Jerôme a écrit :
Je viens de voir les deux premiers épisodes de "Band of Brothers" auxquels j'ai trouvé de grandes qualités esthétiques et aussi historiques. Mais j'ai tout de même une réserve à faire : dans le deuxième épisode, 12 américains attaquent 60 Allemands et en tuent 20- en ne perdant de leur côté qu'un tué et un blessé. Chance ! le tué américain n'est pas de la même unité et a été raccroché par hasard à la "Easy Company" !
Les autres épisodes souffrent ils aussi de cet héroïsme invraisemblable qui transforme la Wehrmacht en armée de pacotille ?
Le problème est qu'il me semble que cet épisode est bien documenté sur le plan historique. Je peux me tromper, mais cette attaque a bien eu lieu. J'ai vu toute la série, et je connais assez bien la période, donc... Dans la série, ils rendent bien compte de la différence de comportements qu'il y a effectivement eu entre les unités allemandes composées de troupes entrainées et ayant des vétérans et d'autres troupes faites de brics et de brocs qui ont eu une piètre valeur combative. Les troupes allemandes sont assez hétéroclites. Prenons la Das Reich, par exemple, même si elle arrive en Normandie bien plus tard. Cette unité revient du front de l'Est après y avoir été laminée à l'automne 43. Elle stationne dans le sud-ouest de la France où elle sera entièrement rebâtie. Les vétérans valides vont en constituer l'armature (officiers et sous-officiers). Les jeunes soldats qu'on y incorpore ont 3 origines différentes. Des jeunes allemands, il s'agit surtout de volontaires, normalement tous éduqués selon les principes nazis. Certains sont décrits par leurs futurs camarades comme des nazis purs et durs, d'autres le sont un peu moins. Mais, ces allemands réticents à l'idéologie nazie sont une minorité parmis les allemands incorporés dans cette unité. Un autre contingent est fourni par des enrôlés provenant de l'est de l'Europe. Des gens qui se sont enrôlés par anticommunisme. Puis des Malgré-nous alsaciens. Il faut savoir que le gauleiter Wagner a décidé que 50% des enrôlés alsaciens seraient volontaires pour aller combattre chez les waffen-SS. Quand ils envoient une patrouille, l'encadrement de la division veille à ce qu'il y ait toujours un tiers d'alsaciens, un tiers de gens de l'est et un tiers d'allemands...
Cette unité peut-être considérée comme une unité d'élite. L'entrainement au combat va durer tout l'hiver et le printemps. De plus, au fur et à mesure qu'ils entrent de convalescence, elle sera renforcée par nombre de vétérans de l'unité qui avaient été blessés sur le front de l'Est. Malgré cela, elle va pratiquement disparaitre en 3 jours en Normandie...
Mais toutes les unités allemandes présentes en Normandie n'ont pas la même valeur combative. Il y a des troupes de forteresse qui tenaient les bunkers. Des troupes à la moyenne d'age plus élevée constituées de soldats qu'on estimait pas aptes à combattre dans les dures conditions de l'est. Mais de nombreux observateurs ont rapporté que les conditions pour la Normandie leur apparaissaient presque plus dure qu'à l'est pour les soldats allemands. Du fait de la supériorité aérienne des alliés, ils n'étaient ravitaillés que la nuit. Donc, leur stock de munition et de nourriture devait leur tenir la journée. Et parfois la résistance de certaines unités va cesser simplement parce qu'ils n'ont plus de munitions. Mais, du fait de cette supériorité numérique, la logistique allemande a été très défaillante. Les bombardements avaient pratiquement anéanti le réseau ferroviaire qu'il fallait sans cesse rebâtir. Or, la logistique allemande reposait sur la chemin de fer. Si la Das Reich et consorts ont le temps de faire du maintien de l'ordre en limousin c'est que leurs chars et moyens de combat montent lentement en train vers le nord. Les troupes suivent, faiblement armés, en fait suffisamment pour se protéger des actions de la Résistance, en camion et en voitures.