Mauser a écrit :
Quelque soit le stratège et la stratégie adopté elle rencontrait un fait simple l'armée française était matériellement impropre à un combat de haute intensité en offensive
En défensive peut être qu'un tacticien de génie aurait pu sauver une part des meubles.
En 1940 l'armée est en pleine conversion d'équipement trop peu et trop tard.
N'en déplaisent à certain la stratégie connaît une limite celle de la troupe et de son équipement à moins de vouloir monter à l'assaut baïonnette au canon contre des hommes équipés de PM. Rééditer 1914 en somme
Complètement d'accord sur la première partie : en défensive, beaucoup plus était possible que ce qui a été réalisé ; en offensive, nous étions incapables de submerger la tête-de-pont d'Abbeville, de reprendre et dégager Stonne, donc de menacer le flanc de la percée allemande, nous étions encore plus incapables de relier les unités s'installant sur la Somme et l'Aisne avec celles du GA n°1 en Belgique à travers le "corridor des panzers", ce dernier fut-il quasiment vide de troupes allemandes...
Pour la seconde partie : c'est vrai quand il y a un différentiel marqué d'une armée à l'autre. Sans prendre l'exemple caricatural d'une armée dotée de fusils à répétition et d'une autre combattant au javelot, une armée disposant d'une technologie suffisamment supérieure à l'autre obtient un avantage qualitatif qui peut faire la différence sur un champ de bataille, oui.
Mais en l'occurrence, le matériel était peu ou prou identique, à quelques différences
mineures près. Où est-ce que le matériel allemand a été significativement décisif ? Est-ce le MP40 ou la MG34 qui ont assuré le franchissement de la Meuse ? Le PzKpfW III qui a fait pencher la balance à lui seul dans la chevauchée vers la Manche ? Les obusiers de 10,5cm et 15cm qui ont permis la percée sur la Somme et l'Aisne ?
Cela n'empêche pas les exemples, dans les deux sens, de montrer qu'un bon matériel peut faire une différence tactique, voire même que cette différence tactique peut avoir des conséquences opérationnelles limitées. Ainsi, l'utilisation des "acht-acht" en antichars à Abbeville est-elle déterminante localement (mais un succès français aurait-il modifié le cours de la campagne ? Assurément non) ; ainsi les B1bis sont-ils capables d'encaisser plusieurs coups au but directs sans broncher. Bref, du détail au final face aux grandes orientations de la campagne, qui étaient décidées bien avant et pour des raisons bien plus structurelles que le seul équipement...
Par contre, l'utilisation révolutionnaire d'un matériel spécifique peut apporter des résultats déterminants qui ont des conséquences sur la campagne : ainsi de l'utilisation groupée, à l'échelle opérative, pour la première fois de l'Histoire, des blindés de la Gruppe "Kleist" ; de leur appui aérien permanent par les "Stukas" du VIII. Fliegerkorps au moment décisif. Mais le matériel était-il significativement meilleur que le français ? Pour moi, c'est non. Ce n'est donc pas là que réside le noeud gordien de la campagne, qui est quand même le centre de la question initiale.
CNE503