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Tietie006 a écrit :

Soyons un peu sérieux ...s'appuyer sur des écrits d'extrême-droite pour étayer une thèse, l'existence de la synarchie, relève de tout, sauf d'un travail d'historien ...Pourquoi ne pas s'appuyer, aussi, sur le Protocole des Sages de Sion, pour étayer l'hypothèse du complot juif mondial. Vous ne saisissez apparemment pas la méthodologie du travail d'historien, qui doit avant tout faire une critique de ses sources, ce que ne fait pas Annie Lacroix-Riz.


L'exemple des protocoles est très mal choisi. Les protocoles sont une fabrication établie pour discréditer un ennemi politique. Mais doit-on exclure des écrits communistes pour expliquer un "complot" communiste? Ici vous voulez exclure les sources d'extrême-droite pour la compréhension d'un "complot" d'extrême-droite, c'est votre démarche que je trouve paradoxale...

Parlons un peu critique et permettez-moi de reprendre un message précédent:

Tietie006 a écrit :
Revenons sur les prolégomènes du pacte germano-soviétique vues par Annie Lacroix-Riz :

Page 495-496, l'historienne affirme que:
"l'historien Geoffrey Roberts est, sur la base d'archives soviétiques, catégorique sur l'initiative allemande et sur la répugnance soviétique jusqu'en août: le premier signe d'intérêt de Molotov pour un accord ne fut enregistré que le 11.".

Critique:

L'affirmation de Lacroix-Riz d'un subit intérêt des soviétiques pour une alliance avec l'Allemagne en août, me semble tout à fait erroné:

1°) Nous pourrions remonter à la mission de David Kandelaki, en 1936, missi dominici stalinien pour réactiver une coopération commerciale qu'avait arrêté Hitler, à son arrivée au pouvoir ou au discours de Molotov, en janvier 1936, devant le soviet suprême, qui, malgré une vive diatribe contre le Führer, demandait que les deux pays se rapprochent pour une collaboration pacifique. La mission Kandelaki se termina mal pour lui, puisque de retour en Russie, avec ses adjoints, Friederikson et Bessonov, ils furent tous exécutés. Ces négociations commerciales secrètes firent une quatrième victime, d'après Litvinov, l'agent soviétique Ignace Reiss, assassiné en Suisse, début septembre 1937, et qui avait été au courant de ces tractations. (Source: Note for a journal, de Maxime Litvinov, 1955, p.232).


La mission Kandelaki est avant tout une mission commerciale, qui ne sera d'ailleurs pas renouvelée. On peut y voir, sans éléments fort concrets, une étape importante du rapprochement germano-soviétique. Par rapport à ce qu'il reste officiellement de cette mission, cela me semble relevé du domaine de l'extrapolation.
C'est une démarche assez typique du complotisme: monter en épingle une rencontre plus ou moins banale et y voir absolument des négociations secrètes censées aboutir à un événement donné (ici le pacte) mettant en évidence a-posteriori son caractère foncièrement machiavélique.

Tietie006 a écrit :
2°) Mais le 1er janvier 1939, lors de la cérémonie des voeux, Hitler s'adresse à l'ambassadeur soviétique, chose qu'il n'avait plus faite depuis 1934. Le geste est remarqué à Moscou, et, 10 jours plus tard, l'ambassadeur soviétique propose aux allemands une réactivation des négociations commerciales interrompues depuis la fin de la mission Kandelaki. A la fin du mois de janvier, les allemands envoient Karl Schnurre à Moscou, pour prendre langue avec les soviétiques. Mais les négociations n'aboutiront sur rien. (Source: Karl Schnurre and the evolution of Nazi-soviet relation, 1936-1941, par Eduard E.Ericson III, German Studies, Association, 1998).


Je vous confirme que les relations germano-soviétiques ne sont pas vraiment intenses à cette époque.

Tietie006 a écrit :
3°) Le discours de Staline devant le 17eme congrès, le 10 mars 1939. Ce jour-là, devant un aéropage d'apparatchiks, il présente les deux futurs objectifs primordiaux :
- continuer une politique de pays et de bonnes relations commerciales avec tous les pays.
- être prudent et ne pas permettre que les provocateurs de guerre, habitués à tirer les marrons du feu, entraînent notre pays dans un conflit.
Du côté de Berlin, on interprète ce discours comme une défiance aux démocraties, désignés, implicitement, comme des "provocateurs de guerre". Ici, d'ailleurs, Staline n'a pas tort. Le lâchage, par les alliés, de la Tchécoslovaquie, à Munich, en septembre 1938, l'annexion pure et simple de la Bohême-Moravie, par le Reich, en mars 1939 ainsi que l'occupation de Memel, en Lituanie, le 23 mars 1939, ne peuvent qu'inciter le géorgien à penser, à juste raison, que les démocraties poussent Hitler à attaquer l'URSS.


D'accord.

Tietie006 a écrit :
4°) Le 3 mai 1939, un deuxième signal est envoyé à Berlin, avec le remplacement du commissaire aux affaires étrangères, le très naziphobe Maxime Litvinov, qui avait le désagrément d'être juif, par Molotov, homme sans état d'âme, qui travaillera toujours au service de Staline malgré l'envoi, au Goulag, de sa femme, Paulina Molotova, en 1948. La judéité de Litvinov n'était pas adapté aux futures négociations avec les allemands.


Ça c'est la thèse courante, Litvinov mis de côté parce que Juif. Pourtant la nomination de Molotov est limpide, dans le tournant que prennent les événements en Europe, la direction des affaires étrangères devient un poste-clé qu'on destine à un homme dont la détermination politique n'est plus à démontrer et le prestige important. Relier à cela des faits qui se dérouleront dix ans plus tard (Jemtchoujina) pourquoi pas si vous pensez y trouver une explication psychologique (au demeurant un peu réductrice puisque Molotov n'est pas un yes-man), si A L-R faisait cela, vous seriez le premier à crier à l'amalgame. Par ailleurs dans ses relations avec les Allemands, Staline veillera toujours à introduire l'un ou l'autre Juif (le toast obligé de Ribbentrop à Kaganovitch ou la jonction de Brest-Litovsk menée par Krivoshein).
De nouveau nous trouvons dans votre explication une forte teinte complotiste, Molotov remplace Litvinov pour une raison essentielle: il est Juif et ne plaira pas à Hitler. Donc la politique soviétique est dans une orientation pro-allemande. Il y a d'autres explications, à la fois plus simples et parfaitement documentées, mais vous choisissez celle qui convient le mieux à votre thèse, celle d'un schéma aux racines profondes et machiavéliques (bis repetita), celle d'un complot.

Tietie006 a écrit :
5°) A la mi-juin 1939, le conseiller soviétique à Berlin, Georgi Asthakov fait passer un message aux allemands par l'ambassadeur de Bulgarie, Dragonov, disant que si l'Allemagne et l'URSS signaient un pacte de non-agression, l'URSS ne traiterait pas avec les anglais. (Source:Karl Schnurre and the evolution of Nazi-soviet relation, 1936-1941, par Eduard E.Ericson III, German Studies, Association, 1998)


Astakhov est approché en juillet pour des discussions d'abord commerciales. En tout cas Roberts dans son ouvrage dit clairement qu'Astakhov reçoit des messages de Schnurre et transmet à Moscou, mais que Moscou le laisse sans instructions précises jusqu'en août. Mais bon, ce n'est pas moi qui ait fait la recherche, je ne soutiendrai pas Roberts mordicus, ceci dit, il n'est pas le seul à dire que les discussions ne débutent sérieusement qu'en août.
Mais bien sûr il y a la mystérieuse rencontre entre le Bulgare Dragonov et Astakhov, il y aurait sans doute lieu de s'interroger sur une rencontre dont finalement pas grand monde ne parle et certainement pas Astakhov arrêté en 39, fusillé en 42. Mais on a bien là de nouveau un élément caractéristique du complot, et aussi, je vous l'accorde, des relations internationales. :wink:

Tietie006 a écrit :
6°) Et dès la mi-juillet, Schnurre, l'adjoint de Ribbentrop et Asthakov, entament des pourparlers sur le futur pacte qui sera signé le mois suivant.

En résumé, les soviétiques ne changèrent pas d'avis, subitement, en août, devant la mauvaise volonté franco-anglaise, mais avaient déjà sondé les allemands depuis janvier 1939.


Les Soviétiques changèrent d'avis et assez brusquement puisque l'alliance occidentale était clairement privilégiée. Que Staline ait envisagé une alternative, ce n'est que de la politique, mais c'est Hitler qui insiste et Staline qui prend la proposition. Les Soviétiques n'avaient pas à sonder les Allemands puisque ceux-ci proposaient clairement plus que simplement des accords commerciaux.


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Message Publié : 07 Sep 2012 11:09 
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Eginhard
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Inscription : 04 Juil 2007 10:16
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carlo68 a écrit :
Tietie006 a écrit :

Soyons un peu sérieux ...s'appuyer sur des écrits d'extrême-droite pour étayer une thèse, l'existence de la synarchie, relève de tout, sauf d'un travail d'historien ...Pourquoi ne pas s'appuyer, aussi, sur le Protocole des Sages de Sion, pour étayer l'hypothèse du complot juif mondial. Vous ne saisissez apparemment pas la méthodologie du travail d'historien, qui doit avant tout faire une critique de ses sources, ce que ne fait pas Annie Lacroix-Riz.


L'exemple des protocoles est très mal choisi. Les protocoles sont une fabrication établie pour discréditer un ennemi politique. Mais doit-on exclure des écrits communistes pour expliquer un "complot" communiste? Ici vous voulez exclure les sources d'extrême-droite pour la compréhension d'un "complot" d'extrême-droite, c'est votre démarche que je trouve paradoxale...

Parlons un peu critique et permettez-moi de reprendre un message précédent:

Tietie006 a écrit :
Revenons sur les prolégomènes du pacte germano-soviétique vues par Annie Lacroix-Riz :

Page 495-496, l'historienne affirme que:
"l'historien Geoffrey Roberts est, sur la base d'archives soviétiques, catégorique sur l'initiative allemande et sur la répugnance soviétique jusqu'en août: le premier signe d'intérêt de Molotov pour un accord ne fut enregistré que le 11.".

Critique:

L'affirmation de Lacroix-Riz d'un subit intérêt des soviétiques pour une alliance avec l'Allemagne en août, me semble tout à fait erroné:

1°) Nous pourrions remonter à la mission de David Kandelaki, en 1936, missi dominici stalinien pour réactiver une coopération commerciale qu'avait arrêté Hitler, à son arrivée au pouvoir ou au discours de Molotov, en janvier 1936, devant le soviet suprême, qui, malgré une vive diatribe contre le Führer, demandait que les deux pays se rapprochent pour une collaboration pacifique. La mission Kandelaki se termina mal pour lui, puisque de retour en Russie, avec ses adjoints, Friederikson et Bessonov, ils furent tous exécutés. Ces négociations commerciales secrètes firent une quatrième victime, d'après Litvinov, l'agent soviétique Ignace Reiss, assassiné en Suisse, début septembre 1937, et qui avait été au courant de ces tractations. (Source: Note for a journal, de Maxime Litvinov, 1955, p.232).


La mission Kandelaki est avant tout une mission commerciale, qui ne sera d'ailleurs pas renouvelée. On peut y voir, sans éléments fort concrets, une étape importante du rapprochement germano-soviétique. Par rapport à ce qu'il reste officiellement de cette mission, cela me semble relevé du domaine de l'extrapolation.
C'est une démarche assez typique du complotisme: monter en épingle une rencontre plus ou moins banale et y voir absolument des négociations secrètes censées aboutir à un événement donné (ici le pacte) mettant en évidence a-posteriori son caractère foncièrement machiavélique.

Tietie006 a écrit :
2°) Mais le 1er janvier 1939, lors de la cérémonie des voeux, Hitler s'adresse à l'ambassadeur soviétique, chose qu'il n'avait plus faite depuis 1934. Le geste est remarqué à Moscou, et, 10 jours plus tard, l'ambassadeur soviétique propose aux allemands une réactivation des négociations commerciales interrompues depuis la fin de la mission Kandelaki. A la fin du mois de janvier, les allemands envoient Karl Schnurre à Moscou, pour prendre langue avec les soviétiques. Mais les négociations n'aboutiront sur rien. (Source: Karl Schnurre and the evolution of Nazi-soviet relation, 1936-1941, par Eduard E.Ericson III, German Studies, Association, 1998).


Je vous confirme que les relations germano-soviétiques ne sont pas vraiment intenses à cette époque.

Tietie006 a écrit :
3°) Le discours de Staline devant le 17eme congrès, le 10 mars 1939. Ce jour-là, devant un aéropage d'apparatchiks, il présente les deux futurs objectifs primordiaux :
- continuer une politique de pays et de bonnes relations commerciales avec tous les pays.
- être prudent et ne pas permettre que les provocateurs de guerre, habitués à tirer les marrons du feu, entraînent notre pays dans un conflit.
Du côté de Berlin, on interprète ce discours comme une défiance aux démocraties, désignés, implicitement, comme des "provocateurs de guerre". Ici, d'ailleurs, Staline n'a pas tort. Le lâchage, par les alliés, de la Tchécoslovaquie, à Munich, en septembre 1938, l'annexion pure et simple de la Bohême-Moravie, par le Reich, en mars 1939 ainsi que l'occupation de Memel, en Lituanie, le 23 mars 1939, ne peuvent qu'inciter le géorgien à penser, à juste raison, que les démocraties poussent Hitler à attaquer l'URSS.


D'accord.

Tietie006 a écrit :
4°) Le 3 mai 1939, un deuxième signal est envoyé à Berlin, avec le remplacement du commissaire aux affaires étrangères, le très naziphobe Maxime Litvinov, qui avait le désagrément d'être juif, par Molotov, homme sans état d'âme, qui travaillera toujours au service de Staline malgré l'envoi, au Goulag, de sa femme, Paulina Molotova, en 1948. La judéité de Litvinov n'était pas adapté aux futures négociations avec les allemands.


Ça c'est la thèse courante, Litvinov mis de côté parce que Juif. Pourtant la nomination de Molotov est limpide, dans le tournant que prennent les événements en Europe, la direction des affaires étrangères devient un poste-clé qu'on destine à un homme dont la détermination politique n'est plus à démontrer et le prestige important. Relier à cela des faits qui se dérouleront dix ans plus tard (Jemtchoujina) pourquoi pas si vous pensez y trouver une explication psychologique (au demeurant un peu réductrice puisque Molotov n'est pas un yes-man), si A L-R faisait cela, vous seriez le premier à crier à l'amalgame. Par ailleurs dans ses relations avec les Allemands, Staline veillera toujours à introduire l'un ou l'autre Juif (le toast obligé de Ribbentrop à Kaganovitch ou la jonction de Brest-Litovsk menée par Krivoshein).
De nouveau nous trouvons dans votre explication une forte teinte complotiste, Molotov remplace Litvinov pour une raison essentielle: il est Juif et ne plaira pas à Hitler. Donc la politique soviétique est dans une orientation pro-allemande. Il y a d'autres explications, à la fois plus simples et parfaitement documentées, mais vous choisissez celle qui convient le mieux à votre thèse, celle d'un schéma aux racines profondes et machiavéliques (bis repetita), celle d'un complot.

Tietie006 a écrit :
5°) A la mi-juin 1939, le conseiller soviétique à Berlin, Georgi Asthakov fait passer un message aux allemands par l'ambassadeur de Bulgarie, Dragonov, disant que si l'Allemagne et l'URSS signaient un pacte de non-agression, l'URSS ne traiterait pas avec les anglais. (Source:Karl Schnurre and the evolution of Nazi-soviet relation, 1936-1941, par Eduard E.Ericson III, German Studies, Association, 1998)


Astakhov est approché en juillet pour des discussions d'abord commerciales. En tout cas Roberts dans son ouvrage dit clairement qu'Astakhov reçoit des messages de Schnurre et transmet à Moscou, mais que Moscou le laisse sans instructions précises jusqu'en août. Mais bon, ce n'est pas moi qui ait fait la recherche, je ne soutiendrai pas Roberts mordicus, ceci dit, il n'est pas le seul à dire que les discussions ne débutent sérieusement qu'en août.
Mais bien sûr il y a la mystérieuse rencontre entre le Bulgare Dragonov et Astakhov, il y aurait sans doute lieu de s'interroger sur une rencontre dont finalement pas grand monde ne parle et certainement pas Astakhov arrêté en 39, fusillé en 42. Mais on a bien là de nouveau un élément caractéristique du complot, et aussi, je vous l'accorde, des relations internationales. :wink:

Tietie006 a écrit :
6°) Et dès la mi-juillet, Schnurre, l'adjoint de Ribbentrop et Asthakov, entament des pourparlers sur le futur pacte qui sera signé le mois suivant.

En résumé, les soviétiques ne changèrent pas d'avis, subitement, en août, devant la mauvaise volonté franco-anglaise, mais avaient déjà sondé les allemands depuis janvier 1939.


Les Soviétiques changèrent d'avis et assez brusquement puisque l'alliance occidentale était clairement privilégiée. Que Staline ait envisagé une alternative, ce n'est que de la politique, mais c'est Hitler qui insiste et Staline qui prend la proposition. Les Soviétiques n'avaient pas à sonder les Allemands puisque ceux-ci proposaient clairement plus que simplement des accords commerciaux.


1°) Pourquoi, vous croyez que le livre de Chavin, sur le Mouvement Synarchique d'Empire et la Convention Synarchique Révolutionnaire est autre chose qu'une construction fantaisiste à la Protocole de Sion ? Et d'ailleurs, pour les ultra-collabos comme Mamy, cette Synarchie est un groupe conservateur/réactionnaire, assimilé au gouvernement de Vichy, qu'abhorre les ultra-collabos. Donc lorsqu'on travaille en tant qu'historien, on évite de prendre pour argent comptant ce genre de prose, comme le fait Annie Lacroix-Riz, qui brode sur la synarchie jusqu'à la nausée.

2°) La mission Kandelaki a toutefois bien existé, même si elle ne relève que du registre commercial. Je ne vois pas en quoi elle relèverait du complotisme, puisqu'elle s'inscrivait dans la pratique des traités de Rappalo et de Berlin, dans les années 20, qui avaient réuni les deux "pestiférés" européens. Staline a toujours été un real-politicien, comme le démontrera le pacte germano-soviétique, et cette mission avait juste pour but de tâter les possibilités de renouer des relations commerciales et surtout financières avec le Reich.
D'ailleurs, il y avait déjà eu des tractations entre les deux parties lors du Procès Dimitrov, fin 1933.

http://mobile.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/proces-de-leipzig-septembre-83118

3°) Molotov était Monsieur Niet pour l'extérieur, mais à l'intérieur du régime soviétique, tous les adjoints de Staline étaient des "yes-man". La particularité de Staline, par rapport à Hitler, par exemple, c'était de ne pas faire de sentiments avec son entourage proche. Voir le sort tragique de ses belles-familles, les Sanidze ou les Allilouiev et de la famille de quelques-uns de ses collaborateurs. La femme de son secrétaire particulier, Poskrebyshev, fut par exemple arrêtée en 1939 et fusillé deux ans plus tard, ce qui n'a pas empêché son secrétaire de continuer à travailler encore pour lui.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Nikola%C3%AFevitch_Poskrebytchev

Je ne parle pas même pas de ses proches comme Ordjokonidzé ou Boukharine ...et tous les autres ...

Et le remplacement du "juif" Litvinov par Molotov, serait alors une coïncidence, juste avant le pacte germano-soviétique ?

4°) Surtout qu'après le pacte germano-soviétique d'août 1939, un deuxième traité, du 28 septembre 1939, renforça la collaboration économique et politique entre les deux pays ...qui aboutit, notamment à la livraison, à la Gestapo, de quelques communistes allemands, comme Beuber-Neumann

http://fr.wikipedia.org/wiki/Margarete_Buber-Neumann

et surtout à la livraison, au Reich, de matières premières stratégiques, comme le pétrole, pour faire la guerre aux franco-anglais.

Sans compter les juifs de la zone polonaise allemande qui furent refoulés par les soviétiques.

Donc pour une Annie Lacroix-Riz qui parle d'une alliance contrainte et forcée avec le Reich, et qui affirme que même après le pacte, l'URSS agit comme une alliée des démocraties occidentales (sic), je trouve que les soviétiques furent assez zélés dans leur collaboration avec les allemands ...

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Message Publié : 07 Sep 2012 13:46 
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Tietie006 a écrit :

1°) Pourquoi, vous croyez que le livre de Chavin, sur le Mouvement Synarchique d'Empire et la Convention Synarchique Révolutionnaire est autre chose qu'une construction fantaisiste à la Protocole de Sion ? Et d'ailleurs, pour les ultra-collabos comme Mamy, cette Synarchie est un groupe conservateur/réactionnaire, assimilé au gouvernement de Vichy, qu'abhorre les ultra-collabos. Donc lorsqu'on travaille en tant qu'historien, on évite de prendre pour argent comptant ce genre de prose, comme le fait Annie Lacroix-Riz, qui brode sur la synarchie jusqu'à la nausée.


Ce que vous dites est à la fois clair et confus: le rapport Chavin, qui est proche de Vichy, serait un tissu de mensonge, d'ailleurs peut-on faire confiance à des ultra-collabos comme Mamy qui assimilaient Vichy et Synarchie??? A première vue c'est clair, mais si on veut y réfléchir, je trouve qu'il y a là une évidente contradiction. C'est pas très important, on voit où vous voulez en venir.
Mais bon je suis très réservé concernant cette histoire de synarchie. Je trouve la démarche de A L-R tout à fait légitime: la synarchie est un sujet d’étude comme un autre et toutes les sources doivent être utilisées. Après vous faites un livre et les gens trouvent votre argumentation bonne ou mauvaise, vous l'avez trouvée mauvaise, je ne l'ai pas trouvée extrêmement convaincante. Mais les thèses d'A L-R ne sont pas au programme de terminale.

Tietie006 a écrit :
2°) La mission Kandelaki a toutefois bien existé, même si elle ne relève que du registre commercial. Je ne vois pas en quoi elle relèverait du complotisme, puisqu'elle s'inscrivait dans la pratique des traités de Rappalo et de Berlin, dans les années 20, qui avaient réuni les deux "pestiférés" européens. Staline a toujours été un real-politicien, comme le démontrera le pacte germano-soviétique, et cette mission avait juste pour but de tâter les possibilités de renouer des relations commerciales et surtout financières avec le Reich.
D'ailleurs, il y avait déjà eu des tractations entre les deux parties lors du Procès Dimitrov, fin 1933.

http://mobile.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/proces-de-leipzig-septembre-83118


Donc vous êtes d'accord pour dire qu'il s'agit bien d'une mission commerciale. Pourquoi en faire les prodromes du pacte? Sinon pour alimenter une vision complotiste que vous reprochez si souvent aux autres...

Tietie006 a écrit :
3°) Molotov était Monsieur Niet pour l'extérieur, mais à l'intérieur du régime soviétique, tous les adjoints de Staline étaient des "yes-man". La particularité de Staline, par rapport à Hitler, par exemple, c'était de ne pas faire de sentiments avec son entourage proche. Voir le sort tragique de ses belles-familles, les Sanidze ou les Allilouiev et de la famille de quelques-uns de ses collaborateurs. La femme de son secrétaire particulier, Poskrebyshev, fut par exemple arrêtée en 1939 et fusillé deux ans plus tard, ce qui n'a pas empêché son secrétaire de continuer à travailler encore pour lui.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Nikola%C3%AFevitch_Poskrebytchev

Je ne parle pas même pas de ses proches comme Ordjokonidzé ou Boukharine ...et tous les autres ...


C'est sûr qu'Hitler ce grand sentimental... Pourquoi comparer des choses pas comparables? Hitler et Staline sont arrivés au pouvoir dans des circonstances très différentes, en s'appuyant sur des structures, des idées et des réseaux très différents. Ribbentrop et Molotov ne sont absolument pas comparables, vous pensez vraiment que Ribbentrop ou Goering, même Goebbels ou Hitler auraient pu être des bolcheviks? L'entourage de Staline étaient composé des fanatiques révolutionnaires, certainement pas des yes-men, que du contraire, c'est toute leur dimension dramatique. (PS: je sens que vous allez me répondre avec une histoire de vieux bolcheviks tous tués en 36, ceci est juste mon opinion basée sur certains faits, on en a longuement parlé ailleurs, nous sommes ici hors-sujet)

Tietie006 a écrit :
Et le remplacement du "juif" Litvinov par Molotov, serait alors une coïncidence, juste avant le pacte germano-soviétique ?


Ai-je dit que c'était une coïncidence? Au contraire le changement est beaucoup plus profond que simplement retirer un Juif pour faire plaisir à Hitler. C'est un signal pour Hitler sans doute, mais aussi pour les Anglo-Français. La décision traduit plutôt un contexte général de regain de tension et effectivement elle ouvre la porte à des possibilités nouvelles, mais surtout pour le rappeler à ceux qui sont les interlocuteurs privilégiés.


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Message Publié : 07 Sep 2012 15:22 
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Eginhard
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Inscription : 04 Juil 2007 10:16
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carlo68 a écrit :
Tietie006 a écrit :

1°) Pourquoi, vous croyez que le livre de Chavin, sur le Mouvement Synarchique d'Empire et la Convention Synarchique Révolutionnaire est autre chose qu'une construction fantaisiste à la Protocole de Sion ? Et d'ailleurs, pour les ultra-collabos comme Mamy, cette Synarchie est un groupe conservateur/réactionnaire, assimilé au gouvernement de Vichy, qu'abhorre les ultra-collabos. Donc lorsqu'on travaille en tant qu'historien, on évite de prendre pour argent comptant ce genre de prose, comme le fait Annie Lacroix-Riz, qui brode sur la synarchie jusqu'à la nausée.


Ce que vous dites est à la fois clair et confus: le rapport Chavin, qui est proche de Vichy, serait un tissu de mensonge, d'ailleurs peut-on faire confiance à des ultra-collabos comme Mamy qui assimilaient Vichy et Synarchie??? A première vue c'est clair, mais si on veut y réfléchir, je trouve qu'il y a là une évidente contradiction. C'est pas très important, on voit où vous voulez en venir.
Mais bon je suis très réservé concernant cette histoire de synarchie. Je trouve la démarche de A L-R tout à fait légitime: la synarchie est un sujet d’étude comme un autre et toutes les sources doivent être utilisées. Après vous faites un livre et les gens trouvent votre argumentation bonne ou mauvaise, vous l'avez trouvée mauvaise, je ne l'ai pas trouvée extrêmement convaincante. Mais les thèses d'A L-R ne sont pas au programme de terminale.

Tietie006 a écrit :
2°) La mission Kandelaki a toutefois bien existé, même si elle ne relève que du registre commercial. Je ne vois pas en quoi elle relèverait du complotisme, puisqu'elle s'inscrivait dans la pratique des traités de Rappalo et de Berlin, dans les années 20, qui avaient réuni les deux "pestiférés" européens. Staline a toujours été un real-politicien, comme le démontrera le pacte germano-soviétique, et cette mission avait juste pour but de tâter les possibilités de renouer des relations commerciales et surtout financières avec le Reich.
D'ailleurs, il y avait déjà eu des tractations entre les deux parties lors du Procès Dimitrov, fin 1933.

http://mobile.agoravox.fr/culture-loisirs/culture/article/proces-de-leipzig-septembre-83118


Donc vous êtes d'accord pour dire qu'il s'agit bien d'une mission commerciale. Pourquoi en faire les prodromes du pacte? Sinon pour alimenter une vision complotiste que vous reprochez si souvent aux autres...

Tietie006 a écrit :
3°) Molotov était Monsieur Niet pour l'extérieur, mais à l'intérieur du régime soviétique, tous les adjoints de Staline étaient des "yes-man". La particularité de Staline, par rapport à Hitler, par exemple, c'était de ne pas faire de sentiments avec son entourage proche. Voir le sort tragique de ses belles-familles, les Sanidze ou les Allilouiev et de la famille de quelques-uns de ses collaborateurs. La femme de son secrétaire particulier, Poskrebyshev, fut par exemple arrêtée en 1939 et fusillé deux ans plus tard, ce qui n'a pas empêché son secrétaire de continuer à travailler encore pour lui.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_Nikola%C3%AFevitch_Poskrebytchev

Je ne parle pas même pas de ses proches comme Ordjokonidzé ou Boukharine ...et tous les autres ...


C'est sûr qu'Hitler ce grand sentimental... Pourquoi comparer des choses pas comparables? Hitler et Staline sont arrivés au pouvoir dans des circonstances très différentes, en s'appuyant sur des structures, des idées et des réseaux très différents. Ribbentrop et Molotov ne sont absolument pas comparables, vous pensez vraiment que Ribbentrop ou Goering, même Goebbels ou Hitler auraient pu être des bolcheviks? L'entourage de Staline étaient composé des fanatiques révolutionnaires, certainement pas des yes-men, que du contraire, c'est toute leur dimension dramatique. (PS: je sens que vous allez me répondre avec une histoire de vieux bolcheviks tous tués en 36, ceci est juste mon opinion basée sur certains faits, on en a longuement parlé ailleurs, nous sommes ici hors-sujet)

Tietie006 a écrit :
Et le remplacement du "juif" Litvinov par Molotov, serait alors une coïncidence, juste avant le pacte germano-soviétique ?


Ai-je dit que c'était une coïncidence? Au contraire le changement est beaucoup plus profond que simplement retirer un Juif pour faire plaisir à Hitler. C'est un signal pour Hitler sans doute, mais aussi pour les Anglo-Français. La décision traduit plutôt un contexte général de regain de tension et effectivement elle ouvre la porte à des possibilités nouvelles, mais surtout pour le rappeler à ceux qui sont les interlocuteurs privilégiés.


1°) Ce que je dis est pourtant très clair ...les sources où s'abreuvent Annie Lacroix-Riz, pour étayer l'existence de la synarchie, sont issues de la grande imagination de milieux extrémistes de droite et donc ne valent rien.

2°) Les liens n'ayant jamais été complètement coupés entre nazis et soviétiques, le pacte n'est pas si surprenant que cela et cela infirme le fait qu'Annie Lacroix-Riz dise qu'il a fallu attendre août 1939, pour que les soviétiques prennent langue avec les nazis ...ce qui est un mensonge avéré.

3°) Le fait que Staline puisse sacrifier ses proches, que ça soit la famille ou son entourage de travail est un fait.

4°) Je reprends vos posts:

carlo68 a écrit :


Ça c'est la thèse courante, Litvinov mis de côté parce que Juif. Pourtant la nomination de Molotov est limpide, dans le tournant que prennent les événements en Europe, la direction des affaires étrangères devient un poste-clé qu'on destine à un homme dont la détermination politique n'est plus à démontrer et le prestige important. Relier à cela des faits qui se dérouleront dix ans plus tard (Jemtchoujina) pourquoi pas si vous pensez y trouver une explication psychologique (au demeurant un peu réductrice puisque Molotov n'est pas un yes-man), si A L-R faisait cela, vous seriez le premier à crier à l'amalgame. Par ailleurs dans ses relations avec les Allemands, Staline veillera toujours à introduire l'un ou l'autre Juif (le toast obligé de Ribbentrop à Kaganovitch ou la jonction de Brest-Litovsk menée par Krivoshein).
De nouveau nous trouvons dans votre explication une forte teinte complotiste, Molotov remplace Litvinov pour une raison essentielle: il est Juif et ne plaira pas à Hitler. Donc la politique soviétique est dans une orientation pro-allemande. Il y a d'autres explications, à la fois plus simples et parfaitement documentées, mais vous choisissez celle qui convient le mieux à votre thèse, celle d'un schéma aux racines profondes et machiavéliques (bis repetita), celle d'un complot.



Je ne vois pas trop le rapport avec un complot, dans le fait que Staline nomme Molotov à la place de Litvinov ...surtout que dans votre post suivant, vous rejoignez ma position ...le fait que cette nomination soit un signe pour les allemands, mais aussi pour les franco-anglais.

carlo68 a écrit :

Ai-je dit que c'était une coïncidence? Au contraire le changement est beaucoup plus profond que simplement retirer un Juif pour faire plaisir à Hitler. C'est un signal pour Hitler sans doute, mais aussi pour les Anglo-Français. La décision traduit plutôt un contexte général de regain de tension et effectivement elle ouvre la porte à des possibilités nouvelles, mais surtout pour le rappeler à ceux qui sont les interlocuteurs privilégiés.


Alors, est-ce un complot ou un signe envers Hitler, le remplacement de Litvinov par Molotov.

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Message Publié : 08 Sep 2012 17:58 
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Voici, un passage du livre, avec un titre, en gras, assez curieux :

L'URSS, une alliée traitée en ennemi principal: des fantasmes finlandais au délire du bombardement de Bakou. (p.509-519)

La fermeté intérieure contre les rouges eut pour corollaire la frénésie contre l'Union Soviétique, qui fut contre toute vraisemblance militaire érigée en ennemi principal.

Palasse, Naggiar, et l'URSS alliée: une inacceptable position « britannique ».

La correspondance de Palasse et de Naggiar postérieure à la déclaration de guerre vient à l'appui de la thèse de Roberts prêtant à l 'URSS une longue hésitation sur la position à prendre à propos de la Pologne et imputant à « l'improvisation sa ligne d'incorporation des Etats baltes non pas dans le système soviétique mais dans la sphère d'influence soviétique. »
[…] « L'URSS exerce actuellement une certaine pression sur les Etats Baltes dans le seul but de s'octroyer des points stratégiques de premier ordre pour contrecarrer la poussée allemande vers l'Ouest. La Russie soviétique se rangera bientôt aux côtés de démocraties pour abattre l'hitlérisme et son attitude actuelle est une préparation d'une action future contre le Reich. »

[…]
L'ambassadeur Naggiar tire du discours de Mr Molotov, au Soviet Suprême, le 31 octobre, créditant l'URSS « d'avoir empêché l'extension de la guerre à l'Europe danubienne et balkanique », les conclusions suivantes:
«1°)  Les pronostics faits par Mr Ribbentrop lors de son dernier séjour à Moscou, au mois de septembre, quant à un nouveau développement des relations germano-soviétiques, ne se sont pas réalisés. L'URSS reste dans la neutralité;c'est dans le domaine économique que les relations avec l'Allemagne se développent.
2°) L'URSS considère que l'acquisition de l'Ukraine et de la Russie blanche est définitive. Pour les dirigeants soviétiques, c'est la question essentielle qui déterminera l'attitude de l'URSS dans l'avenir.
3°) Tout en s'irritant des résistances de certains pays voisins, qu'elle voudrait traiter en vassaux (la Finlande et la Turquie), l'URSS évitera de recourir à la force, ne pas compromettre la position de puissance pacifique où elle s'est installée.
4°) L'URSS est prête à faire l'effort nécessaire pour avoir la paix en Extrême-Orient.

Bref l'attaché militaire et l'ambassadeur à Moscou défendirent, à l'automne 1939, une ligne proche de la ligne officielle britannique décrite par Charles Corbin, mais plus sincère. Car l'association City-Cabinet ne renonça pas à la politique des deux fers au feu, de « guerre limitée et de recherche d'une paix de compromis » avec le Reich, malgré l'énergie anti-allemande affichée par le cabinet de guerre cosmétique incluant Churchill.


Critique

1°) Déjà le titre du paragraphe : L'URSS, une alliée traitée en ennemi principal ...

Le chapitre traitant des débuts de la guerre, donc de la période post-pacte germano-soviétique, sa formulation est paradoxale ...comment un pays ayant signé un pacte de non-agression (et bien plus en fait !) avec le Reich hitlérien pourrait être considéré comme un allié par les franco-anglais ?

2°) Concernant les Etats baltes, la politique de l'URSS relève de tout, sauf de l'improvisation, les faits sont plutôt clairs !
La Lettonie et l'Estonie avaient été expressément définis comme pays faisant partie de la sphère d'influence soviétique, lors du Pacte germano-soviétique d'août 1939. Quant à la Lituanie, ce pays fut l'objet d'une négociation entre Staline et Ribbentrop. Le 27 septembre 1939, le Ministre des Affaires Etrangères allemand vint à Moscou pour régler la partition de la Pologne. Les soviétiques exigèrent alors qu'il n'y ait aucune reconstitution de l'Etat Polonais, ce que l'allemand accepta, bien que cela privât l'Allemagne d'un atout majeur pour de future négociations avec les alliés en vue d'une paix, et ils demandèrent au Ministre teuton la cession de la Lituanie à la sphère soviétique en échange d'une grande partie de la Pologne centrale qui avait été attribuée aux soviétiques par le pacte du 23 août. Si Hitler fut choquée par la demande, puisque des minorités allemandes habitaient la Lituanie, il accepta pour ne pas se quereller avec les soviétiques alors qu'il devait désormais concentrer ses troupes sur le front Ouest.
Le traité de bon voisinage et d'amitié germano-soviétique, accompagné d'une carte détaillée et de trois protocoles secrets, fut signé à 5 heures du matin, le 29 septembre 1939.

3°) Quant au fait de dire que l'URSS préparait une guerre contre le Reich, rien, dans les faits, ne va dans ce sens, le nouveau traité signé avec l'Allemagne, le 29 septembre 1939 prouvait bien le contraire ! D'ailleurs, jusqu'en juin 41, l'URSS n'a montré aucune velléité contre le Reich, se contentant, surtout, de signer de nouveaux traités de commerce avec l'Allemagne, comme début 1941. La thèse de Suvorov, alias Rezun, dans son Brise-Glace, comme quoi Staline s'apprêtaient, en 1941, à attaquer le Reich, si elle est intéressante sur le papier, ne repose que sur des hypothèses et des spéculations de l'auteur, mais la thèse renaît souvent de ses cendres, dernièrement avec Albert L. Weeks, auteur de Stalin’s Other War. Soviet Grand Strategy, 1939-1941, Rowman & Littlefield Publishers (2001 et 2003) .

4°) Quant au discours de Molotov, Annie Lacroix-Riz reprend les morceaux qui l'arrange, en insistant sur la phrase comme quoi l'attitude de l'URSS aurait évité l'expansion de la guerre à l'Europe danubienne et balkanique, ce qui est une foutaise, vu qu'Hitler, de toute façon, la Pologne battue, voulait se concentrer contre la France !! D'ailleurs, à part la Yougoslavie et la Grèce, toute l'Europe danubienne et balkanique est désormais dans l'orbite du Reich. De plus, Molotov se plante, puisque l'Italie mussolinienne venait d'attaquer la Grèce !!
Par contre, dans ce fameux discours, du 31 octobre 1939, le commissaire du Peuple aux Affaires étrangères se réjouissait de la disparition de la Pologne, rejeton monstrueux du Traité de Versailles !

5°) Quant à la fameuse paix de compromis recherché par les anglais dès octobre 1939, l'historienne n'approfondit pas et ne source rien, une hypothèse de plus lancée à blanc aux lecteurs …

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Message Publié : 31 Oct 2012 14:04 
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Jean Mabillon
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Article commentant l'ouvrage de Lacroix-Riz, à propos de la sortie en poche du livre d'Olivier Dard,
"La Synarchie, le mythe du complot permanent", qui en prend le contre-pied.

http://www.slate.fr/tribune/63537/synar ... -permanent


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Message Publié : 07 Nov 2012 20:03 
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Tonnerre a écrit :
Article commentant l'ouvrage de Lacroix-Riz, à propos de la sortie en poche du livre d'Olivier Dard,
"La Synarchie, le mythe du complot permanent", qui en prend le contre-pied.

http://www.slate.fr/tribune/63537/synar ... -permanent


Je vais me l'acheter. :mrgreen:

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Message Publié : 26 Fév 2013 10:07 
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Nombreux sont ceux qui n'ont ni l'envie ni le courage de lire le bouquin de Lacroix-Riz. Ils se contenteront d'une vidéo.


http://www.dailymotion.com/video/xsgt6q ... faite_news
Une vidéo "Daily motion". Conférence d’Annie Lacroix-Riz du 05 juin 2010.


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Message Publié : 26 Fév 2013 11:28 
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Krugman a écrit :
Nombreux sont ceux qui n'ont ni l'envie ni le courage de lire le bouquin de Lacroix-Riz. Ils se contenteront d'une vidéo.


http://www.dailymotion.com/video/xsgt6q ... faite_news
Une vidéo "Daily motion". Conférence d’Annie Lacroix-Riz du 05 juin 2010.


Et le problème est là ! Car dans la vidéo, les sources sur lesquelles s'appuient ALR, n'apparaissent pas. Or, dans le livre, il est aisé de s'apercevoir que les sources de l'historienne sont biaisées, avec, comme je l'ai déjà dit, beaucoup d'écrits d'ultra-collabos français ou de vichystes. Mais cette historienne, par ses vidéos, a du crédit auprès d'un public qui n'a jamais lu son livre et qui est trompé par le discours apparemment rationnel de la dame, qui se donne une caution historique avec l'ouvrage de Marc Bloch, L'étrange défaite, alors que ce dernier opus est un bouquin écrit à chaud et nullement un ouvrage historique.

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Message Publié : 26 Fév 2013 11:41 
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Grégoire de Tours
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Tietie006 a écrit :
qui se donne une caution historique avec l'ouvrage de Marc Bloch, L'étrange défaite, alors que ce dernier opus est un bouquin écrit à chaud et nullement un ouvrage historique.

Et par ailleurs, Marc Bloch n'adresse à aucun moment la théorie ébouriffante de la Synarchie ...

Merci à Tonnerre pour la référence fort pertinente.


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Message Publié : 26 Fév 2013 21:19 
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Philippe de Commines
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Tonnerre a écrit :
Article commentant l'ouvrage de Lacroix-Riz, à propos de la sortie en poche du livre d'Olivier Dard,
"La Synarchie, le mythe du complot permanent", qui en prend le contre-pied.

http://www.slate.fr/tribune/63537/synar ... -permanent


Tonnerre,

un grand merci pour ce lien, qui fait un résumé compétent de la question.
Et ça me rappelle une autre discussion autour de Jacques Pauwels: Le Mythe de la bonne guerre.
viewtopic.php?f=49&t=23279&start=15&st=0&sk=t&sd=a
Et mon apport dans ce fil d'une autre discussion au forum de BRH:
Le mythe de la bonne guerre:
viewtopic.php?f=49&t=23279&start=15&st=0&sk=t&sd=a
Là bas je mentionne aussi un autre "historien" de l'ultra-gauche: Lieven Soete, un belge moins connu en France concernant son livre sur le pacte Allemand-Sovietique...

Cordialement et avec estime,

Paul.


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Message Publié : 27 Fév 2013 5:12 
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Tonnerre a écrit :
Article commentant l'ouvrage de Lacroix-Riz, à propos de la sortie en poche du livre d'Olivier Dard,
"La Synarchie, le mythe du complot permanent", qui en prend le contre-pied.

http://www.slate.fr/tribune/63537/synar ... -permanent

Eclairant, cet article.

Comme toutes les conneries complotistes, il est fascinant de constater que ce mythe a été utilisé autant par l'extrême gauche (les communistes à la libération) que par l'extrême droite. (dans un deuxième temps) Pour les uns, la synarchie est un complot capitaliste, pour les autres c'est un complot juif.
Dans la nébuleuse des partisans des théories complotistes on trouve cette porosité et ces alliances contre nature, comme si la figure du "capitaliste juif qui dirige le monde" fusionnait les fantasmes de tous bords.

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Message Publié : 27 Fév 2013 5:43 
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pierma a écrit :
Tonnerre a écrit :
Article commentant l'ouvrage de Lacroix-Riz, à propos de la sortie en poche du livre d'Olivier Dard,
"La Synarchie, le mythe du complot permanent", qui en prend le contre-pied.

http://www.slate.fr/tribune/63537/synar ... -permanent

Eclairant, cet article.

Comme toutes les conneries complotistes, il est fascinant de constater que ce mythe a été utilisé autant par l'extrême gauche (les communistes à la libération) que par l'extrême droite. (dans un deuxième temps) Pour les uns, la synarchie est un complot capitaliste, pour les autres c'est un complot juif.
Dans la nébuleuse des partisans des théories complotistes on trouve cette porosité et ces alliances contre nature, comme si la figure du "capitaliste juif qui dirige le monde" fusionnait les fantasmes de tous bords.


Le juif a le mérite de couvrir tout le spectre conspirationniste. A l'extrême-gauche, il prend la figure du sioniste oppresseur des palestiniens et du banquier rapace, à l'extrême-droite, il se drape dans les oripeaux du bolchevisme trotskyste, agent de la dissolution des nations, financé par Rotschild ou Bernard Madoff.

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Message Publié : 24 Mars 2013 9:16 
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Une algarade entre Annie Lacroix-Riz, historienne communiste, très orthodoxe, militante au PRCF, et Jean-Jacques Marie, historien trotskyste militant au POI.

http://reveilcommuniste.over-blog.fr/article-annie-lacroix-riz-repond-a-l-historien-trotskyste-jean-jacques-marie-biographe-de-staline-55479078.html

Annie est très mécontente du travail de Jean-Jacques sur son géorgien préféré, Staline, qui était un bon garçon et qui a surtout défendu l'URSS contre le complot impérialiste permanent et certainement des hitléro-trostkystes , :mrgreen: retour d'un expression dont Pierre Broué, l'inlassable biographe de Trotsky et de la IVeme Internationale, s'était ému.

http://www.lacommune.org/spip.php?article269

Marie n'a pas lu les pages 393-398 du Choix de la défaite ? Il a peut-être bien fait de garder son argent au lieu de lire, dans cette prose très confuse, page 396, à propos du soi-disant complot des maréchaux contre Staline, qui valut l'exécution de Toukhatchevski :
"J'écarte au profit du renseignement militaire, stricto sensu, le compte rendu, pourtant éclairant, des procès de 1937-1938: l'abondance et la cohérence des récits rendent impossible le par coeur forcé; les éventuelles tortures infligées aux accusés n'infirment pas les recoupements qui impressionnèrent les diplomates contemporains".

Bref, Annie Lacroix-Riz pense que les comptes-rendus du procès de Toukhatchevski sont éclairants et que les prévenus n'auraient pas pu apprendre par coeur autant de détails ...Déjà, comme le procès s'est tenu à huis-clos, difficile de dire si les accusés ont bien dit cela ou si le greffier, aux ordres, a tapé une version transmise directement des geôles du NKVD pour la presse occidentale. Tout le monde sait que la torture n'était pas le seul moyen de pression pour diriger les aveux des accusés des procès staliniens, les menaces d'exécution ou d'emprisonnement de leur famille étaient aussi de mises.

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Message Publié : 16 Juin 2013 9:48 
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Sur le complot des politiques et des militaires français contre la République, qui auraient sciemment saboté les opérations militaires contre la Wehrmacht, en mai-juin 40, il y a d'autres éléments pour guignoliser cette hypothèse chère à Lacroix-Riz. Dans son De Gaulle, Editions du Seuil, 1965, Jean Lacouture rappelle page 53, que les théories de De Gaulle commencent à être prise en compte. En effet, le colonel envoya, en Janvier 40, un mémorandum qui complètait son ouvrage "Vers l'armée de métier", intitulé "L'avènement de la force mécanique", à 80 personnalités civiles et militaires. Dans cette missive, De Gaulle tire les conséquences des campagnes d'Espagne et de Pologne, en réhabilitant le rôle de l'aviation, oublié dans "Vers l'armée ..." et en prônant, encore une fois, la constitution de divisions blindées.

Déjà, les 1ere et 2eme Divisions cuirassées avaient été créées le 16 janvier 1940, la 3eme sera crée en mars et la 4eme en mai 40. Pour cette dernière, Gamelin nomma de Gaulle à sa tête en mai 40. Le 17 mai, la 4eme DC se heurta au 19eme Corps du général Guderian, l'auteur d'Achtung Panzer, un choc entre deux théoriciens. L'unité française sera arrêtée à Montcornet, notamment par l'intervention massive des Stukas. Le 19, il reprendra l'offensive contre le 19e corps, mais sera obligé de décrocher suite, encore une fois, à l'intervention de l'aviation allemande.

Dans "Mémoires d'un soldat", Guderian évoquera cet épisode et avouera qu'il planait sur ces combats beaucoup d'incertitudes, puisque les éléments avancés de la 4eme DCR arrivèrent à 2 kilomètres de son QG.

Le 25 mai, De Gaulle sera nommé général, et dès le 28 mai, il lance une offensive sur Abbeville, fit 400 prisonniers en détruisant des dizaines de chars ennemis. Le 30, son unité réduite de moitié est obligé de reculer.

Conclusion:

- La constitution de Divisions Cuirassées, à partir de janvier 1940, illustre bien que l'institution militaire a tiré les leçons, certes tardivement, de la campagne de Pologne et de l'importance des divisions blindées dans la guerre moderne.

- Les idées de De Gaulle sur l'importance de la force mécanisée sont désormais acceptées par l'Etat-Major et son chef, Maurice Gamelin, qui va le nommer à la tête de la 4eme DCR. Les offensives de cette unité à Montcornet et à Abbeville prouvent bien que l'armée française s'est bien battue, et n'a pas fui l'ennemi comme l'insinue Annie Lacroix-Riz. Et si il y avait eu intention, de la part des chefs militaires français, d'affaiblir encore plus l'armée française, les divisions cuirassées n'auraient pas été créées et De Gaulle n'aurait pas été nommé à la tête d'une d'elles.

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