Moi, je trouve que la discussion n'est pas stérile tant qu'on y apporte des arguments.
Même si le potentiel industriel américain est incomparable par rapport à celui du Japon, le rapport de force en 1941 est très en faveur de ce dernier. Je tire les chiffres de Wikipedia,
cette page et
celle-ci.
- Navires de lignes : 3 / 11
- Porte-avions : 4 / 11
- Croiseurs : 20 / 40
- Destroyers : 80 / 125
- Sous-marins : 55 / 75
- Effectifs militaires : 458 000 / 1 723 000
Imagine-t-on les dirigeants japonais annoncer :
"Désolé les gars, on remballe ! Nous ne pouvons rien faire contre l'immense flotte américaine, même si elle est encore dans les hauts-fourneaux ! On abandonne notre idéal guerrier ancestral, et on se consacre à la fabrication de petits conducteurs électriques !" Le potentiel industriel demeure un potentiel : sa conversion en outil militaire ne va pas forcément de soi. De plus, la mobilisation de la population est une question majeure en démocratie. Rappelons que ce régime est en déclin en Europe dans les années 30, au profit de régimes fascistes ou totalitaires. De plus, l'armée américaine n'a pratiquement jamais affronté de puissance occidentale en dehors de l'armée britannique en 1812, lors de la Guerre Anglo-Américaine, et elle ne l'a pas emporté. Les États-Unis sont une puissance en devenir, mais que personne n'a encore vu à l'œuvre.
Dans un tout autre contexte, dirait-on que Daladier et Chamberlain, qui reculent devant l'affrontement avec l'Allemagne en 1938 à Münich, ont agi de manière rationnelle ?
Le Japon raisonne comme toute puissance jusqu'en 1945 : il faut un empire colonial pour être puissant, sinon, on est dominé, et en grand danger d'être soi-même colonisé.
En règle générale, en politique, celui qui a l'avantage s'imagine que sa victoire sera rapide, et l'autre compte sur sa capacité à produire ce qui lui manque, et espère avoir le temps de le faire.
L'entrée en guerre est un saut dans l'inconnu, qui nous paraît assez inconcevable aujourd'hui - d'ailleurs, plus personne ne déclare de guerre, même si les armées n'ont jamais été autant présentes. Mais avant 1945, les dirigeants politiques pouvaient encore prendre cette décision, en se basant sur les éléments de la situation qui leur décrivaient cette entrée en guerre comme inévitable, et leur faisaient apparaître la victoire comme possible.