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Message Publié : 04 Sep 2009 14:27 
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Grégoire de Tours
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François Delpla a écrit :
celles connexes de la reconnaissance du GPRF.
Sur ce point Roosevelt refusa d'écouter Stimpson après Bayeux tant il était convaincu que De Gaulle ne survivrait pas à l'âpreté de la politique française. Le fait est qu'il tînt seulement jusqu'en 1946 et ce grâce à l'entrée des communistes au gouvernement, ce qui évitait les troubles. Mais plus important que ces querelles de personnes, Roosevelt voulait faire placer l'Indochine et le Sénégal (Dakar) sous contrôle des Nations Unies afin que ces pays deviennent des bases stratégiques pour les USA; pour cela il lui était nécessaire d'être présent dans le gouvernement de la France. Tout cela nous éloigne de Jean Monnet.


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Message Publié : 04 Sep 2009 14:52 
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Intéressant Alain votre témoignage. Je ne pensais pas qu'il était allé jusque là...

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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Message Publié : 04 Sep 2009 16:46 
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Grégoire de Tours
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Il faudrait avoir le texte complet de Monnet en VO * pour le comprendre, ainsi que le discours de De Gaulle qui le précède. La négociation De Gaulle - Giraud a traîné pendant 4 mois après la rencontre de Casablanca; cela n'a pas donné une belle image auprès des alliés. A un moment excédé, Catroux écrivait à De Gaulle : "Votre intention oui ou non, est-elle de vous accorder avec Giraud ? Dans l'affirmative, il faut créer le climat favorable ; dans la négative, dites-le-moi."

(*) Je doute que Monnet ait employé le verbe "détruire". Agacer par De Gaulle et devant l’impossibilité de faire progresser la France Libre à cause de lui, pourquoi pas après tout, c'est dans le langage imagé des hommes d'action et cela n’a rien de surprenant, sauf pour ceux à qui manque l’expérience. Roosevelt en privé sur De Gaulle est hilarant.


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Message Publié : 06 Sep 2009 20:21 
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Georges Duby
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Romeo a écrit :
Il semble que Jean Monnet n'ait pas beaucoup soutenu les gaullistes durant la guerre.
Quelles ont été ses relations vis à vis de la France libre ?
Complément: La réponse à la question figure dans les mémoires de Monnet, il ne cache pas son opposition totale à l'initiative de la France Libre dont il dit qu'elle est "une grande faute" car elle sera considérée comme " une autorité créée à l'étranger sous la protection de l'Angleterre". Mais Churchill l'approuve faute de mieux. Après la nomination de Pétain, Monnet démissionne de ses fonctions de coordination économique, quitte la GB pour les EU très vite et il ne reverra pas de Gaulle avant 3 ans, à Alger, en 1943, pour à nouveau le combattre. Toujours dans les mémoires, il dit que de Gaulle est " prédisposé au pouvoir personnel " et qu'il faut éviter ce risque si faible soit-il ! En réalité il le combat, pas seulement sur instructions de Roosevelt à mon avis.
En sept. 1943, de Gaulle après que Monnet ait été nommé comme représentant de Giraud membre du gouvernement provisoire, s'en sépare ensuite mais le conserve comme commissaire en mission.
Contrairement à ce qu'on lit parfois, Monnet n'a pas participé à la rédaction de l'appel du 18 juin 40. Certes de Gaulle va le voir mais c'est parce qu'il a des bureaux à Londres comme président d'un comité franco-anglais de coordination économique , avec des moyens de communication. Monnet connait beaucoup de monde à Londres comme aux EU, parce qu'il a vécu longtemps dans ces deux pays comme homme d'affaires et financier pour le compte de son entreprise de vente de Cognac. Cette connaissance des deux pays alliés le rend précieux et unique pendant et après la SGM.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 06 Sep 2009 20:58 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 06 Fév 2009 16:01
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Alain.g a écrit :
La réponse à la question figure dans les mémoires de Monnet, il ne cache pas son opposition totale à l'initiative de la France Libre dont il dit qu'elle est "une grande faute" car elle sera considérée comme " une autorité créée à l'étranger sous la protection de l'Angleterre"..
Alain.g vous n'avez pas pris vos citations directement dans les mémoires de Jean Monnet : vous inventez, vous extrapolez, etc. C'est tout simplement honteux. A ce niveau de mauvaise foi, je n'ai pas de temps à perdre.


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Message Publié : 06 Sep 2009 22:07 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Mais si, je viens de les lire dans l'édition Fayard, livre de poche, 1976 et j'ai été surpris de leur contenu notamment l'opposition catégorique de Jean Monnet au comité national dont de Gaulle était le porte parole à Londres et l'argument employé: il est en Angleterre ( page 207 ). J'ai même appris à cette occasion que Churchill voyant que le transfert en Afrique du Nord du gouvernement français de Bordeaux ne se ferait pas, avait donné son accord ( page 205 ) pour reconnaitre le comité national de de Gaulle comme la seule autorité française (sic), comité au nom duquel de Gaulle s'adresserait aux français. Un point souvent ignoré. Le gouvernement de Bordeaux n'était plus l'interlocuteur de Churchill dès lors qu'il voulait cesser le combat et celui-ci avait aussitôt approuvé l'initiative de de Gaulle.
Calmez vous ponceludone!

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 07 Sep 2009 7:50 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 09 Jan 2005 18:30
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Je n'ai hélas pas beaucoup de temps pour participer à ce fil mais tous les participants me semblent négliger des documents essentiels et accessibles, notamment dans la (peu satisfaisante à certains égards) bio de Monnet par Eric Roussel.

Je me contenterai pour l'heure de causer des rapports gaullo-monnetiques à Londres en juin 40

-tout d'abord en citant ce que je viens d'écrire sur le projet d'union mort-né du 16 juin http://39-45.org/viewtopic.php?f=17&t=2 ... et#p238536 :
Citer :
En fin de matinée, Hitler ne le sait pas, mais il vient de gagner une chance notable de mourir... de vieillesse dans son lit. Churchill OK pour l'armistice français, à la condition, irréalisable, que la flotte (en opérations notamment contre l'Italie) gagne illico des ports anglais "pour la durée des négociations" : c'est tout ce qu'il a pu obtenir d'une réunion de cabinet où la confusion le disputait à la résignation. Pendant ce temps, de Gaulle fait la connaissance de Jean Monnet et de son dada, le projet d'union... présenté la veille au cabinet par Chamberlain et rejeté sous l'influence de Churchill ! Puis tous deux convergent vers une table de restaurant, et de Gaulle convainc rapidement Churchill que le projet d'union est désormais la seule chance d'empêcher l'armistice. D'où pour commencer, avant même la réunion du cabinet reconvoquée d'urgence au sujet du projet d'union, un second télégramme durcissant les conditions : il faudra transférer la flotte ET soumettre les conditions d'armistice, autant dire que l'autorisation est d'ores et déjà retirée.


-ensuite en mentionnant l'opposition militante de Monnet à l'émission du 18 juin. Cf. un mien article sur l'Appel http://www.delpla.org/article.php3?id_article=14 où j'écrivais notamment ceci :
Citer :
Après avoir résumé les informations disponibles sur la matinée et l’après-midi du 18, il faut, pour comprendre les péripéties de la soirée, revenir un tout petit peu en arrière et étudier ce qui s’est passé le 17, notamment entre de Gaulle et Jean Monnet.

Une " ébauche de l’appel du 18 juin ", datée de la veille au soir, sans précision d’heure, est apparue en 1988. Elle doit refléter la pensée et sans doute aussi le langage du futur père de la Cinquième République lorsqu’il dîne ce jour-là chez le géniteur en puissance de l’Union européenne. Voici son passage central :

Citer :
L’action foudroyante de la force mécanique a fait effondrer le moral du commandement et du gouvernement. A la suite de cet effondrement, deux voies étaient ouvertes :

Ou bien la voie de l’abandon et du désespoir. Cette voie menait à la capitulation. C’est celle qu’a choisie le gouvernement Pétain.

Ou bien celle de l’honneur et de l’espérance. C’est celle qu’ont choisie mes compagnons et moi.

Nous croyons que l’honneur commande aux Français de continuer la guerre aux côtés de leurs alliés et nous sommes résolus à le faire.


Monnet a nié, mais seulement après la mort du Général, et seulement en privé, que celui-ci lui ait, au cours de ce dîner, parlé de son projet d’appel. Cela a bien peu de chances d’être exact (même si, là encore, il est possible d’expliquer les choses par les oukases de la mémoire militante, en écartant l’hypothèse de la malhonnêteté). Plus encore que le témoignage de Courcel, nous pouvons en croire le comportement constant de De Gaulle : en ces premiers jours, il multiplie les rencontres avec les Français de Londres en essayant de les amener à ses vues. Au cours de ce dîner, le projet d’appel est évidemment opposé à celui d’un voyage à Bordeaux -une ville où de Gaulle, traitant carrément Pétain de " traître ", adjure ses interlocuteurs de comprendre que rien d’intéressant ne peut plus se produire. Il devait d’autant plus s’efforcer d’en convaincre Monnet, sans rien lui cacher de ses projets, que la familarité de ce dernier avec les dirigeants du Foreign Office lui donnait une grande influence sur les décisions britanniques concernant de Gaulle, et qu’il n’était pas homme à le lui laisser ignorer.

Quant à la diplomatie britannique, pendant toute la journée et la soirée du 18 juin, elle s’accroche à l’idée que Pétain n’est précisément pas un traître et qu’on peut encore jouer sur son sens de l’honneur. Ce qui lui a rendu l’espoir, c’est un discours radiodiffusé du ministre des Affaires étrangères Paul Baudouin, le 17 à 21h 30, nuançant l’appel à la cessation du combat proféré à midi trente par le maréchal.


-enfin, en résumant l'affaire du "comité national", lui aussi mort-né, du 23 juin : le cabinet décide de ne plus reconnaître le gouvernement Pétain et de favoriser la création d'un comité national français, sous la "coordination" de De Gaulle. Il s'ensuit deux communiqués dans ce sens, et une allocution radiodiffusée du Général, censurée dans ses propres mémoires. C'est que Halifax a rattrapé le coup dans la soirée : sous l'influence notamment de Jean Monnet, il a fait un coup de force dans la nuit, en interdisant la publication de l'allocution dans les journaux du lendemain. Il réussit à s'en justifier le matin devant le cabinet, et à faire avaliser son attitude, notamment en excipant largement du point de vue de Monnet.

La lettre de Monnet à de Gaulle sur l'inopportunité d'un organe anti-pétainiste sis à Londres est à lire sous cet éclairage.


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Message Publié : 07 Sep 2009 16:27 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Ce qu'on sent bien dans cette période assez peu commentée au fond de 1940, c'est que pendant que les politiques français flottent, droite et gauche d'ailleurs (il s'agit de la chambre dite du Front Populaire), assommés par une défaite aussi rapide, deux hommes sont déterminés. Churchill sait qu'il faut absolument se battre jusqu'à l'élimination de Hitler, de Gaulle ne veut à aucun prix d'un armistice et il a compris qu'il ne faut rien attendre du gouvernement français de l'heure et qu'il va s'incliner devant l'Allemagne.
Quand à Monnet, il veut continuer la lutte mais en aucun cas avec de Gaulle présidant à Londres un Comité exilé.
Ce qui m'étonne, c'est alors que Churchill bascule vers la solution de Gaulle et accrédite de Gaulle et son Comité, parce que Bordeaux ne veut plus se battre, Monnet persiste et signe cette lettre qu'il fait porter à la BBC, pour dire à de Gaulle : " je considère que se serait une grande faute que d'essayer de continuer en Angleterre une organisation qui pourrait apparaitre en France comme une autorité créée à l'étranger sous la protection de l'Angleterre." Rien n'explique cette malencontreuse lettre, qui a du agacer fortement Churchill! L'avenir démentira cruellement Monnet! Le " ici Londres " plaira aux français.
Jean Monnet n'a rien compris à mon avis à la situation et croit encore à son projet - utopiste - d'un Etat unique France-GB avec un seul parlement, et union totale des deux Etats, qui a été rejeté au compte final.
Monnet n'a pas de sens politique, on le verra encore plus tard avec l' Europe. De Gaulle bien plus tard le traitera cruellement d' "Apatride".

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Message Publié : 07 Sep 2009 17:48 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 14 Avr 2005 10:11
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Citer :
Monnet n'a pas de sens politique, on le verra encore plus tard avec l' Europe.
Ce qu'on appelle la méthode Monnet accompagnera les premiers pas de la construction européenne avec un certain succès même si aujourd'hui elle est épuisée au dire de beaucoup. Ainsi,à monsens, il est au contraire un fin tacticien même si on peut discuter le but visé... mais c'est une autre discusssion. Et c'est peut être celle ci qui fait qualifier Monnet d'apatride par De Gaulle.

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« Étudiez comme si vous deviez vivre toujours ; vivez comme si vous deviez mourir demain. » Isidore de Séville


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Message Publié : 07 Sep 2009 18:43 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 07 Sep 2008 15:55
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je ne connaissais pas cet épisode de juin 40 entre Monnet et De Gaulle. Mais je comprends mieux maintenant l'hostilité méprisante et constante du général à l'égard de Monnet ...

Par ailleurs un phénomène qui reste inouï c'est la confiance en soi (à la limite de la fatuité) de cet homme qui encore moins que De Gaulle a une légitimité pour donner son avis sur des questions politiques fondamentales. Au moins de Gaulle était militaire et ministre (certes de second rang) et auteur de livres (connus dan sun milieu très limité certes) mais cela lui donnait un minimum de légitimité à parler de la guerre ...


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Message Publié : 12 Sep 2009 22:16 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 06 Fév 2009 16:01
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En Juin 1940 Monnet, qui avait été secrétaire adjoint de la SDN, a une bien plus grande expérience politique que De Gaulle. Celui-ci était sous-secrétaire depuis seulement le 6 juin 1940, comme il a surtout passé son temps dans les transports (PC Weygand, Orléans, Briare, Londres, Bordeaux ) il n'a pas eu le temps d'apprendre le métier. En tant que militaire, De Gaulle avait eu une carrière moyenne, il est colonel en 1937, alors que Juin, son camarade de promotion, devint général en 1938. Quand le 23 juin Monnet écrit à De Gaulle, celui-ci n'a pas encore fait son annonce à la BBC et il ne propose pas de devenir le chef du futur comité. Churchill pris par défaut la solution De Gaulle sans pour cela que le gouvernement britannique reconnaisse officiellement le Comité National Français. En réponse à sa démission du 2 juillet de la présidence du Comité de coordination franco-anglais, qui n'avait plus de raison d'être, Churchill proposa à Monnet le 17 juillet de poursuivre aux USA ces mêmes services ayant trait aux fournitures américaines. En 1940, De Gaulle n'était le sauveur de personne, il eut le courage qui manqua à d'autres plus qualifiés. Monnet fut tout aussi utile que De Gaulle pour la France Libre, il est vain de projeter sur leur rencontre de 1940, la relation qu'ils auront après 1950 dans un tout autre contexte. Un peu de chronologie :

Télégramme du 19 juin de De Gaulle à Noguès (De Gaulle, Mémoires) :
"Suis à Londres en contact officieux et direct avec gouvernement britannique. Me tiens à votre disposition, soit pour combattre sous vos ordres, soit pour toute démarche qui pourrait vous paraître utile."

Lettre du 20 juin de De Gaulle à Weygand (De Gaulle, Mémoires) :
"J'ai reçu votre ordre de rentrer en France. Je me suis donc tout de suite enquis du moyen de le faire, car je n'ai, bien entendu, aucune autre résolution que celle de servir en combattant.
Je pense donc venir me présenter à vous dans les vingt-quatre heures si, d'ici là, la capitulation n'a pas été signée.
Au cas où elle le serait, je me joindrais à toute résistance française qui s'organiserait où que ce soit. A Londres, en particulier, il existe des éléments militaires, — et sans doute en viendra-t-il d'autres, — qui sont résolus à combattre, quoi qu'il arrive dans la Métropole.
Je crois devoir vous dire très simplement que je souhaite pour la France et pour vous, mon Général, que vous sachiez et puissiez échapper au désastre, gagner la France d'outre-mer et poursuivre la guerre. Il n'y a pas actuellement d'armistice possible dans l'honneur.
J'ajoute que mes rapports personnels avec le gouverne­ment britannique, — en particulier avec M. Churchill, — pourraient me permettre d'être utile à vous-même ou à toute autre haute personnalité française qui vou­drait se mettre à la tête de la résistance française continuée.
Je vous prie de bien vouloir agréer, mon Général, l'expression de mes sentiments très respectueux et dévoués."

Lettre du 23 juin de Monnet à De Gaulle (Monnet, Mémoires):
Mon cher Général,
Après vous avoir rencontré, j'ai eu une conversa­tion avec sir Alexander Cadogan, et je lui ai répète ce que je vous avais dit ainsi qu'au brigadier Spears :  Je considère que ce serait une grande faute que d'essayer de constituer en Angleterre une organisa­tion qui pourrait apparaître en France comme une autorité créée à l'étranger sous la protection de l'Angleterre. Je partage complètement votre volonté d'empêcher la France d'abandonner la lutte ; je suis convaincu que le gouvernement de Bordeaux aurait dû mettre en Afrique du Nord le chef de lEtat, les présidents des deux Chambres, ainsi quun certain nombre de membres du gouvernement qui, d'accord avec le général Noguès, auraient fait de l'Afrique du Nord un bastion de la résistance française.
Je persiste à croire que, aujourd'hui encore, la décision par le général Noguès de résister permet­trait de rallier tous ceux qui en France désirent conti­nuer la lutte et rester fidèles aux engagements solen­nels de la France vis-à-vis de ses alliés. Si la résis­tance peut être organisée en Afrique du Nord, c’est-à-dire en terre française, sous l'autorité de chefs qui ont été investis de leurs fonctions dans des condi­tions régulières, autrement dit par un gouvernement qui n'était pas à l'époque de son investiture prati­quement sous le contrôle de l'ennemi, je suis sur qu'on trouvera un immense écho en France et dans toutes les colonies françaises à l'étranger. Mais ce n'est pas de Londres qu'en ce moment-ci peut partir l'effort de résurrection. Il apparaîtrait aux Français sous cette forme comme un mouvement protégé parl'Angleterre, inspiré par ses intérêts, et à cause de cela condamné à un échec qui rendrait plus difficiles les efforts ultérieurs de ressaisissement.
« Comme je vous l'ai indiqué plus haut, j'ai exposé ceci à sir Alexander Cadogan ; je viens de le répéter à sir Robert Vansittart et à l'ambassadeur de France. Comme vous, je n'ai qu'un but : réveiller les énergies de la France et la convaincre qu'elle ne doit pas finir ainsi. J'ai voulu que vous connaissiez complètement ma pensée.
« Je vous prie d'agréer, mon cher Général, l'expres­sion de mes sentiments les plus distingués.
« P.-S. — Bien entendu, la constitution d'un Comité qui serait chargé d'aider tout Français désirant conti­nuer la lutte avec l'Angleterre à trouver sa place serait extrêmement utile. Ainsi que je l'ai dit à Spears et à vous, je suis à votre disposition à n'importe quel moment pour discuter de cette question. »

Télégramme du 24 juin de De Gaulle à Noguès (De Gaulle, Mémoires) :
" Vous rendons compte de la constitution en cours d'un Comité National français pour relier tous, éléments français de résistance entre eux et avec alliés. Vous demandons donc entrer personnellement dans composition de ce Comité. Tous ici vous considèrent comme devant être le grand chef de la résistance française. Agréez l’expression de notre respect et de notre espérance."
Pour le Comité national français en formation : Général de Gaulle.

-------------
Monnet, Mémoires :
"Mais l'appel de de Gaulle (ndlr du 23 juin) fut suivi d'une communication par laquelle le gouvernement britannique reconnaissait le Comité comme représentant les éléments français indépen­dants déterminés à poursuivre la guerre, dans l'ac­complissement des obligations internationales de la France. Cette communication, elle aussi, était un effet de la précipitation. Le cabinet anglais n'avait pas eu le temps de la discuter. On s'en aperçut et elle fut retirée de la publication. "
Churchill, Mémoires :
"In spite of the Armistice and Oran and the ending of our diplomatic relations with Vichy, whither the French Government had moved under Marshal Pétain, I never ceased to feel a unity with France. People who have not been subjected to the personal stresses which fell upon prominent Frenchmen in the awful ruin of their country should be careful in their judgments of individuals. It is beyond the scope of this story to enter the maze of French politics. But I felt sure that the French nation would do its best for the common cause according to the facts presented to it. When they were told that their only salvation lay in following the advice of the illustrious Marshal, and that England, which had given them so little help, would soon be conquered or give in, very little choice was offered to the masses. But I was sure they wanted us to win, and that nothing would give them more joy than to see us continue the struggle with vigour. It was our first duty to give loyal support to General de Gaulle in his valiant con­stancy. On August 7 I signed a military agreement with him which dealt with practical needs. His stirring addresses were made known to France and the world by the British broadcast. The sentence of death which the Pétain Government passed upon him glorified his name. We did everything in our power to aid him and magnify his movement.
At the same time it was necessary to keep in touch not only with France but even with Vichy. I therefore always tried to make the best of them. I was very glad when at the end of 1940 the United States sent an Ambassador to Vichy of so much influence and character as Admiral Leahy, who was himself so close to the President. I repeatedly encouraged the Canadian Premier, Mr. Mackenzie King, to keep his representative, the skilful and accomplished M. Dupuy, at Vichy. Here at least was a window upon a courtyard to which we had no other access. On July 25 I sent a minute to the Foreign Secretary in which I said: "I want to promote a kind of collusive conspiracy in the Vichy Government whereby certain members of that Government, perhaps with the consent of those who remain, will levant to North Africa in order to make a better bargain for France from the North African shore and from a position of independence. For this purpose I would use both food and other inducements, as well as the obvious argu­ments." Our consistent policy was to make the Vichy Government and its members feel that, so far as we were concerned, it was never too late to mend. Whatever had happened in the past, France was our comrade in tribulation, and nothing but actual war between us should prevent her being our partner in victory.
This mood was hard upon de Gaulle, who had risked all and kept the flag flying, but whose handful of followers outside France could never claim to be an effective alternative French Government. Never­theless we did our- utmost to increase his influence, authority, and power. He for his part naturally resented any kind of truck on our part with Vichy, and thought we ought to be exclusively loyal to him. He also felt it to be essential to his position before the French people that he should maintain a proud and haughty demeanour towards "per­fidious Albion", although an exile, dependent upon our protection and dwelling in our midst. He had to be rude to the British to prove to French eyes that he was not a British puppet. He certainly carried out this policy with perseverance. lol He even one day explained this tech­nique to me, and I fully comprehended the extraordinary difficulties of his problem. I always admired his massive strength. Whatever Vichy might do for good or ill, we would not abandon him or discourage accessions to his growing colonial domain. Above all we would not allow any portion of the French Fleet, now immobilised in French colonial harbours, to return to France. There were times when the Admiralty were deeply concerned lest France should declare war upon us and thus add to our many cares. I always believed that once we had proved our resolve and ability to fight on indefinitely the spirit of the French people would never allow the Vichy Government to take so unnatural a step. Indeed, there was by now a strong enthusiasm and comradeship for Britain, and French hopes grew as the months passed.


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Message Publié : 12 Sep 2009 22:18 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 06 Fév 2009 16:01
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En Juin 1940 Monnet, qui avait été secrétaire adjoint de la SDN, a une bien plus grande expérience politique que De Gaulle. Celui-ci était sous-secrétaire depuis seulement le 6 juin 1940, comme il a surtout passé son temps dans les transports (PC Weygand, Orléans, Briare, Londres, Bordeaux ) il n'a pas eu le temps d'apprendre le métier. En tant que militaire, De Gaulle avait eu une carrière moyenne, il est colonel en 1937, alors que Juin, son camarade de promotion, devint général en 1938. Quand le 23 juin Monnet écrit à De Gaulle, celui-ci n'a pas encore fait son annonce à la BBC et il ne propose pas de devenir le chef du futur comité. Churchill pris par défaut la solution De Gaulle sans pour cela que le gouvernement britannique reconnaisse officiellement le Comité National Français. En réponse à sa démission du 2 juillet de la présidence du Comité de coordination franco-anglais, qui n'avait plus de raison d'être, Churchill proposa à Monnet le 17 juillet de poursuivre aux USA ces mêmes services ayant trait aux fournitures américaines. En 1940, De Gaulle n'était le sauveur de personne, il eut le courage qui manqua à d'autres plus qualifiés. Monnet fut tout aussi utile que De Gaulle pour la France Libre, il est vain de projeter sur leur rencontre de 1940, la relation qu'ils auront après 1950 dans un tout autre contexte. Un peu de chronologie :

Télégramme du 19 juin de De Gaulle à Noguès (De Gaulle, Mémoires) :
"Suis à Londres en contact officieux et direct avec gouvernement britannique. Me tiens à votre disposition, soit pour combattre sous vos ordres, soit pour toute démarche qui pourrait vous paraître utile."

Lettre du 20 juin de De Gaulle à Weygand (De Gaulle, Mémoires) :
"J'ai reçu votre ordre de rentrer en France. Je me suis donc tout de suite enquis du moyen de le faire, car je n'ai, bien entendu, aucune autre résolution que celle de servir en combattant.
Je pense donc venir me présenter à vous dans les vingt-quatre heures si, d'ici là, la capitulation n'a pas été signée.
Au cas où elle le serait, je me joindrais à toute résistance française qui s'organiserait où que ce soit. A Londres, en particulier, il existe des éléments militaires, — et sans doute en viendra-t-il d'autres, — qui sont résolus à combattre, quoi qu'il arrive dans la Métropole.
Je crois devoir vous dire très simplement que je souhaite pour la France et pour vous, mon Général, que vous sachiez et puissiez échapper au désastre, gagner la France d'outre-mer et poursuivre la guerre. Il n'y a pas actuellement d'armistice possible dans l'honneur.
J'ajoute que mes rapports personnels avec le gouverne­ment britannique, — en particulier avec M. Churchill, — pourraient me permettre d'être utile à vous-même ou à toute autre haute personnalité française qui vou­drait se mettre à la tête de la résistance française continuée.
Je vous prie de bien vouloir agréer, mon Général, l'expression de mes sentiments très respectueux et dévoués."

Lettre du 23 juin de Monnet à De Gaulle (Monnet, Mémoires):
Mon cher Général,
Après vous avoir rencontré, j'ai eu une conversa­tion avec sir Alexander Cadogan, et je lui ai répète ce que je vous avais dit ainsi qu'au brigadier Spears :  Je considère que ce serait une grande faute que d'essayer de constituer en Angleterre une organisa­tion qui pourrait apparaître en France comme une autorité créée à l'étranger sous la protection de l'Angleterre. Je partage complètement votre volonté d'empêcher la France d'abandonner la lutte ; je suis convaincu que le gouvernement de Bordeaux aurait dû mettre en Afrique du Nord le chef de lEtat, les présidents des deux Chambres, ainsi quun certain nombre de membres du gouvernement qui, d'accord avec le général Noguès, auraient fait de l'Afrique du Nord un bastion de la résistance française.
Je persiste à croire que, aujourd'hui encore, la décision par le général Noguès de résister permet­trait de rallier tous ceux qui en France désirent conti­nuer la lutte et rester fidèles aux engagements solen­nels de la France vis-à-vis de ses alliés. Si la résis­tance peut être organisée en Afrique du Nord, c’est-à-dire en terre française, sous l'autorité de chefs qui ont été investis de leurs fonctions dans des condi­tions régulières, autrement dit par un gouvernement qui n'était pas à l'époque de son investiture prati­quement sous le contrôle de l'ennemi, je suis sur qu'on trouvera un immense écho en France et dans toutes les colonies françaises à l'étranger. Mais ce n'est pas de Londres qu'en ce moment-ci peut partir l'effort de résurrection. Il apparaîtrait aux Français sous cette forme comme un mouvement protégé parl'Angleterre, inspiré par ses intérêts, et à cause de cela condamné à un échec qui rendrait plus difficiles les efforts ultérieurs de ressaisissement.
« Comme je vous l'ai indiqué plus haut, j'ai exposé ceci à sir Alexander Cadogan ; je viens de le répéter à sir Robert Vansittart et à l'ambassadeur de France. Comme vous, je n'ai qu'un but : réveiller les énergies de la France et la convaincre qu'elle ne doit pas finir ainsi. J'ai voulu que vous connaissiez complètement ma pensée.
« Je vous prie d'agréer, mon cher Général, l'expres­sion de mes sentiments les plus distingués.
« P.-S. — Bien entendu, la constitution d'un Comité qui serait chargé d'aider tout Français désirant conti­nuer la lutte avec l'Angleterre à trouver sa place serait extrêmement utile. Ainsi que je l'ai dit à Spears et à vous, je suis à votre disposition à n'importe quel moment pour discuter de cette question. »

Télégramme du 24 juin de De Gaulle à Noguès (De Gaulle, Mémoires) :
" Vous rendons compte de la constitution en cours d'un Comité National français pour relier tous, éléments français de résistance entre eux et avec alliés. Vous demandons donc entrer personnellement dans composition de ce Comité. Tous ici vous considèrent comme devant être le grand chef de la résistance française. Agréez l’expression de notre respect et de notre espérance."
Pour le Comité national français en formation : Général de Gaulle.

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Monnet, Mémoires :
"Mais l'appel de de Gaulle (ndlr du 23 juin) fut suivi d'une communication par laquelle le gouvernement britannique reconnaissait le Comité comme représentant les éléments français indépen­dants déterminés à poursuivre la guerre, dans l'ac­complissement des obligations internationales de la France. Cette communication, elle aussi, était un effet de la précipitation. Le cabinet anglais n'avait pas eu le temps de la discuter. On s'en aperçut et elle fut retirée de la publication. "
Churchill, Mémoires :
"In spite of the Armistice and Oran and the ending of our diplomatic relations with Vichy, whither the French Government had moved under Marshal Pétain, I never ceased to feel a unity with France. People who have not been subjected to the personal stresses which fell upon prominent Frenchmen in the awful ruin of their country should be careful in their judgments of individuals. It is beyond the scope of this story to enter the maze of French politics. But I felt sure that the French nation would do its best for the common cause according to the facts presented to it. When they were told that their only salvation lay in following the advice of the illustrious Marshal, and that England, which had given them so little help, would soon be conquered or give in, very little choice was offered to the masses. But I was sure they wanted us to win, and that nothing would give them more joy than to see us continue the struggle with vigour. It was our first duty to give loyal support to General de Gaulle in his valiant con­stancy. On August 7 I signed a military agreement with him which dealt with practical needs. His stirring addresses were made known to France and the world by the British broadcast. The sentence of death which the Pétain Government passed upon him glorified his name. We did everything in our power to aid him and magnify his movement.
At the same time it was necessary to keep in touch not only with France but even with Vichy. I therefore always tried to make the best of them. I was very glad when at the end of 1940 the United States sent an Ambassador to Vichy of so much influence and character as Admiral Leahy, who was himself so close to the President. I repeatedly encouraged the Canadian Premier, Mr. Mackenzie King, to keep his representative, the skilful and accomplished M. Dupuy, at Vichy. Here at least was a window upon a courtyard to which we had no other access. On July 25 I sent a minute to the Foreign Secretary in which I said: "I want to promote a kind of collusive conspiracy in the Vichy Government whereby certain members of that Government, perhaps with the consent of those who remain, will levant to North Africa in order to make a better bargain for France from the North African shore and from a position of independence. For this purpose I would use both food and other inducements, as well as the obvious argu­ments." Our consistent policy was to make the Vichy Government and its members feel that, so far as we were concerned, it was never too late to mend. Whatever had happened in the past, France was our comrade in tribulation, and nothing but actual war between us should prevent her being our partner in victory.
This mood was hard upon de Gaulle, who had risked all and kept the flag flying, but whose handful of followers outside France could never claim to be an effective alternative French Government. Never­theless we did our- utmost to increase his influence, authority, and power. He for his part naturally resented any kind of truck on our part with Vichy, and thought we ought to be exclusively loyal to him. He also felt it to be essential to his position before the French people that he should maintain a proud and haughty demeanour towards "per­fidious Albion", although an exile, dependent upon our protection and dwelling in our midst. He had to be rude to the British to prove to French eyes that he was not a British puppet. He certainly carried out this policy with perseverance. lol He even one day explained this tech­nique to me, and I fully comprehended the extraordinary difficulties of his problem. I always admired his massive strength. Whatever Vichy might do for good or ill, we would not abandon him or discourage accessions to his growing colonial domain. Above all we would not allow any portion of the French Fleet, now immobilised in French colonial harbours, to return to France. There were times when the Admiralty were deeply concerned lest France should declare war upon us and thus add to our many cares. I always believed that once we had proved our resolve and ability to fight on indefinitely the spirit of the French people would never allow the Vichy Government to take so unnatural a step. Indeed, there was by now a strong enthusiasm and comradeship for Britain, and French hopes grew as the months passed.


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Message Publié : 13 Sep 2009 5:43 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 09 Jan 2005 18:30
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tous ces textes sont essentiels mais tout n'y est pas. La décision qui pèse sur les décisions est anglaise autant que française. Le 23 la cause est entendue, Londres retire sa reconnaissance diplomatique à Pétain au profit de De Gaulle chargé de coordonner un comité en formation, la chose est radiodiffusée, les carottes sont cuites, les gouverneurs de colonies obligés d'opter entre deux autorités théoriquement illégales (puisque Vichy pactise avec l'ennemi en rompant l'alliance sans autorisation aucune : il y avait là une sorte de légalité internationale, supérieure à la française; mais dans ces conditions la légalité passe dans les mains de qui continue la lutte).

D'où l'importance historique extrême d'une soirée que personne n'a eu intérêt à raconter. Halifax refait tout seul la délibération du cabinet avec des gens qui n'en sont pas membres puis foncer à la BBC empêcher que le discours de De Gaulle du 23 juin soit reproduit dans les journaux. Il explique tranquillement son coup d'Etat au cabinet le matin en expliquant qu'il avait été assiégé par des Français très bien (Monnet,Corbin, Léger...) pesant plus que de Gaulle et mieux à même de faire basculer l'empire. On sait ce qu'il en advint !

De Gaulle et Monnet au moins d'accord sur une chose : censurer au maximum le récit de ces événements.


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Message Publié : 13 Sep 2009 7:31 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 06 Fév 2009 16:01
Message(s) : 412
Le 23 juin 1940, Monnet avait raison.

De Gaulle, Mémoires : " le premier mouvement de Noguès avait été de relever le drapeau. On sait, qu'au vu des conditions allemandes, il avait, le 25 juin, télégraphié à Bordeaux, pour faire entendre qu'il était prêt à poursuivre la guerre. Employant une expression dont je m'étais moi-même servi à la radio six jours auparavant, il évoquait « la panique de Bordeaux », qui ne permettait pas au gouvernement «d'apprécier objectivement les possibilités de résistance de l'Afrique du Nord ». Il invitait Weygand « à reconsidérer ses ordres concernant l'exécution de l'armistice » et protestait que, si ces ordres étaient maintenus, « il ne pourrait les exécuter que la rougeur au front ». Il est clair que si Noguès avait choisi la voie de la résistance, tout l'Empire l'y aurait suivi. Mais on apprit bientôt que lui-même, ainsi que les autres résidents, gouverneurs, commandants supérieurs, obtempéraient aux sommations de Pétain et de Weygand et acceptaient l'armistice. Seuls, le général Catroux, Gouverneur général de l'Indochine, et le général Legentilhomme, commandant les troupes de la côte des Somalis, maintinrent leur réprobation. L'un et l'autre furent remplacés sans que leurs subordonnés fissent grand-chose pour les soutenir."


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Message Publié : 13 Sep 2009 14:12 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
Message(s) : 7445
Localisation : Montrouge
ponceludone a écrit :
Le 23 juin 1940, Monnet avait raison.
Je ne crois pas.
Ce que Monnet a appelé "une grande faute" que de constituer en Angleterre une organisation, donnera lieu très vite à une reconnaissance officielle par Churchill. Le 28 Juin celui-ci reconnait officiellement de Gaulle comme le chef de tous les français libres. Puis Churchill et de Gaulle signent les accords du 7 août 1940 donnant des moyens à de Gaulle pour mener son action. Le chef de la France libre donne comme instruction à René Cassin, son juriste, pour rédiger les textes de la France Libre: " Nous sommes la France". Avec le recul, le génie propre à de Gaulle et sa prescience des évènements, est déjà démontré.
Mais Monnet n'a pas été le seul à ne pas comprendre de Gaulle à ce moment là. Il ne le comprend toujours pas à Alger, 3 ans plus tard.

_________________
Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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