Dovicus a écrit :
Concernant l'essoufflement des offensives après une certaine distance, je pense que l'étude des offensives et retraites successives des Allemands et des Anglais pendant la guerre du désert sont un excellent moyen de constater le rôle joué par l'éloignement des bases et l'usure du matériel dans l'essouflement d'une armée.
Cette série d'offesives et de retraites successives montrent bien qu'une bonne logistique doit "nourrir" en permanence une offensive. Or, avec le schéma qui préside à la plupart de ces cas, et qui est identique à celui de la plupart des attaques de type blietzkrieg, on fait des réserves en vue de l'attaque, puis on fonce en avant. Au début, les réserves étant proches, on a plus de ravitaillement qu'il n'est nécessaire. Au fur et à mesure de l'avance, les troupes s'usent (il y a des pertes humaines et matérielles), le moral des troupes évolue, les qualités sanitaires dépendent d'un tas de petits problèmes qui vont se déclarer tout au long de l'attaque. A un moment, les pénuries s'installent et l'action combative des troupes s'en ressent. Dans le même temps, l'ennemi qui avait des lignes logistiques étirées et au maximum de leurs capacités, vois ses bases arrières se rapprocher. Du coup, sa capacité logistique augmente et il devient plus résistant. Puis, il en devient même offensif.
En fait, le problème réside bien dans la capacité de réussir à maintenir la capacité offensive en fournissant aux unités de pointe des armes, des munitions, des hommes, du carburant, du ravitaillement et en évacuant vers l'arrière les blessés, les morts, les matériels qu'il faut réparer...
Dans le Guerres & Histoire qui sort en ce moment, il y a un article sur les rangers. On y apprend qu'en Italie, pendant l'hiver 43-44, 10% des pertes sont dues des problèmes sanitaires aux pieds regroupées sous le terme de "trench foot", pied des tranchées. En fait, l'eau s'infiltre dans la chaussure par les coutures, les chaussettes s'imprègnent de l'humidité et si elles ne sont pas changées régulièrement, la peau humide se désagrège, pourrit et s'infecte. En janvier 1945, c'est 43% des pertes qui sont dues au Trench Foot et aux engelures. Plus de 46 000 GI's sont hors de combat pour des problèmes de pieds, l'équivalent de 3 divisions. Pour enrayer le mal, les autorités militaires US distribuent en quantité des chaussettes de laines, de bottes dotées d'un chausson extérieur caoutchouté et des mesures d'hygiènes draconiennes.