors que les contre-offensives concernent autant les groupes d'armées voisins, sans qu'ils aient disposé de troupes "sibériennes").

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Message Publié : 09 Sep 2012 12:59 
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CNE503 a écrit :
les Allemands privilégiaient une régénération de temps à autre, avant que la division ne soit détruite, permettant aux vétérans de souffler et d'encadrer les plus jeunes recrues nouvellement incorporées. Pour permettre ce turn-over, un plus grand nombre de grandes unités est nécessaire, certaines au repos ou à l'instruction, d'autres au combat. Cette tendance a été renforcée par des besoins sans cesse plus importants avec la multiplication des théâtres d'opérations ou des besoins, puis avec la destruction de grandes unités qui, esquissée dès l'hiver 1941-1942, s'accélère à partir de l'hiver 1942-1943 (avec des pointes en janvier-février 1943, en mai 1943, en novembre 1943, en juillet 1944, etc, etc).


D'après un des officier de l'EM de la Das Reich, quand celle-ci se replie dans le Limousin pour y être réorganisée, elle recevra 9 000 recrues de provenance diverse pour compenser les pertes sur le front russe. Bien sûr, les 9000 pertes ne sont pas tous des morts, il y a aussi des prisonniers, des blessés, plus ou moins gravement, mais qui ne pourront pas reprendre le combat dans des brefs délais, des déserteurs, ... Mais ça donne une idée de la "consommation" en hommes d'une grande unité sur un front comme celui-là.

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Message Publié : 09 Sep 2012 13:08 
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Certes, mais 1) la 2. SS-Panzer Division a un effectif théorique plus important que la grande majorité des divisions du Heer, avec plus de 17 000 hommes ; 2) vu les contraintes exercées sur l'encadrement des divisions Waffen-SS, bien moins nombreuses initialement et croissant à un rythme exponentiel à partir de 1944, il ne faut pas oublier qu'une politique de prélèvement des cadres a été réalisée sur les divisions expérimentées au profit des nouvelles grandes unités (particulièrement vrai pour la 1. SS-Panzer Division, siphonnée en cadres au profit de la 12., mais la "Das Reich" a dû contribuer pour la mise sur pied des 9., 10., 11. et 17.) ; 3) 9 000/17 000, c'est un ratio impressionnant, mais il y a des exemples bien plus significatifs, comme celui des divisions d'infanterie tellement étrillées, à partir de l'automne 1943, qu'elle sont réduite à des Divisionsgruppen (groupements divisionnaires de la taille d'un régiment) associés trois par trois en plusieurs Korps-Abteilungen (détachements de corps d'armée de la taille d'une petite divisions), c'est-à-dire que des divisions comprenant 12 ou 13 000 soldats théoriquement n'en comprennent alors plus que 2 à 3 000...

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Message Publié : 09 Sep 2012 13:19 
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pierma a écrit :
En d'autres termes, l'offensive vers Moscou était-elle condamnée d'avance ?


J'ai oublié de répondre à cela, désolé.

Vu les résultats époustouflants enregistrés dès le début par l'opération "Taifun" - le double encerclement de Viazma-Briansk, réalisé par trois groupements blindés, provoque une capture estimée jusqu'à 700 000 soldats soviétiques ! Même si les sources les plus récentes réduisent ce chiffre, il n'en reste pas moins qu'il est extraordinairement élevé - qui fait littéralement exploser le Front de l'Ouest qui défend l'accès direct à Moscou, on ne peut pas dire que les Allemands n'aient pas tout fait pour réussir leur dernier coup de rein avant l'hiver en ajoutant Moscou à leur tableau de chasse.

Mais voilà, dès les premières étapes passées, les boues automnales immobilisent les pointes blindées allemandes et génèrent tant un retard par rapport à la planification initiale qu'une usure sur le parc de véhicules qui ne seront jamais compensés. Les Soviétiques reconstituent péniblement un front défensif plus rapproché de la capitale, et les Allemands, pendant ce temps, s'escriment à progresser lentement, perdant hommes, véhicules et surtout du temps.

Une fois que les Soviétiques ont reconstitué le front, l'offensive est un échec, car les divisions blindées n'ont plus guère le punch pour assurer un nouveau cycle rupture/exploitation dans la profondeur, et les divisions d'infanterie sont trop éreintées par cinq mois de campagne difficiles ininterrompus pour les suivre de toute façon, et encore moins pour réussir à briser une résistance soviétique arc-boutée sur chaque bâtiment de Moscou...

Vu la date tardive du déclenchement de "Taifun", les Allemands n'avaient aucune chance de prendre Moscou avant la fin de l'année 1941. Même si les résultats chiffrés nets de cette offensive sont ahurissants, ils auraient dû la stopper début novembre 1941 au plus tard*, et adopter une posture plus défensive en étayant leur front, en constituant des réserves et en reposant leurs forces épuisées, en attendant une éventuelle contre-offensive, puisque de toute manière toute attitude offensive était condamnée à l'échec faute de temps.

* C'est d'ailleurs ce que fait la Heeresgruppe "Süd" qui, après avoir conquis Rostov de haute lutte le 21 novembre 1941, décide de l'évacuer dans la foulée, adoptant de facto une posture défensive en dépit des ordres directs du Führer de conserver la nouvelle conquête.

CNE503

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Message Publié : 11 Sep 2012 18:57 
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Pierre de L'Estoile
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C'est Mussolini qui a sauvé Moscou...
Souvenez-vous que Barbarossa devait démarrer en mai et que les Allemands ont perdu du temps dans les Balkans !
cdt bourbilly

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il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer


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Message Publié : 11 Sep 2012 19:10 
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bourbilly21 a écrit :
C'est Mussolini qui a sauvé Moscou...
Souvenez-vous que Barbarossa devait démarrer en mai et que les Allemands ont perdu du temps dans les Balkans !
cdt bourbilly


Je ne partage pas votre avis, bourbilly21. J'ai donné le mien ici : viewtopic.php?f=49&t=29551&st=0&sk=t&sd=a&start=30

CNE503 a écrit :
C'est une vieille lune. "Marita", l'invasion de la Grèce, a été parfaitement intégrée dans la planification de "Barbarossa". Elle n'a eu que très peu d'impact sur l'Ostheer. "25", l'invasion de la Yougoslavie, a été déclenchée si soudainement qu'effectivement, elle n'a pas pour sa part été prise en compte. Mais le volume d'unités impliquées directement contre la Yougoslavie est faible (14 divisions dont quatre blindées et deux motorisées, et encore certaines étaient de toute manière prévues pour l'invasion de la Grèce).
L'impact a été mineur, contrairement à ce qu'on a pu lire à droite ou à gauche, comparé à l'avantage qui en a été retiré : sécuriser le flanc balkanique et éviter toute possibilité à court terme de réédition de la chevauchée fantastique de l'Armée d'Orient en Macédoine en septembre 1918...
Pour le coup, stratégiquement, cela se justifiait complètement. La logique aurait voulu que l'invasion de l'URSS soit remise à l'année suivante ou tout simplement annulée (en attendant que les Soviétiques prennent l'initiative de l'agression, par exemple) mais pas pour cette raison fallacieuse de retard et de pertes non compensées.


Et ici : viewtopic.php?f=49&t=29551&st=0&sk=t&sd=a&start=75

CNE503 a écrit :
Jamais "Barbarossa" ne devait être lancée le 15 mai 1941. La directive n°21 du 18 décembre 1940 dit seulement que "Les préparatifs qui nécessitent un temps de mise en place plus important seront, dans la mesure où ils ne sont pas encore engagés, immédiatement commencés, et devront être terminés au plus tard le 15 mai 1941". Certes, cela signifie que le déclenchement de l'opération aurait pu intervenir dès le 16 mai, mais dans les faits, si les préparatifs les plus lourds doivent être achevés pour le 15 mai, cela signifie qu'il y a encore une marge de manoeuvre pour les ajustements, qu'on peut estimer à au moins dix ou quinze jours au minimum.
Ensuite, quand on compare le dispositif initial, prévu pour "Marita" (l'opération contre la Grèce, préméditée et planifiée depuis l'automne 1940, donc ne parasitant en rien le dispositif de "Barbarossa") seule, à celui combiné de "Marita" et de "25" (l'opération contre la Yougoslavie, nommée d'après la directive n°25 du 27 mars 1941 qui en lance l'exécution), on s'aperçoit que la différence est mineure, c'est-à-dire que très peu de grandes unités ont été prélevées sur le dispositif de "Barbarossa" pour abattre la Yougoslavie. "25", lancée en deux temps les 8 et 10 avril 1941, n'est menée que par 14 divisions, dont plusieurs - j'en compte au moins cinq, peut-être plus, dont les 8. et 14. Panzer Divisionen et la 16. Infanterie Division (motorisiert) - devaient de toute manière prendre part à "Marita" et le feront à partir du 13 avril 1941 - comme la 5. Panzer Division.

C'est-à-dire que la campagne des Balkans a été menée par 28 divisions du Heer, de la Waffen-SS et de la Luftwaffe (14 contre la Yougoslavie, 14 contre la Grèce), dont seulement une petite dizaine devait quoi qu'il en soit prendre part à "Barbarossa" dès le mois de juin 1941.

Qu'est-ce que cela signifie ? Que la double opération "Marita"/"25" n'a guère eu d'impact sur "Barbarossa", et n'a en tout cas en rien repoussé celle-ci de cinq semaines pour la raison même.

Un meilleur argument serait les crues très importantes qui ont lieu dans tout le réseau hydrographique d'Europe orientale en avril-mai 1941, entravant toute velléité offensive tant elles compliquent les mouvements et la logistique.


Et plus bas sur la même page :

CNE503 a écrit :
Un petit rappel d'abord : "Barbarossa", "Platin Füchs" et "München" impliquent 147 divisions du Heer (sur 203) et quatre divisions de la Waffen-SS (sur quatre - incluse la Polizei-Division qui n'en fera en fait partie qu'en 1942 mais passons).

Sur ces 207 divisions du Heer et de la Waffen-SS, 27 seulement sont concernées par "Marita" et "25" (je ne parle pas de la 7. Flieger Division de la Luftwaffe), ce qui représente 13% du total.
Quand on rentre dans le détail, c'est encore pire : sur ces 27 grandes unités, seules neuf participent à "Barbarossa" dès le mois de juin 1941, et quatre autres à "München", la conquête de la Bessarabie, opération lancée le 2 juillet 1941.
On a donc seulement 13 grandes unités concernées par la campagne des Balkans et les toutes premières étapes de l'invasion de l'URSS, soit 6% du total des forces allemandes et 8% des forces allemandes impliquées dans l'invasion de l'URSS.
Les autres contribueront soit à l'occupation des Balkans, soit principalement à nourrir la réserve stratégique de l'OKH, et seront déployées sur le front oriental à partir de la fin du mois de juillet 1941*.

Bref, l'impact en valeur absolue - 8% donc du volume pour la triple opération "Barbarossa"/"Platin Füchs"/"München" - de la double opération des Balkans en avril-mai 1941 est négligeable. On ne peut en faire un argument de choc pour expliquer l'échec allemand devant Moscou en novembre-décembre 1941.

Pour demeurer objectif, il faut cependant apporter une petite nuance à ce développement : des neuf divisions impliquées dans "Barbarossa" à partir du 22 juin 1941, sept sont des divisions mécanisées (8., 9., 11., 14. et 16. Panzer Divisionen, 16. Infanterie Division (motorisiert) et SS-Division "Reich"), dont l'Allemagne compte seulement 33 unités à cette date (vingt divisions blindées, treize divisions motorisées dont trois Waffen-SS), ce qui représente donc 25% de ses divisions blindées (5/20) et 15% de ses divisions motorisées (3/13) ; second bémol : sur ces sept divisions mécanisées, cinq sont destinées à la Panzergruppe 1 qui opère dès le 22 juin 1941 en tant que fer de lance de la Heeresgruppe "Süd" en Ukraine (sur cinq divisions blindées et trois motorisées au total pour ce groupement blindé, ce qui représente tout de même 80% de ses divisions blindées et 33% de ses divisions motorisées**).
Ce qui amène une conclusion : sauf à considérer que la ponction de la Panzergruppe 1 - dont l'état-major participe par ailleurs à "25" - soit uniquement due à la plus grande proximité géographique entre les Balkans et la frontière hungaro-polonaise qui constitue sa base de départ pour "Barbarossa", les opérations de la Heeresgruppe "Süd" sont d'emblée considérées comme secondaires par rapport à celles des Heeresgruppen "Mitte" et "Nord".
Un bémol du bémol : ces cinq divisions ont plus d'un mois pour se redéployer et se remettre en condition, sachant que leurs pertes ont été très faibles en avril-mai 1941. L'impact est donc mineur.

* Une question mérite toutefois d'être posée : est-ce que sans les opérations dans les Balkans, ces grandes unités placées en réserve stratégique n'auraient pas été immédiatement déployées dans le dispositif d'invasion et n'auraient pas permis de plus grandes victoires ? Je ne saurais le dire, mais je ne pense pas qu'en densifiant le dispositif initial on aurait obtenu des résultats significativement meilleurs, au risque même de le saturer. Je suis convaincu de toute manière que la constitution d'une réserve stratégique était un impératif - elles se révéleront déterminantes pour relancer l'offensive lorsque celle-ci marquera le pas, dans la seconde quinzaine de juillet et à la toute fin septembre 1941 particulièrement - et que le lien entre unités "fatiguées" par la campagne des Balkans et mise en réserve stratégique (avec donc possibilité d'effectuer une remise en condition plus longue) prouve qu'il y a un véritable suivi du potentiel des unités au niveau de l'état-major allemand et que celui-ci gère son pool de grandes unités de manière sensée et rationnelle.

** On peut y ajouter la brigade SS "Leibstandarte SS Adolf Hitler", concernée par les combats des Balkans et déployée avec la Panzergruppe 1 en juin 1941.


Just my two cents...

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bourbilly21 a écrit :
C'est Mussolini qui a sauvé Moscou...
Souvenez-vous que Barbarossa devait démarrer en mai et que les Allemands ont perdu du temps dans les Balkans !
cdt bourbilly


D'accord avec CNE503, cela tient de la légende urbaine. Depuis plusieurs années, les historiens militaires ont montré la fausseté de cette affirmation. Mais, elle a le plus grand mal à transfuser auprès du grand public et l'on voit encore trop souvent cette légende qui est totalement erronée. Mais puisque "tout le monde" pense que c'est vrai, on n'y coupe pas, dès qu'on évoque Barbarossa, on a cela qui ressort. Je pense qu'on en a encore pour 20 ou 30 ans ...

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Message Publié : 11 Sep 2012 19:23 
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Sans compter que, si on prend la lorgnette par l'autre bout, la contribution italienne à "Barbarossa", certes mineure, n'en est pas absolument négligeable, surtout à moyen terme.
Le CSIR (Corpo de Spedizione Italiano en Russia), lorsqu'il entre en ligne en août 1941, comprend deux divisions d'infanterie "auto-transportables" (9a Divisione autotrasportabile "Pasubio" et 52a Divisione autotrasportabile "Torino", de plus de 10 000 hommes chacune) et une division "rapide" (Celere Divisione, cavalerie partiellement mécanisée, comprenant plus de 7 000 hommes), la 3a "Principe Amadeo Duca d'Aosta", ainsi qu'une brigade du train et diverses unités de taille régimentaire ("Chemises Noires", Bersaglieri, artillerie et génie de corps d'armée, antichar). Cela représente tout de même 62 000 hommes, 5 500 véhicules et 4 000 animaux de bât, plus une petite force aérienne.

Ce corps expéditionnaire sera puissamment renforcé l'année suivante, à trois corps d'armée rassemblant dix divisions (dont une rapide, trois alpines et une de sécurité), deux brigades de "chemises noires" et une de cavalerie.

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Message Publié : 11 Sep 2012 19:25 
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Narduccio a écrit :
Je pense qu'on en a encore pour 20 ou 30 ans ...


On s'attèle à ce que ça dure moins longtemps, Narduccio, on s'y attèle B)

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Message Publié : 11 Sep 2012 19:33 
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bourbilly21 a écrit :
C'est Mussolini qui a sauvé Moscou...
Souvenez-vous que Barbarossa devait démarrer en mai et que les Allemands ont perdu du temps dans les Balkans !
cdt bourbilly

Hitler tenait de toutes manières à protéger son flanc balkanique. Protéger ses arrières c'est une règle d'or.
De plus, tout le monde sait que mai n'est pas le bon mois pour attaquer la Russie à cause des pluies et du dégel. Il faut attendre fin juin pour que les terres soient bien praticables.
L'assaut du 22 juin est donc parfaitement cohérent et logique. Notez que l'offensive de 1942 commence bien fin juin (le 28), et pas en mai. Cela pour les mêmes raisons.

Les Allemands savaient pertinemment tout cela. Leur histoire de dire c'est la faute des Italiens, des Hongrois, des Roumains, de Mussolini ou même de... Hitler, ça ne tient pas debout.
Ce sont bien les Allemands qui ont perdu la guerre, malgré un chef de guerre (Hitler) pas si bête que ça, et malgré l'apport pas du tout négligeable de l'armée italienne, mais aussi hongroise et roumaine et finlandaise... c'est un peu facile de transformer de précieux alliés en bouc-émissaires...

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Message Publié : 11 Sep 2012 19:48 
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Jeff de Bruges a écrit :
L'assaut du 22 juin est donc parfaitement cohérent et logique. Notez que l'offensive de 1942 commence bien fin juin (le 28), et pas en mai. Cela pour les mêmes raisons


Moui, enfin, a contrario, sans l'offensive soviétique de Kharkov, l'opération "Fridericus" aurait débuté le 18 mai 1942... De plus, "Blau" - successeur de "Fridericus" - est précédée d'attaques préliminaires ("Wilhelm" et "Fridericus II") qui sont lancées au début du mois de juin. Sans compter les opérations "Trappen Jagd" et "Storfang" en Crimée, la première débutant le... 8 mai 1942, la seconde le 7 juin.

CNE503

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