Cuchlainn a écrit :
Rommel était-il pour autant un "nazi convaincu" au sens où il aurait adhéré à la Weltanschauung raciale et tout le tralala ? ou bien faisait-il "juste" la guerre "à fond", en bon soldat allemand discipliné, pour celui qui était le chef de l'Etat, sans avoir l'idée de se poser des questions sur ce qu'était ce chef ?
Je ne reviens pas sur les crimes allemands à l'Est, première partie du message de Cuchlainn,tout cela est vrai, et surtout à l'est.
Pour ce qui est du "nazisme" de Rommel, je crois que, comme dans toutes les armées de l'époque, les généraux se sentent des techniciens, qui exécutent des ordres et ne discutent pas la politique (finalement, les dioscures Hindenburg-Ludendorff ont été une exception assez rare)
Ce qui explique la passivité de la plupart des généraux allemands face au nazissme; (mais n'oublions pas des complots menés dès 38 par certains autres généraux...)
Ceux qui veulent voir en Rommel un nazi font souvent circuler l'argument qu'il était le seul maréchal membre du parti. Malheureusement pour eux, on sait maintenant que c'est faux.
Deux faits eux exacts sont souvent cités, Rommel a refusé d'appliquer l'ordre qui commandait d'abattre les commandos anglais capturés...
Il est le seul général allemand à avoir publiquement protesté après Oradour.
A mon avis, après plusieurs lectures sur Rommel, je pense qu'il était un officier très nationaliste (ils l'étaient tous à l'époque, en France aussi), avait des idées très compétentes sur la façon de mener une offensive à fond, et écoeuré par la défaite et le "diktat" de Versailles, s'est rallié avec joie à un régime qui redonne fierté et grandeur à l'Allemagne (soyons clairs, je veux dire que c'est comme ça que lui et nombre de militaires allemands voient le nazisme avant 1939...pas moi!)
Ensuite, comme il est bien en cour, et sait se vendre, il profite de sa fonction de chef militaire de l'escorte de Hitler pour se faire octroyer une division blindée, ce qui lui permet effectivement de montrer pendant la campagne de France une valeur supérieure à celle de nombre de ses camarades de la panzerwaffe.
Comme chacun sait, quand on mange avec le diable, il faut une très longue cuiller...
Rommel a la chance d'être affecté en Afrique, sur un théâtre de guerre excentré, avec peu de civils pour subir des "dégâts collatéraux", donc il s'en tire avec les honneurs...Mais a compris entretemps que Hitler est un mauvais chef de guerre, parce qu'il sous-estime la puissance alliée, d'une part, et ne laisse pas les commandants locaux diriger leur bataille.
A partir de la Normandie, il se rend compte que c'est perdu militairement, et que l'obstination et les crimes de Hitler empêchent toute négociation...D'après son aide de camp Speidel je crois, il est au courant du complot, peut-être même du rôle qu'on veut lui faire jouer, mais il n'est pas organisateur du complot, juste un recours qui n'a pas dit non...
ensuite blessure, et choix très imposé du suicide...