(On tente encore ? Oui, allez...)
Citer :
Plutot que de me dire que je n'ai compris au debat dites moi alors quelle difference vous voyez entre Hitler et Staline et effectivement quelle difference si fondamentale vous trouvez dans leur pouvoir et si effectivement la finalite n'est pas la meme.
Ben, votre phrase résume tout : vous n'avez pas compris le sujet parce qu'il ne s'agit pas plus de comparer Hitler et Staline que de disserter sur la
finalité de leurs agissements !! Moins encore d'en désigner un comme plus "démocrate" que l'autre...
Nous ne nous penchons pas sur la FIN mais sur les MOYENS... et ne vous en déplaise, il y a pléthore de moyens d'être un dictateur. Dire "Hitler est un dictateur point" ne mène pas loin. Se pencher sur la mécanique de la dictature nazie, c'est essayer de comprendre comment elle a été possible. Voire, établir des responsabilités en-dehors de celle d'Hitler et de ses acolytes.
Reprenons...
a/ Otez-vous Staline de l'esprit. Ce n'était qu'un exemple. Nous parlons d'Hitler et rien que d'Hitler. Nous parlons de la façon dont s'exerçait sa dictature et dans quelle mesure il était
le seul détenteur du pouvoir en Allemagne ou non.
b/ La finalité des deux est naturellement le pouvoir sans partage avec la brutalité comme moyen couramment employé. Personne ne le conteste et
ce n'est pas le sujet.
c/ Le sujet, donc : dans l'Allemagne nazie, si j'ai bien compris I.Kershaw, Hitler "prend le pouvoir" en 1933, mais à cette date et pour de longues années encore
il ne le détient pas entièrement. Pour la bonne et simple raison qu'il y est arrivé par des voies légales, il trouve déjà en bonne place d'autres foyers de pouvoir : les Eglises, les syndicats, l'armée et l'aristocratie, les industriels... et la large fraction de l'électorat qui n'a pas voté pour lui.
Dachau ouvre en 1934, ce qui signifie qu'Hitler ne lambine pas pour s'en prendre avec sauvagerie à tout ce qui, de son point de vue, ne peut QUE lui faire obstacle.
Si le peuple est rapidement maté, asservi et assommé de propagande à laquelle il est d'ailleurs fort réceptif, certains des autres foyers vont continuer à exister, c'est particulièrement évident en ce qui concerne l'armée et les industriels. Hitler ne décimera sérieusement le vieux corps d'officiers, qu'il a toujours haïs autant qu'ils le méprisaient - cf Rundstedt - qu'après le complot de 44. Idem, lors de la Nuit des Longs Couteaux, il joue le lobby de la bourgeoisie possédante contre ses propres troupes qui risquaient de le déborder, car il estime que ce lobby lui est utile.
Il semble donc qu'on puisse dire qu'Hitler, tout dictateur, parti unique, barbare et sanguinaire qu'il ait été, n'ait pas été un
autocrate au sens étymologique du terme au sens où il n'a pas retiré tout pouvoir aux autres comme un Louis XIV ni anéanti tous ceux qui en possédaient comme un Staline.
Tout en étant le chef incontesté, il maintient en l'état et dans des limites par lui fixées l'existence
d'autres foyers de pouvoir, ce qui ne veut absolument pas dire de CONTRE-pouvoirs. Précisément, ces détenteurs de pouvoir ne restaient en vie que dans la mesure où Hitler considérait que leur présence était globalement bénéficiaire à sa politique. En aucun cas, leur survie n'est la preuve d'une tolérance quelconque ou d'un reliquat de "pluralisme" au sein du IIIe Reich, ça me paraissait évident, mais bon...
Désireux de mener des guerres d'agression, il avait besoin d'officiers. Faute de pouvoir en fabriquer assez de formatés à son modèle, il utilise ceux qu'il a, ce qui implique qu'il devra parfois composer avec leurs exigences, leurs trouilles, leurs atermoiements, parfois passer outre, parfois biaiser, parfois briser. Exemple avant le D-Day, entre la tactique Rommel et la tactique Rundstedt, Hitler... coupe la poire en deux !
Quant à l'industrie, sur elle repose sa machine de guerre. Pas question de se l'aliéner, tant que ses exigences - ce qui sera le cas - n'entravent en rien la construction de l'Etat national-socialiste... On ira jusqu'à lui jeter en pâture la main-d'oeuvre esclave d'Auschwitz. En contrepartie, il semble qu'elle ait joué un rôle dans la date du déclenchement du conflit, qui n'était pas forcément celle qu'aurait voulue Hitler.
J'espère avoir résumé potablement le dossier, ou alors que quelqu'un corrige... et avoir enfin été clair, assavoir qu'il ne s'agit pas de dédouaner Hitler de quoi que ce soit ni d'en faire un personnage plus recommandable qu'il n'a été; simplement de débattre sur cette question : exerçait-il son pouvoir de dictateur en faisant ce qu'il voulait, quand il voulait, de qui il voulait, ou manoeuvrait-il plus subtilement avec des forces qu'il jugeait plus utiles "vivantes" que détruites ?