Je pense que cette histoire du "testament de Richelieu", nous éloigne du sujet. En fait, nous avons un nazi qui cherche à justifier pourquoi les Malgré-nous ne sont pas subjugués par la joie d'être réintroduits dans la grande famille germanique et en devenir des membres combattants ... honneur suprême à ses yeux. Honneur très relatif si on se place dans la vraie optique des Malgré-nous. Donc, pour comprendre l'inexplicable à ses yeux, il donne une raison, la destruction de la culture germanique par les autorités françaises auxquelles étaient soumis ces Malgré-nous. Et cette destruction serait l’œuvre d'une politique voulue et explicité dans ce testament ...
La réalité est qu'il ne comprend rien aux Malgré-nous. Le testament de Richelieu, ils n'en avaient jamais entendu parler. Si on regarde la politique menée depuis Louis XIV en Alsace montre que les gouvernants ont souvent laissés les populations vivre comme elles l'entendaient. Ce n'est que depuis 1919 que le nationalisme a cherché à contraindre les populations en Alsace, et cela a entrainé une montée très forte de l'autonomisme durant l'entre-deux-guerres, et cela concerne essentiellement quelques populations éduquées. La plupart des jeunes alsaciens incorporés de force ont peu de connaissances sur le sujet.
Eux qu'est-ce qu'ils vivent ? Ils ont été annexés dans des conditions très défavorables. Ils l'ont perçus quand ils se sont retrouvés en Allemagne, soit dans le cadre du RAD, soit suite à l'internement. Eux, frappés par les réquisitions et par les pénuries, ont et choqués par l'abondance de biens et de nourriture qui existe en Allemagne. C'est le premier truc que rapportent les témoignages des anciens ou anciennes incorporés du RAD. Ceux qui ont de la chance de se retrouver au contact de la population civile sont parfois carrément gavés et prennent quelques kilos en très peu de temps, car les allemands ne manquent de rien avant 1943.
Ensuite, très vite ils ont appris qu'être alsacien en Alsace nazie, c'est obéir aux ordres et faire semblant. On va aux manifestations, car la présence est obligatoire, on agite les petits drapeaux, mais, il n'y a pas d'adhésion. Mais, si on montre de manière trop ostensible qu'on n'est pas dans le système, on va se retrouver devant une autorité qui va réclamer des comptes. Et très vite on peut se retrouver dans les premières étapes du système concentrationnaire. Et souvent pour pas grand chose. Dans un témoignage, Untel rapporte qu'un officier allemand, les a hélés car en jouant la bande de jeunes qu'ils étaient étaient passés devant lui sans le saluer, ils ne l'avaient pas vu, tous simplement. Lui les a engueulés et leur a dit que si cela se reproduisait, ils les ferait punir ....
Puis, ils ont été incorporés. Mais dans des conditions très particulières. Premièrement tentaient quoique se soit pour ne pas l'être, on menaçait de s'en prendre à toute leur famille. Tous les membres de leur famille étaient collectivement responsables d'une éventuelle désertion, ou d'une annotation d'un officier nazi au sujet de leur comportement ... Pourquoi ne seraient-ils pas craintifs.
Mais, cet officier, cela il n,e peut le concevoir. Drapé de sa doctrine raciste, ils ne peut pas comprendre la réalité de ceux qu'il juge. Donc, il invente une raison qui peut être plausible à ses yeux. Mais cette raison, si elle le conforte n'est pas la réalité. Bref, si vous désirez comprendre la réalité de l'officier, votre débat est intéressant, mais si le sujet est : "L'attitude des "malgré-nous'" durant la guerre", vous vous égarez et vous ne comprendrez rien, car la réalité de ceux qu'ils vivent n'est pas la réalité de cet officier.
_________________ Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable. Appelez-moi Charlie
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