Jean-Marc Labat a écrit :
Je dois avoir quelques part le chiffre des envois de matériel des USA à l'URSS, que je pourrai vous donner si ça vous intéresse
La voici
Jean-Jacques ANTIER, in Les Plus Grandes Batailles Navales de la Seconde Guerre Mondiale a écrit :
...Un mois plus tard, après l'occupation des pays Baltes par les Allemands et la rupture de la ligne Staline, les Etats Unis emboîtaient le pas, comprenant qu'une capitulation de l'Union soviétique et la jonction de l'Allemagne avec l'Empire nippon feraient de Hitler le maître de la moitié du monde. Le 28 juillet, un hydravion Catalina déposa à Arkhangelsk l'envoyé spécial du président Roosevelt, Harry Hopkins. Deux jours plus tard, après une longue traversée en chemin de fer, il se trouvait à Moscou, face à Staline.
Le discours enflammé de Churchill à la BBC avait stupéfié le maréchal. Craignant une ruse de celui qu'il considérait avec raison comme un ennemi majeur du communisme, il n'avait pas réagi. Alors, Churchill lui avait écrit:
« Nous vous apporterons tout l'appui que nous permettront le temps et la situation géographique. »
Et maintenant, l'envoyé spécial de Roosevelt était là, au Kremlin. Le maréchal considéra avec curiosité l'Américain.
- Donnez nous d'abord des canons antiaériens pour stopper les attaques incessantes de la Luftwaffe.
- Combien ?
- Vingt mille pièces, de 20 à 100 mm.
L'envoyé de Roosevelt ne broncha pas. Peu à peu, Staline sortit de sa réserve. La passion de défendre son pays et la haine des Allemands étaient plus fortes que la haine politique qui le dressait contre ces Anglo-Américains capitalistes qui jadis avaient apporté toute leur aide aux ennemis de la révolution bolchevique.
- Ensuite, il me faut des mitrailleuses lourdes pour défendre nos villes. Et des fusils.
- Combien ?
- Un... un million de fusils. Plus si possible.
Imperturbable, Hopkins écrivait.
- C'est tout, monsieur le maréchal ?
- C'est tout pour ce qui est urgent. Mais on aura besoin aussi d'essence d'avion, d'aluminium pour les constructions aéronautiques, trente mille tonnes par mois, et d'acier pour construire les chars.
- Ce serait encore plus rapide de vous livrer les avions et les chars.
- Ah !
Staline croyait rêver. « Ils me haïssent, pensait-il. Ils voudraient me voir crever dans une mine de sel. Mais ils savent que sans moi Hitler ne sera jamais vaincu. »
Il jubilait. Cette joie sauvage n'échappa pas à Hopkins, mais l'Américain n'en laissa rien paraître.
- Combien d'avions, de chars ?
- Quatre-cents avions et cinq-cents chars... par mois.
- Est ce tout, monsieur le maréchal ?
- Ah ! des petits bâtiments de guerre ; et aussi des camions, des jeeps, des motos ; du caoutchouc, des médicaments, des vivres ; et encore, des locomotives, des wagons, des téléphones de campagne...
Il parlait, il parlait ! On eût dit un enfant heureux préparant sa liste au Père Noël. Et Hopkins notait. Soudain, le visage de Staline se ferma. Une sorte de détresse insondable se peignit sur sa face rusée de Mongol.
- J'ai encore autre chose à vous demander.
- Je vous en prie.
- Des bottes ! Nos soldats se battent pieds nus dans la neige.
- Combien ?
- Quatre-cent-mille paires... par mois. Nous payerons ! L'Union soviétique a de l'or !
- Nous n'avons jamais envisagé notre aide sous cet angle, ni pensé à une rémunération. Le président étudie une formule prêt bail, comme pour les Anglais. Au titre privilégié d'allié, vous pourriez recevoir pour un milliard de dollars de marchandises, comptabilisé comme prêt sans intérêt.
- Un milliard de dollars !
A nouveau, Staline ferma les yeux. Pour la première fois, il voyait clairement la défaite de Hitler, et l'Armée rouge triomphante faisant claquer ses bottes (américaines !) sur le pavé de Berlin écrasée. Hopkins le ramena à la dure réalité.
- Maintenant, il faudra transporter tout ce matériel ! La totalité de notre capacité marine marchande est accaparée pour ravitailler l'Angleterre. Quant à notre marine de guerre, nous ne pouvons pas dégarnir le Pacifique et l'Atlantique où pèsent de lourdes menaces.
- Bien, dit Staline. J'en parlerai à Churchill.