Kurnos a écrit :
Pour Vichy le nazisme sauve la France de l’impureté juive. Il est extrêmement simple de tuer à partir du moment ou vous êtes convaincu d’œuvrer pour le bien de l’humanité. Vous devenez même un héros purificateur. Sans croyance idéologique cela n’est pas possible.
Toute la question est : croire ou ne pas croire aux dangers que représentent des êtres désignés comme impurs... le reste n'est qu'une question de méthode et de logistique.
La recherche de la pureté est fascinante.
Vous faites fausse route. Le régime de Vichy, tout détestable qu'il fût, n'était pas nazi. Il est passé sous les fourches caudines du régime nazi, mais par stratégie et par lâcheté, non par idéologie.
L'idéologie initiale était celle de la Révolution Nationale inspirée par le général Weygand. C'était une espèce de fascisme à la française : nationalisme et exaltations de vertus morales résumées dans la devise Travail, Famille, Patrie. Il fallait que le peuple français reprît le chemin de la vertu dont il s'était écarté sous l'influence délétère de la franc-maçonnerie, de la juiverie internationale, de la finance internationale, des communistes etc. L'Eglise devait être le socle du nouvel ordre moral. Les Juifs, qui n'appartenaient pas à la race française, ne pouvaient avoir les mêmes droits que les autres citoyens, d'où un statut spécifique mis en place dès les premiers mois du régime. Mais il n'a jamais été dans l'intention ni de Pétain ni de Laval d'exterminer les Juifs ni même de les déporter où que ce soient. A la rigueur, expulser les Juifs étrangers.
La stratégie initiale était celle qui avait conduit à l'armistice. L'Allemagne avait gagné la guerre. La France ne pouvait plus lutter, elle devait se ménager la meilleure place dans une Europe sous hégémonie allemande et, pour ce faire, donner des gages de loyauté à l'Allemagne tout en préservant autant que possible sa souveraineté.
L'application de ces beaux principes fut en fait une suite ininterrompue de compromissions : "Quand on commence à Montoire, on finit à Sigmaringen". Il fallait donner des gages de bonne volonté au vainqueur afin de préserver une souveraineté de plus en plus illusoire. La velléité d’affirmer la souveraineté s’est tout de même traduite par quelques résistances comme le refus du port de l’étoile jaune en zone libre, une certaine résistance à la déportation des Juifs de nationalité française et le refus de dénaturaliser ceux-ci.