Pouzet a écrit :
J'aimerai aborder le thème des "mlagré-nous" alsaciens et lorrains durant la guerre, ces jeunes français enrôlés de force dans la Wermarcht.
Parmi eux y en a t-il eu beaucoup qui ont désobéi aux ordres qu'on leur donnait ?
Ou la plupart ont obéi aux ordres....
Il y a dans le fond de votre question quelque chose d'un peu gênant. Il est très compliqué de faire des généralités, de donner des pourcentages, surtout que tout est affaire de circonstances. Le malgré-nous qui se fait abattre le premier jour de son arrivée sur le champ de bataille, il est difficile de savoir s'il aurait pu déserter et devenir un résistant. De même, celui qui s'est fait descendre au moment où il se rendait, que ce soit à des russes ou à des américains, car cela est arrivé aussi bien sur le front de l'Est que sur le front occidental. Mais étonnamment, je n'ai pas souvenir de prisonnier abattu par les anglais. Même s'il y a des affaires avec les canadiens, mais il ne me semble pas qu'il y avait des malgré-nous parmi les cas cités.
Il y a donc une somme de parcours individuels où certains ont pu profiter des circonstances. Je ne reviendrais pas sur le cas des soldats de la "Das Reich" qui étaient à Oradour, qui ont déserté, que ont réussi à se faire engager coté français et qui ont combattu contre les allemands, avant de se faire mettre en prison à cause de leur participation à Oradour.
Il y a quelques jours, on a recruté un chargé de mission. Eric Le Normand a 3 ans pour effectuer un travail de recherche en vue de recenser les Résistants alsaciens.
http://www.lalsace.fr/bas-rhin/2013/05/26/une-mission-de-trois-annees-pour-redecouvrir-la-resistance-en-alsaceA coté de cet article de fond, on aborde le cas de 5 parcours exemplaires de résistants alsaciens. Le cas de Jacques Knecht répond parfaitement à votre question :
Citer :
Jacques Knecht est né le 11 novembre 1924 à Strasbourg. Sa famille est évacuée en Dordogne en septembre 1939 et rentre à la Robertsau durant l’année 1940.
En septembre 1943, il est incorporé de force dans la Wehrmacht. Il est envoyé en Pologne, puis transféré comme interprète à Tournon (Ardèche). Il assiste aux interrogatoires des résistants avant de déserter et de rejoindre le maquis du Cheylard, entre avril et juin 1944. Il prend alors le pseudonyme de Jackie. À la tête d’un groupe de déserteurs, il participe à divers engagements contre les Allemands et les Miliciens.
Les 5 et 6 juillet 1944, il est fait prisonnier dans la commune du Cheylard. Interné, il est transféré à la forteresse d’Ingolstadt (Allemagne) avant d’être fusillé le 21 février 1945.
http://www.lalsace.fr/actualite/2013/05/26/jacques-knechtEn tant qu'interprète, il a participé aux interrogatoires de résistants. Je pense que vous comprenez ce que cela veut dire ? Il a assisté, contraint et forcé à des situations où la torture était utilisée. S'il n'avait pas déserté, s'il n'avait pas participé à la Résistance, s'il n'avait pas été fusillé par les allemands, certains diraient que c'est un salaud. La vrai question est : avait-il le choix ? La vrai question est: les responsable, ce ne seraient pas plutôt ceux qui du coté allemand ou français ont mis Jacques Knecht dans cette situation ?
Pour un Jacques Knecht qui a pu déserter, combien d'anonyme qui n'ont pas eu l'occasion, ou qui ont eu peur pour leurs familles, ou qui n'en ont pas eu le courage ? Peut-être simplement parce qu'ils n'avaient pas été mis dans les mêmes situations.
Ecoutez la chanson "Né en 17 à Leidenstadt", elle contient une grande partie de la réponse et c'est une chanson fondamentalement anti-nazie. Parce que ceux-là étiquetaient les gens et pensaient que les gens réagissaient en fonction de leurs étiquettes.