Quodlibet a écrit :
Bonjour,
j'ai vu mentionner à plusieurs reprises sur le forum que toutes les offensives de la seconde guerre mondiale s'essoufflaient au bout de 400 à 450 km.
Pas toutes. Celles de type : blietzkrieg. Dans le dernier Guerre & Histoire, ce problème de logistique est mentionné pour les batailles qui ont suivi le débarquement et pour les batailles de l'été et l'automne 1944 sur le front de l'est. Or, de Saint-Lo à Metz, il y a environ 800km si on ne tient pas compte du détour vers le sud en Bretagne au début de la percée de Patton. En fait, dans les 2 cas, à quelques jours près, entre le début des offensives et leurs essoufflement, il y a 70 jours. J'y reviendrais plus tard.
Quodlibet a écrit :
J'en comprends bien la raison: la distance grandissante entre le front et les dépôts nécessite des rotations logistiques de plus en plus longues qui finissent par saturer les moyens de transport disponibles. Ce qui est moins clair, pour moi, c'est que cette valeur semble presque universelle, que les moyens de transport soient des camions, des trains, des chevaux ou des avions, que les lignes de communication soient larges (front de l'est), plus étroites (front de l'ouest) voire limitée à une seule route étroite (Libye). Elle semble aussi s'appliquer à l'époque contemporaine (guerres du Golfe). Cette universalité peut-elle se comprendre simplement ?
La réponse figure peut-être déjà dans le forum, mais je maîtrise encore mal les fonctions de recherche.
Bien à vous
En fait, il faut comprendre les similitudes et les différences pour comprendre exactement cette notion. Dans une attaque de type blitzkrieg, on va taper très fort sur un point du front pour le faire craquer et ensuite, on envoie un maximum d'unités dans la brèche. Dans le cas le plus caricatural, la percée reste une espèce de pointe qui s'enfonce vers le cœur du dispositif ennemi et il n'y a qu'une seule route qui mène des magasins initiaux aux éléments de pointe. Par cette seule et unique route doivent monter les ravitaillements et les renforts, tandis que au retour, on a des camions à vide, des blessés et des morts et des engins à réparer ou à recycler (plus les prisonniers). Dans de tels cas, la distance semble être d'environ 400-450 km. On peut l'augmenter en augmentant la taille des véhicules, en prévoyant des magasins plus grands au départ, des magasins intermédiaires, ou en récupérant des moyens logistiques intacts chez l'ennemi (voies de chemin de fer).
Justement, dans les 2 exemples cités dans la revue, les voies de chemin de fer sont inopérantes. En Normandie, pour affaiblir la logistique allemande, les anglo-américains ont détruit toute l'infrastructure ferroviaire. Le réseau est à reconstruire, les machines ont été évacuées par les allemands, on manque de charbon ... Coté soviétique, l'écartement entre les chemins de fers allemands et russes n'est pas identique. Les russes reconstruisent donc les lignes de chemin de fer et ils avancent à environ 1,5 km par jour de ligne nouvelle ... Ce qui n'est pas folichon au vu des distances à couvrir. De plus, tout au long de la guerre, les concentrations d'artillerie utilisées par les soviétiques n'ont cessé d'augmenter. Mais, qui dit plus de canons au kilomètre carré, dit plus de munitions, plus de servants, plus de problèmes logistiques. Une des armée russe a avancé de 84 km en 24 heures. Mais, cela s'était au début de l'attaque
Coté anglo-américains, l'un des problème était l'infrastructure portuaire qui limitait l'arrivée de ravitaillement en France. Donc, la logistique que ce soit sur le front de l'est ou de l'ouest repose ... sur des camions américains. Les américains ont livré 400 000 jeeps et camions aux soviétiques durant la guerre. On pourrait penser que c'est cela le point faible des alliés. Les camions utilisés sont relativement lents. A l'est, le réseau routier est en mauvais état. A l'ouest, le Red Ball Express est limité en vitesse pour privilégier l’efficacité. Le taux de pannes dépend de la vitesse, or avec certains chargements, les camions sont aux limites du poids transportable. Augmenter la vitesse, augmenterait exponentiellement la consommation de carburant, le taux d'accidents (donc les retards) et le taux de pannes.
Or, le problème coté occidental est qu’Eisenhower ne va pas choisir entre les diverses armées qu'il a sous ses ordres. En ne voulant privilégier personne, il distribue à chacun les mêmes quantités. Or, les diverses armées vont donc se partager la pénurie.Coté soviétique, le problème semble être que le succès a dépassé les espérances. Dans la durée où l'on avait planifié une avance de 200 à 300 km, on a fait 500 à 600 km. Il y a donc un "fossé" de 200-300 km entre les éléments les plus avancés et les capacités des logisticiens. Du coup, il y a des tanks qui sont en panne sèche et des artilleurs qui manquent de munition.
L'une des conséquences de ces problèmes de logistique sera la rédaction du cahier des charges de l'avion de transport de troupes américain, le C-130 Hercules. Mais, malgré les limitations des moyens de l'époque, en 1945, l'USAAF contrôlait 3700 avions et transportait 3 millions de passagers et 1,1 million de tonnes de matériel (donc 90 000 tonnes de courrier). Un C-47 possède une capacité d'emport de fret limitée à environ 3 tonnes. Le C-130 Atteint les 20 tonnes.