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Message Publié : 15 Mars 2014 14:28 
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Georges Duby
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IsaacLevi a écrit :
Pétain a été nommé Pdt du conseil à la place de Reynaud, car ce dernier ne voulait pas endosser la responsabilité de la défaite et signer un armistice
Il voulait surtout continuer la guerre hors de la métropole et s'il a démissionné c'est plutôt parce qu'ayant présenté le projet de Churchill d'union entre la France et la GB, approuvé par de Gaulle, en Conseil des ministres, qui revenait à ne pas finir la guerre sur le territoire français, il ne reçoit pas des ministres l'accord qu'il espérait; ce qui l'oblige de facto à démissionner. Il est presque seul. Les ministres sont d' avis de suivre Pétain et Weygand.
Churchill ajoute dans ses mémoires qu'on lui a rapporté que s' unir à la GB fut décrit comme impensable, la dernière chose à faire, la fin de la France au profit des intérêts anglais, avec des perdants assurés devant la puissante Allemagne au surplus ...

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Message Publié : 19 Mars 2014 19:53 
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Alain.g a écrit :
IsaacLevi a écrit :
Pétain a été nommé Pdt du conseil à la place de Reynaud, car ce dernier ne voulait pas endosser la responsabilité de la défaite et signer un armistice
Il voulait surtout continuer la guerre hors de la métropole et s'il a démissionné c'est plutôt parce qu'ayant présenté le projet de Churchill d'union entre la France et la GB, approuvé par de Gaulle, en Conseil des ministres, qui revenait à ne pas finir la guerre sur le territoire français, il ne reçoit pas des ministres l'accord qu'il espérait; ce qui l'oblige de facto à démissionner. Il est presque seul. Les ministres sont d' avis de suivre Pétain et Weygand.
Churchill ajoute dans ses mémoires qu'on lui a rapporté que s' unir à la GB fut décrit comme impensable, la dernière chose à faire, la fin de la France au profit des intérêts anglais, avec des perdants assurés devant la puissante Allemagne au surplus ...

En fait Reynaud savait parfaitement que le projet d'union était utopique, il sait qu'il ne sera pas accepté. Reynaud se donne une bonne excuse se faisant de laisser la place à celui que tout le monde attend : Pétain.
C'est du moins ce que j'ai compris de la lecture du livre de Michèle Cointet Nouvelle histoire de Vichy.


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Message Publié : 19 Mars 2014 20:40 
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IsaacLevi a écrit :
En fait Reynaud savait parfaitement que le projet d'union était utopique, il sait qu'il ne sera pas accepté.
Les auteurs s'accordent à écrire qu'il se sent isolé de plus en plus et sans soutien alors qu'il refuse un armistice et veut continuer ailleurs la guerre. C'est le point essentiel. Reynaud ne cherche pas une excuse pour démissionner car sinon il aurait voter sur l'Union. Or il n'y eut pas de vote. Tout est clair pour tout le monde et Reynaud ne peut rester devant la puissance du clan Pétain-Weygand qui a convaincu presque tout le conseil, par l'intimidation si ce n'est la conviction. Reynaud avait demandé auparavant qu'on prépare le trasnsfert. le 15 juin c'est l'éclat de Weygand, il se dresse contre le chef du gouvernement et refuse la capitulation "au nom de l'armée". Tout est dit. Reste le problème de la GB qui n'en est pas un pour Pétain qui parle d'un "cadavre" en évoquant l'allié anglais.

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Message Publié : 19 Mars 2014 23:47 
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Alain.g a écrit :
Les auteurs s'accordent à écrire qu'il se sent isolé de plus en plus et sans soutien alors qu'il refuse un armistice et veut continuer ailleurs la guerre. C'est le point essentiel. Reynaud ne cherche pas une excuse pour démissionner car sinon il aurait voter sur l'Union. Or il n'y eut pas de vote. Tout est clair pour tout le monde et Reynaud ne peut rester devant la puissance du clan Pétain-Weygand qui a convaincu presque tout le conseil, par l'intimidation si ce n'est la conviction. Reynaud avait demandé auparavant qu'on prépare le trasnsfert. le 15 juin c'est l'éclat de Weygand, il se dresse contre le chef du gouvernement et refuse la capitulation "au nom de l'armée". Tout est dit. Reste le problème de la GB qui n'en est pas un pour Pétain qui parle d'un "cadavre" en évoquant l'allié anglais.

Cette question du "vote" est inutile... Reynaud savait qu'il était en forte minorité, il n'avait plus qu'à s'incliner. Il a respecté le jeu démocratique. Il n'était pas prêt à faire la paix avec les Allemands. C'est pourquoi il a demandé à Weygand de le faire à sa place. Weygand ne s'est pas laissé faire ; et je crois qu'on peut accorder crédit à son argument : c'est le gouvernement qui déclare la guerre et la paix, pas l'armée... Et les ministres ont bien compris la situation qui était celle de la France à ce moment-là... Reynaud était dans une situation impossible, parce que Churchill lui avait fait dire qu'il n'y aurait pas de paix séparée... Mais au moment où il lui fait dire ça, Reynaud est à mille lieues de penser que la France sera à moitié occupée quelques semaines plus tard... Reynaud ne pensait pas que l'armée française se ferait étriller de la sorte... Il a essayé de se sortir de là en demandant à l'armée d'assumer la défaite... L'armée était furieuse, car on lui avait refuser des crédits les années d'avant-guerre... et elle refusait d'assumer sa faible position et ses défaites...

C'est là que Pétain sort du chapeau. Il n'est ni Weygand ni Reynaud. Les deux peuvent se défosser sur lui. Il est d'accord. C'est parfait. L'affaire est entendue.

J'accorde du crédit au récit de Michèle Cointet, car elle n'hésite pas remettre à sa place Paul Reynaud à qui on a eu tendance à donner le beau rôle.

Vous avez raison concernant l'avis des généraux sur le sort de l'Angleterre... mais à l'époque ils ne devaient pas être nombreux à miser un kopek sur l'Angleterre... ses heures semblaient compter. Aussi je ne sais pas quelle valeur accorder à ces sentences du genre "l'Angleterre aura le cou tordu comme un poulet dans 3 à 4 semaines"... il faut se mettre à la place des généraux français... écoeurés par le cours des événements... ils ont pris une branlée, eux qui étaient auréolés de la gloire de 18 etc... ils avaient été échaudés par l'attitude britannique qui n'a envoyé que quelques divisions et peu d'avions...


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Message Publié : 20 Mars 2014 8:03 
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IsaacLevi a écrit :
Alain.g a écrit :
Les auteurs s'accordent à écrire qu'il se sent isolé de plus en plus et sans soutien alors qu'il refuse un armistice et veut continuer ailleurs la guerre. C'est le point essentiel. Reynaud ne cherche pas une excuse pour démissionner car sinon il aurait voter sur l'Union. Or il n'y eut pas de vote. Tout est clair pour tout le monde et Reynaud ne peut rester devant la puissance du clan Pétain-Weygand qui a convaincu presque tout le conseil, par l'intimidation si ce n'est la conviction. Reynaud avait demandé auparavant qu'on prépare le transfert. le 15 juin c'est l'éclat de Weygand, il se dresse contre le chef du gouvernement et refuse la capitulation "au nom de l'armée". Tout est dit. Reste le problème de la GB qui n'en est pas un pour Pétain qui parle d'un "cadavre" en évoquant l'allié anglais.

Cette question du "vote" est inutile... Reynaud savait qu'il était en forte minorité, il n'avait plus qu'à s'incliner.


Quelques historiens se sont laissés aller à estimer un vote ... et il n'est pas évident que Pétain n'aurait pas été mis en minorité. Pétain a autour de lui quelques personnes, pour la plupart extérieurs au gouvernement qui se démènent beaucoup et qui occupent le terrain. Mais, ces gens-là n'auraient pas eu le droit de vote, puisque seuls les ministres auraient voté. L'erreur de Reynaud est de s'être laissé entouré par des gens en faveur de l'armistice. Ses ministres tentent de travailler dans des conditions difficiles et ils n'ont pas le temps de camper dans son antichambre. La question du vote n'est pas inutile. Reynaud était convaincu que tout le monde était en faveur de l'armistice, mais c'est surtout parce qu'il est entouré de personnes qui militent pour l'armistice.

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Message Publié : 20 Mars 2014 12:36 
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IsaacLevi a écrit :
Il a essayé de se sortir de là en demandant à l'armée d'assumer la défaite.
Non, je ne crois pas. Il s'agit de choisir la capitulation parce qu'elle permet de continuer le combat ailleurs, l'armée s'arrête mais la nation continue. Avec l'armistice, la nation, le pays s'engage à ne plus combattre. Impensable pour Reynaud.
IsaacLevi a écrit :
J'accorde du crédit au récit de Michèle Cointet, car elle n'hésite pas remettre à sa place Paul Reynaud à qui on a eu tendance à donner le beau rôle.
Personne ne s'en prive, mais Mme Cointet ne semble pas avoir bien compris ce qu'il a en tête, continuer la guerre. Rester ne sert à rien. Pétain et Weygand qui sont des complices ont les cartes en mains, il est impossible de demeurer PC. Reynaud démissionne, il a perdu son autorité et propose de nommer Pétain. Il ne va pas persévérer dans ses idées, un cas de manque de courage politique. L'homme n'était pas fait pour l'époque. De Gaulle lui en tiendra rigueur.

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Message Publié : 20 Mars 2014 14:38 
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Narduccio a écrit :
Quelques historiens se sont laissés aller à estimer un vote ... et il n'est pas évident que Pétain n'aurait pas été mis en minorité. Pétain a autour de lui quelques personnes, pour la plupart extérieurs au gouvernement qui se démènent beaucoup et qui occupent le terrain. Mais, ces gens-là n'auraient pas eu le droit de vote, puisque seuls les ministres auraient voté. L'erreur de Reynaud est de s'être laissé entouré par des gens en faveur de l'armistice. Ses ministres tentent de travailler dans des conditions difficiles et ils n'ont pas le temps de camper dans son antichambre. La question du vote n'est pas inutile. Reynaud était convaincu que tout le monde était en faveur de l'armistice, mais c'est surtout parce qu'il est entouré de personnes qui militent pour l'armistice.

Si la majorité de ceux qui entourent Reynaud sont en faveur de l'armistice, c'est peut-être qu'il y a une raison objective ? A savoir que l'armée occupe déjà la moitié du pays... et qu'il n'y a aucune chance de l'empêcher d'en occuper l'autre moitié ? Enfin bref qu'il faut essayer de sauver les meubles tant qu'il est encore temps ?

Alain.g a écrit :
Non, je ne crois pas. Il s'agit de choisir la capitulation parce qu'elle permet de continuer le combat ailleurs, l'armée s'arrête mais la nation continue. Avec l'armistice, la nation, le pays s'engage à ne plus combattre. Impensable pour Reynaud.

Mais l'armistice n'a pas empêché De Gaulle (et d'autres) de continuer le combat.

Citer :
Personne ne s'en prive, mais Mme Cointet ne semble pas avoir bien compris ce qu'il a en tête, continuer la guerre.

Continuer la guerre ? Même quand tous les spécialistes disent que c'est folie?

Citer :
Rester ne sert à rien.
Reynaud propose la fuite tout en sachant qu'elle sera refusé... à quoi sert de fuir quand la population aura à souffrir de l'occupation ? Quel crédit ces hommes politiques auraient auprès de leurs électeurs s'ils les abandonnaient ?

Citer :
Pétain et Weygand qui sont des complices ont les cartes en mains, il est impossible de demeurer PC. Reynaud démissionne, il a perdu son autorité et propose de nommer Pétain. Il ne va pas persévérer dans ses idées, un cas de manque de courage politique. L'homme n'était pas fait pour l'époque. De Gaulle lui en tiendra rigueur.
Complices ? Je ne sais pas. Ils ont la même idée : faire signer le pouvoir politique plutôt que l'armée.
Reynaud a les cartes en mains, il a le pouvoir, il peut signer l'armistice, mais il refuse de le faire (empêtré par son engagement envers Churchill), ce qui le pousse à démissionner et ce qui met Pétain au pouvoir. De Gaulle à l'époque n'est pas grand chose.


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Message Publié : 20 Mars 2014 15:09 
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Je vois maintenant que nous ne pouvons être d'accord sur une continuation de la guerre en 1940 par des gens comme Reynaud, de Gaulle, Mandel:
- Un armistice n'empêche pas de continuer à combattre, dites-vous: mais pas en droit et pas pour des militaires en corps constitué ni pour les administrations. On continue mais dans l'illégalité, condamné à mort.
- L'avis des spécialistes: il n'est pas déterminant quand de Gaulle décide de continuer la guerre. Son devoir est au dessus.
- "A quoi sert de fuir si la population doit souffrir": bizarre votre morale qui condamne l'héroisme et le courage en justifiant la collaboration par la raison et l'intérêt.
- Vous ne connaissez pas la réalité de juin 1940: Reynaud n'a plus le pouvoir. Il a en face de lui en Pétain et Weygand qui ont ce pouvoir déjà en main car l'armée est derrière eux et ils le disent clairement. Ils ont plus en commun qu' une même idée, ils agissent de concert dans une partition bien réglée.

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Message Publié : 20 Mars 2014 16:45 
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Alain.g a écrit :
Je vois maintenant que nous ne pouvons être d'accord sur une continuation de la guerre en 1940 par des gens comme Reynaud, de Gaulle, Mandel:
Mais il n'y a pas à être d'accord ou pas... De fait, De Gaulle a continué le combat...
Prolonger le combat en France métropolitaine c'eut été continuer à s'infliger des pertes et des défaites et des souffrances civiles... les Allemands n'étaient pas des anges.

Citer :
- Un armistice n'empêche pas de continuer à combattre, dites-vous: mais pas en droit et pas pour des militaires en corps constitué ni pour les administrations. On continue mais dans l'illégalité, condamné à mort.
Un armistice arrête les combats oui. Mais ça n'a pas empêché De Gaulle et les siens de continuer à se battre avec les Anglais.

Citer :
- L'avis des spécialistes: il n'est pas déterminant quand de Gaulle décide de continuer la guerre. Son devoir est au dessus.
Mais De Gaulle était minoritaire... il ne représentait pas l'Etat-major à lui seul... L'armée française était défaite en France métropolitaine. Pourquoi le nier ?

Citer :
- "A quoi sert de fuir si la population doit souffrir": bizarre votre morale qui condamne l'héroisme et le courage en justifiant la collaboration par la raison et l'intérêt.
Ma morale qui condamne l'héroïsme ? L'héroïsme de qui ? De Reynaud ? Vous rigolez ou quoi ? Non, mais franchement, de quoi vous parlez ?

Citer :
- Vous ne connaissez pas la réalité de juin 1940: Reynaud n'a plus le pouvoir. Il a en face de lui en Pétain et Weygand qui ont ce pouvoir déjà en main car l'armée est derrière eux et ils le disent clairement. Ils ont plus en commun qu' une même idée, ils agissent de concert dans une partition bien réglée.
S'il n'avait plus le pouvoir pourquoi attendre si longtemps pour démisssionner ? Il avait le pouvoir, il l'a lâché car il refusait de signer l'acte de la défaite. Il a laissé cette tâche à Pétain.


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Message Publié : 20 Mars 2014 17:29 
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IsaacLevi a écrit :
1-"Un armistice arrête les combats, oui. Mais ça n'a pas empêché de Gaulle et les siens de continuer à se battre avec les Anglais." ...
2- "Mais De Gaulle était minoritaire... il ne représentait pas l'Etat-major à lui seul... L'armée française était défaite en France métropolitaine. Pourquoi le nier ?"
3- "L'héroïsme de qui ? De Reynaud ? Vous rigolez ou quoi ? Non, mais franchement, de quoi vous parlez ?"
1/ Oui mais il a été radié de l'armée et condamné à mort
2/ Qui le nie ? C'est un rebelle qui place une certaine idée de la France au dessus de la hiérarchie. Vous ne pouvez pas comprendre.
3/ L'héroïsme de tous ceux qui décident de faire connaitre leur refus de l'armistice, puis d'entrer avec de Gaulle et plus tard plus ou moins sans lui, en résistance. Le 15 juin Weygand est menaçant, Pétain est là qui observe et tout le monde sait qu'il va être le nouveau chef.
Vos répliques laissent perplexes: à quoi sert de fuir .... Ce serait bien de revenir au sujet qui concerne les institutions

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Message Publié : 20 Mars 2014 18:09 
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IsaacLevi a écrit :
Narduccio a écrit :
Quelques historiens se sont laissés aller à estimer un vote ... et il n'est pas évident que Pétain n'aurait pas été mis en minorité. Pétain a autour de lui quelques personnes, pour la plupart extérieurs au gouvernement qui se démènent beaucoup et qui occupent le terrain. Mais, ces gens-là n'auraient pas eu le droit de vote, puisque seuls les ministres auraient voté. L'erreur de Reynaud est de s'être laissé entouré par des gens en faveur de l'armistice. Ses ministres tentent de travailler dans des conditions difficiles et ils n'ont pas le temps de camper dans son antichambre. La question du vote n'est pas inutile. Reynaud était convaincu que tout le monde était en faveur de l'armistice, mais c'est surtout parce qu'il est entouré de personnes qui militent pour l'armistice.

Si la majorité de ceux qui entourent Reynaud sont en faveur de l'armistice, c'est peut-être qu'il y a une raison objective ? A savoir que l'armée occupe déjà la moitié du pays... et qu'il n'y a aucune chance de l'empêcher d'en occuper l'autre moitié ? Enfin bref qu'il faut essayer de sauver les meubles tant qu'il est encore temps ?


Ceux qui connaissent l'état du pays sont le ministre de l'Intérieur, Mandel, qui aurait voté contre l'armistice, mais aussi divers autre ministres qui seront abasourdis par la démission de Reynaud qui entraine la leur de facto. L'entourage de reynaud est constitué par Weygand, un généralissime qui a la place d'organiser l'armée pour qu'elle résiste court après le PC pour lui dire sans cesse qu'il faut un armistice. Il est aussi constitué par les amis de madames Des Portes qui sont tous ouvertement pour l'armistice.

Il y a dans l'armée pas mal de témoignages de militaires de tous rangs qui ne comprennent pas qu'on ne leur donne pas les moyens de combattre. Ils vont d'ailleurs faire porter une partie de la faute aux parlementaires qui tergiverseraient pour que leurs villes ne se retrouvent pas impliqués dans des combats. De nombreux soldats ne comprennent pas les ordres qu'ils reçoivent. Par exemple, l'Alsace est évacuée très tardivement et en direction des Vosges, ce qui ote tout espoir de liberté aux troupes concernées. Si ces troupes, dont certaines étaient encore en formation de combat avaient été retirées plus tôt, elles auraient pu freiner la descente vers le sud des troupes allemandes qui suivaient la vallées du Doubs, puis de la Saône, puis du Rhône. De même, on n'évacue pas la ligne Maginot alors qu'il est évident qu'elle ne sert plus à rien. Même si on considéraient ces troupes comme peu combatives, elles auraient obligé les allemands a ralentir le temps de les faire prisonnières, ce qui aurait donné du temps aux troupes situées plus au sud d'instaurer des barrages. D'autres militaires, à l'ouest courent derrière les armes qu'il leur faut pour combattre. Mais le soucis est que les généraux ne prennent pas en compte la vitesse de déplacement des allemands et ils tentent de faire se rencontrer les troupes et les moyens trop près de la ligne du front.

On peut multiplier les exemples, de nombreux militaires regrettent qu'on en leur ai pas donné les moyens de combattre. La faute à qui ? Peut-être à un commandement qui cherche à obtenir des civils un armistice plutôt que de se demander comment il peut faire pour remplir la mission qui lui a été confiée. Quant on court les salons, on a peu de temps pour se pencher sur une carte et pour réfléchir à se qu'on peut faire pour redresser la situation. L'EM considère dés le 16-18 mai qu'il n'a plus les moyens de poursuivre la guerre. Du coup, à aucun moment, il n'est capable de saisir la moindre opportunité. Il se retrouve dans la situation du joueur d'échec qui a perdu quelques belles pièces, qui est convaincu qu'il va au mat, et qui manœuvre juste pour retarder ce moment, sans tenter une manœuvre audacieuse pour retourner la partie. Or, à partir d'une ligne située à environ 400 km des frontières, les blindés n'ont plus l'assistance continue des stukas.

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Message Publié : 30 Oct 2014 0:09 
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Hervé Bentégeat sort chez Albin Michel "Et surtout, pas un mot à la Maréchale ! Pétain et ses femmes"

Voici un entretien dans BibliObs où il revient sur la démission de Reynaud : BibliObs : "Le destin de la France, en juin 1940, s'est joué à l'humeur d'une femme"

Citer :
Pendant que Pétain courait les bordels, la maîtresse de Paul Reynaud aurait livré la France à l'Allemagne... C'est la thèse d'Hervé Bentégeat dans un essai étonnant. Entretien.

Si Pétain était mort en 1936, il serait parti en héros. Las ! L’histoire en a voulu autrement. Outre son rôle dans la Collaboration, Pétain fut aussi l’homme de l’hypocrisie: il prit systématiquement le contrepied de la devise de l’Etat Français, «Travail, Famille, Patrie».

On découvre, dans «Et surtout, pas un mot à la Maréchale» de Hervé Bentégeat, la vie intime du maréchal: coureur de bordels, rétif au mariage, séducteur même dans son grand âge. D’une plume alerte, se basant sur une documentation irréprochable, l’auteur, chemin faisant, nous dévoile les coulisses de la politique, et fait une révélation. Tandis que Pétain batifolait, Paul Reynaud, président du Conseil en 1940, se faisait mener par le bout du nez par une hystérique.

La France coule, les Allemands arrivent ? Tout se joue dans l’alcôve. Lecture passionnante: Hervé Bentégeat fait apparaître, dans son livre, une figure qui a joué un rôle décisif aux heures tragiques de l’armistice, Hélène de Portes. Au fond, Pétain et Reynaud, même aux heures les plus noires, pouvaient dire à leurs maîtresses respectives: merci pour ce moment.

...

Il y a à ce moment-là, au sein du gouvernement et de la classe politique, deux camps qui commencent à se dessiner: ceux qui veulent poursuivre le combat contre l’Allemagne hitlérienne – combat qui s’enlise dans ce qu’on a appelé la «drôle de guerre» -, et ceux qui se disent qu’elle n’a pas de sens et qu’il faudra bien trouver un terrain d’entente avec l’Allemagne, au besoin dans le dos de l’allié anglais. Ce clivage ne recoupe pas, d’ailleurs, celui de la droite et de la gauche: il y a des «durs» et des «mous» dans les deux camps. Hélène de Portes fait clairement partie de ceux qui prônent une alliance à terme avec l’Allemagne. Elle est anglophobe et germanophile.

...

Elle a sur Reynaud une influence considérable. Il l’associe à tout. Elle assiste aux réunions de cabinet. Elle fait et défait les ministres comme les hauts fonctionnaires. Elle les convoque, les rabroue, leur donne des directives.

On a là-dessus mille témoignages : celui du conseiller diplomatique de Reynaud, de son conseiller militaire, de Daladier, le ministre des Affaires étrangères, de Mandel, le ministre de l’Intérieur, du Président du Sénat, de l’envoyé spécial de Churchill, le général Spears, de l’ambassadeur des Etats-Unis… Et même de De Gaulle, qui deviendra sous-secrétaire d’Etat à la Guerre…

...

En mai 1940, peu après l’offensive allemande qui bouscule l’armée française et va la mettre à genoux en trois semaines, Reynaud l’appelle en catastrophe au gouvernement, pour redonner le moral au peuple et aux troupes. Son prestige est toujours immense. C’est Hélène de Portes qui l’accueille, dans l’appartement de Reynaud, et lui lance. «Monsieur le Maréchal, empêchez Paul de faire des bêtises !»

...

Car Paul Reynaud, en fait, n’a rien d’un dur: c’est un hésitant, qui oscille sans cesse entre les partisans de l’armistice et ceux qui veulent poursuivre le combat depuis l’Afrique du Nord.

Avec lui, c’est le dernier qui parle qui a raison. Et la dernière, ce sera Hélène de Portes… L’ambassadeur des Etats-Unis est consterné par l’influence qu’elle exerce sur le chef du gouvernement. Il écrit à Roosevelt: «Ne dites rien de confidentiel à Reynaud au téléphone: la dame est toujours là et répète partout tout ce qu’elle a entendu !»

...

Mais Pétain est déjà convaincu que la France a perdu la guerre et mène un travail de sape pour entraîner avec lui la majorité du gouvernement.

Reynaud est épuisé, et ne sait plus ce qu’il faut faire. Hélène de Portes ne cesse de le harceler. Dans l’après-midi du 16 juin, il tente encore de convaincre son gouvernement de poursuivre la guerre à partir des colonies, d’autant que la Grande-Bretagne, par l’intermédiaire de De Gaulle, vient de proposer à la France une union totale des deux pays. Mais Hélène de Portes ne le lâche pas: au cours de cet ultime conseil des ministres, elle lui fait passer un mot pour lui interdire de livrer la France à l’Angleterre, l’ennemie héréditaire…

Que fait Reynaud alors ?

Il donne sa démission le soir même, et le président de la République nomme Pétain chef du gouvernement.

Si l’on vous suit, le destin de la France s’est joué à rien…

A rien. A l’humeur d’une femme. Tout pouvait basculer de l’autre côté… Les navires pour transporter des armes et des hommes de l’autre côté de la Méditerranée étaient prêts.

Et comment tout cela se termine-t-il ?

Tragiquement. Paul Reynaud et Hélène de Portes ont un accident de voiture à la fin du mois de juin 1940, qui lui sera fatal. En l’apprenant, de Gaulle, déjà réfugié à Londres, s’écrie: «J’espère qu’elle est crevée, la salope !» Elle l’était.

Propos recueillis par François Forestier

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