Bonjour et que 2016 voit vos voeux etc.
Jean R a écrit :
Je ne vois toujours pas ce qu'on peut faire d'autre que du cas par cas...
Je reste dans le cadre "nazi" :
- comment quantifier l'impact de l'effet de groupe chez chaque individu ?
Il faut bien un échantillon de plusieurs personnes.
On ne peut faire du "cas par cas" avec des effets, des théories, un vocabulaire, une gestuelle bref une construction élaborée pour s'étendre et être cautionnée par le maximum.
Eliminer "ceux d'en face", d'accord. Ceci crée chez les attentistes angoisse, crainte, soumission. Les attentistes sont mûrs mais "passifs" donc inaptes à la transmission. Il faut convaincre afin de créer une dynamique.
Il faut donc s'adresser à des personnes comme vous et moi et trouvez ce qui peut non seulement fédérer mais fédérer avec une envie de participation tellement forte que de "ne pas en être" devient une frustration intolérable.
Cette frustration est "mise sous cloche". On laisse chauffer. Lorsqu'enfin l'individu entre "dans le mouvement", il est prêt à faire les besognes les plus "immorales". C'est la décompression de la frustration et le besoin de reconnaissance de la hiérarchie. Le cerveau n'est plus en état de faire un tri, parasité par le groupe qui baisse le taux d'inhibition. On crie comme le voisin, plus fort même, c'est une sorte de communion qui crée un impression d'ivresse, qui voudrait se priver d'un tel plaisir ?
Que fut le résultat de la "dénazification" ?
La "déprogrammation" d'une personne qui a été "active" demande un certain temps, comment espérer une réussite avec un programme pour une population ? La notion de culpabilité étant plaquée, il y aura au moins deux directions. Ceux qui revendiqueront en petit comité "le bon vieux temps" et ceux qui passent de la culpabilité à la honte, ils se soumettent donc au nouveau programme. Pour "nettoyer" les consciences ont emploie le même arsenal que pour les infester. Aucun travail n'a été fait sur le fond.
Vous évoquiez le cas par cas. Le procès de Nuremberg montre que les dirigeants étaient reconnus pleinement responsables pénalement. Si vous lisez les notes du psy qui échangeaient avec eux, on voit que certains ont des personnalités meublées de névroses qui n'en font pas pour autant des personnes irresponsables. Etrangement, en ayant connaissance du cursus, du profil, un homme comme Speer réussira encore à bluffer son auditoire.
Comment ? Il va à l'inverse des autres. Il connait la fin, il n'a rien à perdre et s'il joue bien, il retrouvera sa place... plus tard. Il joue la carte du "repenti", il comprend ceux qui vont le pendre.
Le pendre est "normal", il a fauté, il le reconnait.
Là, tout bascule : personne ne s'attendait à ceci, quoi faire ? Pendre une personne qui trouve ceci dans la "normalité" ? Ce n'est plus dans la "normalité" puisqu'il reconnait les faits... On ne va "se montrer" bourreaux d'un homme ? Montrer que les jeux sont faits, la rédemption inexistante, pourquoi alors demander à l'accusé "coupable ou non coupable" puisque déjà il est condamné ? Est-ce une sinistre farce ou un procès équitable ? Va-t-on reproduire le schéma reproché aux accusés ?
La suite a montré que Speer a bien joué. Le temps d'une parenthèse, il affichait une culpabilité, devenait le bouc émissaire des co-accusés sans plainte aucune et toujours sur la même ligne. Il a pu encaisser l'ostracisation dont il était victime au sein du groupe car il n'a joué que sur la forme, le fond n'avait nullement changé ; on a pu le constater ultérieurement.
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