Vendôme a écrit :
Honnêtement j'ai beaucoup de mal à croire que 94 divisions françaises et 10 divisions britanniques aient eu plus de chars que les 144 divisions allemandes, surtout avec la capacité industrielle de l'Allemagne par rapport à la France et l'acquisition des usines tchèques.
Vos chiffres sont déjà faux : si les Allemands disposent de plus de 150 divisions (153 exactement, mais une partie sont en Pologne et une autre en Norvège ou au Danemark, donc en réalité ils n'en déploient à l'ouest que 135, dont une partie en réserve stratégique, c'est-à-dire à une distance plus ou moins importante du front), les Alliés alignent en Europe occidentale (TONE au sens large et TOSE confondus) 93 divisions françaises, une tchécoslovaque et deux polonaises, dix divisions britanniques renforcées, 22 divisions belges et dix divisions néerlandaises, soit 138 divisions (plus les troupes de forteresse et les unités d'appui et de soutien complémentaires).
Sans compter les forces engagées en Norvège (du volume de trois divisions franco-britanniques, je compte pour rien les six divisions norvégiennes un mois après le début de "Weserübung"), seize divisions françaises et des troupes de souveraineté ou de présence conséquentes sont par ailleurs déployées dans l'Empire, tandis que les Britanniques déploient aussi des forces dans leur empire - notamment en Egypte - et disposent de réserves métropolitaines et surtout impériales très importantes.
D'ailleurs, si la France métropolitaine comprend "seulement" 40 millions d'habitants contre environ 80 pour le Reich, avec le Royaume-Uni qui en comprend 46, la Belgique huit, les Pays-Bas neuf, et avec leurs empires respectifs on passe à une très nette infériorité allemande (de l'ordre de 80 contre plusieurs centaines de millions). De quoi relativiser largement la supériorité numérique allemande...
Ensuite, il ne s'agit pas de croire, mais de lire. Pour les chiffres, ils sont simples :
- environ 3 000 chars modernes et 1 500 démodés pour la France au 10 mai 1940 ;
- 310 au sein de la BEF à la même date ;
- 280 pour les Belges ;
- une quarantaine pour les Néerlandais.
Soit un total de 3 600 environ pour les Alliés, plus le parc de plus de 1 500 véhicules vétustes (FT et 2C).
Les Allemands, eux, comptaient environ 3 300 chars, dont plus de la moitié étaient des PzKpfW I et II obsolètes ou mal protégés et mal armés.
Vendôme a écrit :
Les chars alliés étaient médiocres pour la plupart, les chars français avaient un canon anti char insuffisant, le meilleur char allié, c'est le Matilda anglais mais pas en nombre suffisant.
C'est encore faux (le 47 français des S35 ou B1bis valant mieux que le 3,7cm allemand par exemple), mais d'autres contributeurs vous ont répondu ou le feront encore, j'en suis sûr, pour prouver l'inanité de vos propos.
Vendôme a écrit :
En fait dans toutes les batailles de 1940, les allemands attaquent avec une grande supériorité numérique, sur la Meuse, à Dunkerque, sur la Somme, sur l'Aisne, ils ont 2 à 3 fois plus de monde à chaque fois, les défaites sont logiques.
La guerre n'est pas un jeu vidéo ! L'Allemagne a une posture générale offensive. Toutes les actions ne sont pas égales par ailleurs, dans un contexte pur et parfait. Il est aujourd'hui admis que pour mener une attaque localement, le ratio minimal doit être de 3:1. C'est loin d'avoir été le cas en 1940, ne serait-ce que sur la Meuse (quelques dizaines de fantassins établissent une tête-de-pont face au gros de trois divisions et leurs appuis ! 96 sapeurs parachutistes mettent au pas une garnison de 1 200 soldats belges à Eben-Emael ! Un régiment renforcé tient tête au gros de trois divisions françaises à Stonne !).
Vendôme a écrit :
Mais au delà des questions matérielles, une des causes principales pour moi, toujours oubliée, c'est une frontière indéfendable. Depuis le traité de 1815, la frontière française du nord est, est un vaste couloir destiné à favoriser une invasion de la France, le traité a été fait pour ça. On peut faire la même observation pour la Pologne, en 1939, elle est découverte de tous les côtés. Les allemands ont un immense avantage de ce point de vue.
La ligne fortifiée frontalière a parfaitement répondu à ce problème en verrouillant les axes de pénétration probables. Les Allemands ont donc décidé de ne pas passer par la frontière française.
Bref, tout ça n'a rien à voir, ce n'est pas le ratio pur qui est en cause, c'est la manière d'utiliser les moyens dont on dispose ; ce n'est pas une frontière qui n'a pas été franchie de vive force qui est au coeur du problème, c'est une stratégie déficiente incapable de parer à celle de l'adversaire.
Pour revenir à 1944 et à votre volonté à tout crin d'estimer que les conquêtes allemandes n'ont pas été plus rapides que les Alliés - ce qui est de toute évidence faux - je dirais :
- que les Allemands s'emparent de la Pologne en trois semaines, là où les Soviétiques mettent six mois à les expulser ;
- qu'ils font tomber France et Bénélux dans leur escarcelle en six semaines, quand il faut neuf mois au moins pour obtenir le même résultat en 1944-1945 (en gros de juin 1944 à mars 1945 - et je ne compte pas les poches de l'Atlantique et le maintien allemand partiel en Hollande et en Belgique) ;
- qu'ils sont en cinq mois devant Leningrad, Moscou et Rostov (juin-décembre 1941), mais qu'il faut près de trois ans et demi aux Soviétiques pour être devant Berlin (décembre 1941 à mai 1945), et presque trois ans (décembre 1941-octobre 1944) pour chasser les Allemands de l'URSS de 1939 ;
- que la Norvège, la Courlande et quelques autres poches son toujours tenues en mai 1945.
Et je ne parle pas de l'Autriche, de la Tchécoslovaquie, ni des vingt mois de guerre dans la péninsule italienne.
CNE EMB