Pierma a écrit :
De fait les alliés s'estiment satisfaits (ce que De Gaulle avait bien senti, finalement...) pour une raison effarante mais pas totalement folle sur le papier : ils craignaient que la marine française
ne se joigne aux Allemands.
(d'où le terme de "grande victoire pour les alliés" dans le Chicago Tribune.)
Il faut avouer que cette flotte aurait été bien plus intéressante pour l'axe que pour les Alliés (imaginons la Regia Marina et ses 3 "Littorio" accompagnée du "Strasbourg" - le Dunkerque est toujours indisponible - et des croiseurs, faisant irruption au milieu du débarquement de Sicile, le résultat aurait été pour le moins incertain - sous reserve d'une couverture aérienne suffisante). Mais outre le fait que voir la Regia Marina et la Marine Nationale combattre côte à côte est inimaginable (dans l'esprit des marins français tout au moins), il n'y a de toutes façons plus de mazout... alors à moins de faire voile...
De plus, d'après Antier, plusieurs signe de rébellion sont notés parmi les équipages lors du sabordage. Il semble donc que les hommes du rang aient tourné la page de Mers-el-Kebir et s'ils avaient du reprendre la lutte, ça n'aurait pas été du côté de l'axe.
Pierma a écrit :
Il est vrai qu'après s'être fait tirer dessus par les généraux de Vichy - au Maroc, sous l'impulsion de Noguès les combats ont duré trois jours - ils pouvaient se demander ce que feraient les amiraux.
A cette occasion, la marine a justement fait preuve d'un acharnement qui peut aussi peser lourd dans l'esprit des Alliés (voir la sortie de la deuxième escadre légère à Casablanca par ex.). De leur côté, les Alliés (les Américains en particulier) ne font pas dans la dentelle non plus (bombardement du "Jean Bart" par l"aéronavale..).
Pierma a écrit :
L'amiral de Laborde, (devenu ?) un anglophobe fanatique sera condamné à mort puis gracié, et libéré après quelques années de détention. (Passons...) Il avait répondu "merde" à la demande de Darlan de venir combattre aux côtés des alliés.
Il n'y a jamais beaucoup d'efforts à faire pour pousser un marin à l'anglophobie, fanatique ou non...
Mais je vous trouve dur avec Laborde. Bien que je n'ai aucune considération pour l'homme, il faut reconnaitre qu'il avait des excuses: Mers-el-Kebir était tout sauf "fair play" (1300 morts quand même!) alors que Darlan avait donné sa parole d'honneur et que pour ces hommes, je pense que ça avait encore un sens. De quoi éprouver une certaine "rancune" vis-à-vis des alliés de la veille. Pour couronner le tout, Laborde haïssait Darlan... Le fait que ça soit Darlan qui lui donne l'ordre d'appareiller n'a pas du lui faire un grand plaisir.... Enfin, il a tout de même pris ses responsabilité en envoyant toute sa ferraille au fond, et en le faisant bien: rares sont les unités qui ont été relevées et aucune n'a repris le combat. Au final il a stupidement gâché ce qui aurait pu être un bel instrument diplomatique pour la France par rancœur, bêtise et jalousie mais il a préservé l'essentiel: l'Axe n'a rien obtenu.
Pierma a écrit :
L'amiral Derrien, qui livre ses navires à Bizerte, est condamné à perpétuité à Alger - après la reprise de la Tunisie, où il devait être en résidence surveillée par les Allemands - mais meurt de maladie l'année suivante.
Je serais effectivement beaucoup moins indulgent avec Derrien...
Une remarque au sujet de la flotte de Toulon: comme pour les Alliés, ce sont sans doute les petites unités (torpilleurs et contre-torpilleurs) qui auraient été le plus utiles à l'axe.