Jerôme a écrit :
Est il justifié de comparer l'éventuelle mort de Hitler en 1944 avec celle de Staline en 1953 ?
J'ai plutôt le sentiment que les dirigeants nazis tout en étant fréquemment en concurrence les uns avec les autres certes étaient néanmoins unis par deux formes de solidarité : une forte sincérité idéologique (les nazis croyaient vraiment en leurs idées , même les plus folles) et la conscience qu'en temps de guerre la division génère la défaite !
Il me semble qu'après le départ de Hess, il y avait un autre successeur désigné d'avance : Goering peut être ?
Attention, je parle de l'hypothèse où l'attentat a réussi mais où le putsch a échoué.
Je ne sais pas si ma comparaison est justifiée
. Je lance une piste de réflexion en cherchant des situations similaires ailleurs. Mais vous avez raison, l'état de guerre fait une différence (quoique : en 1953 l'URSS était en guerre...froide)
Je suis d'accord sur le fait que les principaux dirigeants partageaient une forte sincérité idéologique. En revanche, difficile de dire si le "bien commun" (l'union pour éviter la défaite) l'aurait emporté sur les divisions et rivalités. Celles-ci étaient féroces et la guerre n'a nullement limité les luttes de pouvoir.
Ces rivalités étaient d'ailleurs entretenues par Hitler qui jouait le rôle d'arbitre suprême en vertu du "Führerprinzip" et de son charisme personnel auprès du peuple. A tel point que contrôler l'accès au Führer (comme le faisait Bormann) était un pouvoir en soi.
Göring était certes le successeur désigné, mais :
- l'histoire montre que dans les régimes autoritaires ou même monarchiques, les volontés du défunt deviennent presque toujours lettre morte après leur disparition ;
- Göring (ni aucun autre dirigeant nazi) n'avait pas la "légitimité" du rapport direct avec le peuple, indispensable dans ce régime y compris pour s'imposer aux concurrents ;
- Il avait (comme les autres) de très féroces et puissants ennemis (Göbbels, Bormann, Himmler...) dont j'ai du mal à imaginer qu'ils l'auraient laissé occuper seul le pouvoir suprême.
La seule chose qui me paraît donc certaine, c'est qu'il n'y aurait pas eu une transition "tranquille" vers un successeur unique, reconnu par tous et doté d'autant de pouvoir que Hitler.
J'ai émis l'hypothèse d'une direction collégiale provisoire qui aurait pu être le fruit d'un compromis (tout aussi provisoire) issu justement de la prise de conscience qu'il fallait éviter la défaite.
Si on se base sur quelques autres épisodes sanglants du régime (la nuit des longs couteaux ou justement la répression du putsch de 1944), on peut aussi imaginer une lutte de pouvoir rapide et impitoyable qui aurait vu l'émergence d'un nouveau dictateur après élimination de ses rivaux.