Tirésias a écrit :
J'aimerais comprendre moi aussi comment, ces hommes instruits on ils pu faire cela . Dailleur Eichmann n'était pas antisémite à la base celon certaines source , il étéait même très cultivé sur le judaisme ,mais comment, a t'il pu ordonner autant à Wansee la déportation de 11 milllions de juifs ..Dailleur L' ensauvagement du à la première guerre mondiale justifie il à lui seul ces atrocités ? auriez vous des livres à me conseiller pour me cultiver sur le sujet ?
C'est l'historien Georges Mosse qui parle de "brutalisation" de la société (thème ensuite repris par Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker, qui font de la Grande Guerre la matrice du XXe siècle). Cherchez son livre "Fallien Soldiers" (en vo) / "De la Grande Guerre au totalitarisme" (en VF) et les débats qu'il y a eu autour. Cette thèse va à l'encontre de celle de Norbert Elias, qui a traité de l'évolution des moeurs et du processus de civilisation (je ne développe pas plus). Concernant Elias, Audoin-Rouzeau, dans "Combattre, Une anthropologie historique de la guerre moderne", essaie de montrer qu'Elias n'était pas dupe malgré ses propos, puisqu'il avait vécu l'expérience de la violence et de la barbarie en tant que soldat de la Grande Guerre.
On peut aussi émettre quelques hypothèses. Le phénomène observé dans l'expérience de Milgram et dans d'autres expériences postérieures montre peut-être le désengagement lorsqu'il y a une autorité forte. Il est plus ou moins acquis maintenant que l'autorité fait perdre la responsabilité morale à ceux qui se trouvent en dessous
A ce sujet, je suggère "Au combat" de Jess Glenn Gray, un philosophe américain ayant participé à la Deuxième Guerre mondiale. Il montre le désengagement moral qui fait que lorsqu'on on se retrouve sous les drapeaux, on ne se sent plus forcément responsables de certains actes horribles tant que l'autorité militaire laisse faire.
Ce point de vue philosophique/expérience personnelle est d'ailleurs corroborée par une étude menée par le CICR il y a quelques années et cherchant à déterminer le meilleur moyen pour faire respecter le Droit de la guerre. Il en ressortait que n'importe qui peut potentiellement devenir un criminel de guerre. Même le père de famille bien rangé, élevé dans un cadre pacifique, peut se transformer en violeur ou assassin sous les effets de la haine, de la pression du groupe, de la liberté totale, etc. Dans des situations extrêmes, les sens moraux s'étiolent et le seul moyen efficace d'empêcher les crimes de guerre, c'est la peur de la sanction. Il est difficile "d'éduquer" les soldats en mettant en avant l'éthique, car sur le terrain, les sentiments moraux ont tendance à disparaître. Par contre, la peur d'être sanctionné par les chefs ou officiers peut freiner les ardeurs trop brutales. Ce retranchement derrière l'autorité est d'ailleurs en phase avec l'expérience de Milgram.
Ces éléments peuvent peut-être aider (ou pas) pour une transposition sur la société nazie vis-à-vis du peuple, surtout concernant l'acceptation et la participation à certains actes.