Sur le volet "Espagne/Gibraltar/négociations Hitler-Franco" de cette discussion je me permets de rapporter des extraits de l'ouvrage "Histoire du Franquisme" de César Vidal (Docteur en Histoire Théologie et Philosophie espagnoles) et Federico Jimenez Losantos (Philologue et fondateur de la Bibliothèque Freudienne de Barcelone) en contrepoint aux différentes réflexions, assertions, commentaires apportés tout le long de la discussion, dont le détail est:
Tietie006 a écrit :
Dans Les erreurs stratégiques du IIIeme Reich, Economica, 2006, Bernard Schnetzler aborde, chapitre 3, "La guerre en Méditerranée". Il constate déjà, queFranco ne demande qu'à entrer en guerre aux côtés de l'Axe, en résumé, la Méditerranée est quasiment offerte aux forces de l'Axe.
Les raisons pour lesquelles Hitler a délaissé ce front Sud sont assez connues :
- la pensée géopolitique allemande (Haushofer)
- l'armistice avec la France
- Hitler et les allemands en général ont peu confiance dans les armées italienne et espagnole et préfèrent même les français pour défendre leur empire
- obsession de la future guerre à l'Est, vitale pour le Reich, du point de vue hitlérien, qui avait pour corollaire la nécessité d'un statu-quo en Méditerranée, et la mise en berne des appétits de Mussolini et de Franco sur les colonies françaises.
Pour Schnetzler ou Paul-Marie de la Gorce, dans son livre: "[i]1939-1945, une guerre inconnue", l'Allemagne pouvait s'emparer de quelques points stratégiques comme Gibraltar et Suez à moindre frais.
L'option méditerranéenne, en 40-41, nécessitait des moyens très modestes, en terme de troupes au sol, et avait l'avantage de garder les accords commerciaux avec les soviétiques, pourvoyeurs de pétrole et de céréales. Le seul problème aurait été les négociations avec l'Espagne franquiste, mais après juin 40, Hitler a tous les atouts pour convaincre Franco, ce qu'il n'a jamais essayé de faire, car son option était soviétique et non méditerranéenne.
Lord Foxhole a écrit :
Lors de l'Entrevue d’Hendaye, en octobre 1940 alors que Francisco Franco et Adolf Hitler se rencontrent à la frontière hispano-française, Il est bel et bien question d'une entrée en guerre de l'Espagne aux côtés des forces de l'Axe...
Sauf que les exigences de Franco n'étaient pas minces : entre autres, il réclamait tout le Maroc et la Guinée.
L'Entrevue n'a débouché sur rien, et Hitler semble en avoir juste retenu une impression très désagréable ( " Plutôt que de revoir Franco, je préférerais qu'on m'arrache trois ou quatre dents ").
Tietie006 a écrit :
A noter que d'après Michael Bloch, dans sa biographie de Ribbentrop, Franco, mi-juin 40, avait proposé de rejoindre l'Axe et d'entrer en guerre, contre Gibraltar, le Maroc Espagnol et des livraisons diverses, proposition laissée lettre-morte car les allemands négociaient l'armistice avec la France avec une sanctuarisation de l'Empire français comme condition non-négociable, par les français, pour signer.
Tietie006 a écrit :
Comme je l'ai déjà précisé, Franco avait déjà proposé son entrée en guerre dès mi-juin 40. Il envoya le général Vigon dès juin 40 négocier avec les allemands qui ne voulaient rien négocier puisqu'ils avaient préféré Vichy à Madrid.
En septembre 40, Serrano Suner vint à Berlin discuter des modalités d'entrée en guerre de l'Espagne, mais c'est plutôt Ribbentrop qui demanda des gages aux espagnols, comme la rétrocession des îles Canaries aux allemands !! Le courant passa super-mal entre les 2 hommes, les allemands ne voulant rien lâcher aux demandes espagnoles. Pourtant, seul la rétrocession du Maroc français aux espagnols posait problème ...car les teutons pouvaient largement aider financièrement les espagnols et pourvoir à certaines livraisons demandées, surtout qu'ils bénéficiaient encore des livraisons soviétiques. Mais comme le dit Bernard Schnetzler, dans Les erreurs stratégiques du IIIeme Reich, les allemands ne firent aucun effort pour s'attacher l'alliance espagnole, comme ils ne firent aucun effort pour s'attirer la bienveillance vichyste.
Il faut savoir qu'après Mers-el-Kebir et les 3 territoires d'AEF tombés aux mains des gaullistes, cet été 40, Vichy était très remonté contre les anglais, et, par le biais de Huntziger avait commencé à réfléchir à comment reprendre les territoires d'AEF. Les allemands n'avaient qu'à surfer sur ce sentiment anti-anglais qui se renforça après l'opération anglo-gaulliste sur Dakar, en septembre 40, mais ils ne firent rien !
Tietie006 a écrit :
Comme le dit Bernard Schnetzler, les allemands n'ont rien proposé aux espagnols pour qu'ils entrent en guerre, n'ont jamais vraiment fait le forcing pour s'attirer la bienveillance espagnole. Les demandes espagnoles, comme le dit Schnetzler, n'étaient pas aussi démesurées qu'on l'a dit par la suite et le Reich, avec le pillage de la France, pouvait largement aider l'Espagne. La seule pierre d'achoppement était la rétrocession du Maroc français, mais en été 40, après Mers-el-Kebir et la perte d'une partie de l'AEF, Vichy était disposé à faire des concessions, voire plus ...puisque le ministre de la guerre vichyste, le général Huntziger, était même prêt à déclarer la guerre aux britanniques. Et encore une fois, les allemands n'exploitèrent pas cette situation favorable.
cush a écrit :
Le cas de l'Espagne est plus difficile, elle doit se reconstruire après la guerre civile et dépend pour l'essentiel des approvisionnements anglo-saxons. Il ne faut pas négliger le rôle de la diplomatie US dans ce "jeu".
Tietie006 a écrit :
Pour l'Espagne, on a souvent dit que Franco avait résisté à Hitler, à Hendaye, or, d'après Michael Bloch et Aimée Bachoud, c'est plutôt le contraire qui s'est passé, même si on a aucune transcription écrite de l'entrevue d'Hendaye. Mais c'est bien Franco qui proposa ses services aux allemands mi-juin 40, en envoyant le général Vigon à Berlin puis Serrano Suner, pour parler des modalités d'entrée en guerre de l'Espagne. Et comme je l'ai déjà dit, à part le Maroc espagnol, les autres demandes auraient pu être satisfaites, surtout que les allemands sont alors ravitaillés en partie par les soviétiques. C'était une question de stratégie et de volonté politique, car Hitler aurait toujours pu négocier sérieusement avec les espagnols en leur promettant monts et merveilles après la victoire !
De plus, pas besoin d'équiper l'armée espagnole, les allemands n'en avaient d'ailleurs pas les moyens, mais l'armée espagnole aurait servi à fournir la soldatesque comme adjuvant à l'action allemande contre Gibraltar et je ne vois pas comment les anglais auraient pu tenir Gibraltar si le territoire espagnol avait été ouvert aux teutons.
Lord Foxhole a écrit :
La principale utilité de faire basculer l'Espagne dans le camp de l'Axe, c'était de pouvoir prendre le contrôle de Gibraltar...
Comme pour le Canal de Suez, on pouvait ainsi couper la route des Indes aux navires britanniques et permettre à la Flotte italienne de s'échapper de la Méditerranée.
Maintenant, est-ce que les Allemands auraient vraiment accepté de laisser Gibraltar aux mains des Espagnols, là, c'est à voir.
A mon avis, les Allemands auraient voulu être sûrs que personne ne parvienne à reprendre " Le Rocher"... Le laisser à la seule garde de l'Espagne, c'était peut-être considéré comme un peu risqué.
De son côté, Franco n'aurait certainement jamais accepté de voir simplement Gibraltar changer de propriétaire sous son nez.
Donc, à ce niveau-là, déjà, il y avait sûrement matière à juteuses discussions au cours des négociations...
Tietie006 a écrit :
Cela relevait des négociations germano-espagnoles. En cas d'alliance entre les deux pays, je pense que Franco aurait bien compris qu'après la prise de Gibraltar par les forces hispano-allemandes, il aurait mieux valu que quelques teutons restent sur place avec quelques avions, navires et soldats pour défendre le "Rocher". D'ailleurs, les beaux cuirassés de poche teutons qui ne servirent à rien au Nord, auraient pu descendre sur Gibraltar pour avoir une certaine utilité.
CNE_EMB a écrit :
Il est certain qu'avant de s'attaquer à l'URSS, l'Allemagne aurait dû neutraliser définitivement le Royaume-Uni. Cela, on le sait grâce à notre recul, que n'avait aucun décideur d'alors.
Mais :
si tout semble permis en juillet 1940, notamment l'implication espagnole qui est déterminante pour lancer "Felix", ce n'est déjà plus le cas trois mois après.
quelques corrections de détail :
les Allemands avaient très largement les effectifs et les moyens terrestres d'une politique méditerranéenne. Le souci est réel, mais il réside dans le fait que
- l'OKH estime qu'il était difficile voire impossible, en tout cas non-souhaitable, d'y déployer ses forces.
- de même que les moyens de les projeter (ainsi du casse-tête pour transporter le volet maritime de "Felix" jusqu'à Gibraltar) ; surtout, c'est essentiellement la Luftwaffe qui porterait le poids d'une telle stratégie, puisque la Kriegsmarine aurait été aux abonnés absents (alors qu'elle avait été déterminante pour la très audacieuse opération "Weserübung").CNE EMB
Tietie006 a écrit :
CNE_EMB a écrit :
Cela semble plausible, en effet. Ca ne répond cependant pas aux questions posées par l'annulation de l'hypothèse "Felix" sur Gibraltar.
CNE EMB
Félix était une opération beaucoup plus complexe puisqu'elle demandait l'aide espagnole. De mémoire,
Félix fut abandonné en février 1941 après le refus des espagnols d'entrer en guerre, voir la rencontre
Mussolini-Franco à
Bordighera, le 12 février 1941. Cette rencontre au sommet entre le
Duce et le
Caudillo, connue des services secrets anglais, donna lieu à l'opération
Grog, qui vit la
Royal Navy, le 3 février, bombarder le port de
Gênes pour montrer à
Franco que la flotte anglaise pouvait frapper où elle voulait en Méditerranée et influencer l'espagnol pour qu'il n'entre pas en guerre.
Tietie006 a écrit :
La seule explication que je vois à cette préparation précoce de Félix, c'est que Gibraltar n'est pas dans le théâtre d'intervention de l'armée italienne, par rapport à Malte et à l'Egypte, mais du seul ressort de l'armée allemande avec l'aide espagnole.
Tietie006 a écrit :
Gibraltar aurait du être neutralisé. Là on est dans un scénario très improbable, puisqu'Hitler n'était pas très chaud pour Gibraltar sans l'aide espagnole.
CNE_EMB a écrit :
je peux faire un peu de prospective....les Canaries et les Açores auraient vraisemblablement été saisies par les Britanniques si Franco avait laissé les Allemands s'emparer de Gibraltar (c'est une crainte qui est largement relayée à partir de l'été 1940 jusqu'à l'abandon de "Felix", et Halder est très lucide sur ce point : l'Allemagne n'est pas capable de l'empêcher)
CNE EMB
Tietie006 a écrit :
En fait, en juin 40, Hitler a toutes les cartes en mains, il peut décider la stratégie qu'il veut, et forcer Franco et Mussolini à soutenir sa stratégie. Les espagnols sont décidés à entrer en guerre, les italiens sont hypnotisés par la victoire hitlérienne, les français effondrés, ils seront même surpris de la mansuétude hitlérienne !!
Dans la mesure où Hitler signe avec les français, la stratégie méditerranéenne devient plus complexe, demande des négociations et autres efforts diplomatiques pour ménager la susceptibilité des uns et des autres, et ne permet plus de donner des territoires français à Franco, contre son entrée en guerre. Les allemands auront même pensé proposer aux français de leur donner le Nigéria à la place du Maroc !! Dans le Ribbentrop de Michael Bloch, on voit bien que Hitler est indécis quant à sa politique méditerranéenne, il change d'avis souvent, désirait l'alliance espagnole mais ne voulait pas s'aliéner les français, pour finir pas ne pas choisir ou plutôt pencher du côté de Vichy, ce qui d'après moi fut une erreur, puisqu'il n'aura ni l'alliance espagnole, ni vraiment l'aide des français.
Tietie006 a écrit :
En résumé, les relations avec l'Espagne vont progressivement se déliter. Si en juin 40, Franco est plutôt décidé à entrer en guerre aux côtés des allemands et des italiens, mais les discussions à Berlin entre Serrano Suner et Ribbentrop, à Berlin, dès septembre 40, se passèrent très mal. Les espagnols voulaient l'Oranie et le Maroc français, mais les allemands qui veulent s'en tenir aux accords d'armistice avec la France, ne sont nullement prêts à céder des territoires français aux espagnols. Lors de la rencontre d'Hendaye, le 23 octobre 40, un dialogue de sourds s'engagea entre Franco et Hitler et le Führer ne céda pas aux demandes espagnoles, préférant Vichy à Madrid. La résistance anglaise poussa certainement Franco à revoir sa stratégie, ce qu'il confirma à Mussolini, en février 41, lors de la rencontre de Bordhigera, où il réitéra sa politique attentiste. Dans ces conditions, difficile de contrôler Gibraltar pour les allemands, à moins de déclarer la guerre à l'Espagne. L'Opération Félix, qui devait initier l'attaque contre Gibraltar fut donc ajournée au début 41.
En creusant le sujet, je m'aperçois qu'en 40, Franco, veut le Maroc français que Hitler ne peut pas lui donner .
Tietie006 a écrit :
Dans L'AFN dans la guerre, 1939-1945, de Christine Levisse-Touzé, Albin Michel, 1998, page 122, elle écrit qu'après l'occupation de Tanger le 14 juin 1940, par les espagnols, Franco proposa son entrée en guerre à Hitler contre le Maroc français, le 16 juin, information déjà actée dans la biographie du Caudillo par Aimée Bachoud. Hitler ne donna pas suite aux propositions de l'espagnol, et c'est peut-être ici que le coche a été raté par les allemands ! Le Führer préféra l'armistice et Vichy à Madrid pour plusieurs raisons :
- les allemands avec Vichy, veulent neutraliser la flotte française et l'Empire, notamment l'AFN.
- ils ont très peu confiance dans l'armée espagnole et en Franco, qui s'est montré piètre stratège pendant la guerre d'Espagne. De plus, le pays est ruiné par 3 ans de guerre et pourrait être un boulet pour l'Allemagne.
- la neutralisation de l'AFN française, permet aux italiens de se concentrer sur l'Egypte anglaise sans se soucier des français et d'une guerre sur 2 fronts en AFN.
- l'armistice permet d'associer l'administration française à l'occupation et de piller "légalement" le pays.
- l'alliance espagnole contre le Maroc français aurait coûté l'armistice et la continuation de la guerre en AFN (menace de Noguès), ce que les allemands ne voulaient pas.
Bref, Vichy ou Madrid ? Hitler a choisi Vichy ! L'alliance espagnole aurait coûté l'armistice, puisque Noguès, le généralissime en AFN avait menacé de continuer la guerre en AFN si l'Empire et la flotte étaient touchés par les accords de l'armistice. Mais la résistance française en AFN aurait-elle duré longtemps ? Gibraltar valait-il la continuation de la guerre en AFN ?
Ainsi donc que rapporté dans l'ouvrage de C. Vidal & F. Jimenez Losantos, Franco et le nouveau régime, au sortir de leur victoire lors de la guerre civile en avril 1939 se trouvaient :
- avec la perspective d'avoir à honorer ses dettes vis-à-vis de l'Allemagne (2 Milliards de Pesetas) et de l'Italie (5 milliards de Pesetas) mais également celles contractées par le Gouvernement défait du Front Populaire (qui furent malgré tout reconnues!!) vis-à-vis de la France et de la Grande-Bretagne.
- avec comme projet diplomatique de se rapprocher au plus possible du Vatican.
- et avec celui plus idéo-politique de faire rempart à l'avancée du communisme en Europe
Triple exigence qui impliquait aussi bien d'établir que de maintenir des relations aussi équilibrées que possibles entre puissances de l'Axe et Grande-Bretagne que de se tenir en marge d'un conflit généralisé que le Pacte Germano-Soviétique d'août de cette année laissait déjà pressentir à Franco.
A cet effet, dès le 18 mars 1939, Franco signait un traité d'Amitié et de non-agression avec le Portugal (afin d'éviter une attaque en provenance du territoire du Portugal, alliée séculaire de la Grande-Bretagne). Puis, Le 7 avril, il portait à publication l'adhésion au pacte Anti-Komintern et le 8 avril, comme promis à Mussolini (et le jour suivant de l'invasion de l'Albanie par l'Italie) il renonçait à la représentation espagnole au sein de la SDN. Ce faisant, il se montrait partisan d'une alliance anti-communiste (qui le rapprochait sensiblement de l'Axe) sans le distancier de la Grande-Bretagne.
Mais à la suite du pacte Staline-Hitler, Franco en vînt, lors de l'été, à se désengager du pacte anti-Komitern et à opter pour une stricte neutralité et une stricte observance des prescriptions contenues dans l'oeuvre de Camilo Barcia Trelles "Points cardinaux de la politique exterieure Espagnole" en matière de relations internationales, à savoir: relations tournées prioritairement vers l'espace Hispano-américain et les pays Arabes, ainsi qu'une vigilante méfiance envers le IIIe Reich et une recherche active de l'aide et de l'appui des USA afin de se libérer des dépendances que faisaient peser sur l'Espagne, la France et la Grande-Bretagne. Et ce fut cette ligne qui fut maintenue, avec de faibles modifications, par le régime de Franco jusqu'à sa disparition en 75.
Ce ne fut que deux jours après la défaite et la déclaration de guerre de l'Italie le 12 Juin 1940 à la France que Franco, cédant aux conseils de son germanophile et phalangiste de beau-frère et par ailleurs ministre de l'intérieur, R. Serrano Suñer, modifia l'attitude de l'Espagne en passant de la neutralité à la non-belligerance ce qui signifiait diplomatiquement que si l'Espagne ne considérait plus les deux camps exactement de la même façon, elle n'en allait pas pour autant combattre.
C'est avec l'appui et collaboration de Serrano Suñer, partisan convaincu d'une entrée de l'Espagne dans le conflit aux côtés des forces de l'Axe, que l'Allemagne commença ses approches et pressions sur le régime franquiste (avec comme principal objectif à cette entrée en guerre, la prise de Gibraltar et la fermeture de la Méditerranée à la Grande-Bretagne) et que la fameuse entrevue du 23 Octobre 1940 à Hendaye fut organisée.
Ce fut une rencontre dont les grandes lignes sont connues et dont le déroulé de l'entretien fut initié par Hitler exposant à Franco que la guerre à l'ouest étant à présent terminée, afin de conclure la campagne en Afrique, la prise de Gibraltar lui était nécessaire, mais que cette prise serait rendue à l'Espagne aux alentours de janvier 1941.
Franco répliqua que la Grande-Bretagne n'était toujours pas vaincue, que de toutes façons le gouvernement britannique pourrait toujours s'exiler au Canada et continuer la lutte avec son empire , et il ajouta qu'il lui semblait indispensable de maintenir par ailleurs et quoiqu'il advienne des relations économiques avec cette puissance. En relation avec une prise de Gibraltar, Franco signala que si celle-ci devait à advenir elle devrait forcément l'être pas des forces espagnoles, mais que pour ce faire Hitler devrait lui fournir le matériel de guerre adéquat, et qu'en contre-partie d'un tel engagement, il lui demanderait certains des territoires Français en Afrique.
Malgré les objections, impossibilités du moment et écarts des positions , mais sous la pression allemande, Franco accepta de signer un protocole secret dont le contenu fut connu à la fin de la 2eme GM , celui-ci ayant survécu aux bombardements et à la prise de Berlin. Son contenu compromettait vaguement l'Espagne à une entrée en guerre aux côtés du IIIe Reich "lorsque les conditions seraient favorables". Malgré la signature de ce protocole l'insistance allemande continua à se manifester à l'occasion de la rencontre de Serrano Suñer avec Hitler à Berchtesgaden le 18 Novembre et surtout à l'occasion de la visite à Madrid le 5 Janvier 1941 de l'amiral Canaris pour exiger l'entrée en guerre de l'Espagne au 10 janvier, bien que Canaris s'empressa également d'informer et rassurer Franco qu'en aucun cas, même celui de dédit, l'Allemagne n'envahirait l'Espagne, Hitler étant bien trop occupé et accaparé par la préparation de l'attaque contre l'URSS. La conviction qu'il y aurait plus à perdre qu'à gagner en entrant en guerre se fit plus solidement et finalement jour à Franco lors de son entrevue avec Mussolini le 12 juillet à Bordighera, lorsque ce dernier lui avoua en toute sincérité au cours de leurs échanges que s'il le pouvait, dès à présent, il sortirait l'Italie de la guerre.