bourbilly21 a écrit :
C'est Mussolini qui a sauvé Moscou...
Souvenez-vous que Barbarossa devait démarrer en mai et que les Allemands ont perdu du temps dans les Balkans !
cdt bourbilly
Je ne partage pas votre avis, bourbilly21. J'ai donné le mien ici :
viewtopic.php?f=49&t=29551&st=0&sk=t&sd=a&start=30CNE503 a écrit :
C'est une vieille lune. "Marita", l'invasion de la Grèce, a été parfaitement intégrée dans la planification de "Barbarossa". Elle n'a eu que très peu d'impact sur l'Ostheer. "25", l'invasion de la Yougoslavie, a été déclenchée si soudainement qu'effectivement, elle n'a pas pour sa part été prise en compte. Mais le volume d'unités impliquées directement contre la Yougoslavie est faible (14 divisions dont quatre blindées et deux motorisées, et encore certaines étaient de toute manière prévues pour l'invasion de la Grèce).
L'impact a été mineur, contrairement à ce qu'on a pu lire à droite ou à gauche, comparé à l'avantage qui en a été retiré : sécuriser le flanc balkanique et éviter toute possibilité à court terme de réédition de la chevauchée fantastique de l'Armée d'Orient en Macédoine en septembre 1918...
Pour le coup, stratégiquement, cela se justifiait complètement. La logique aurait voulu que l'invasion de l'URSS soit remise à l'année suivante ou tout simplement annulée (en attendant que les Soviétiques prennent l'initiative de l'agression, par exemple) mais pas pour cette raison fallacieuse de retard et de pertes non compensées.
Et ici :
viewtopic.php?f=49&t=29551&st=0&sk=t&sd=a&start=75CNE503 a écrit :
Jamais "Barbarossa" ne devait être lancée le 15 mai 1941. La directive n°21 du 18 décembre 1940 dit seulement que "Les préparatifs qui nécessitent un temps de mise en place plus important seront, dans la mesure où ils ne sont pas encore engagés, immédiatement commencés, et devront être terminés au plus tard le 15 mai 1941". Certes, cela signifie que le déclenchement de l'opération aurait pu intervenir dès le 16 mai, mais dans les faits, si les préparatifs les plus lourds doivent être achevés pour le 15 mai, cela signifie qu'il y a encore une marge de manoeuvre pour les ajustements, qu'on peut estimer à au moins dix ou quinze jours au minimum.
Ensuite, quand on compare le dispositif initial, prévu pour "Marita" (l'opération contre la Grèce, préméditée et planifiée depuis l'automne 1940, donc ne parasitant en rien le dispositif de "Barbarossa") seule, à celui combiné de "Marita" et de "25" (l'opération contre la Yougoslavie, nommée d'après la directive n°25 du 27 mars 1941 qui en lance l'exécution), on s'aperçoit que la différence est mineure, c'est-à-dire que très peu de grandes unités ont été prélevées sur le dispositif de "Barbarossa" pour abattre la Yougoslavie. "25", lancée en deux temps les 8 et 10 avril 1941, n'est menée que par 14 divisions, dont plusieurs - j'en compte au moins cinq, peut-être plus, dont les 8. et 14. Panzer Divisionen et la 16. Infanterie Division (motorisiert) - devaient de toute manière prendre part à "Marita" et le feront à partir du 13 avril 1941 - comme la 5. Panzer Division.
C'est-à-dire que la campagne des Balkans a été menée par 28 divisions du Heer, de la Waffen-SS et de la Luftwaffe (14 contre la Yougoslavie, 14 contre la Grèce), dont seulement une petite dizaine devait quoi qu'il en soit prendre part à "Barbarossa" dès le mois de juin 1941.
Qu'est-ce que cela signifie ? Que la double opération "Marita"/"25" n'a guère eu d'impact sur "Barbarossa", et n'a en tout cas en rien repoussé celle-ci de cinq semaines pour la raison même.
Un meilleur argument serait les crues très importantes qui ont lieu dans tout le réseau hydrographique d'Europe orientale en avril-mai 1941, entravant toute velléité offensive tant elles compliquent les mouvements et la logistique.
Et plus bas sur la même page :
CNE503 a écrit :
Un petit rappel d'abord : "Barbarossa", "Platin Füchs" et "München" impliquent 147 divisions du Heer (sur 203) et quatre divisions de la Waffen-SS (sur quatre - incluse la Polizei-Division qui n'en fera en fait partie qu'en 1942 mais passons).
Sur ces 207 divisions du Heer et de la Waffen-SS, 27 seulement sont concernées par "Marita" et "25" (je ne parle pas de la 7. Flieger Division de la Luftwaffe), ce qui représente 13% du total.
Quand on rentre dans le détail, c'est encore pire : sur ces 27 grandes unités, seules neuf participent à "Barbarossa" dès le mois de juin 1941, et quatre autres à "München", la conquête de la Bessarabie, opération lancée le 2 juillet 1941.
On a donc seulement 13 grandes unités concernées par la campagne des Balkans et les toutes premières étapes de l'invasion de l'URSS, soit 6% du total des forces allemandes et 8% des forces allemandes impliquées dans l'invasion de l'URSS.
Les autres contribueront soit à l'occupation des Balkans, soit principalement à nourrir la réserve stratégique de l'OKH, et seront déployées sur le front oriental à partir de la fin du mois de juillet 1941*.
Bref, l'impact en valeur absolue - 8% donc du volume pour la triple opération "Barbarossa"/"Platin Füchs"/"München" - de la double opération des Balkans en avril-mai 1941 est négligeable. On ne peut en faire un argument de choc pour expliquer l'échec allemand devant Moscou en novembre-décembre 1941.
Pour demeurer objectif, il faut cependant apporter une petite nuance à ce développement : des neuf divisions impliquées dans "Barbarossa" à partir du 22 juin 1941, sept sont des divisions mécanisées (8., 9., 11., 14. et 16. Panzer Divisionen, 16. Infanterie Division (motorisiert) et SS-Division "Reich"), dont l'Allemagne compte seulement 33 unités à cette date (vingt divisions blindées, treize divisions motorisées dont trois Waffen-SS), ce qui représente donc 25% de ses divisions blindées (5/20) et 15% de ses divisions motorisées (3/13) ; second bémol : sur ces sept divisions mécanisées, cinq sont destinées à la Panzergruppe 1 qui opère dès le 22 juin 1941 en tant que fer de lance de la Heeresgruppe "Süd" en Ukraine (sur cinq divisions blindées et trois motorisées au total pour ce groupement blindé, ce qui représente tout de même 80% de ses divisions blindées et 33% de ses divisions motorisées**).
Ce qui amène une conclusion : sauf à considérer que la ponction de la Panzergruppe 1 - dont l'état-major participe par ailleurs à "25" - soit uniquement due à la plus grande proximité géographique entre les Balkans et la frontière hungaro-polonaise qui constitue sa base de départ pour "Barbarossa", les opérations de la Heeresgruppe "Süd" sont d'emblée considérées comme secondaires par rapport à celles des Heeresgruppen "Mitte" et "Nord".
Un bémol du bémol : ces cinq divisions ont plus d'un mois pour se redéployer et se remettre en condition, sachant que leurs pertes ont été très faibles en avril-mai 1941. L'impact est donc mineur.
* Une question mérite toutefois d'être posée : est-ce que sans les opérations dans les Balkans, ces grandes unités placées en réserve stratégique n'auraient pas été immédiatement déployées dans le dispositif d'invasion et n'auraient pas permis de plus grandes victoires ? Je ne saurais le dire, mais je ne pense pas qu'en densifiant le dispositif initial on aurait obtenu des résultats significativement meilleurs, au risque même de le saturer. Je suis convaincu de toute manière que la constitution d'une réserve stratégique était un impératif - elles se révéleront déterminantes pour relancer l'offensive lorsque celle-ci marquera le pas, dans la seconde quinzaine de juillet et à la toute fin septembre 1941 particulièrement - et que le lien entre unités "fatiguées" par la campagne des Balkans et mise en réserve stratégique (avec donc possibilité d'effectuer une remise en condition plus longue) prouve qu'il y a un véritable suivi du potentiel des unités au niveau de l'état-major allemand et que celui-ci gère son pool de grandes unités de manière sensée et rationnelle.
** On peut y ajouter la brigade SS "Leibstandarte SS Adolf Hitler", concernée par les combats des Balkans et déployée avec la Panzergruppe 1 en juin 1941.
Just my two cents...
CNE503